Une dizaine de familles

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Une dizaine de familles

Celui qui sera connu sous la flatteuse appellation de l’homme de Munich, Edouard Daladier alors Président du Conseil avait lancé en 1934 le slogan “des deux cents familles”.

«Deux cents familles sont maîtresses de l'économie française et, en fait, de la politique française…L'influence des deux cents familles pèse sur le système fiscal, sur les transports, sur le crédit… Elles interviennent sur l'opinion publique, car elles contrôlent la presse.»

La formule avait fait flores.

L’Europe venait de subir le sacrifice de millions d’hommes pour des antagonismes coloniaux et essuyait encore les effets d’une crise majeure du capitalisme, surproduction, ou plutôt insuffisance de consommation et secousses à l’étage financier de la Grande Dépression.

La formule algébrique était fausse. Les deux cents plus ‘forts propriétaires’ actionnaires de la Banque de France en composaient l’Assemblée Générale selon l’article 11 de ses statuts fixés par la loi de l’an XI. Les oligarques se reproduisent entre eux. Les membres de l’AG de la Banque de France, banquiers, gros négociants et industriels, représentaient en réalité moins de cinquante familles.

Les indignés de Tel Aviv avaient investi cet été le boulevard Rothschild, l’une des cinquante de 1934 ( !), pour dire leur colère contre les ‘quatorze familles’ israéliennes. La privatisation des entreprises publiques des années quatre vingt et quatre vingt dix sous l’injonction de la religion du libéralisme a été réalisée de manière extensive et n’a pas épargné l’entité sioniste. Les Ofer, Dankner, Fishman, Tshuva et quelques autres figurent une dizaine de groupes qui contrôlent 30% de l’économie. Ils détiennent banques, medias, compagnies d’assurance et de téléphone, chaînes de supermarchés et fortement interconnectées entre elles, la position de leurs entreprises est dominante.

A surgi sur la scène politique une jeunesse juive de l’entité sioniste peu payée, précarisée ou sans emploi pour revendiquer une réduction des inégalités sociales. Elle n’a pas dénoncé la colonisation. La construction des nouvelles colonies et les aides fournies aux ultra orthodoxes absorbent pourtant une part majeure du budget, même s’ il est sans cesse renfloué par les dons depuis l’étranger où nombre d’associations religieuses ou simplement sionistes collectent des fonds qui échappent à la fiscalité des pays d’origine.

Comme aux US(a), le budget de l’armée (et de la Défense) n’est connu que très approximativement par impossibilité technique, tant les financements sont multiples et les dotations tenues secrètes. Il pèse de toute sa masse technologiste lesté de plus par les sociétés d’armement détenues par les anciens gradés.

Malgré cette grande tourmente sociale, l’entité continue fidèlement d’être elle-même, un régime aux aspirations théocratiques au service d’une armée.

Le chef d’État-major Benny Gantz recommande lors d’une réunion à des commandants de rang supérieur d’être prêts à des changements stratégiques pour l’année à venir. Il estime que le printemps arabe constitue sinon une menace au moins un risque de grande instabilité pour l’entité. En d’autres termes, l’armée israélienne doit disposer d’encore plus de moyens humains, techniques et financiers pour affronter le changement de régime en Égypte.

Parfaite logique entropique.

Si les voisins secouent le joug sous lequel ils vivaient pauvres et humiliés, l’urgence est de leur faire la guerre et d’appauvrir davantage les indignés du boulevard Rothschild.

Badia Benjelloun