Huxley, l'écologie, l'esprit et la raison

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Huxley, l'écologie, l'esprit et la raison

Dans les années cinquante, Aldous Huxley abordait la question écologique avec un parti pris spiritualiste assumé, inspiré des grands monothéismes et du bouddhisme qui lui rendait totalement inutile la personnification de “Gaïa” ou de la “Teerre”.

«Transférée du laboratoire et du cabinet de travail à l'église, au parlement et à la salle de conseil, la notion d'hypothèses explicatives provisoires pourrait libérer l'humanité de ses démences collectives, de ses obligations chroniques qui la poussent au meurtre en série et au suicide en masse. Le problème humain fondamental est écologique : il faut qu'on apprenne à vivre avec le cosmos à tous ses niveaux, depuis le matériel jusqu'au spirituel.

»En tant que race, il nous faut découvrir comment une population énorme et rapidement croissante peut continuer à exister d'une façon satisfaisante sur une planète de dimensions limitées et dotée de ressources dont un grand nombre sont des actifs périssables qui ne pourront jamais être renouvelés. En tant qu'individus, il nous faut découvrir la manière d'établir des rapports satisfaisants avec cet Esprit infini, dont nous nous imaginons habituellement être isolés. En concentrant notre attention sur le datum et le donum, nous élaborerons, comme une espèce de sous-produit, des méthodes satisfaisantes pour nous accorder mutuellement. “ Cherchez d'abord le Royaume, et tout le reste sera ajouté de surcroît.”

»Mais, tout au contraire, nous insistons pour chercher d'abord tout le reste – les intérêts humains, hélas ! trop humains, nés de la passion centrée sur le moi, d'une part, et de l'adoration idolâtre des mots, de l'autre. Le résultat de cet état de choses, c'est que nos problèmes écologiques fondamentaux demeurent non résolus et insolubles. En concentrant notre esprit sur la politique de force, nous mettons les sociétés organisées dans l'impossibilité d'améliorer leurs rapports avec la planète. En le concentrant sur des systèmes de mots adorés avec idolâtrie, nous mettons les individus dans l'impossibilité d'améliorer leurs relations avec le fait primordial. En cherchant d'abord “tout le reste”, nous perdons non seulement ce reste, mais encore le royaume, et la terre sur laquelle seule le royaume peut advenir.» […]

(Extrait de: Aldous Huxley, – Les diables de Loudun, 1952.]

A noter qu’à cette époque marquée par la persistance d’un totalitarisme à l’est et le déchaînement du Maccarthysme à l’ouest, le remède spirituel en passe par la confiance en une raison déniaisée :

«Transférée du laboratoire et du cabinet de travail à l'église, au parlement et à la salle de conseil, la notion d'hypothèses explicatives provisoires pourrait libérer l'humanité de ses démences collectives, de ses obligations chroniques qui la poussent au meurtre en série et au suicide en masse ».

C'était il y a soixante ans.

Le contraste est total avec la psychologie ici repérée à raison par Philippe Grasset, dont l'éloge est discutable. (http://www.dedefensa.org/article-la_teerre_change_notre_psychologie_21_04_2011.html)

Puisqu'on ne peut éviter de préférer quand on distingue, même entre deux attitudes qu'on ne partage pas, j'ai plus de sympathie pour la vision d'Huxley.

Chacun son intempestivité.

Il n'est ni beau ni utile de faire du néo-paganisme.

GEO