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577424 juin 2014 – Nous employons souvent les termes “métahistoire” et “métahistorique”. Leurs définitions sont en général très vagues et convenues, selon nous parce qu’ils sous-entendent ou laissent à entendre derrière l’identification “officielle” plusieurs approches et conceptions fondamentalement différentes d’un concept qui se révèle lui-même nécessairement très vaste et par définition hors des normes historiographiques courantes. On observera pourtant, et d'ailleurs très logiquement, que l’emploi de ce concept est de plus en plus tentant sinon nécessaire devant une histoire courante, – nous dirons plus loin l’“histoire tout court”, – qui se dérobe, qui se révèle complétement insuffisante comme outil d’explication et de compréhension des événements que nous sommes en train de vivre.
Comme exemple de définition(s) convenue(s) de ce concept, et pour ne pas aller à l’inutile complication moderniste faite pour “noyer le poisson” (le concept), on voit que le Wikipédia le présente d’une façon extrêmement générale et laconique de cette façon : «La métahistoire regroupe principalement deux types de sciences historiques : l'histoire de l’histoire et l’étude du sens de l'histoire.»
Nous sommes conduits à nous en tenir là, dans la recherche de la façon dont est présentée conventionnellement la métahistoire parce que cette orientation ne nous convient pas et que nous n’avons pas de temps à perdre, ni à en faire perdre à nos lecteurs. Nous utilisons pour notre compte cette (ces) définition(s) comme un “repoussoir”, en faisant avancer notre propre définition par la critique des divers termes qui nous sont proposés, selon une démarche critique d’élimination (“ce que la métahistoire n’est pas, pour nous”). Reprenant les définitions proposées d’une façon très générale, nous apportons des correctifs permettant d’une façon naturelle sinon évidente de fournir les structures essentielles de la définition de ce qu’est pour nous la métahistoire/le concept métahistorique.
Dans toutes ces réflexions (du Glossaire.dde et du site dedefensa.org), qui sont datées, nous estimons que l’urgence du temps, sa dangerosité extrême nous délient de tout engagement implicite d’une approche d’un type pseudo-“objectif”, intellectuellement apaisée et contenue, comme le recommandent les conceptions universitaires de la connaissance, ou même la conception générale de la philosophie. Nous ne pouvons nous payer le luxe de l’attitude réservée et sereine de la sagesse “retirée”, quand les flots de la tempête menacent de nous engloutir, alors que notre tâche est d’éclaircir le plus vite qu’il se peut la cause de cette tempête.
Voici les différentes remarques constitutives de notre propre définition que nous inspire(nt) le(s) définition(s) mentionnées(s), à partir de la critique de cette (ces) définition(s) : «La métahistoire regroupe principalement deux types de sciences historiques : l'histoire de l’histoire et l’étude du sens de l'histoire.»
• La mise en cause de l’expression “sciences historiques”, avec contestation de ce terme de “sciences” pris selon l’entendement commun du temps de la modernité ; cette mise en cause est précisée par conséquent selon nos conceptions. Pour nous, la métahistoire ne peut être une “science historique” selon la conception générale que la modernité donne au concept des sciences parce qu’elle ne peut être enfermée dans les bornes conceptuelles impliquées par ce concept de “science historique” ; par définition, une démarche appuyée sur une méthodologie contrainte par ces bornes ne peut embrasser un concept qui, par définition, se développe au-delà de ces bornes. Pour définir la métahistoire, il faut croire à la possibilité de son existence autonome hors de ces bornes et, pour cela, accepter certains outils intellectuels pour procéder hors de ces bornes.
• La récriture de l’expression “l’histoire de l’histoire” en “histoire de l’Histoire”, impliquant que l’histoire courante, ou histoire-tout-court (concept de “science historique”) est dépassée, c’est-à-dire transcendée par une Histoire supérieure, hors des bornes conceptuelles de la “science historique”, – ce phénomène étant désigné par l’emploi de la majuscule. Pour nous la métahistoire devient le récit de l’Histoire, c’est-à-dire d’une histoire-tout-court qui, à cause des événements qu’elle subit sans les comprendre, se trouve soudain dépendre d’une dimension métaphysique et est conduite, sinon forcée à se dépasser elle-même et à se transmuter, c’est-à-dire devenant complètement autre chose qu’elle-même. Ce constat si intrusif est urgent et immédiat à cause des conditions exceptionnelles de la période que nous traversons, autant que de sa forme qui en est à la fois et en même temps un paroxysme et un effondrement. Ce constat n’est pas théorique ni conceptuel, mais opérationnel, dans le sens de ce que la chose que nous observons (intervention de la métahistoire dans l’histoire-tout-court) se fait directement et sous nos yeux, et dans le temps réel et direct du phénomène. (L’observation permanente que nous faisons du développement de l’équation surpuissance-autodestruction par le Système au travers d’événements divers et souvent d’apparence courante est la démonstration de cette opérationnalité de la métahistoire.) Ce facteur est d’une importance telle qu’à lui seul il nécessite et détermine une autre métahistoire, une métahistoire décisivement spécifique.
• Le mise à une place secondaire et contingente du “sens de l’histoire”, qui devient une conséquence accessoire des tribulations de l’“histoire de l’Histoire” et ne peut plus être considéré comme un fait en soi. Le “sens de l’histoire”, qui est à double sens en raison de la multiple signification du mot “sens” (signification ontologique ou orientation de son développement), littéralement “n’a plus aucun sens” à cause des conditions d’incertitude et d’incompréhensibilité qui caractérisent l’Histoire si l’on s’en tient à la référence de l’histoire-tout-court. En quelque sorte, le bouleversement actuel découvre pour nous la mise en cause de la notion même du “sens de l’histoire” ; mettant en évidence l’incohérence et le caractère inverti de l’ l’histoire-tout-court, la métahistoire légifère que la production de cette histoire-tout-court subit la même opprobre, la même condamnation, et qu’elle ne produit littéralement rien de sensé.
• En ce sens (!) par conséquent, l’histoire-tout-court, aujourd’hui, n’a plus aucun sens et cela est proposé comme la cause de la crise générale de notre civilisation, qui doit nécessairement se transcrire en crise d’effondrement du Système. Mais alors que nous faisons ce constat comme une sorte de découverte que nous imposent les événements en cours, – manifestement chaotiques et insensés, – nous y opposons aussitôt l’hypothèse que c’est l’intervention de la métahistoire qui prive l’histoire-tout-court de tout sens possible. Si l’on veut, la métahistoire, en intervenant directement dans la manufacture et l’orientation des événements, nous fait savoir implicitement que c’est elle qui s’attribue la tâche d’imposer un sens, et un sens caché par définition, à une situation terrestre qui n’en a plus aucun. La métahistoire intervient pour mettre les choses au point : le soi-disant “sens de l’histoire” est une chose trop complexe pour être laissée à la charge de la seule histoire-tout-court, dans le désordre où elle s’abîme.
Nous avons choisi comme exemple à la fois introductif et démonstratif de présenter d’une façon schématique l’interprétation métahistorique qui constitue le fondement de l’ouvrage La Grâce de l’Histoire. Cette interprétation schématique montre bien en quoi la métahistoire s’éloigne complètement de ce que nous nommons donc d’une façon générique histoire-tout-court. L’interprétation schématique se réalise par la description de la séquence considérée (fin du XVIIIème-début du XXIème siècle) ; la description se fait selon les normes historiques d’une “ellipse catastrophique” (voir plus loin), et nécessairement métaphysique pour parvenir à la métahistoire ; ici, l’ellipse est cette forme graphique de rhétorique qui abandonne nombre d’éléments (historiques) inutiles ou accessoires pour parvenir à une démonstration plus significative, tout en pouvant éventuellement être représentée par une figure quasiment géométrique d’ellipse entre la fin du XVIIIème et le début du XXIème siècles. (La forme de l’ellipse se justifie par le processus ascension-paroxysme-chute étendu sur plus de deux siècles, tandis que la rhétorique se satisfait elle-même d’une forme elliptique de son interprétation.)
Que représente le contenu de La Grâce de l’Histoire ? (Nous nous en tenons au premier tome [Le Troisième Cercle], tout en précisant que le deuxième tome [Le Second Cercle] approfondit les conditions de création du phénomène métahistorique décrit dans le premier, tandis que le troisième tome [Le Premier Cercle] doit aller au cœur même du phénomène pour en retrouver sa signification, sa cause, l’ontologie générale dont fait partie sa propre ontologie, etc.) Il s’agit, à partir d’une intuition fondamentale que nous désignons comme une “intuition haute” (d’ailleurs décrite dans la conclusion du premier tome de La Grâce), de la description d’une dynamique spécifique, qu’on pourrait justement représenter d’un point de vue spatial par ce que nous désignons comme cette ellipse catastrophique allant du “déchaînement de la Matière” (1776-1825) qui est le début de l’ellipse intimement mêlé à notre histoire événementielle, à notre époque depuis le 11 septembre 2001, qui est selon notre conception la fin de l’ellipse, alors que celle-ci retrouve logiquement cet “intimement mêlé à notre histoire événementielle” caractérisant son début et son essor. Ce phénomène étant par hypothèse métahistorique, il est “en-dehors” de l’histoire courante ; nous ne disons pas “au-dessus” pour écarter un aspect qualitatif vertueux dans le sens d’antithétique du Mal et fondamentalement structurant, d’autant que c’est là l’essentiel du débat et que l’aspect essentiel de ce phénomène est justement qu’il est à l’inverse d’être vertueux, qu’il est fondamentalement déstructurant...
A partir de ces données de base, nous développons et appliquons la méthodologie par laquelle nous interprétons la période considérée d’un point de vue métahistorique. Cette méthodologie est constituée par deux phénomènes :
• L’“intuition haute” qui a éclairé l’esprit sur la vérité métahistorique de la période, sur ses principaux constituants, comme une sorte de synthèse générale informant des caractères fondamentaux du phénomène, mais qui reste nécessairement imprécise pour celui qui la reçoit. (Cela peut être représenté comme sorte de “on vous en a dit assez de l’essentiel, à vous de développer et de substantiver cette base de travail”.)
• Un travail de reconstitution de l’histoire-tout-court pour établir une correspondance rationnelle et événementielle des événements connus, cette correspondance basée sur l’expérience, la connaissance, la logique et l’“intuition opérationnelle”. Il s’agit d’une production opérationnelle développée par et pour la raison, pour nourrir son processus logique, pour mettre en ordre et préciser les caractères et les péripéties des événements terrestres substantivant l’“intuition haute”.
Cette méthodologie étant grossièrement définie, nous détaillons plusieurs points qui la caractérisent, marquant l’interprétation nécessaire de la période considérée pour rencontrer le point de vue métahistorique. De cette façon, nous poursuivons l’exploration de cette interprétation métahistorique qu’offre La Grâce de l’Histoire, mais en intervenant directement dans notre histoire courante, notre histoire-tout-court, en établissant les structures du lien qui, depuis le “déchaînement de la Matière”, tient ensemble ces deux éléments (interprétation métahistorique et histoire-tout-court) jusqu’à une connivence événementielle absolument constante et constituant un aspect essentiel de notre propos (voir le dernier point).
• Il y a d’abord une démarche sélective fondamentale, traduisant l’impulsion également fondamentale donnée par l’“intuition haute”. Nous choisissons des événements comme étapes et expressions dynamiques de l’“ellipse catastrophique”, nous choisissons des nations puisque l’entité majoritaire voire exclusive constitutive de l’histoire-tout-court durant la période est effectivement la nation, comme acteurs dynamique de l’“ellipse catastrophique”. Cette démarche est le contraire de la démarche scientifique moderniste (de la science moderniste) ; cela n’est nullement un handicap, ou une faiblesse, mais la condition sine qua non de notre démarche puisque nous nous opposons de facto, complètement, essentiellement, à la science moderniste. (En effet, la science moderniste rejette bien entendu un phénomène tel que l’“intuition haute” et, bien entendu, la métahistoire telle que nous la percevons. La définition de “métahistoire” donnée par Wikipédia, dans sa faiblesse sinon sa fausseté selon nous, est bien le signe que la “science moderniste”, ne pouvant passer sous silence un tel concept que la métahistoire, entend le réduire aussitôt à elle-même, par tous les moyens possibles. Les sous-concepts opérationnels de “l’histoire de l’histoire” et du “sens de l’histoire” sont suffisamment vagues pour subir de plein fouet le réductionnisme inhérent à la science moderniste.)
• Il y a ensuite une autre démarche sélective dans l’interprétation de certains événements. C’est le cas, naturellement, des trois révolutions (USA, France, choix de la thermodynamique) de 1776-1825, des événements depuis le 11 septembre 2001 considérés comme un “bloc”, et aussi bien de la Grande Guerre. En effet, la Grande Guerre est un cas très particulier, très spécifique, parce qu’il semblerait constituer un cas contradictoire avec ce qui a été décrit, dans la mesure où il semble interrompre l’ellipse et sa dynamique, en présentant une brutale incursion directe du métahistorique dans l’histoire-tout-court. En vérité, cette incursion n’est pas opérationnelle mais symbolique, puisque n’ayant aucune conséquence sur la dynamique de l’ellipse. Mais ce symbolisme est d’une puissance colossale puisqu’il donne un sens d’une puissance équivalente à l’énormité d’un événement qui, sans lui, n’aurait littéralement aucun sens et se perdrait dans les discours d’une pauvreté absolument extraordinaire caractérisant en général les “explications” données à la Grande Guerre par l’histoire-tout-court (“boucherie insensée”, “aveuglement et sadisme des chefs et des généraux”, “affrontement des nationalismes/des puissances capitalistes”, “machination du capitalisme et des marchands de canon”, “chair à canon dans le chef des contingents du prolétariat et des indigènes colonisés”, etc.).
• Il y a encore une démarche sectorielle qui réunit d’une façon arbitraire, de notre part et au nom de l’intuition qui nous habite et de l’expérience que nous mettons au service de cette intuition, des événements qui peuvent apparaître sans réelle connexion et qui sont réunis en vérité par des connexions plus dissimulées mais infiniment plus significatives, que nous offrons au nom de l’interprétation que deux forces principales ont été développées pour activer l’entité développant l’opérationnalité du “déchaînement de la Matière”, – le Système. Ces deux forces sont le système de la communication et le système du technologisme, et nous les définissons non pas selon leurs références événementielles habituelles mais selon leur évolution par rapport à notre fameuse “ellipse catastrophique”. L’interprétation métahistorique prime tout, et cette interprétation dit que la métahistoire interfère directement dans les événements de notre histoire-tout-court, précisément pour la séquence actuelle, par le biais du système de la communication et du système du technologisme, – et en fonction de variabilités extrêmement intéressantes dans la mesure où ces deux systèmes sont, aujourd’hui, dans l’époque où nous écrivons, définis par des statuts de plus en plus incertains quant à leur efficacité et à leur “loyauté” vis-à-vis du Système. (Voir notamment le Glossaire.dde du 14 décembre 2012.)
• Enfin, le dernier point, sans doute le plus pressant, le plus actuel, le plus écrasant pour notre vie courante, le plus essentiel pour comprendre l’extraordinaire époque que nous vivons depuis le 11 septembre 2001, est sans aucun doute le fait effleuré immédiatement plus haut (“et cette interprétation dit que la métahistoire interfère directement dans les événements de notre histoire-tout-court”). Il s’agit non pas de la proximité entre la métahistoire et l’“histoire tout court” mais de la pénétration directe de la première dans la seconde. Dans les événements courants que nous vivons, dans nombre d’entre eux, se trouvent, ici ou là, dans une telle occurrence, dans une telle circonstance, – et l’essentiel est certes l’identification de la chose, – l’événement “courant” qui est en réalité un événement métahistorique. Sans aucun doute, il s’agit d’un événement qui se révèle extraordinaire une fois qu'il est débusqué comme tel, et qui, à lui seul, devrait témoigner du caractère unique, sans précédent, de la période en cours. Un tel événement tend à faire prendre sérieusement des hypothèses, comme celle que nous favorisons nous-mêmes, de l’effondrement du Système. Un autre facteur fascinant jusqu’à être fondamental dans cette hypothèse est la détermination du rôle du système de la communication, par les effets de la circulation de l’information, de la transformation des événements et de l’évolution des psychologies qui en résultent, avec d’autres effets beaucoup plus mystérieux, – la détermination du rôle de ce système dans cette connexion entre la métahistoire et l’histoire-tout-court. Il faut également mettre en évidence, selon notre conception, que la présence directe de la métahistoire dans des éléments de l’histoire-tout-court, ou en connexion directe avec eux, ne transforme ni ce contexte, ni cette proximité des éléments de l’histoire-tout-court en métahistoire. L’identification des éléments métahistoriques constitue donc une démarche spécifique qui porte en elle toute sa vertu d’une exploration transcendantale, et la conserve tout au long de l’expérience.
L’expression “l’histoire de l’histoire”, citée plus haut en la transformant en “histoire de l’Histoire” pour notre compte, nous semble particulièrement bienvenue d’un autre point de vue. Mais cet autre point de vue nous invite à proposer comme description du phénomène, plutôt que dire qu’on fait l’“histoire de l’Histoire”, dire qu’on fait une “histoire transmutante de l’Histoire” (une “transmutation de l’histoire en Histoire”). Il s’agit moins de réécrire l’histoire-tout-court que de réinterpréter une période, une séquence de temps, à l’aide de divers facteurs dans lesquels la présence identifiée d’éléments métahistoriques doit permettre une transformation complète de toute cette séquence. On pourrait comparer cet acte métahistorique à celui que fait le sculpteur lorsqu’il prend une masse de matière brute dont l’œil se satisfait pourtant comme d’une des merveilles de la nature, ce qui est déjà transformer la matière brute, pour la transmuter en cette merveille de la nature ceinte de l’intuition haute de l’artiste qu’est la sculpture achevée. (Par exemple, Rodin et son Balzac, parce qu’il s’agit pour nous d’un sommet exceptionnel de l’art sculptural en ce sens que la sculpture garde en apparence un aspect de bloc compact et assez diffus, et qui restitue pourtant une figure humaine où le génie du sujet autant que celui de l’œuvre exsudent littéralement, où le génie du sujet et le génie du sculpteur se marient en une unité primordiale.)
D’une certaine façon et pour en venir à l’occurrence triviale d’un événement “du jour”, cette transmutation d’une séquence historique “tout court” grâce à la présence d’éléments métahistoriques produit, dans la bataille de la communication où nous sommes engagés, une narrative vertueuse qu’on oppose avec une force structurante sans égale aux narrative perverties et inverties du Système... C’est dire le caractère absolument opérationnel de la démarche, nécessitant de suivre ce que le journaliste nomme platement l’“actualité”, de cette transmutation métahistorique par la narrative vertueuse. C’est de cette façon qu’on peut arriver à rallier des esprits qui refusent l’idée même de la métahistoire, par une méthodologie classique du système de la communication, dont le contenu et la hauteur à la fois constituent la meilleure méthode pour faire avancer leurs conceptions.
Ce Glossaire.dde étant daté du mois de juin 2014, nous présentons un exemple d’époque, c’est-à-dire la crise ukrainienne considérée comme une crise métahistorique. Notre approche doit être dans ce cas de considérer ce qu’il peut y avoir de métahistorique dans le comportement de l’un ou l’autre des acteurs, ou dans les événements eux-mêmes, et d’en faire le principe directeur de la description qu’on fait de la crise. Pour le cas ukrainien, il y a suffisamment d’éléments rassemblés ces derniers 24 mois pour admettre que la bataille conduite par la Russie dans cette crise, à tous les niveaux et particulièrement celui de la communication, est marquée par la dimension spirituelle que ce pays a manifesté largement durant ces deux dernières années. (Nous-mêmes avons signalé cette tendance, dans les analyses diverses et même dans le discours officiel, notamment depuis un article du 23 avril 2012 sur ce site dedefensa.org. Cette dimension spirituelle a déjà acquis une opérationnalité politique transnationale, comme on le lit encore le 18 décembre 2013.) Il est apparu manifeste que cette dimension spirituelle colorait de diverses façons l’action de la Russie dans la crise ukrainienne, notamment dans le cas de la Crimée, ou dans le cas de la poussée de patriotisme russe autour de Poutine ; dans ces divers cas se manifeste une référence directe à la perspective historique de la Sainte-Russie, cela entendu selon nous comme une notion spirituelle bien plus que comme une notion géopolitique ou stratégique. Tout cela est magnifié, en un sens, par la pression même de cette crise, qui s’exerce sur les frontières même de la Russie, retrouvant là aussi une dimension métahistorique, – en un sens, parce que la Russie est la Russie, un acteur fondamental dont l’action et la stature ont toujours dépassé, pour le meilleur ou pour le pire, l’histoire-tout-court.
On comprend bien que nous ne proposons ici, en aucune façon, un jugement politique. Nous proposons une explication qui nous paraît évidente une fois qu’elle est considérée sérieusement, pour manifester combien cette crise ukrainienne, différente en cela d’autres crises, apparaît par certains aspects comme une crise avec une dimension métahistorique. (“Différent en cela d’autres crises”, certes, mais aussi similaire à d’autres crises... En fait, il nous semble qu’il y a, surtout depuis 2008, une progression de la portée métahistorique des événements, à mesure que progresse le développement de la crise d’effondrement du Système qui est, elle, métahistoire pure. Cela implique une évolution caractéristique dans la période, la séquence 2001-2008 ayant proposé une rupture importante vers la dimension métahistorique, mais non suffisante, et cette rupture s’étant accentuée de façon décisive à partir de 2008 et de la crise financière [9/15].)
Nous prolongeons même, et haussons de la même façon, cette interprétation de la crise ukrainienne d’une interconnexion psychologique fondamentale nous conduisant à estimer que la crise ukrainienne a joué un rôle d’influence sur l’Europe (l’UE) permettant au vote historique (métahistorique) du 25 mai 2014 de s’exprimer, et de s’exprimer dans la dimension antiSystème fondamentale qu’on lui a vu. (Voir notamment le texte Faits & Commentaires du 2 juin 2014.) Ainsi, les conditions, les effets et les conséquences de la crise ukrainienne dépassent largement le paysage historique et le contexte géographique de ce pays, pour affecter, par des voies indirectes, inédites, inattendues, etc., jusqu’à des coïncidences psychologiquement très marquantes (l’élection du président ukrainien et les élections européennes le même jour), des conditions générales qui relèvent, selon nous, de la métahistoire.
Nous dirions à propos de la dimension métahistorique de la crise ukrainienne, outre ces précisions événementielles interprétées, que cela se sent, que l’événement pèse assez lourd (avec des représentations terrestres de ce poids, comme la menace latente d’un affrontement nucléaire dans le pire des cas) pour nous conduire à nous convaincre qu’il s’agit effectivement d’un tel événement. La conséquence de ce constat est que, malgré le désordre qu’elle constitue elle-même (aussi bien avec les interventions des acteurs extérieurs, à Kiev même, dans la région orientale en état de soulèvement), malgré son aspect de plus en plus chronique (la crise s’installe pour durer), la crise ukrainienne reste un événement qui a un sens considérable d’extension et de puissance, aussi bien pour la Russie que pour l’Europe (l’UE), voire pour le bloc BAO (USA compris).
A partir de la crise ukrainienne avec les acteurs qu’on a nommés, comme avant elle à partir d’autres événements avec d’autres acteurs au moins dans les six dernières années depuis 2008, on peut alors dire qu’il y a eu une évolution remarquable dans la séquence historique, dans son élévation vers la métahistoire, – éventuellement une élévation de plus dans ce sens, – et que cette “élévation vers la métahistoire” a bien entendu renforcé le caractère métahistorique de toute la séquence, avec ce phénomène exceptionnel de l’incursion directe de la métahistoire. Car cela, il nous faut le répéter tant il s’agit du fondement de notre démarche, est bien le phénomène circonstanciel fondamental qui permet de faire de notre époque un temps exceptionnel par son ouverture directe sur la métahistoire : la métahistoire intervenant directement dans le récit de l’histoire-tout-court, sans nécessité de la distance du temps écoulé, sans nécessité de la distance de l’esprit hors de ces contraintes du temps immédiat. La métahistoire se fait sous nos yeux, à l’instant même...
Par conséquent, la définition de la métahistoire indique qu’il s’agit d’une interprétation schématique montrant d’une part en quoi la métahistoire s’éloigne complètement du point de vue de la signification de l’histoire-tout-court, montrant d’autre part combien la métahistoire intervient de plus en plus dans cette histoire-tout-court pour se constituer quasiment “à visage découvert”, ceci et cela faisant de l’histoire-tout-court un supplétif de la métahistoire de moins en moins significatif. On comprend d’autant mieux qu’il importe, en adoptant la perception métahistorique des événements, de suivre malgré tout et au plus près les événements de l’histoire-tout-court, c’est-à-dire de faire sur elle un travail d’enquête journalistique qui, en temps normal, devrait interdire d’aborder le domaine métahistorique, mais qui, au contraire dans ce temps exceptionnel qui est le nôtre, constitue une des voies d’accès à la métahistoire, et même la voie d’accès essentielle, sinon obligée...
Pour nous, le “métahistorien” n’étudie pas l’histoire-tout-court, il l’utilise comme à la fois un des matériaux et un des outils parmi d’autres pour se constituer et nous donner la véritable signification du monde en la faisant Histoire du monde (la majuscule signifiant bien alors la transmutation de l’histoire-tout-court en métahistoire). La métahistoire n’est donc pas pour nous “l’histoire de l’histoire”, mais bien autre chose que l’histoire (l’histoire-tout-court) ; et si elle s’intéresse éventuellement au “sens de l’histoire”, c’est secondairement, en en faisant un outil de compréhension bien plus qu’une question ontologique, d’abord selon l’idée de “la signification de l’histoire/de l’Histoire”, et éventuellement, d’une façon accessoire mais nullement nécessaire, selon l’idée du “sens” perçu comme orientation dynamique du phénomène. L’interprétation schématique se termine par la description, le dessin littéralement de la représentation quasiment géométrique selon les normes historiques, et nécessairement métaphysiques pour parvenir à la métahistoire, de la séquence considérée (comme on l’a vu plus haut, avec La Grâce). Il s’agit d’une indication selon laquelle, selon nous, la métahistoire n’est pas un concept abstrait mais une situation concrète dans le sens d’être “observable”, comme s’il s’agissait d’un fait matériel... Encore un signe de l'exceptionnalité du temps, que la métahistoire consente à laisser voir une représentation matérielle.
Il va de soi que le caractère principal de cette réinterprétation qu’implique la métahistoire est la nécessité pour celui qui la pratique d’une croyance, non pas religieuse mais intellectuelle, une “fides” (confiance, d’où le mot “croyance” est dérivé) dans une vérité métaphysique, c’est-à-dire une Histoire en-dehors et au-dessus de l’histoire-tout-court, de ses événements perçus, de sa communication, de son récit rationnel contraint dans les bornes d’une soi-disant “science historique”. Nous insistons bien sur ce point : nullement une croyance religieuse mais une croyance intellectuelle, même si l’un ou l’autre choisit de la manifester également sous la forme d’une adhésion religieuse et pratiquante. C’est dire qu’il n’y a nul besoin d’explication spécifique, théologique par exemple, pour justifier la croyance déterminant l’acceptation de la métahistoire, cette “explication” spécifique devant être contenue de facto dans une éventuelle tentative d’“explication intellectuelle” du phénomène de croyance en général, essentiellement sous la forme opérationnelle de l’acceptation du fait métaphysique comme le principal véhicule de cette croyance.
De ce point de vue, on ajoutera que la démarche métahistorique est fondamentalement basée sur la raison comme outil d’exploration et d’exploitation du concept. Cette idée est contenue dans un développement général, dans un passage du deuxième tome (Le deuxième Cercle) de La Grâce de l’Histoire, où est exposé l’avantage d’une réflexion rationnelle dans un cadre conceptuel acceptant la dimension divine (ou “dimension ineffable”) comme référence principale instaurant le fait de la spiritualité comme structure de la réflexion rationnelle. Nous en donnons ici quelques extraits qui explicitent notre méthodologie, impliquant l’audace de penser en acceptant comme facteur objectif la dimension divine du monde, jusqu’à l’hypothèse proche de l’absurde, mais néanmoins envisageable, qu’on puisse accepter cette démarche sans impliquer nécessairement qu’on soit personnellement engagé à cet égard («presqu’avec l’état de l’esprit d’un athée s’il le faut»). Cette démarche doit être considérée, dans son aspect opérationnel, à la fois comme de la catégorie du pari pascalien, à la fois comme une tentative décisive de l’esprit de se débarrasser de chaînes qui rendent incompréhensible le monde où il vit, – dans tous les cas, comme une thérapie de l’esprit et de la raison dans un temps où la folie dans son sens le plus large est un risque courant, sinon permanent.
«...[I]l s’agit de penser [ ...] comme si la divine origine [de l’univers] constituait une vérité acquise et admise sans énervement de l’esprit, pour notre façon de penser, pour mieux embrasser ce qu’il nous importe de décrire. Si cette latitude ne nous est pas impérativement accordée, à quoi sert de juger ? Comment juger avec la légèreté céleste qui convient, avec aux pieds les boulets que nous nous sommes attachés ? Comment prendre son envol ? A cause d’une telle restriction, l’esprit de la chose, le langage même, interdisent un jugement équitable en rendant par avance le verdict… Il nous semble, enfin, que nous n’avons, somme toute, aucune raison de moins présenter cela comme une évidence, que le contraire ; en d’autres termes, il nous paraît moins évident et impératif de faire ce qu’on nomme audacieusement quoique dans une langue courante et suspecte d’approximation “la preuve de l’existence de Dieu”, que de faire la preuve de la non-existence de Dieu. [...]
» Sans nous dévoiler nous-mêmes en aucune façon, dans un sens ou dans l’autre, de notre croyance ou de notre absence ou refus de croyance, pour aller d’un extrême à l’autre, nous voulons avancer ceci d’une façon complètement objective : sans être religieux [...] de quelque façon que ce soit, ni “pratiquant” d’une foi religieuse, ni ardent illuminé ou même raisonnable croyant de cette méthode de la foi, sans même rien de tout cela, nous voulons qu’on puisse penser, presqu’avec l’état de l’esprit d’un athée s’il le faut et pour nous faire bien entendre jusqu’aux plus sourds à cet égard, avec comme centralité du dispositif l’idée si puissante, si enrichissante, de l’existence de l’Unique, du Principe éternel, de l’Ineffable, – ou bien celle de “l’existence de Dieu”, si vous voulez, pour faire bref selon le langage convenu… Nous préférons cette voie royale de l’intelligence et de l’intuition haute à la fausse liberté et au soupçon policier impliqués par la surveillance vigilante de la sauvegarde de l’hypothèse de Sa non-existence. Nous croyons que l’esprit s’en porte bien mieux, qu’il hume haut, qu’il ne craint pas les cimes, qu’il n’a nul besoin de se contempler dans un miroir pour s’étalonner et mesurer sa propre gloire, et continuellement arguer de sa propre grandeur acquise sans l’aide de quiconque.
»Enfin, après toutes ces considérations de conviction, il nous apparaît qu’il y a dans tous les cas, dans la voie que nous proposons, la nature même ; nous voulons dire que la nature même de la pensée à l’origine, par le fait de son imperfection évidente, fait que l’esprit, pour chercher, s’élève et suppose l’existence d’une puissance supérieure ; choisir comme méthodologie de la pensée l’hypothèse de l’existence de cette puissance supérieure (de notre point de vue humain) est la nature même. Cela signifie que nous refusons de considérer le théisme et l’athéisme, – selon les termes employés dans cette sorte de débat, – comme des doctrines, des idéologies, etc., – des “choix”, des “engagements”, etc. Nous tenons ces deux attitudes intellectuelles d’abord, et exclusivement à moins de l’indication expresse qu’elles sont considérées et étudiées pour leurs contenus, comme des cadres de la pensée, des références essentielles et, pourrait-on dire, principielles, envisagée avec une sorte de neutralité. Dans ce cas, il va de soi que le cadre infini du théisme est un territoire infiniment fécond, la liberté même de l’esprit, avec l’absence de ces bornes et de ces contraintes que l’on trouve nécessairement dans le cadre de l’athéisme, qui vous obligent à une révérence sans fin devant l’imparfait humain, avec les contorsions sans fin pour se convaincre qu’un de ces jours, un de ces “lendemains qui chantent”, sa perfection jaillira enfin… Vous choisissez le cadre référentiel de votre réflexion, théiste avec l’idée d’un monde qui est création divine, d’une puissance supérieure et d’une Unité fondamentale, c’est-à-dire l’athéisme à l’inverse. Cela doit être considéré d’une façon très objective ; cela pourrait aller jusqu’à une sorte de sophisme d’apparence absurde mais qui devrait pouvoir être soutenu : s’affirmer non-croyant à l’intérieur d’un cadre de réflexion qu’on a choisi théiste. Si l’on se place de ce point de vue complètement objectif, hors de toute opinion, croyance ou non-croyance, le cadre théiste apparaît alors préférable pour sa plus grande richesse, indubitablement selon mon appréciation que je dépouille à cet instant de toute intuition pour n’en garder que la raison. »
Pour dégager la démarche essentielle de notre propos, nous dirons qu’à la lumière de l’hypothèse que nous développons ici, ce qui nous semble particulièrement impressionnant, particulièrement pressant par rapport à la quotidienneté de nos réflexions et de nos actes, c’est bien cette idée de la relation très serrée jusqu’à l’intégration entre métahistoire et histoire-tout-court. Cette relation implique des effets remarquables ; une accélération de l’histoire-tout-court sous le coup de ce qu’on pourrait désigner comme sa “métahistoricisation” ; une transmutation du “temps historique” historique courant (“temps historique-tout-court”) en un “temps métahistorique”, par contraction et densification de lui-même. L’histoire-tout-court se fait haletante, tandis que le temps semble raccourcir, et se charger d’événements extraordinaires dont on n’aurait pu croire qu’ils se produiraient ensemble. Elle se met directement au service de la métahistoire, sans intermédiaire, sans temps ni espace de transmutation, comme un organisme passant d’une situation de pression à une autre d’une différence considérable, sans ce qu’on nomme un “sas de décompression”.
Nous tendons à proposer ce terme de “métahistoire” plutôt que le terme, qu’on pourrait également proposer, de “métapolitique”, pour tenter de montrer cette autre idée qu’en cette circonstance, et dans tous les cas pour la séquence présente d’événements, la substance des événements est plutôt directement de type historique (c’est-à-dire accomplie et achevée, c’est-à-dire “historique”, avant même qu’on puisse intervenir dans la manufacture de ces événements) que de type politique (avec possibilité d’intervention dans leur manufacture avant que les faits en question soient accomplis et ne deviennent historiques). En d’autres mots, et pour revenir au niveau trivial du sapiens, et ainsi mesurer d’autant mieux les caractères dont nous parlons, tout se passe comme si tous les acteurs du drame n’étaient vraiment que des figurants, fixés et faisant partie du décor, sans aucun pouvoir de changer la course des choses ; et pour certains d’entre eux, les plus sensibles à une éventuelle perception intuitive des choses et ainsi avertis de la puissance et de l’originalité du phénomène, également spectateurs attentifs de ce phénomène, pour mieux tenter de comprendre ce qui est en train de se dérouler sous leurs yeux et hors de leurs capacités de contrôle.
A cause de l’intrusion de la métahistoire dans l’histoire-tout-court, nous ne pouvons plus saisir ni nous saisir de tous les paramètres essentiels pour disposer d’une appréciation stable de la situation et de ses perspectives. (Nous pouvons même douter qu’il existe encore de ces “paramètres essentiels” dans un état de stabilité qui permettrait de les comprendre si on parvenait à les saisir.) C’est-à-dire que l’accélération de l’histoire-tout-court et la contraction du temps à cause de la “métahistoricisation” impliquent une déstabilisation, voire une déstructuration des “paramètres essentiels”, donc l’impossibilité d’en faire des paramètres stables selon notre raison. La métahistoire déstabilise les “paramètres essentiels”, non pas par un effet destructeur mais parce qu’elle leur instille des données métahistoriques hors des capacités d’appréciation de notre raison.
Ainsi, nombre de ces paramètres nécessaires devenus instables et dépassant notre raison, deviennent inutilisables pour elle. Si cette perte n’est pas essentielle pour l’appréciation immédiate de la vérité de la situation, qui dépend selon nous d’autres dispositions intellectuelles comme l’expérience et l’intuition, elle l’est par contre pour la prévision, même à court terme. Toute prévision fondamentale de notre avenir, même proche, devient impossible. Cela vaut nécessairement sinon exclusivement pour la phase historique que nous vivons, où les événements eux-mêmes nous suggèrent des caractères qui nous paraissent sans précédent, qui sont à la fois des compresseurs du temps en même temps que des accélérateurs de l’histoire : ainsi le temps comprimé et l’accélérateur de l’histoire (l’histoire-tout-court) correspondent-ils logiquement et parfaitement à l’incursion de la métahistoire, et la métahistoire rend impossible toute prévision.
C’est notre référence méthodologique principale dans notre attitude constante de refuser la moindre prévision, et particulièrement celle de ce que nous nommons “la crise d’effondrement du Système”. Nous refusons de donner la moindre indication à la fois sur la chronologie et sur la forme de cet événement que nous jugeons inéluctable d’une part, et même en cours d’autre part, non par pusillanimité, prudence couarde, pauvreté intellectuelle, etc., mais par la simple lucidité que cet exercice de prospective est devenu, non seulement impossible, mais rationnellement impensable.
Pour conclure, nous donnons à nouveau cette appréciation offerte plus haut pour commenter l’avantage de la démarche intellectuelle consistant à intégrer dans son domaine de réflexion ce que nous nommons pour faire court la “dimension divine”, à la fois d’une façon opérationnelle, structurelle et méthodologique. La même remarque vaut pour le développement du concept de métahistoire, étant entendu que ce développement est né au départ de la pression qu’impose à l’esprit une intuition haute, et non d’une simple hypothèse rationnelle ; c’est la pression de l’intuition qui engage vers l’hypothèse rationnelle, comme instrument de travail sur le produit de cette intuition.
On conclura donc que “cette démarche [de développer l’approche métahistorique] doit être considérée, dans son aspect ‘pratique’, à la fois comme de la catégorie du pari pascalien, à la fois comme une tentative décisive de l’esprit de se débarrasser de chaînes qui rendent incompréhensible le monde où il vit, – dans tous les cas, comme une thérapie de l’esprit et de la raison dans un temps où la folie dans son sens le plus large est un risque courant, sinon permanent”. Une nouveauté supplémentaire de notre époque est finalement que ce “pari pascalien” n’en est pas vraiment un, c’est-à-dire qu’il n’est pas un choix parmi d’autres choix possibles. Il est en passe de devenir une nécessité parce qu’il est, pour l’esprit, la seule façon d’éviter la folie. Nous avons déjà l’exemple, tout autour de nous, singulièrement dans l’élite-Système (commentateurs-Système, directions politiques, voire corporate power, etc.), de ce qu’il en coûte de repousser cette nécessité : ils sont déjà au stade proche de la folie. Il n’est pas nécessaire de les voir saisis par des infirmiers et emportés dans un établissement psychiatrique pour comprendre cela, – au contraire, puisque les établissements psychiatriques, annexés par le Système dans une des dernières et désespérées mesures de sauvegarde de lui-même, pourraient avoir plutôt pour fonction annexe mais grandissante de traiter ceux qui identifient cette folie, comme l'on fait en général des “dissidents” du Système... Mais l'on sait bien qu'ils seront eux-mêmes devenus complètement fous avant d'avoir pu opérationnaliser la mesure.
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