Trump est-il un Eltsine américain ?

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Trump est-il un Eltsine américain ?

Trump, un “Eltsine américain” (et non “américaniste” car, bien sûr, le système de l’américanisme ne peut accepter cette sorte d’analogie) ? C’est une interprétation à la fois étrange et originale que nous présente Alastair Crooke ; mais si l’on considère logiquement et objectivement le propos, qu’y aurait-il d’étrange et d’original à nous présenter une interprétation de cette sorte dans une époque qui est complètement, aussi bien étrange qu’originale et vice-versa ?

Alors, lisons donc Crooke et laissons-le, dans  Strategic-Culture.org, ce  25 novembre 2019, nous suggérer qu’après tout Trump pourrait bien être ce qu’il en est dit dans ce texte ; après tout et tous compte fait, oui, Obama aurait bien été l’“American Gorbatchev” que nous crûmes qu’il pourrait bien être, avant de  déchanter... Mais de déchanter faussement puisque finalement, oui, Obama serait bien dans ce montage conceptuel, notre fameux “American Gorbatchev” dissimulé sous le masque très-cool de la narrative de l’Amérique exceptionnaliste, si l’on veut en  suscitant un désordre  discret mais profond par rapport aux ambitions impérialistes du système de l’américanisme, désordre que Trump révéla et prit en charge en l’accentuant d’une manière extraordinaire.

Voici un passage explicatif :

« Selon une application pratique [de cette conception], Obama pourrait être considéré, comme certains le suggèrent à Moscou, comme le Gorbatchev du régime américain (c'est-à-dire l'homme qui a commencé le retrait de certains des engagements les lointains et les plus prégnants de l'Empire) ; Trump serait donc, dans cette analogie, le Eltsine de ce régime (c'est-à-dire le président qui s'est recentré sur la scène intérieure, et sur la réduction du fardeau des républiques qui formaient autrefois des parties de l'URSS).
» L’opération de réduction des effectifs extérieurs et de reconstruction structurelle à l’intérieur est une entreprise difficile. Et cela ne s'est pas bien passé pour la Russie.
» Les raisons pour lesquelles Trump se concentre sur la Chine en tant qu’adversaire hostile sont claires. Cette démarche répond au besoin d'avoir une narrative simple pour expliquer au public le déclin relatif de l'Amérique (“C’est entièrement la faute de la Chine qui vole ‘nos’ emplois et ‘notre’ propriété intellectuelle”). La Chine fournit également un ennemi sans équivoque qui “menace culturellement notre mode de vie” ; et enfin, elle offre une solution : “Nous allons nous reprendre avec notre économie”. »

Alastair Crooke propose une thèse tendant à montrer que l’action erratique de Trump produit des effets inattendus, d’une part selon la position extrêmement complexe qu’il occupe, d’autre part selon une psychologie et une expérience également erratiques, avec le seul but politique de retirer le plus possible l’Amérique de politiques et de positions qu’en tant que businessman il juge extrêmement défectueuses parce que d’un rapport faible sinon négatif. D’où cette politique erratique qui serait complètement différente dans son but de son fameux slogan MAGA (“Make America Great Again”) puisqu’il s’agit d’un repli définitif, politique par ailleurs difficile à identifier en première analyse puisque faite de circonvolutions pour éviter les obstacles et les pressions qu’un establishment demeuré dans l’état d’esprit de l’époque impériale ne cesse de dresser  contre lui.

« On nous laisse entendre que le “moment” unipolaire de la domination US est en train de le céder, à contrecœur, à un monde multipolaire : un retour peut-être à un “concert” de puissances (ou de “pôles” significatifs, – la taille n'étant pas toujours le facteur déterminant) comme au XIXe siècle. Et Trump ne ferait qu’essayer simplement de prolonger ce moment hégémonique et américain, – bien que par des moyens différents, c'est-à-dire en adoptant des actes et un langage apparemment bizarres, et parfois contre-productifs, qui exaspèrent l’establishment américain de politique étrangère.
» Mais ce point de vue est-il juste ? Peut-être Trump est plutôt une sorte de crabe. Peut-être a-t-il besoin d'avancer vers ses fins d’une façon tortueuse, comme un crabe, plutôt que d'aller droit devant à toute vapeur, précisément parce qu'il est l'objet d'une attaque politique concertée... »

Crooke développe une analyse serrée de ce qu’il nomme généreusement “la stratégie” de Trump, laquelle correspond au personnage et s’est développée comme un slalom dans le champ de mines qu’est “D.C.-la-folle” si l’on a à l’esprit les incroyables péripéties du pouvoir américaniste depuis son élection. L’analyse rationnelle, qui examine les positions des divers acteurs, des “ennemis” à répétition qu’institue l’establishment ou leDeepStatecomme vous voulez, semble décrire à la fois une tragédie-bouffe du désordre mondial et une “bataille de chiens” (dogfight, disent les pilotes de chasse) dans les cocktails de Washington D.C., d’un pseudo-empire en chute finale qui ne cesse de se déchirer lui-même et de semer partout les ruines sanglantes de la fureur de son impuissance...  

Finalement et peut-être plus “sérieusement”, c’est-à-dire impérativement, Crooke en en revient aux impératifs électoraux de Trump, de ce personnage improbable qui, probablement (certainement, selon  Michael Moore), n’avait aucune intention ni espoir de devenir président, qui s’était lancé dans la course pour des questions de promotion télévisuelle... Et le voilà président !

Ainsi sa “stratégie”, qui est en fait pour lui la conséquence de son élection bien plus que la cause, est-elle faite pour tenter de satisfaire ce qu’il juge être sa base électorale, que l’on pourrait qualifier sans que lui-même s’en fût avisé à l’origine, de populiste et d’isolationniste, – et cette “stratégie” parvenant finalement à accoucher indirectement d’une politique générale qui s’inscrit dans le grand courant de révolte contre le programme globaliste du Système ; sans expressément l’avoir voulu, peut-être, sans doute, mais ainsi avec infiniment plus d’efficacité... Si non è vero, è bene trovato, que l’on traduirait par “si cela n’est pas vrai dans l’intention, c’est incroyablement efficace dans l’action”...

« Ainsi, lorsque nous parlons de la “stratégie” géopolitique de Trump, nous entendons par là, premièrement la stratégie développée d’abord pour conserver les bases électorales-clef de son soutien : les “Deplorables” bien sûr, mais aussi l'AIPAC et les évangélistes (25% de l’électorat affirme être évangéliste, attaché à une vision littérale et eschatologique du Grand Israël, dans le contexte de la Rédemption) ; et deuxièmement, la stratégie développée pour affaiblir les courants internes aux États étrangers qui soutiennent le globalisme et recherchent des relations plus proches avec les [globalistes, démocrates et progressistes-sociétaux]aux États-Unis. Cela renforce effectivement les autres acteurs qui ne veulent pas de relations fortes avec l’Amérique [qui menaceraient leur souveraineté], et qui, par extension, ont un intérêt évident pour un monde multipolaire.
» Quand vous regardez partout dans le monde, vous voyez que les politiques américaines ont renforcé les courants souverainistes, c'est-à-dire notamment l’Iran, la Russie, la Chine. Est-ce simplement paradoxal, – ou délibéré ? Comme l'a fait remarquer un intellectuel russe, “les tendances conservatrices de Trump et sa profonde prédisposition isolationniste le placent en position d'être un allié objectif des nôtres (c'est-à-dire la Russie et la Chine), celui qui facilite la réalisation de notre projet”. »

Nous ignorons si cette démonstration rationnellement très bien structurée correspond réellement à une conviction de l’auteur lorsqu’il est question du seul Trump. Il est vrai qu’il y a du rationnel dans cette évolution vers un cadre multipolaire, mais il est moins évident que cette rationalité s’applique à Trump lui-même, comme s’il avait eu, dès l’origine, une stratégie dans ce sens. On sent, dans la plume d’Alastair Crooke, parfois la tentation d’un clin d’œil lorsqu’il est question du personnage de Trump lui-même.

Certes, le débat à ce propos reste ouvert, et l’on souffrira qu’il soit posé en ces termes : Trump, personnage sérieux capable d’élaborer une “stratégie”,  ou simple instrument de forces qui le dépassent. On sait que, pour nous, ce débat est complètement tranché, et qu’il le fut pratiquement au cours de la campagne électorale, avant que Trump ne s’installât à la Maison-Blanche, alors que le même Michael Moore identifiait ce même Trump comme “un  cocktail Molotov humain” (« Et ils [ces électeurs] voient Donald Trump comme leur cocktail Molotov humain qu'ils ont l'occasion d’allumer dans l'isoloir le 8 novembre [2016] pour le lancer sur notre système politique. Je pense qu'ils adorent l’idée de faire sauter le système »).

Mais ce jugement (Trump, comme “simple instrument de forces qui le dépassent”) s’accorde parfaitement, tous comptes faits, avec l’analogie de faire de Trump un Eltsine à l’américaine, c’est-à-dire un Gorbatchev prolongé dans Eltsine ; c’est-à-dire, du point de vue opérationnel, le désordre de Trump accouché et alimenté par la politique d’Obama qui poursuivit la politiqueSystème des neocons de Bush (et “idiots utiles” du Système), mais en lui imposant une dialectique chargée d’une moraline exceptionnaliste (selon Obama, à consommation intérieure) conduisant à faire des États-Unis le porteur d’eau à visage découvert des entreprises déstructurantes du Système, et donc à placer les États-Unis en position d’être détestés et rejetés par tous les autres... Et ainsi, accélérant la pente de la chute de l’empire en introduisant Trump-Eltsine.

De ce point de vue, bien qu’adversaire impitoyable et méprisant de Trump, Obama a partie liée avec Trump, cette fois selon le même constat qui deviendrait valable pour les deux (Obama et Trump “simple[s] instrument[s] de forces qui le[s] dépassent”). Ce serait Obama qui aurait poussé Trump vers la maturation tonitruante de cette politique de désordre antiSystème qui s’avère pour lui [Trump] le seul moyen de conserver sa base électorale. Les deux auraient formé cet étrange attelage yankee Gorbatchev-Eltsine à force de suivre des politiques dont ils se disaient les maîtres et qui leur furent en fait imposées (par le Ciel, certes), se justifiant à leurs yeux par les piètres considérations politiciennes du personnel politique disponible pour la Fin des Temps ; et tout cela, il faut le préciser avec force car nous ne sommes plus dans un épisode intermédiaire (comme avec la Russie des années 1990) mais dans l’approche de la conclusion, tout cela sans la moindre possibilité de trouver un Poutine-yankee à l’arrivée, – absolument hors des desseins divins...

Puisque Bossuet le disait, le Ciel résonne de cette ironie céleste et c’est donc bien que « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

dedefensa.org

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Is Trump a ‘Covert Ally’ to the Multipolar Order?

We are led to understand that the unipolar ‘moment’ of US ascendency is giving way – grudgingly – to a multipolar world: a reversion perhaps to a more nineteenth century ‘concert’ of powers (or, of significant ‘poles’ – since size is not always the prime determinant). And that Trump is trying simply to prolong that hegemonic, US moment – albeit through different means, which is to say, adopting seemingly bizarre, and sometimes counterproductive, acts and language, that infuriate the American foreign policy establishment.

But is this view right? Maybe – Trump is more of a crab. Maybe he needs to proceed towards his ends, crab-like, rather than full-steam straight-ahead, precisely because he is subject to such concerted political attack.

Some in Russia think the very notion of America ‘First’ carries ‘in its belly’ the implication of a letting-go of the globalist ‘Empire’ project, and a return to focus on the internal American situation, and the challenges which the US faces internally (i.e. a return to the type of non-interventionist conservatism which Pat Buchanan represented, but which the US neo-cons loathed, and set out utterly to destroy precisely – because it foreclosed on ‘empire’).

In practical terms, Obama can be viewed, as some in Moscow suggest, as the Gorbachev of the American regime, (i.e. the man who began the retrenchment out from certain of the Empire’s more extended nodes); and Trump then, in this analogy, is the Yeltsin of this regime: (i.e. the president who has re-focused on the internal arena, and on reducing the burdens of the republics that used to constitute parts of the Soviet Union).

The retrenchment-and-rebuild-at-home shift is hard. And it did not turn out well for Russia.

The motives for Trump’s focus on China as a hostile challenger is clear: It serves the need of having a simple popular narrative to account for America’s relative decline (it is all China’s fault – stealing ‘our’ jobs and our intellectual property). It provides too, an unequivocal enemy that culturally threatens ‘our’ way of life – and it offers a solution: ‘We shall take back our economy’.

But what may not be so clear is whether Trump is actually so opposed to the notion (in principle) of a concert of powers. Though bearing in mind the neo-con and liberal interventionist rage at Pat Buchanan’s earlier policy inwardness (and scepticism of intervention), it might be unwise of Trump to admit to such inclinations – even were he to have them. Hence, the crab-like sideways motion towards its destination.

Is then Trump’s outreach toward Russia (whilst China is demonised), simply a Mackinder-ish attempt to divide Russia and China from each other, in order for Trump to be able to triangulate his interests between a (separated) China and Russia – and which therefore is integral to a continuing US hegemonic project – or is it not? Or, does it have another purpose? It is, after all, pretty obvious that such a divide-and-rule ruse will never work, so long as the close personal relationship between Presidents Xi and Putin, holds good. Both leaders understand triangulation, and both view the ‘concert’ of poles initiative – as an existential requirement for their states.

Or, is Trump’s continuous effort at outreach to Russia somehow connected to his understanding of how the US might quietly transition from a moment of overextended empire – to something smaller, within a multi-polar framework?

Why might Trump want – even indirectly and covertly – to encourage such transition? Well, if you were hoping to exit one of empire’s more troublesome nodes, you do not want immediately to be pulled right back-in, through another war, just as you start to pack your bags – the Middle East is one very obvious example.

And by escalating against Iran, Trump both appeals to the globalist ‘realpolitik’ component of the deep state, and to those liberals who support interventions under the ‘moral high ground’ banner, but who implicitly also seek to consolidate globalization. Are Trump’s tactics – berating Iran at every opportunity – somehow an effort at neutralising the globalists (mindful of Pat Buchanan’s fate)?

Trump knows at bottom that his core electoral base is isolationist, and wants an end to ‘forever’ wars. He campaigned precisely on this pledge. Is the ‘maximum pressure’, and threats of war, then precisely meant to substitute for actual war? Whilst, at the same time, appeasing Israel, by effectively taking negotiations with Iran ‘off the table’ (i.e. by undoing Obama’s having putting rapprochement on the table – thus unsettling the sense of security of Israel and the Gulf States?).

Iran seems to think so: both Iranian and Hizbullah leaders have asserted rather emphatically that Iran tensions will not result in war. In such a play, Russia plays a key role: It tries somehow to ‘balance’ between Iran and Israel (at least for now). Is not this exactly how a concert of powers is supposed to work?

So when we speak of Trump’s geo-political ‘strategy’, we mean the meshed strategy of firstly retaining key electoral bases of support: the deplorables, of course, but also AIPAC and the Evangelicals (25% of the electorate claim to be Evangelical, and who are attached to a literal, eschatological view of a Greater Israel, in the context of Redemption), and secondly, of weakening the internal currents in overseas states which support globalism and seek closer relations with the US. This effectively strengthens the sides who not want strong relations with America, and by extension, have a clear interest in a multipolar world.

Wherever you look around the globe, America’s policies have strengthened the sovereigntists: i.e. Iran, Russia and China. Is this simply paradoxical – or deliberate? As one Russian thinker has noted, “Trump’s conservative tendencies and his deep isolationist predisposition, are placing him in the position of being an objective ally of ours (i.e. Russia and China). One who is facilitating the realisation of our project.”

Is this Iran’s understanding, too? Possibly, but in any event, were it to be so, it would fit well with Iran’s geo-strategy. It would not demand of Iran its compliance with the regional status quo (which it would never agree to).

The seven year Iran-Iraq war had left the revolution intact, but the population war-weary. This war however, taught the Iranian leadership the imperative of preventing another head-to-head conventional war – and instead, to prepare its forces for a new-generation unconventional conflict – mounted ‘far away’ from the homeland, and calibrated carefully, precisely to avoid going head-to-head with a state – or its people, if possible.

And just as the US Evangelicals see the coming into being of Greater Israel as an eschatological necessity, so the founders of the Islamic Republic embraced an eschatology (the Jafari School, named after the Sixth Imam Ja’far al-Sadiq), which names Jerusalem as central to the return of the Mahdi, and to the establishment of Islamic government throughout the world – as promised by the Prophet Mohammed. According to both Sunni and Shia prophecies, the army foreordained to conquer Jerusalem is to be comprised mostly, but not exclusively, of people from the region of Iran, with Iranians  having a great and important role  in the event. Yes: We have almost exact opposite symmetry between the Hebraic and Islamic eschatologies.

A role for Russia as maintaining the ‘balance’ then, is not surprising. This may be how a concert of powers is supposed to work. But will it? Or will it end as disastrously as Yeltsin’s effort, with the collapse of the US economy ?

The shift from a unipolar ‘order’ to a concert of poles (in which Iran, Turkey and India may be expected to feature) is a complicated exercise. Much of the Iranian leadership (though perhaps not President Rouhani), may – in principle – think it an excellent idea, were the US to take a turn inwards, and go away. But this sentiment is definitely not reflected in Israel.

In spite of all the unilateral Trump ‘gifts’ to Israel (Jerusalem as capital, Golan as Israel, the settlements as not illegal, etc.), Israel is feeling an existential fear and loneliness. Thus, it is an exceedingly fragile – and indeed increasingly improbable balance – that Trump is trying to mount (with President Putin’s tacit assistance).

It may well collapse – and with it, Trump’s hope for ‘clean’ exit: leaving the Middle East to stew on its own.

And, as a final speculation: Is this somewhat similar to what has been going on between Trump and Xi (i.e. a play analogous to that with Iran)? Is Trump ramping up the max-pressures, and threats of Cold War against China, to substitute for the military war that some of his deep state might love him to fight, but which Trump has no intention of doing?

Is there some tacit understanding that China collaborates in Trump’s blowing of the stock market bubble in the US (China plays well its part in Trump’s market manipulation – with a trade deal always ‘almost there’), as Trump, in his turn, tries to keeps Hong Kong ‘off the table’? All good ‘concert of power’ type trades?

And is the US Congress – with its bill from both ‘Houses’ aimed at putting Hong Kong right back ‘on the table’ – intent, with this bill, on destroying Trump’s implicit collaboration in the creation of a multipolar order?

Alastair Crooke