La NSA au cœur de la campagne électorale US

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La NSA au cœur de la campagne électorale US

Il s’agit d’un événement de grande importance, – un de plus tant la crise Snowden/NSA est productrice d’effets et de conséquences qui bouleversent la vie politique aux USA. Il s’agit de la place majeure que va tiennent la polémique et grand débat national autour de la NSA, qui ont été créés de toutes pièces imposés par l’acte d’Edward Snowden.

Il s’agit d’un événement de très grande importance parce que, indirectement, c’est la première fois dans l’histoire moderne des USA, depuis 1947 et la formation du NSS (National Security State) et du complexe militaro-industriel (CMI ou MIC pour Militaro-Industrial Complex) qu’un pilier majeur du NSS et du MIC est l’objet, dans son activité sinon dans sa substance, d’un débat polémique initié par un courant qui lui est violemment hostile. (Ce ne sont évidemment pas les partisans de la NSA qui en font un débat électoral. Ils sont tous en posture défensive face à la contestation anti-NSA.) Jusqu’ici, les problèmes de sécurité nationale qui jouaient un rôle dans les campagnes électorales (l’anticommunisme, le développement des forces armées face à l’URSS, la guerre contre la Terreur, etc.) étaient suscités et manœuvrés par le Système, au nom du patriotisme, et constituaient des thèmes faciles, des boulevards en faveur des candidats-Système partisans du NSS et du MIC. Aujourd’hui, par le biais de la question des libertés civiles, le NSS et le MIC, par l’intermédiaire de la NSA, sont directement portés devant les électeurs en positions d'accusés. (Les sondages ne cessent de confirmer une majorité hostile aux pratiques de la NSA, voir AP le 27 janvier 2014.)

Politico.com consacre un article le 27 janvier 2014 à cet aspect de la campagne électorale. Les deux grands partis sont touchés et, dans certains cas, des tendances assurées sont en train d’être renversées. Chez les démocrates, l’aile populiste va en sortir renforcée. Chez les républicains, alors qu’on prédisait un recul de l’aile populiste Tea Party/libertariens après le shutdown du gouvernement en novembre 2013, c’est tout le contraire qui est en train de se dessiner, surtout après que la direction du parti (le National Republican Committee) a voté, le 23 janvier 2014, en faveur d’une politique de limitation des pouvoirs de la NSA, – fait important qui montre la puissance acquise par les libertariens. Politico.com consacre un article le 27 janvier 2014 à cet aspect de la campagne électorale, où l’on voit des hommes aussi important que le sénateur Graham mis en difficulté parce qu’ils soutiennent (évidemment pour Graham) la NSA...

«...Take Shenna Bellows in Maine.

»The Democratic candidate didn’t think much about running for Senate against the popular GOP Sen. Susan Collins — until the aftermath of the Snowden revelations prompted tougher restrictions on warrantless surveillance on the state level that she now wants to replicate in Washington. Bellows wants an end to the NSA’s bulk data collection program, along with the PATRIOT Act. She argues the country needs stronger whistleblower protections. She even believes Snowden deserves clemency. “Constitutional freedoms is how I win the race,” said the 38-year-old Bellows, who headed the American Civil Liberties Union of Maine for eight years and now faces a very steep climb to catch Collins. “I think the erosion of constitutional freedoms exemplifies how Washington has become out of touch with some of the values that we share as communities.”

»Candidates across the country are using a similar playbook as they run against an unpopular Washington. Primary candidates running against incumbent GOP Sens. Lindsey Graham in South Carolina and John Cornyn of Texas have seized on this controversy, hoping to woo Ron Paul-minded libertarian voters worried about government overreach. The main GOP and Democratic candidates in Montana are both bashing the agency as they jostle for an upper hand on the issue. And Sen. Rand Paul (R-Ky.), a likely 2016 presidential candidate who has led the charge against the NSA in Congress, is reviewing candidates’ positions on surveillance as a condition of offering his endorsement to upstart challengers.

»Many of these candidates are unlikely to knock off well-financed incumbents. But for Republicans, the debate highlights the growing divide within the party over whether to move sharply away from the national-security hawk mindset that has prevailed since President Ronald Reagan. While the outcry over the NSA has become a populist rallying cry for politicians in their bid to woo progressives and libertarians, proponents of the electronic surveillance programs argue that doing away with the ability to collect phone records would fundamentally hurt national security. But senators are plainly aware that the revelations that the U.S. government is collecting the records of Americans’ phone calls have not gone over well back home...»

Les élections mid-term de novembre 2014 pourraient donc conduire à l’institutionnalisation d’un regroupement, qui serait renforcé à cette occasion, des deux ailes populistes démocrate et républicaine, cette fois sur une question de sécurité nationale de toute première importance. Même si l’argument est d’abord civique et non pas un désaccord sur la politique de sécurité nationale, il n’empêche qu’il permet la formation d’une opposition au MIC et au RSS au nom des droits fondamentaux du citoyen, conformément à la Constitution. Nous le répétons : jamais un tel thème, jamais un tel débat n’avaient marqué des élections nationales, d’une façon si puissante, d’un point de vue collectif aussi affirmé. Du point de vue de la responsabilité des grands thèmes fondamentaux, les USA, qui réagissent en fonction du Droit (respect de la Constitution dans ce cas) et non de la vertu régalienne, sont aujourd’hui, – surprise, surprise, – bien en avance dans le sens antiSystème par rapport aux pays du bloc BAO, dont la France, dont la vertu régalienne est réduite à la petite tambouille de circonstance du notaire-poire faisant fonction de président, transportée sur scooter dans ses virées nocturnes et héroïques.


Mis en ligne 28 janvier 2013 à 10H49