Montréal ne fait déjà plus partie du Québec

Les Carnets de Patrice-Hans Perrier

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Montréal ne fait déjà plus partie du Québec

La fronde organisée par la Ville de Montréal contre le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État traduit parfaitement l’état des choses. Montréal est devenu une cité-État coupée de ses constituantes naturelles. Ses édiles et les oligarques qui se terrent dans leurs quartiers huppés n’entendent pas se conformer aux desiderata du gouvernement québécois.

Montréal est une centrifugeuse 

Montréal est devenu une sorte de centrifugeuse qui repousse les Québécois francophones hors de son territoire pour accueillir une cohorte de nouveaux arrivants qui prêtent serment à la Reine et au multiculturalisme canadien. Voilà où nous en sommes.

De l’administration Tremblay jusqu’à la mairesse Plante, les édiles de la métropole du Québec ont tout mis en œuvre pour faire de Montréal une ville ouverte sur une diversité qui n’est qu’un leurre destiné à culpabiliser la société d’accueil. Les anciens « nègres blancs d’Amérique » sont devenus des « racistes systémiques » qui refusent de céder leur place dans un contexte où les frontières représentent un robinet que les classes dirigeantes ouvrent à flot afin de dissoudre les traits distincts de la culture d’accueil.

Dissoudre la culture des Français d’Amérique

Le dogme du multiculturalisme canadien est une arme qui a été façonnée par feu Pierre Elliot Trudeau, et qui fait partie du cadre constitutionnel de la Charte des droits et libertés, afin d’utiliser les minorités ethniques, religieuses et autres comme les idiots utiles d’une idéologie mondialiste qui vise à faire imploser la réalité de la survie nationale du Québec. Cette arme a été conçue afin d’empêcher le Québec de s’émanciper de la tutelle fédérale en s’appuyant sur le concept de « société distincte » ou sur le statut de « peuple fondateur » qui est spécifié dans le Pacte de 1867.

Faire de Montréal une cité-État 

La ville de Montréal, sous la houlette de l’ancien maire Denis Coderre, est devenue en 2017 une « ville refuge pour migrants », court-circuitant les lois canadiennes et québécoises sur la gestion des flux migratoires, tout en faisant un pied de nez au président Donald Trump qui venait d’émettre un décret destiné à contrer l’immigration illégale en terres américaines.

Fidèle au script de ses commanditaires, M. Coderre affirmait alors aux médias qu’ « au Canada, à part les populations premières, nous sommes tous des migrants ». C’est un peu ce que Justin Trudeau avait répété aux médias en marge des sommets de Davos ou lors de ses déplacements aux côtés d’Emmanuel Macron. Exit la souveraineté des nations puisqu’avec le nouveau millénaire nous entrons dans l’ère du post-nationalisme.

La mairesse Valérie Plante poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs

Celle que certains plaisantins surnomment « la plante verte » ne fait que poursuivre l’agenda de ses prédécesseurs tout en se conformant à la doctrine partitionniste façonnée par les élites rhodésiennes du West-Island.

Un des membres de la grande famille libérale, nul autre que Philippe Couillard, n’a pas hésité en 2017 à brandir le spectre de la partition du Québec advenant une éventuelle victoire souverainiste. Le principal intéressé s’appuyait sur le principe de l’autodétermination des peuples pour affirmer que les nations autochtones présentes sur le territoire pourraient refuser de faire partie d’un Québec indépendant et réclamer, conséquemment, des portions de ce territoire qui est indivisible à nos yeux.

Montréal : navire amiral des partitionnistes

Déjà, lors des événements d’Oka, une municipalité proche de l’île de Montréal, en 1990, les partitionnistes au service de la Couronne britannique ont fait appel à un avocat new-yorkais pour représenter les Warriors qui défiaient le gouvernement Bourassa, tout cela dans le cadre d’une opération de salissage en règle de notre nation.

Le ministre délégué aux Affaires autochtones du Québec, John Ciaccia, un autre ponte de la famille libérale, avait profité de sa position d’arbitre durant le conflit pour avertir les Québécois que la communauté internationale verrait d’un très mauvais œil le fait que les forces policières québécoises interviennent de manière musclée. Cette prophétie autoréalisatrice s’est avérée juste puisque les Forces armées canadiennes laisseront la situation pourrir afin que la Sûreté du Québec soit la seule à porter le blâme, dans le cadre de son action in extremis, alors que le conflit prenait une tournure qui menaçait l’intégrité même du territoire québécois.

La mairesse Plante n’a pas fait dans l’improvisation lorsqu’elle a affirmé que Montréal est, officiellement, un territoire agnier ou mohawks non cédé. Ce mensonge fait partie du cahier de charge qui a été remis aux élus de Projet Montréal par les pontes orangistes du West-Island, de Westmount et de Bay Street. Il s’agit de s’appuyer sur ce prétendu droit à l’autodétermination des peuples autochtones afin de contrer toute velléité autonomiste de la part de Québec.

Mettre les partitionnistes au pied du mur

Cette logique est la même qui a été mise en œuvre lorsque Valérie Plante et ses lieutenants ont bafoué le fleurdelisé. En effet, la Ville de Montréal avait décidé de reléguer le drapeau du Québec dans une position subalterne. Malheureusement pour elle, François Legault est en train de mettre ses culottes et de dégonfler la bulle narcissique de nos édiles partitionistes. Montréal devra, désormais, se conformer à la loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec.

Voilà un coup de semonce qui augure bien puisque c’est par la dimension symbolique qu’on aborde le pouvoir dans toute sa substantifique moelle. Sur ces entrefaites, prenant acte du grenouillage partitionniste qui agite les milieux politiques, de Montréal à Ottawa, le premier ministre du Québec a présenté une motion en faveur de l’invisibilité du territoire du Québec qui a été approuvée le mardi 9 avril dernier par tous les partis, sauf les élus de Québec solidaire.

Les adeptes de la rectitude politique multiculturaliste ont refusé de faire cause commune avec le reste de la classe politique québécoise en se lavant les mains à la manière de Ponce Pilate. Ménageant le chou et la chèvre, les alliés indéfectibles de Projet Montréal soutiennent que « Québec solidaire défend ardemment le principe d’intégrité territoriale du Québec, mais tient à respecter les droits des peuples autochtones tel que stipulé par la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones ».

Un levier pour les partitionnistes

Le programme officiel de Québec solidaire spécifie, sans chipotage, que « le droit à l’autodétermination des peuples autochtones peut s’exercer de diverses façons … Des relations égalitaires avec les peuples autochtones n’en nécessitent pas moins le remplacement de l’a priori de l’intégrité territoriale du Québec par une tout autre notion ».

Cette notion, dans les faits, implique la partition d’un Québec appelée à devenir une nation en lambeaux peu importe son statut constitutionnel. Cette logique partitionniste explique pourquoi le bureau politique de Québec solidaire a soutenu de manière indirecte la manifestation épique du 7 octobre 2018 contre le gouvernement nouvellement élu de François Legault et le prétendu « racisme systémique » qui gangrène notre société. La porte-parole de cette manifestation n’était nulle autre que Safa Chebbi, directrice de campagne pour Ève Torres, une candidate de Québec solidaire qui prône l’Islam politique.

Vers une crise constitutionnelle majeure

C’est ici que tous les vecteurs de notre analyse convergent vers son point nodal. Le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État, malgré ses imperfections ou limites, a le mérite d’agir comme un révélateur qui démasque le modus operandi des partitionnistes. S’appuyant sur le multiculturalisme, véritable doctrine de l’État canadien, les mondialistes au service de la ploutocratie financière ont mandaté les partitionnistes depuis belle lurette afin de miner de l’intérieur la volonté de survie des Québécois.

Manon Cornellier, dans un article du quotidien Le Devoir, publié le 12 mai 2007, fait une recension d’une biographie de l’ancien ministre Stéphane Dion qui nous aide à saisir l’ampleur du phénomène. L’auteur de cette biographie, Linda Diebel, nous met au parfum à propos des intentions du gouvernement fédéral, advenant une éventuelle sécession du Québec, en soulignant que « lors d’un entretien en 2007, Dion expliqua que le gouvernement fédéral avait commencé à examiner des scénarios possibles, y compris la mission ingrate de diviser le territoire et de décider qui devrait posséder quoi ». Ainsi donc, le scénario de la partition du Québec est dans les cartons de la caste dirigeante anglo-canadienne depuis des lustres.

La manifestation de dimanche le 7 avril dernier contre la volonté du gouvernement Legault d’adopter son fameux projet de loi sur la laïcité de l’État s’inscrit dans le projet partitionniste. Suite logique de la manifestation du 7 octobre 2018, mettant en scène les sempiternels organismes de défense des droits des minorités, cette démonstration de force procède d’une stratégie qui s’apparente à celle qui a mis en scène certaines révolutions de couleur un peu partout dans le monde.

Une recherche attentive nous avait permis de découvrir que l’organisme Solidarité sans frontières occupait, de facto, une position de coordonnateur dernière le mouvement de troupes responsable de la manifestation du 7 octobre 2018. Qui plus est, le Mouvement québécois pour la paix, un collectif d’artistes faisant partie de la coalition d’organismes impliqués, peut compter sur les généreux subsides de la Brian Bronfman Family Foundation. 

Tout cela a de quoi nous laisser songeurs lorsque l’on sait que Steven Bronfman a été le grand argentier derrière la campagne électorale menée par Justin Trudeau. C’est ici que la boucle se ferme : les partitionnistes utilisent certaines minorités visibles comme des relais d’intervention afin de jeter le discrédit sur les velléités autonomistes du Québec et préparer la joute sur le terrain des affrontements constitutionnels qui ne manqueront pas de survenir dans un proche avenir.