Semaine du 7 au 13 mai 2001

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Les militaires en Israël : un pays d'ores et déjà sous leur contrôle ?


Dans une analyse du 8 mai, Ran HaCohen, un de nos commentateurs favoris pour les affaires israéliennes, aborde la question de l'armée israélienne, son statut, son rôle en Israël; non, — plutôt que l'armée elle-même, les généraux israéliens, qu'on retrouve d'ailleurs dans le monde politique (Dayan, Rabin, Barak, Sharon, etc). La conclusion est évidente: «Il n'y a pas le moindre risque d'un coup d'État militaire en Israël pour la simple raison que les généraux dirigent d'ores et déjà le pays.» HaCohen décrit là une situation qu'on retrouve dans nombre de pays occidentaux, où les militaires possèdent un statut de facto particulièrement puissant, de nombreuses connections avec le pouvoir civil et avec les puissantes industries de l'armement et de l'aéronautique. C'est le cas, bien entendu, aux USA, avec ce qu'on nomme le complexe militaro-industriel, et dans les pays de l'OTAN qui sont bureaucratiquement très liés à l'Organisation (l'Allemagne principalement) ou dont les militaires trouvent dans l'OTAN un moyen de promotion qu'ils n'ont pas dans leurs pays à faible tradition militaire (c'est le cas des petits pays de l'OTAN surtout). L'analyse de HaCohen conduit à conclure que la situation actuelle de la crise israélo-palestinienne, qui n'est nullement dans ce cadre une crise confessionnelle (arabes palestiniens contre juifs) et/ou culturelle, relève essentiellement des rapports du pouvoir israélien autour de l'ex-général Sharon et du Pentagone aux USA, qui apparaît comme son principal soutien. En contrepartie, la structure politico-militaire autour de Sharon constitue un excellent relais pour le soutien de certains projets et programmes du Pentagone. Le cas le plus évident est le programme anti-missile israélien Arrow, qui est un excellent soutien du programme global MDS (Missile Defense System) en cours d'élaboration aux USA.


Les dessous étonnants des défaites internationales des États-Unis


Les deux défaites américaines (représentants des USA non élus), à la Commission des droits de l'homme de l'ONU et à l'International Narcotic Control Board, ont constitué un événement d'une dimension majeure aux USA. Une thèse développé à cette occasion est que cette affaire constitue un coup très rude porté aux relations USA-Europe, dans la mesure où, selon l'analyse américaine, un certain nombre de pays de l'UE auraient joué un rôle non négligeable dans l'affaire. La thèse présentée par Patrick Martin, de WSWS (lien ci-dessus) est effectivement que les pays de l'UE auraient décidé de retirer leur soutien aux USA à la suite des pressions américaines pour que l'Autriche et la Suède retirent leurs candidats. Ces pressions auraient été, selon nos sources, «brutales et décidées en dernière minute, lorsqu'il apparut possible aux Américains que l'élection du candidat US n'était pas assurée». Jusqu'alors, les Américains avaient considéré leur élection comme acquise, parce qu'ils disposaient de 43 soutiens écrits. Encore une fois, il s'agissait d'une évaluation déformée par la perception américaine que rien ne peut résister à leur pression. L'engagement écrit est une pratique courante à l'ONU (une façon d'accuser réception poliment à l'annonce d'une candidature) et il y a toujours du déchet. Mais ce déchet a été considérable dans le cas américain (29 votes pour 43 engagements écrits) et ce comportement inhabituel semble effectivement marquer une volonté politique de défiance vis-à-vis des USA.


Les “négligences” du FBI prolongent d'un mois la vie du terroriste solitaire


Coup de théâtre dans l'affaire de l'exécution de Timothy McVeil, condamné à mort pour l'attentat d'Oklahoma City (167 morts), en avril 1995. McVeil a refusé tout appel après sa condamnation à mort. Il a demandé que son exécution soit télévisée en direct. Il a adopté une attitude stoïque, prenant à son compte toutes les responsabilités de cet attentat, le plus meurtrier de l'histoire des États-Unis. Mais deux jours avant son exécution, le FBI annonce qu'on vient de découvrir dans des archives documentaires du dossier de l'affaire McVeil plus de 200 documents qui n'ont pas été communiqués à la défense. Après quelques heures d'hésitation, le secrétaire fédéral à la Justice demande une suspension d'au moins un mois de l'exécution, pour l'examen de ces nouveaux documents. En même temps est relancée l'hypothèse que l'attitude McVeil avait également comme but de dissimuler une conspiration qui était derrière cet attentat; affirmant sa culpabilité d'“homme seul”, McVeil aurait voulu couvrir une conspiration de l'extréme-droite anti-Washington qui aurait organisa l'attentat. C'est ce que le quotidien Independent de Londres désigne comme «The Oklahoma Conspiracy». Ce rebondissement met en évidence l'aspect politique de cet attentat, de ce procès et de cette exécution, déjà mis en évidence par ailleurs par la présence annoncée de l'écrivain Gore Vidal lors de l'exécution. Vidal a entretenu une correspondance avec McVeil, celui étant en prison, et les deux hommes se sont découvert de grandes proximités idéologiques. En arrière-plan de ce procès, en effet, c'est un conflit fondamental aux USA qui se profile le centralisme fédéral et washngtonien contre la décentralisation, le fédéralisme et le droit des États.

McVeil a déclaré agir par hostilité au pouvoir washingtonien. Les groupes d'extrême-droite dont on le croit proche sont également très hostiles à Washington. Quant à Gore Vidal, cet écrivain qui est aussi l'un des plus grands historiens américains (il faut lire l'histoire romancée des USA au travers de sa série de romans historiques commencée avec Burr), il est également un opposant farouche au pouvoir de Washington et il tient la démocratie américaine pour une farce. L'analyse de Gore Vidal est que son pays est déchiré, depuis l'origine, par l'affrontement entre les hamiltoniens (du nom d'Alexander Hamilton, centraliste et capitaliste) et les jeffersoniens (de Thomas Jefferson, fédéralistes décentralisateur, démocrate localiste). Pour lui, l'acte de McVeil entre dans cette logique et poursuit ce que Vidal nomme «la guerre intérieure américaine, [... ou] la guerre civile permanente».