Notes sur les Tomahawk au Pays des Merveilles

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Notes sur les Tomahawk au Pays des Merveilles

09 avril 2017 – Sans aucun doute, cette attaque US contre la Syrie de la nuit du 6 avril est un événement extrêmement étrange, insolite, presque une incursion de la tragédie dans une sorte de “téléréalité” ou bien le contraire, intrusion de la téléréalité dans la tragédie sous la forme qu’elle a prise dans notre époque. (Par conséquent, plus que jamais “tragédie-bouffe”, c’est-à-dire tragédie déjà tordue par l’aspect bouffe de la communication, revue ou plutôt multipliée exponentiellement encore plus par la fiction grossière de la téléréalité, cette tentative futile et grotesque de constituer des événements télévisuels dans a soi-disant “réalité” : « C’est donc logiquement le cas pour cette attaque de 59 missiles de croisière contre une seule base syrienne, dans des conditions effectivement étranges, pour des résultats apparemment étranges, selon des interprétations aussi nombreuses qu’étranges. Nous sommes bien dans l’aire et dans les temps de la post-Vérité... ».)

Il nous apparaît clairement que l’événement, à la fois ressort des coutumes ouvertement et grossièrement illégales, guerrières, brutales, expansionnistes et bellicistes des USA depuis 9/11 ; et à la fois, rompt complètement avec ces coutumes, même s’il les conserve comme outils d’opérationnalisation. L’événement est tel, par exemple et exemple hexagonal pour garder le lien entre USA-2016 et France-2017, que l’on a pu entendre successivement vendredi et samedi Marine Le Pen s’exprimer d’une manière critique, voire très-critique à peine voilée, vis-à-vis de son champion Donald Trump, et le rédacteur en chef de L’Obs remarquer à peu près (nous extrapolons mais à peine en vérité) que “c’est Marine Le Pen qui a eu vis-à-vis de cette attaque, l'un des commentaire le plus raisonnable et le plus conséquent” parmi tous les candidats. Il ne s’agit pas de chanter ici un hymne à la gloire de l’un(e) ou l’autre mais de constater et de mesurer à la fois l’extraordinaire confusion, l’empilement ahurissant de contradictions qu’introduit cet événement dans la pensée et le jugement politiques, – si l’on s’en tient à la raison seule.

« ... So Trump Could Look Good by Striking Syria »

Nous répétons avec plus de force que jamais qu’il ne nous intéresse guère de connaître la “réalité” à propos de cette attaque, car cette “réalité” sera nécessairement en fluctuation et en constante distorsion selon le côté qui l’interprète, et avec autant de versions assorties d’autant de sources absolument sûres. Si l’on en veut des encore plus savoureuses, de versions, que celles que l’on a déjà passées en revue, pourquoi pas celle du député démocrate de Californie Ted Lieu qui avance l’idée que Trump a lancé l’attaque contre la Syrie pour distraire l’attention publique de l’importante crise dite du Russiagate sur les liens évidents de Trump, marionnette de Poutine ; ou bien celle de Lawrence O’Donnell, présentateur de MSNBC, qui avance l’idée (suite) que Poutine a monté cette attaque chimique pour permettre à Trump de lancer l’attaque en Syrie et qu’ainsi il (Trump) “could look good” (« Maybe Putin Masterminded Chemical Attack So Trump Could Look Good by Striking Syria »).

Tout cela ne fait pas sérieux ? Voire, car qui peut dire aujourd’hui ce que c’est que “faire sérieux”, et le contraire... Le Saker US, référence très sérieuse sans aucun doute, ne dit après tout pas grand’chose de différent de ce que nous dit O’Donnell, dans l’esprit de la chose si l’on peut parler d’“esprit” en vérité... Lorsque, admettant les résultats de l’attaque selon les Russes (36 Tomahawk sur 59 ont disparu dans la nature), il se demande où sont passés ces 36 Tomahawk ; puis il fait l’hypothèse assez acceptable qu’ils ont été abattus par la défense anti-aérienne russe, très présente dans la zone et dont Sputnik.News nous a entretemps instruit du détail impressionnant ; puis il continue en se demandant : “Mais diable, pourquoi n’avoir pas abattu tous les Tomahawk ?”, et il répond comme O’Donnell : « So Trump Could [tout de même] Look Good by Striking Syria »...

« Now here is the really intriguing thing: it appears that only 23 out of a total of 59 US cruise missiles hit the base.  The rest are unaccounted for.  This could be due to all sorts of reasons, including Syrian and Russian air defenses or Russian electronic warfare.  I tend to believe that the latter is the cause.  But then, this begs another question: why did the Russians let 23 of the cruise missiles through?  Possibly to appease Trump and not force him to re-strike.  Other possibility, to make sure that the political fallout from this stupid and reckless attack still come back to hurt the United States (had they destroyed all the cruise missiles this would not happen). » (Saker US, le 7 avril 2017)

23 ou 59, ou bien 150% de réussite ?

Au fait, vous y croyez, vous, à ces 36 missiles de croisière Raytheon Tomahawk dont personne n’a entendu parler sur la base syrienne visée et peut-être bien préalablement débarrassée de l’essentiel de son matériel et de son personnel sur indications précises et coordonnées à mesure, sans doute bien de l’US Navy quant à ses intentions de frappe, ne laissant en place que quelques Su-22 ou MiG-23 de toutes les façons promis à la casse, pour que l’attaque fasse tout de même “sérieux” ?

Du côté du Pentagone, on a été assez discret sur l’efficacité inestimable de cette frappe, même si l’on consulte les publications de référence les plus fiables comme on dit. Aviation Week & Space Technology (du 7 avril 2017) est tout juste capable de citer les “Pentagon officials” extrêmement anonymes quoique complètement du Pentagone, qui annoncent benoîtement que l’attaque a eu une efficacité de 100% (donc tous les missiles ont touché leurs cibles, soit 150% des cibles visées disons)...  « Pentagon officials say all 59 Raytheon-built Tomahawk Land Attack Missiles fired against a Syria’s Shayrat airfield on April 7 reached their intended targets... » (Le Raytheon GLCM Tomahawk, apparu en 1974-1975 et présenté comme une révolution stratégique in illo tempore, et désormais représentant plutôt une révolution de la communication, ou comment faire du neuf avec du vieux...)

Un des lecteurs de cet article d’AW&ST, Mark Lincoln, s’exclame, – citons-le sans réserve aucune et pour l’essentiel de son commentaire :

« “Pentagon Says All 59 Tomahawks Hit Syrian Targets ”. Oh sure. Every time massive numbers of Tomahawks have been launched there have been a few failures. And this time there were significant air defenses. “Two officials involved in the mission who declined to be named said the late-night naval strike was executed with 100% accuracy. “We’re very positive that 59 missiles hit,” they said.”

» Who would want their name associated with such twaddle?

» So the Pentagon wants me to believe that the Tomahawks had a pk of 1. It reminds me of when we were not taking losses in Vietnam. Then one day it turns out that we had lost a thousand more than the public had been told of. Then there was that kefuffle in the Balkans where we announced tremendous kills of huge numbers of artillery and armor and when it came time to find the wreckage...

» Does the US armed forces improve the truth? Did I say that delicately enough? Do I believe Russian claims to have shot down 36 of 59 missiles? Why should I? The Kremlin is even less credible than the Pentagon... »

... Et pourtant, nous, contrairement à Lincoln, serions inclinés à penser que non, le Kremlin n’est nullement « less credible than the Pentagon... » ; oh, nullement par croyance irrésistible pour la vertu des généraux et commentateurs russes ! Plus simplement parce que le Russe n’a nul besoin de développer quelque propagande que ce soit ; il suffit qu’il dise les faits et les événements tels qu’ils se sont passés, selon des moyens d’observation raisonnablement crédibles et développés, et déjà en place en Syrie, sans parler des complicités actives avec les acteurs US, pour mettre en évidence l’extraordinaire vérité-de-situation de “Washington D.C. In Wonderland (ou “Moby Dick en Wonderland” pour ce cas du Pentagone), c’est-à-dire l’extraordinaire vérité-de-situation que constitue la narrative plusieurs fois tordue sur sa propre irréalité et non-réalité, ou téléréalité, pour répondre au déterminisme-narrativiste, à laquelle est conduite le système de la communication de l’américanisme.

On reviendra plus loin, pour l’explication finale, sur ce Wonderland, qui est effectivement celui de l’immortel bouquin de Lewis Carroll, alias du révérend Dodgson, Alice au Pays des Merveilles (Alice In Wonderland).

Dysfonctionnement et dangerosité de la téléréalité

Voici par contre, c’est-à-dire selon une méthode contraire, une analyse très intéressante, circonstanciée, argumentée, de la part d’Alexander Mercouris, – tout le contraire de “Washington D.C. In Wonderland”, – ce 8 avril 2017 sur TheDonan.com. Mercouris a longuement soutenu Trump contre la folie de Washington D.C., au nom d’arguments rationnels, parce qu’il jugeait plus rationnelle et raisonnable l’orientation de Trump contre la folie de Washington D.C. Il n’hésite pas une seconde à utiliser cette même rationalité pour produire une analyse complète de l’attaque, du point de vue politique, de sa logique stratégique, de sa légalité (ou plutôt de son illégalité), etc. Il démontre en l’occurrence la complète responsabilité, c’est-à-dire son irresponsabilité politique, du président Trump qu’il ne se donne même pas la peine de condamner lui-même ; il termine plutôt par cet argument à l’intention de l’“opposition” qui, pendant des mois, a fabriqué des “complots” et autres sornettes pour dénoncer Trump et envisager une procédure de destitution contre lui : “Si vous voulez un argument juridique pour engager une procédure de destitution contre le président Trump, vous l’avez désormais, et il est imparable, avec cette attaque contre la Syrie”.

Eh bien, ils n’en feront rien puisque, au contraire, grand nombre de ceux qui lui crachaient dessus il y a une ou deux semaines, applaudissent Trump aujourd’hui comme si c'était unanimement (standing ovation au Congrès). Fareed Zakaria, vedette de CNN (et du CFR) annonce triomphalement qu’au 78ème jour de sa présidence, « Trump est devenu président des États-Unis ». D’où la conclusion que tire Mercouris, pour cette analyse de la perception extérieure qu’il faut aujourd’hui avoir des USA, – Trump ou pas Trump, et au-delà de Trump, c’est-à-dire de Washington D.C. considéré comme une entité déchaînée : « ... Le système politique US est devenu simultanément si complètement dysfonctionnel et si extraordinairement dangereux pour les autres peuples et les autres pays. »

(« In a sense this provides a good example of the warped and unhealthy state of current US politics.  A President and his administration can be put on the rack over entirely fictitious and evidence free allegations like those which have been made in the Russiagate scandal.  However he can violate the law and the Constitution and commit murder and havoc with complete impunity.  It is this fact more than any other which explains why the US political system has become simultaneously so completely dysfunctional and so extraordinarily dangerous to other peoples and countries. »)

Mercouris complète son travail de constat de la dévastation rationnelle qu’offre la politique, ou “non-politique” US, produisant de telles actions, par une analyse de l’argumentaire pour l’attaque contre la Syrie que le secrétaire d’État Tillerson et le directeur du NSC McMaster ont donné lors d’une conférence de presse tenue plus tard dans la journée d’hier (autre texte de Mercouris, également du 8 avril 2017 sur TheDuran.com).

Mercouris ne peut que constater combien les actes américanistes ne semblent faits que pour la pose, la posture, pour “paraître fort et dur” dans ce cas (“to look strong and tough”, tout comme il importe que Trump “looks good”), sans la moindre cohérence ni la moindre logique stratégique mais plutôt selon l’enchaînement d’un script de téléréalité. L’analyse de Mercouris, une tentative d’incursion de la raison dans la maison des fous, n’a aucun rapport avec la situation washingtonienne, entièrement emportée par un déterminisme-narrativiste désormais bien développée sous une forme structurée et d’une extrême puissance depuis la crise ukrainienne et le “coup de Kiev“ de février 2014.

The-Donald perd sa base

Selon la même approche que Mercouris, il faut observer de nombreuses manifestations et interventions qui montrent le caractère rétif sinon en complète révolte de la base populiste et non-interventionniste qui permit l’élection de Trump. Là encore, il s’agit d’un domaine situé hors du script de téléréalité de Washington D.C., où il est possible de constater combien la droite antiSystème US est beaucoup moins dépendante d’un “culte de la personnalité” que ne l’est la gauche antiSystème, laquelle a cessé de l’être dès qu’il s’est agi de soutenir aveuglément Obama malgré qu’il ait mis toute son action au service du Système. La droite antiSystème n’a soutenu Trump que dans la mesure où il promet/promettait une politique correspondant à son attente ; depuis quelques temps son soutien s’émousse et, désormais, il s’effondre. La base de Trump est manifestement rétive à la téléréalité washingtonienne.

Les critiques et les positions de rupture avec Trump s’expriment de partout, de toutes les façons et dans tous les sens, qu’il s’agisse d’un libertarien comme Raimondo, d’un conservateur indépendant comme David Stockman, d’un commentateur comme Michael Savage ; d’un groupe mystérieux de hackeurs comme The ShadowBrockers qui pourraient être la couverture d’une “taupe” au sein de la NSA et qui divulgue, pour protester contre l’attaque contre la Syrie, le “mot de passe” donnant accès à ce qu’Edward Snowden a désigné comme l’“arsenal Top Secret des armes digitales” de l’Agence (« the NSA’s Top Secret arsenal of digital weapons ») ; qu’il s’agisse des lecteurs et abonnés d’Infowars.com invités à voter depuis 36 heures sur l’action réalisée par l’administration Trump et qui la réprouvent (à mi-journée ce 9 avril) par une majorité de 66,61% (28.901 votes) contre 13,01% (5.666 votes) qui l’approuvent (et 10,31% [4.475 votes] qui l’estiment comme étant une manœuvre tactique de Trump pour apaiser son “opposition” [“Quantum chess move”]).

Il faudrait “une stratégie très large et très puissante”

La question centrale qui affleure à ces divers constats est bien de savoir s’il s’agit de porter un jugement sur le “jeu” de divers groupes et personnalités, ou s’il s’agit de constater une dynamique générale qui marque irrésistiblement la politique US (ou politiqueSystème), l’atmosphère et la psychologie de Washington D.C., et ainsi de suite, et dont l’administration Trump est victime après d’autres. Le soutien général que Trump a reçu du Congrès, – sauf les rares exceptions qu’on sait, – est évidemment un acquis important dans la sordide comptabilité des avantages politiciens, mais qui débouche aussitôt sur une énigme, ou une impasse, ou un blocage, etc. Les duettistes McCain-Graham l’ont bien fait savoir, eux qui approuvent bien entendu l’attaque mais qui veulent vite, très vite, une “stratégie” très large et très puissante, – quelle fameuse idée, guys, vous en avez beaucoup comme ça ? – avec beaucoup de frappes, le plus possibles de frappes, c’est cela, des frappes et encore des frappes, éventuellement en forme d’entonnoirs … Ce que WSWS.org, toujours aussi apocalyptique, nous annonce comme “un prélude pour une guerre plus large”, s’appuyant sur l’annonce faite par l’administration Trump (son ambassadrice à l’ONU qui semble vouloir concourir avec la harpie qui la précéda à ce poste) de l’extension délicieuse de la possibilité de nouvelles frappes.

Il s’agit d’une autre façon de rationnaliser la situation, y compris de la part des fous (McCain-Graham) qui évoluent à l’intérieur de leur propre logique et qui semblent ainsi eux-mêmes rationnels au point qu’on les prendrait au sérieux. En sens inverse, il y a les théories de la “stratégie des échecs” suivie par Trump pour satisfaire temporairement ses adversaires et ainsi de suite, et poursuivre par le biais (superbe grand-écart) la politique promise. Rien de tout cela ne rend compte de l’entièreté de la scène politique washingtonienne, des dernières péripéties jusqu’à l’attaque, du parcours de Trump, de tout ce qui a précédé jusqu’à USA-2016, de tout ce que nous subissons, suivions et analysons depuis des années, cette descente accélérée dans le désordre, cette absence complète d’effets satisfaisants, cet enchaînement de violence sans effets consistants. (Depuis combien d’années WSWS.org, – pour prendre cet exemple de commentaire parmi tant d’autres, – nous annonce-t-il comme il faut aujourd’hui la “course à l’hégémonie” avec la guerre totale allant bien avec des USA qui, pourtant, exercent une hégémonie visible et incontestée depuis 1989-1991, et une hégémonie de fait, – et beaucoup plus efficace d’ailleurs, – entre 1945 et 1989 ?)

Comme nous l’écrivons plus haut : “Il nous apparaît clairement que l’événement, à la fois ressort des coutumes ouvertement et grossièrement illégales, guerrières, brutales, expansionnistes et bellicistes des USA depuis 9/11 ; et à la fois, rompt complètement avec ces coutumes, même s’il les conserve comme outils d’opérationnalisation.” C’est-à-dire qu’il n’y a, à la suite de cette attaque qui devait être apocalyptique et qui s’avère une montagne considérable accouchant d’une souris, aucun mouvement réel, ni de mobilisation formidable pour un conflit, ni d’indication d’une manœuvre quelconque de la part de Trump. Tout le monde sait, même ceux qui le voient en bon joueur d’échecs, qu’il ne peut en rester là, dans un sens ou l’autre ; et personne ne voit, ni n’aperçoit, ni ne devine, ni n’envisage quoi que ce soit qui puisse transformer la situation en quelque chose d’opérationnellement et de stratégiquement cohérent, – “transformer” à la façon qu’on transforme un essai au rugby, – mais un essai de cette taille et dans de telles conditions... Alors, quelques frappes de plus ? Et puis, déclarer la victoire en s'en lavant les mains ?

Par conséquent, peut-être n’y a-t-il rien d’autre, comme explication politique cohérente et humaine, que l’absence complète d’explication politique cohérente et humaine, parce qu'humaine. (Ce qui nous nous arrange bien, nous qui croyons si fortement à la faiblesse extrême de la part et du rôle que tient le sapiens dans la manufacture métahistorique des événements actuels.)

Du coup, la réponse de Ray McGovern en vaut bien d’autres.

Si vous êtes ici, c’est que vous êtes fou

... Et Ray McGovern de conclure en effet, dans un sens qui nous satisfait effectivement plus que tout, et qui pourrait aussi bien accréditer la thèse foldingue de O’Donnell de MSNBC, la justifier, la rendre évidente (quel que soit l’auteur de la mise en scène, Poutine, Mattis ou bien Obama pourquoi pas) ; c’est-à-dire une attaque-spectacle, type téléréalité, faite en sorte et de façon que, – « so Trump could look good », ce qui est effectivement une des règles de la téléréalité et de Washington D.C. à la fois, – “to look good”, ou “paraissant très bon” aux fous qui peuplent les rédactions et les travées du Sénat (McCain-Graham), c’est-à-dire “paraissant très bon” les uns par rapport aux autres, entre nous et eux, nous-les-fous... (Mais évidemment, ce “to look good” ne dure pas longtemps, et très vite l’on en redemande...)

Ray McGovern, ex-officier de la CIA devenu sur le tard dissident opiniâtre, courageux sinon héroïque, mais sans jamais perdre son sang-froid, interrogé par Sputnik.News (horreur), notamment sur le fait de savoir si l’attaque n’a pas été réalisée pour “faire taire les ennemis de Trump” [à Washington] quant à son attitude trop arrangeante en matière de sécurité nationale et vis-à-vis des Russes, par rapport aux règles en vigueur de la téléréalité, et qui répond de la sorte : « Ma théorie est que, comme il est dit dans ‘Alice au Pays des Merveilles’, “Je ne veux pas vivre ici au milieu de ces gens atteints de folie” [dit Alice]... “Vous ne pouvez pas raconter cela”, dit le chat, “nous sommes tous fous, je suis fou, vous êtes folle” ... “Comment pouvez-vous dire que je suis folle ?” demanda Alice... “Vous devez nécessairement l’être”, dit le chat, “sinon vous ne seriez pas venue ici”...

Ce que McGovern traduit obligeamment de cette façon : « J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de spécial dans l’eau que boivent les gens, ici à Washington, [qui les rend fous]. Les gens deviennent fous, ici, à Washington... »