Glossaire.dde-crisis: Terrorisation de la psychologie

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Glossaire.dde-crisis: Terrorisation de la psychologie

30 mars 2015 – Ce Glossaire.dde-crisis reprend le texte de dde.crisis du 10 juin 2012. Les conditions de cette politique de “reprise” des textes de divers numéros de dde.crisis sont explicitées dans le texte du 28 novembre 2014 dans cette rubrique.

Cette analyse doit être lue en complément du texte du 16 mars 2015 sur “la maniaco-dépression du monde”, et elle est explicitement présentée comme telle. Cette fois, il s’agit d’examiner l’orientation structurée de la psychologie des élites-Système et des dirigeants-Système, tandis que la maniaco-dépression décrit le mode de fonctionnement de cette psychologie. Cette orientation définie par la “terrorisation” de ces psychologies s’est décisivement structurée à partir de l’évènement du 11 septembre 2001.

Il s’agit, on le sait bien, d’une question fondamentale pour nous, – c’est-à-dire le rôle central de la psychologie humaine dans cette époque de crise déferlante, – ou, pourrait-on dire, de “déferlement crisique”, expression qui pourrait également s’appliquer au rythme et à la forme de la psychologie. Il est évidemment nécessaire de préciser qu’il s’agit, dans ce cas, très précisément de la psychologie de nos directions politiques et de nos “élites” en général (élites-Système), cette psychologie considérée en tant que telle, d’une façon spécifique, comme s’il s’agissait justement d’une entité spécifique. (Bien entendu, nous parlons d'une façon générale des directions politiques et élites du bloc BAO, exécutants et employés principaux du Système.)

Lorsque nous avions écrit le texte, en juin 2012, nous l’avions fait en constatant effectivement que nous étions conduits, de façon intuitive essentiellement, – il s’agit de l’intuition haute, ou bien la démarche est faussée, – à considérer ces directions politiques et ces élites, dans ce domaine de la psychologie, spécifiquement et collectivement comme une sorte d’entité. Littéralement, cela revenait à avancer l’hypothèse que les directions-Système constituaient, du point de vue psychologique, une “espèce” à part, et nous n’avons pu être que puissamment confortés dans ce sens depuis la première rédaction. (Le comportement des directions-Système durant la crise de Syrie et surtout durant la crise ukrainienne, ces deux événements essentiels, va évidemment dans ce sens.) Il existe une psychologie spécifique caractérisant ces directions politiques et ces élites, différente de la psychologie des populations et des forces intellectuelles hors-Système et antiSystème.

A partir de cette hypothèse transformée en méthodologie, il s’agit de tenter de comprendre et d’expliquer le comportement et les conceptions politiques extraordinaire des directions politiques et des élites du bloc américanistes-occidentalistes (bloc BAO) dans les affaires du monde, dans leurs conceptions générales et dans l’opérationnalité de ces politiques, avec le résultat qu’on voit d’une aide puissante apportée à l’entretien et à l’accélération de la crise générale du Système, à la crise haute, c’est-à-dire finalement et paradoxalement à l’effondrement du Système lui-même (selon le cycle dynamique surpuissance-autodestruction). Ce comportement et ces conceptions politiques sont en effet si extraordinaires que les explications habituelles sont totalement impuissantes à en rendre compte, – à cet égard, l’arme du refus de spéculer, l’arme de l’inconnaissance, est essentielle et vitale pour le jugement.

Dans ce cadre général d’analyse qui peut aussi bien concerner, comme perception générale, le cas de “la maniaco-dépression du monde”, on peut dire que ce texte sur la “terrorisation de la psychologie” (de la psychologie des directions-Système) examine la forme structurée de la psychologie spécifique des dirigeants-Système, alors que la maniaco-dépression examine le mode de fonctionnement de cette psychologie. La “terrorisation” dont il est question est d’abord, dans sa puissance et dans sa forme, aussi bien que dans sa symbolique, l’expression psychologique formelle de la terreur produite par l’événement de l’attaque du 11 septembre 2001. En effet, notre analyse nous conduit à percevoir l’événement 9/11 comme un pivot central du dernier stade de la transmutation, du stade paroxystique de cette transmutation de la psychologie des directions-Système vers la “terrorisation” achevée de cette psychologie. Nous sous-entendons et exprimons évidemment qu’il s’agit là d’une sorte de camouflage pour tenter de contenir la démence qui presse de toutes parts. (L’un des sous-titres initiaux du texte original, concernant cette “opération” de transmutation de la psychologie des directions-Système lors de 9/11, disait ceci : «La terreur qui a transmuté leur psychologie est une démence camouflée en remède pour éviter la démence».)

Le texte est suivi d’une partie spécifique dite “Notes du temps présent”, qui constitue notre appréciation critique minimale de ce texte de janvier 2012, en fonction des événements qui se sont déroulés depuis et, surtout, de l’évolution de notre pensée à cet égard. Cette intervention est présentée de cette façon dans le texte référencé ci-dessus :

«Le texte sera retranscrit d’une façon générale tel qu’il fut écrit et publié à son époque (sauf pour une coquille traînant ici ou là, voire une maladresse formelle d’écriture qui demande réparation). Par contre, il y aura une sorte de “commentaire” venu du “temps présent”, – car la pensée évolue et la contraction du temps nourrit d’autant plus cette évolution, – sous la forme de notes sur tel ou tel point de détail, sur tel ou tel sens d’un jugement, montrant effectivement cette évolution et observant la façon dont cette évolution s’est faite. Il s’agit d’une “actualisation” dans le sens le plus large possible, puisqu’il s’agit aussi et surtout d’une volonté de poursuivre, d’élargir, d’enrichir, de transmuter éventuellement les différents concepts exposés, commentés et documentés. On ne se trouve donc nullement dans le cas systématique d’une reprise d’archives telles quelles, mais d’une reprise d’archives en relation directe avec les événements courants (de notre temps présent), et surtout en relation serrée avec l’évolution de la pensée depuis la publication de ces textes.»

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Terrorisation de la psychologie

Il est devenu évident que le monde central de notre contre-civilisation, ce que nous nommons le bloc américaniste-occidentaliste (ou “bloc BAO”) n’a plus aucune direction politique. Nous parlons d’une “direction politique” contrôlée, évaluée rationnellement, mesurée dans ses effets ; de ce côté, plus rien, sinon un déferlement de désordre et une perception hallucinée... L’emportement se situe essentiellement au niveau de la psychologie, selon une dynamique qui interdit toute perception critique de soi, par conséquent toute réalisation critique de cet état d’emportement. Cette crise générale se distingue d’une façon intuitive et instinctive à la fois, sinon anatomique, sur quelques visages, notamment sur le visage régulièrement halluciné d’Hillary Clinton, qui semble être l’une des plus sensibles, psychologiquement, à ce phénomène que nous décrivons. (1)

Il est assuré dans notre chef qu’il s’agit d’un phénomène central de notre crise générale, ou “crise haute”, un phénomène qui ne peut se décrire en termes politiques, ou économiques, ou géostratégiques, etc., mais essentiellement en termes psychologique et, complémentairement, en termes de communication. Il va de soi que ce phénomène renvoie, dans la nomenclature du Système, au système (sous-système) de la communication, et nullement au système (sous-système) du technologisme dont la dynamique surpuissance-autodestruction s’abîme de plus en plus dans la paralysie (celle de la technologie elle-même autant que des actions issues du technologisme, des conflits sans but et embourbés dans des évènements non-conclusifs et sans fin, images saisissantes de la paralysie de cette sorte d’action).

Il est également évident que ce phénomène central affecte prioritairement, sinon exclusivement dans certains cas, les directions politiques en place, les milieux de la communication et les bureaucraties autour d’eux, des pays du bloc BAO, effectivement formant un bloc très homogène dans ce cas. Il s’agit d’une homogénéité entropique d’une telle puissance, d’une telle efficacité, qu’on peut avancer sans crainte d’exagération l’hypothèse d’une psychologie collective, ou d’une pathologie collective. Le phénomène implique que les différenciations courantes entre les différents éléments du bloc BAO (leadership US, pays soumis ou asservis d’Europe) sont de plus en plus déplacées et insignifiants. L’homogénéité entropique de la psychologie dont nous parlons affecte de plus en plus toutes ces directions, au point que l’on peut de plus en plus clairement parler d’une sorte d’“égalité” niveleuse entre ses composants, et l’homogénéisation ne permettant plus de distinguer les membres européanistes des membres américanistes.

Complicité et absence de perception de l’évolution catastrophique

Ce phénomène que nous décrivons ne peut être sorti de rien, ou disons d’une circonstance fortuite, d’une évolution rationnelle et calculée, d’une dégénérescence naturelle. Toutes ces hypothèses banales apparaissent comme d’une prodigieuse inconsistance, et même d’une complète insubstance, face à l’ampleur, à la violence et à la rapidité du phénomène ; c’est-à-dire qu’elles apparaissent comme équivalent à ce rien dont nous parlons, comme expression du néant qui est le caractère essentiel observé dans les temps présents, dans l’évolution générale des évènements; c’est le néant observant ce formidable bouleversement, et concluant finalement qu’il n’en est rien. En vérité, nous avons “vu” ce phénomène évoluer sous nos yeux à tous, dans toute sa puissance. Mais la plupart de ces regards ont des yeux pour ne rien voir et sont partie prenante du rien comme expression du néant auquel nous faisons allusion. Cet aveuglement n’est pas un handicap de perception mais bien la véritable incarnation du néant auquel nous faisons allusion; cet aveuglement est ce rien “comme expression du néant” dont nous parlons; il s’insère dans le caractère général de l’évènement de l’effondrement de cette contre-civilisation qui est le cadre actuel de ce que les poètes de la rationalisation subversive du monde qualifient d’“aventure humaine”.

Peut-être, pour certains d’entre nous qui suivirent jusqu’ici l’aveuglement de leur propre perception en l’habillant de la tunique glorieuse d’une capacité magistrale de la raison, au travers des explications inconsistantes qu’ils se sont données à eux-mêmes du phénomène, sommes-nous en train de réaliser l’ampleur du phénomène que nous décrivons, en train de réaliser ce qu’il porte de mystère; en train de réaliser combien ce phénomène fait partie d’un Mystère maléfique, un de ces Mystères dont nous parlent les croyants, mais complètement inverti. Pour ceux-là, il doit rester l’idée de la complicité avec l’évènement en train d’être découvert. Si ce constat ne leur suggère pas quelque leçon fondamentale sur la vérité du monde et sur leur attitude vis-à-vis de la vérité du monde, c’est une occasion de lucidité tristement perdue, de la sorte qu’il ne s’en retrouvera jamais avant l’accomplissement de la catastrophe générale.

...Nous voulons dire enfin que ce que nous observons de nos directions politiques, marquant effectivement une évolution si catastrophique, d’une ampleur jamais égalée, avec des conséquences hors du champ de l’imagination, n’est ni le résultat d’une cabale, ni celui d’un complot humain, ni l’illustration d’une manœuvre certes gigantesque mais humaine. Il n’y a pas de dessein caché, organisé, formidable mais humain d’une “classe” contre les autres, des 1% contre les 99% et ainsi de suite, mais un évènement suprahumain catastrophique, – même s’il vient d’un domaine d’une bassesse hors de la conception humaine et qui doit s’identifier au Mal lui-même. Mais nous disons “suprahumain”, dans le sens de l’écrasement de nous, simplement parce qu’il importe que s’accomplisse cette catastrophe de l’effondrement de ce monde avant d’envisager autre chose... Effectivement, cette sortie collective des dirigeants politiques d’eux-mêmes, cet effondrement de leur psychologie, est un évènement eschatologique.

La psychologie de leur terreur

Nous n’étonnerons personne en proposant comme hypothèse chronologique de notre enquête la date-pivot, bien entendu, l’inévitable 11 septembre 2001... C’est autour de 9/11 que s’est joué l’acte essentiel de la crise, l’impulsion décisive qui nous a fait passer d’une longue période de préparation, – un crescendo de près de deux siècles peut-être, si l’on accepte notre chronologie du “déchaînement de la Matière”, – à la période de maturation décisive, puis explosive, puis irrésistible... Ce constat vaut pour tous les évènements. Ainsi, par conséquent, décririons-nous également l’évolution soudaine de leur psychologie collective depuis 9/11, ce crescendo devenu fortissimo, furioso, tremendo, devenu explosion pure de la psychologie.

Nous nous attachons à décrire une dynamique qui viendra comme complément de la description, du diagnostic de leur pathologie, de la pathologie de leur psychologie [voir Glossaire.dde-crisis sur la “maniaco-dépression du monde”, le 16 mars 2015]. Le caractère extraordinaire de cette dynamique psychologique, qui s’est effectuée inconsciemment bien entendu, est qu’elle a évolué à la fois dans un processus d’enchaînement, à la fois parallèlement, avec des activités volontaristes, voire des manigances, des actions souterraines, etc., favorisant, sinon organisant au moins en partie pour certains, un tel choc que fut l’attaque du 11 septembre 2001. Il ne fait dans tous les cas aucun doute que de nombreuses déclarations ont été faites (par Rumsfeld, Cheney, divers néoconservateurs célèbres), avant le 11 septembre 2001, souhaitant une attaque de ce type (une action “type Pearl Hatbor”) pour “éveiller” les Américains à la conscience du monde dangereux dans lequel ils évoluaient.

C’est une fort étrange occurrence que ce souhait fiévreux d’un choc terrible pour frapper les citoyens US, pour les éveiller à une soi-disant réalité, de la part d’esprits et de psychologies qui s’affirment eux-mêmes conscients de cette soi-disant réalité, comme s’ils avaient eux-mêmes déjà subi ce choc; et, finalement, que les premiers “frappés”, et le plus durablement, jusqu’au plus profond de leurs psychologies, étant ceux-là mêmes qui s’affirment immunisés... Si l’on va à l’extrême et que l’on adopte la thèse du complot intérieur (“inside job”), dont on peut admettre sans trop de difficultés qu’elle est au moins en partie fondée, on trouve par conséquent des gens qui s’affirment en toute conscience ouverts aux dangers les plus terribles, les organisant même, tout ou en partie, et finalement étant les premiers à succomber dans leurs psychologies au choc de ce danger réalisé, organisé tout ou en partie par eux-mêmes... Comment est-il possible qu’on organise un choc terrible, soi-disant pour les autres, et qu’on soit le premier à y succomber, et même le seul par rapport aux autres, comme s’il était vrai? Pourtant, cette analyse est fondée, selon nous.

S’il n’y avait pas complot, il faudrait l’inventer…

Notre thèse soutenant l’hypothèse pour la confirmer est, bien entendu, que la pathologie précède le choc qui l’a prétendument causée. Cela n’a rien pour étonner, dans la mesure où tout cela vient de la Grande République, les USA. Cette entité, – plutôt qu’une nation, sans aucun doute, – est née, comme l’on sait, d’une révolution radicale qui fait partie de l’ensemble des trois révolutions suscitant ou favorisant, et, dans tous les cas, représentant ce que nous avons désigné comme “le déchaînement de la Matière”, évènement à prétention eschatologique exactement fixé, selon notre comptage historique, entre 1776 et 1825: la révolution américaine, la Révolution Française, la révolution du choix de la thermodynamique comme moteur du progrès industriel et technologique. Dans cette trilogie, la révolution américaine devenue rétrospectivement américaniste, crée quelque chose d’historiquement tout à fait nouveau, accordé aux diverses exigences du “déchaînement de la Matière”. (Ce n’est pas le cas de la Révolution française pour la France, qui a introduit un élément d’une rupture radicale et terrible dans la continuité historique mais n’a point transmuté la France; elle a introduit dans ce pays un élément de tension et d’affrontement de plus entre le côté sombre et bas, et le coté lumineux et haut de cette nation; en d’autres mots, la Révolution n’a pas transmuté l’essence de cette nation.)

Dès l’origine, cette généalogie de l’entité américaniste a pesé de tout son poids sur les psychologies. C’est un point bien connu que le psychiatre (le Dr. Beard) qui a identifié la névrose, en 1879, la définit comme une maladie de la modernité et, plus spécifiquement, comme “le mal américain”. On peut parler d’une pathologie collective, due à une situation politique générale, touchant chacun d’une façon spécifique mais selon des règles générales similaires. L’“énervement” américaniste, se traduisant par son besoin de mouvement, de progression, de “fuite en avant”, est l’apparence qu’on a voulue dépeindre comme brillante de cette pathologie, qui dissimule mal un pessimisme profond, un véritable désespoir, celui de l’enfermement de la psychologie, de son enchaînement (!) au déchaînement de la Matière et, par conséquent, de sa proximité du Mal. Dans ce tableau, les “élites”, ou directions politiques en général, privilégiées du Système, furent et sont les plus touchées par cette pathologie. (Voir leur “maniaco-dépression” [dans le Glossaire.dde-crisis, le 16 mars 2015].)

De ce point de vue, ce qui s’est passé depuis 1989-91, avec “le besoin de Pearl Harbor” culminant une première fois le 11 septembre 2001, puis allant de paroxysme en paroxysme jusqu’à l’entraînement paroxystique de la Chute, s’avère après tout comme parfaitement “normal”. Après les tensions également paroxystiques de la Grande Dépression, de la Deuxième Guerre Mondiale et de la Guerre froide, seule une plus grande tension était envisageable pour éviter l’effondrement psychologique. Mais cette fois, cette “chute en avant” se ferait dans une histoire événementielle fabriquée, puisque l’Histoire selon l’américanisme était à sa fin (“la fin de l’Histoire” de Fukuyama). La terreur s’était installée dans leur psychologie, causée par la menace de la démence. Cette terreur fut substantivée pour dissimuler qu’elle était bien cette démence.

La terreur ou la démence

Il est manifeste que l’on doit lire cette chronique comme un complément de celle qui, dans notre livraison [du 16 mars 2015], examinait la manifestation et la structure de cette pathologie fondamentale de la psychologie humaine, sous la forme de la maniaco-dépression. Ce que nous examinons ici, c’est le développement, dans son influence directe sur les évènements que nous avons vécu et que nous vivons, de la terreur imposée à la psychologie par les circonstances que nous avons décrites, comme accélérateur extraordinaire de la pathologie maniaco-dépressive de la psychologie (entre autres effets). Il est manifeste que la psychologie de l’américanisme, particulièrement vulnérable puisque sans la moindre assise historique à partir de sa pure création dans le “déchaînement de la Matière” et la proximité du Mal par conséquent, a cru absolument à la possibilité de la soi-disant “fin de l’Histoire” en 1989-1991, après la Guerre froide, comme à une catastrophe qui la priverait de ses fuites extérieures pour la forcer à une confrontation effectivement catastrophique avec elle-même. (Elle prouvait ainsi, a contrario, cette psychologie américaniste née de la modernité, le caractère maléfique et insupportable dans sa finalité de la modernité née du déchaînement de la Matière.)

La psychologie de l’américanisme a aussitôt réagi, dans un réflexe de survie. Elle s’est plongée dans l’exercice du virtualisme, sous la forme de cette espèce de genre littéraire qu’est la narrative (la fable)... La narrative géopolitique selon laquelle les USA se lancèrent alors dans leur grand projet impérial n’est effectivement qu’une narrative, une fable, une construction d’une psychologie malade dont la pathologie essentiellement américaniste au départ a rapidement infecté sa zone d’influence directe (le bloc BAO). En 1989-1991, les USA n’avaient objectivement aucun besoin de se lancer dans un “projet impérial” puisqu’ils exerçaient d’ores et déjà, et d’une manière bien plus efficace et sophistiquée que ce qui suivit, leur empire sur le monde. Ce projet impérial, il s’agit bien d’une construction inconsciente d’une psychologie malade. (Nous insistons sur le qualificatif d’“inconscient”, l’esprit avec sa raison subvertie épousant complètement la narrative qu’il élaborait grâce au virtualisme.) (2) On observera parallèlement que c’est à partir de ce moment, aidé en cela par les développements technologiques, que le système de la communication prit le pas sur le système du technologisme, et que la géopolitique passa au rang de science subalterne, complètement manipulée, au profit de la communication, l’“ère géopolitique” laissant progressivement la place à ce que nous nommons depuis 2005 l’“ère psychopolitique”.

Certains épisodes, si importants dans certains autres domaines (comme [pour] celui de la métahistoire dans son déroulement), sont, pour la description de l’évolution de la terreur dans la psychologie, de simples passages anecdotiques. Ainsi, de la fièvre hystérique qui s’est emparée des USA de 1996 à 2000-2001, qui n’est que la représentation invertie de la terreur...

Dans l’attente du “Pearl Harbor postmoderne”

Nous avons déjà souvent évoqué cette période historique complètement ignorée dans sa spécificité par l’historiographie officielle US, qui va des Jeux Olympiques d’Atlanta de juillet 1996 à l’attaque 9/11 (voir, sur notre site dedefensa.org, le 2 septembre 2005). L’hystérie de l’hybris de l’“hyperpuissance”, manifestée dans tous les domaines, et particulièrement dans celui de la finance en voie de dérégulation complète, les soubresauts baroques du système politique (l’affaire Lewinsky), la mise en place des règles de l’interventionnisme unilatéraliste et humanitariste, l’explosion du système de la communication dans la production des narrative du virtualisme, tout cela peut être perçu également comme l’agitation de l’attente d’un évènement extraordinaire qui confirmerait la terrorisation, selon le terme anglais [terrorisation ou terrorization], de la psychologie.

Comme on a pu l’observer ensuite, comme une convergence désormais révélatrice, l’époque est également celle des plans grandioses de déstabilisation conquérante du monde, des propositions des neocons et des ultra-nationalistes au Grand Chessboard (1997) de Brzezinski; ce qui était alors perçu comme le déploiement triomphant du projet impérial doit plutôt être interprété, à la lumière du caractère faussaire de ce projet, comme le cadre intellectuel inverti préludant à l’installation d’une époque de terreur qui justifierait alors la tendance qui avait investi la psychologie. D’une certaine façon, on préparait des plans pour faire correspondre la grande politique du Système à l’époque nouvelle que devinait la psychologie terrorisée. La Terreur allait envahir le monde, comme la psychologie l’annonçait, et il fallait se tenir prêt à lui correspondre, pour espérer y figurer à son avantage.

Ainsi comprend-on que ce que nous décrivons n’a rien à voir avec une machination humaine, et tout avec des forces supérieures pesant sur les psychologies, jusqu’à leur terrorisation. Dans ce cadre écrasant, dont nul n’avait conscience mais qui pesait sur tous, l’attente d’un évènement cathartique était presque naturelle. Aucune résistance ne pouvait être envisagée, même s’il y avait eu pleine conscience de la pente ainsi entamée, car cette perspective de la terreur générale n’était en fait rien de moins que la sauvegarde puisque [l’autre terme de] l’alternative psychologique dégagée de la fin de la Guerre froide était bien [la démence, cette alternative étant entre les deux termes de terreur et démence], – même si, au fond, la terreur appliquée à la psychologie n’était pas autre chose qu’une forme virtualiste de la démence.

D’ores et déjà se marquait un fossé d’une profondeur déjà abyssale entre les directions au service du Système, et les populations. Ce processus de terrorisation de la psychologie ne touchait que ces “élites”, qui se lamentaient de l’absence de conscience des dangers du monde dans le chef du public. Le “besoin de Pearl Harbor” était d’autant plus grand ; Rumsfeld s’exclamait devant des parlementaires US, une demi-heure avant l’attaque 9/11: «“Il nous déclara”, rapporte un des parlementaires, “qu’il faudrait une catastrophe ou quelque chose de ce genre pour faire sortir la population de son apathie. Et juste une heure plus tard, cet avion s’écrasait sur le Pentagone. C’était incroyable.”»

Nécessité de 9/11

Puisque nous avons proposé notre conception que l’attaque du 11 septembre 2001 échappait à la seule machinerie humaine, mais répondait à un enchaînement supérieur dont la psychologie terrorisée des directions politiques était la réplique terrestre, il devient inutile de déterminer s’il y eut complot ou non, et comment, et dans le chef de qui. En quelque sorte, 9/11 était écrit, c’est-à-dire nécessaire, et le jugement qu’on rencontre si souvent d’extrême bizarrerie, sinon de suspicion de “complotisme”, se trouverait justifié seulement si 9/11 n’avait pas eu lieu (un complot pour que 9/11 n’ait pas lieu ?)... Ainsi faut-il raisonner aujourd’hui, nous semble-t-il, à la lumière des évènements depuis 9/11 et de la mémoire d’avant 9/11, si l’on accepte ce constat de l’inéluctabilité de la terreur, attestée par la terrorisation des psychologies.

Ainsi considérerons-nous 9/11 comme un évènement dépendant d’une nécessité supérieure, au dessus de sapiens et de ses diverses manigances. Dans notre livre La Grâce de l’Histoire, nous interprétons l’attaque de 9/11 comme une tentative d’établissement d’une “métaphysique de la force”, comme l’avait été la bataille de Verdun selon notre interprétation un peu moins d’un siècle plus tôt, ceci et cela dans la filiation de la source du “déchaînement de la Matière” de 1776-1825. Il y a, dans cette tentative, selon cette interprétation, effectivement un élément puissant de terreur, qui ne tient pas à l’acte du soi-disant terrorisme, mais à la terreur portée par une tentative si évidente de la force née de la Matière, cherchant à accomplir, par ce moyen de la contrainte et de la coercition, l’usurpation suprême qu’est cette effraction du domaine de la métaphysique.

Les serviteurs du Système, dito les directions politiques, furent donc terrorisées, mais dans le sens où elles furent confirmées dans leur psychologie terrorisée. La profondeur du choc se mesure, à cet égard, bien évidemment, bien plus par la signification métaphysique de l’évènement, – la tentative d’usurpation de la métaphysique que ces serviteurs du Système accueillirent inconsciemment comme un investissement effectif de la métaphysique par le déchaînement de la Matière. L’absurdité de la proposition (la Matière ne peut prétendre à la métaphysique) fut largement oblitérée, dans le chef de ces psychologies affaiblies et asservies, par la force et la puissance de l’évènement. Tous, dans les directions politiques, furent terrorisés, ou confirmés radicalement dans leur terrorisation, par le terrorisme de la Matière et nullement par le terrorisme humain. La force du choc fit effectivement prendre conscience de cette transmutation de leur psychologie qu’il subissait jusqu’alors sans en avoir une conscience précise. La chose est résumée par le mot de Cheney à l’ambassadeur français, arrivé au terme de son mandat à Washington venu faire ses adieux au vice-président, à l’automne 2002, avant de regagner Paris : «Vous autres, Européens, vous n’imaginez pas l’ampleur de l’effet qu’a produit sur nous l’attaque du 11 septembre.»

L’attaque 9/11 comme une sorte de Messie

... Dans cette phrase de Cheney, qui dut être dite avec le poids d’une lourde gravité hollywoodienne, comme seuls ces arrivistes de la manigance savent nous offrir, résonne bien plus une intense satisfaction qu’une frayeur désespérée. 9/11 confirmait pour eux la validité de la terreur qui les possédait (et qu’importe qu’ils en fussent les organisateurs!). On ne peut mieux comparer sa survenue qu’à celle du Messie d’une religion nouvelle.

Tout cela est interprétation et nous sommes assurés qu’aucun esprit de l’acabit des personnages impliqués, les membres des directions politiques en général, ne pourrait envisager cette interprétation. Leur manifestation “spirituelle”, – car c’est bien de “spiritualité” qu’il s’agit, dans leur chef, mais on imagine à quel niveau de bassesse, – était de l’ordre du psychique non-conscient, effectivement de la psychologie comme pourvoyeuse d’idées stéréotypées et à leur convenance, et justifiant la terreur dont ces psychologies étaient et sont encore nimbées. Nous considérons que c’est ce phénomène psychique qui est désigné lorsqu’un haut fonctionnaire israélien, l’ancien chef du Shin Bet, ou contre espionnage, Yeval Diskin, dit de la direction israélienne Netanyahou-Barak: «Je n’ai aucune confiance dans une direction qui prend des décisions en s’appuyant sur des appréciation messianiques.» Qu’il s’agisse d’Israéliens et qu’il s’agisse d’une inhibition religieuse ne dément par le jugement: il s’agit de la même boutique du mouvement américaniste-occidentaliste parti du centre du Système, il s’agit d’une même psychologie que chacun exprime à sa façon mais qui est nimbée d’une structure de terreur conduisant à ses pensées hystériques et extrêmes. Ces esprits ne sont pas vraiment coupables, ils sont soumis à leurs propres faiblesses et subissent l’empire de cette psychologie qui relaie l’influence maléfique du déchaînement de la Matière. (Et si, aujourd’hui, des hommes proches du pouvoir découvrent le pot-aux-roses, [comme le montre cette déclaration de Diskin], c’est que nous sommes proches du point de rupture de cette course folle imposée par la psychologie terrorisée et que certains regards se décillent; temps de rupture à tous égards.)

Depuis 9/11 [qui intervint] comme un éclair [déchire la nuit], l’empire inconscient de la psychologie terrorisée est exprimé de manière consciente, comme s’il y avait eu transmutation, dans ces perceptions extrêmes, exactement “messianiques”. Il ne s’agit pas du schématisme d’esprits simples qu’on suppose simplistes mais de la puissance proche de la démence qu’impose l’influence de la psychologie terrorisée. C’est cette psychologie qui a conduit ce que l’on a du mal à nommer une “politique“, — mais à défaut d’autres mots, puisqu’il ne s’agit ni de croisade ni de conquête, mais d’une course devenant une chute dans l’effondrement vers le néant entropique... C’est cette psychologie qui nous conduit aujourd’hui vers la proximité de la rupture, de la nécessaire mise à jour de l’imposture, de l’emprisonnement, de l’insurrection...

La crise de 2008, accélérateur de la terreur

Contrairement à l’interprétation métahistorique qu’on peut tracer des évènements depuis 9/11, avec la terrible rupture de 2008 incurvant brutalement le destin du Système, avec sa dynamique de surpuissance gardant toute sa force mais se transformant en dynamique d’autodestruction, les psychologies des directions politiques et des serviteurs du Système ont suivi une courbe qu’on dirait presque contraire du point de vue du sens. La psychologie terrorisée qui s’affirmait déjà avec une extrême violence depuis 9/11 s’est encore renforcée avec les évènements de 2008 et l’entrée dans la phase finale de la crise terminale du Système, ou “crise haute”.

En fait, ces psychologies, telles qu’elles apparaissent avec l’enchaînement au Système de ceux qui en sont habités, ne peuvent permettre de concevoir autre chose qu’une affirmation toujours plus fortes d’elles-mêmes. Cela renforce à la fois la terreur qui les habite, à la fois la politique terroriste qui en résulte comme production nécessaire de cette psychologie terrorisée. La “politique terroriste” se résume finalement à poursuivre impitoyablement et sans la moindre hésitation l’application d’une idéologie, d’une politique, des normes strictes d’une pensée emprisonnée, etc., toutes issues du Système et produisant des résultats catastrophiques menant à l’entropisation générale du monde; plus les résultats s’avèrent catastrophiques, plus l’on progresse sur la voie de l’entropisation, plus il est proclamé nécessaire et vital de poursuivre dans ce sens, s’il le faut en prenant des mesures de contrainte et de coercition, – et il le faut de plus en plus.

Ainsi, loin d’être interprétée comme une sanction catastrophique, un “avertissement” fondamental de la fausseté de la politique suivie, la crise de 2008 fut en vérité perçue par ces psychologies terrorisées comme la confirmation de la justesse de cette politique, – on dirait presque: comme le triomphe de cette politique... Cela n’est d’ailleurs pas seulement un paradoxe pathologique, mais également, et surtout, une appréciation finalement logique. Ce qui parle au travers des psychologies terrorisées de cette catégorie de sapiens entièrement soumise au Système, c’est le Système lui-même; comme le Système est passé d’une dynamique de surpuissance à une dynamique d’autodestruction, il est complètement logique que le catastrophique effondrement de 2008 soit en vérité perçu, à peine inconsciemment, comme un triomphe puisqu’il s’agirait effectivement d’un triomphe sur la voie de l’autodestruction.

Ainsi voit-on sans cesse, depuis 2008, une affirmation de plus en plus dure, de plus en plus intransigeante de tout un ensemble dynamique de mesures de coercition, de contraintes, une affirmation sans frein d’une vision sécuritaire et policière du monde, une multiplication de l’interventionnisme arbitraire par l’assassinat, la liquidation (intervention US par les drones sans pilote). Cela n’est pas vécu comme une politique “défensive”, une politique répressive classique, mais au contraire, comme une politique offensive, “créatrice” en un sens, – on dirait presque vertueuse. Les psychologies terrorisées renforcent le tissu terroriste qui les confirme à leurs propres yeux.

La terreur comme vertu suprême

Ces deux dernières années (3) ont vu une accélération extraordinaire de cette invasion de la terreur dans les psychologies effectivement terrorisées des directions politiques de nos pays. Le paradoxe est bien connu, du point de vue des commentateurs qui ne tiennent pas compte, – d’ailleurs sans qu’on doive nécessairement le leur en faire reproche, – de ces spécificités psychologiques comme facteur puissant de l’évolution politique. Alors qu’on attendait, avec l’arrivée d’Obama et la crise de l’automne 2008, ou plutôt l’arrivée d’Obama à cause de la crise, un recul substantiel sinon décisif de ce que nous avons nommé […] “la politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”, et qui pourrait être aussi bien nommée “politique de la psychologie terrorisée”, le contraire s’est produit. La seule possibilité qu’un tel développement put être évité, d’ailleurs sans savoir pour quelle voie alternative, eût été qu’Obama se révélât comme un dirigeant de rupture radicale (ce que nous désignâmes comme l’option “American Gorbatchev”).

... Il n’en fut rien, et l’évolution-Système se poursuivit, avec la même “politique de la psychologie terrorisée”. Cela nous confirme l’enracinement de ce caractère dans “leur” psychologie, prévalant bien avant 9/11, et qu’en aucun cas on ne doit attribuer ce phénomène à un homme (Bush), à un parti (les républicains), à une tendance (l’unilatéralisme interventionniste des neocons), à un évènement (9/11). Dans ce cas où l’orientation des choses n’est pas en question puisque réglée par avance, les évènements n’ont qu’une piètre importance pour ce qui est de leur sens; seule compte leur violence, qui agit directement sur la psychologie. Ainsi, la crise de 2008, qui apparaît au jugement équilibré comme une sorte de contre-9/11 mettant en question tout ce qui a été fait depuis 9/11, mettant fondamentalement en cause le Système tel que 9/11 l’a révélé, la crise de 2008 agit au contraire comme un accélérateur, comme un multiplicateur de 9/11. Si l’on veut, c’est la signification métaphysique-usurpée qui est prise en compte par la psychologie terrorisée, comme si cette psychologie demandait ainsi une sorte de supplément de la même potion, de la même “drogue métaphysique”...

Ainsi ces psychologies terrorisées le furent-elles plus encore par la crise de 2008 et ce qui s’ensuivit, comme par une nouvelle agression type-9/11, – mais l’on devrait dire plutôt: une nouvelle impulsion type-9/11. Ce qui importe est la violence de la chose, permettant de renouveler la terreur et sa pression sur la psychologie des dirigeants-Système. Il s’agit toujours du même réflexe : “une catastrophe” extérieure renouvelant par la terrorisation une fuite extérieure, écartant “une confrontation effectivement catastrophique” de cette psychologie avec elle-même, qui découvrirait sa proximité du Mal par le biais du Système. La différence, cette fois, est que l’argument présenté n’est plus l’hostilité extérieure (le terrorisme) mais l’hostilité intérieure.

Libération de l’asservissement US par l’absurde

Cette crise de 2008 et ses conséquences ont eu aussi, par le biais principalement de ce renouvellement spécifique de la terrorisation des psychologies des directions politiques et élites des pays du bloc BAO, un effet somme toute inattendu et original. La situation inégalitaire au sein du bloc BAO, entre les USA comme emblème de la surpuissance du Système et les autres pays (essentiellement européens) effectivement soumis au Système mais par l’intermédiaire de leur soumission aux USA, cette situation s’est radicalement transformée. Elle est devenue totalement égalitaire. Désormais, il existe une parité psychologique, un égalitarisme de perception de soi-même, entre tous les pays du bloc BAO, et singulièrement entre les USA et les autres pays du bloc. Nous ne parlons pas de situations stratégique, économique, militaire, etc., parce que notre discours est psychologique et parce que, – cela d’ailleurs justifiant notre méthode, – tous ces domaines sont en flux constants et interdisent de fixer une situation; nous parlons de la perception...

Désormais, tous les pays du bloc BAO, au travers de leurs élites et des psychologies terrorisées de ces élites, se perçoivent égalitairement, c’est-à-dire essentiellement libérés des liens de domination et de sujétion entre les USA et les autres... Cela ne signifie nullement la fin de la corruption et de l’influence US, comme par le passé, mais, contrairement au passé, cette corruption et cette influence s’exerçant à l’avantage de tous et apparaissant de plus en plus invertébrées, de moins en moins spécifiques. De même observe-t-on une homogénéisation des conceptions et des politiques, simplement par disparition de la substance au profit de l’apparence et de l’image. On serait conduit à observer qu’il s’agit là de ce fameux phénomène d’entropisation, qui est le but poursuivi par le Système ; but au moins atteint avec les psychologies de ces élites, mais de plus en plus sûrement d’une façon contre-productive.

Cela peut sembler étrange à ceux qui continuent à évaluer les rapports des pays du bloc BAO en termes géopolitiques, stratégiques ou économiques, mais cela répond parfaitement à une évolution qui dépend désormais du système de la communication et s’exprime essentiellement par la psychologie. A cet égard, Barak Obama est un dirigeant américaniste idéal, par la souplesse et le détachement de son caractère, par sa recherche continuelle du compromis conçu comme moyen spécifique de gommer toutes les aspérités des apparences des relations. Cela n’empêche pas le Pentagone de poursuivre sa politique d’hégémonie bureaucratique par la multiplication de ses bases dans le monde, mais cette politique semble de plus en plus détachée de la direction politique US, voire de la politique spécifique des USA, permettant cet égalitarisme des directions politiques dont nous parlons. D’une certaine façon, c’est une globalisation qui s’est établi au sein du bloc BAO, ou bien une sorte de tissu de “global governance”, sauf que les fondations n’en sont ni la puissance de contrôle, ni l’autorité sur les populations et les pouvoirs qui les représentent, ni même le pouvoir tout court qui se dilue au profit des “centres de pouvoir” proliférant, mais bien cette psychologie terrorisée qui rend ce rassemblement incontrôlable et complètement improductif et stérile.

L’ennemi, c’est la populace

Il est facile de jouer sur le mot “populace”, qui a un caractère péjoratif en français (“bas peuple”, “commun”), qu’il perd lorsqu’il est utilisé en anglais (populace). Ainsi avons-nous résumé, d’une façon sémantique et symbolique, ce changement qui s’est effectué à partir de 2008 et qui, d’une certaine façon, a mis les choses au point... Comme nous le signalions plus haut, l’argument de plus en plus massivement présenté depuis 2008 à propos de ces “psychologies terrorisées” et des réactions de défense qu’elles entraînent par la “fuite en avant”, cet argument “n’est plus l’hostilité extérieure (le terrorisme) mais l’hostilité intérieure”... Certes, cela n’est pas exprimé dans ces termes, mais l’évidence fait l’affaire à cet égard, autant que la logique perverse de ces psychologies : les plus grands ennemis du Système ne sont-ils pas aujourd’hui ces masses furieuses, ces foules contestatrices qui secouent les rues des capitales des pays du bloc BAO et des possessions extérieurs, du Caire à Madison, Wisconsin, des furieux de Grèce aux étudiants d’Occupy et aux partisans de Ron Paul, – la populace, certes, ou populace...

En maintenant en survie artificielle le Système au prix d’un colossal effort financier qui mit toutes les puissances publiques à genoux, en imposant une terreur économique et financière à ses propres sociétés (au sens humain du terme), cette psychologie terrorisée issue du Système a provoqué un formidable basculement. Dans cette occurrence fut brisé le paradigme dominant depuis 9/11 de l’essentialité de l’ennemi extérieur (l’islamisme, son terrorisme). L’“ennemi intérieur” le remplaça (le terrorisme étant intégré dans cet “intérieur”), et ainsi le sort en fut-il jeté sur le chemin du Système appuyé sur les psychologies terrorisées qu’il avait suscitées chez ses serviteurs principaux.

En un sens, un tel tournant, qui prit quelques années à se concrétiser autant qu’à être réalisé en tant que tel, respecte la plus parfaite des logiques. On a vu que la terrorisation de la psychologie n’est jamais venue de l’extérieur du Système, qui fut au contraire utilisé comme exutoire pour la “fuite en avant” à laquelle cède constamment cette psychologie, pour ne pas succomber. On sait que cette terrorisation vient, au contraire, du cœur même du Système, de sa source brûlante et explosive que constitue l’épisode du “déchaînement de la Matière” qui sert de pivot à notre analyse historique, métahistorique et métaphysique à la fois ; c’est-à-dire, rien de moins que l’investissement de la psychologie par la soudaine et décisive proximité du Mal...

De ce point de vue, ce basculement répond à une logique circulaire, qui boucle sa boucle, qui achève un cycle. Ce qui est né au cœur de soi-même doit revenir dans ce cœur, et se régler effectivement un cœur de soi-même. La terrorisation des psychologies des serviteurs du Système, née de l’investissement d’elles-mêmes par le Système (le déchaînement de la Matière), pesant prioritairement sur le territoire où ce phénomène se manifesta, revient en une boucle décisive confronter les réactions terribles qui éclatent sur ce territoire-là.

Terrorisation, globalisation paradoxale

Peut-être le Moment historique fut-il, par exemple, un jour de février 2011, lorsque l’on vit les dizaines de milliers de manifestants de Madison, dans le Wisconsin, s’attaquant au gouverneur Walker en scandant le mot d’ordre inouï pour une foule américaine: «Fight like Egyptians!» En même temps, les manifestants du Caire, qui venaient d’abattre Moubarak, défilaient avec des pancartes proclamant leur solidarité avec les contestataires du Wisconsin. Ainsi la globalisation entra-t-elle, pour ainsi dire, dans son âge d’or; Marx ou Lénine aurait donc pu considérer avec stupéfaction, hors de tout cadre idéologique et contre toutes les règles de la dialectique marxistes, une sorte de réalisation opérationnelle du si fameux slogan du “prolétaires de tous les pays...”

Mais certes, il n’est plus question, ni de globalisation, ni de marxisme, ni de prolétariat, etc. Toutes ces données qui semblaient des règles d’arrangement d’une grande politique révolutionnaire, elle-même née d’une façon ou d’une autre du déchaînement de la Matière, sont devenues des reliques émouvantes du magasin des accessoires d’une époque où l’on devrait commencer à distinguer combien le Système, jouant sur nos fièvres idéologiques, nous mena par le bout du nez. Aujourd’hui, il n’est plus question, du côté des “damnés de la terre”, que de désordre et de confusion, et de la valse des étiquettes convenues; sauf que ce désordre semble, depuis près de deux ans, se resserrer et prendre une vigueur nouvellement structurée, et rassembler de plus en plus une sorte de solidarité de facto qui, par ses dimensions, rappelle effectivement la globalisation, mais qui combat de facto contre la globalisation. (Le de factoest une terrible loi des temps, qui disperse les positions soigneusement élaborées par la raison qui croit dominer le cours des choses.) Nul besoin d’organisation, tant le mouvement est naturel, de ce naturel que n’eut jamais la véritable globalisation, financière, commerciale et économique, que prétendit organiser le Système. Il n’y a aucune coordination, aucune organisation, aucune structure subversive dans tout cela, car c’est bien, encore une fois, la nature même qui parle et se révolte; et, miracle, elle crée, elle, une structure qui lui est propre, qui donne un sens à ce désordre, qui fait de ce désordre une vertu, – désordre de révolte, soudain dressé contre le désordre-Système qui développe sa politique nihiliste vers l’entropisation, – désordre qui se dresse contre le désordre, comme un contre-feu contre l’incendie principal.

Ainsi la terrorisation des psychologies des dirigeants serviles du Système, qui crurent imposer la terreur aux psychologies de leurs administrés, a provoqué un contre-feu inattendu, qui est celui de la fureur de la révolte. Il est difficile de penser, une fois la chose décrite, qu’il pouvait en être autrement. La terrorisation de leur psychologie, en vérité, n’est rien d’autre que l’effet de la terreur que le déchaînement de la Matière exerça sur elle, avec une violence inimaginable; comment pouvait-on imaginer qu’un tel affaiblissement de la psychologie de ces directions politiques et de ces élites put donner une psychologie assez forte pour terroriser, à son tour, la psychologie des peuples mis sous leur férule ? Au contraire, cette terrorisation a découvert aux yeux des peuples l’imposture suprême de leurs dirigeants.

Terreur à front renversé

Observant la politique suivie par les USA (par le Système) dans l’affaire des antimissiles, Vladimir Poutine jugeait que «le principal problème est que les USA recherchent l’invulnérabilité. Quand un parti recherche l’illusion de l’invulnérabilité, [...] un nombre important de conflits éclatent, en même temps que l’agressivité. Ce n’est pas parce que l’Amérique est agressive, c’est juste un fait et l’on n’y peut rien...» C’est la même démarche qui caractérise les directions-Système face aux révoltes populaires, avant même que ces révoltes populaires n’aient réellement éclaté. A force de se préparer à la révolte, de préparer des mesures, de mettre en place un arsenal juridique souvent proche de l’illégalité, et un arsenal tout court, tout simplement illégal, on finit par faire naître ce contre quoi on entend se prémunir... Si l’on veut, extension de la formule “la fonction crée l’organe”.

On doit observer dans les pays du bloc BAO, particulièrement et décisivement aux USA, la constance d’un effort de mise en place d’un appareil général, notamment législatif, et particulièrement un appareil législatif tendant à organiser une illégalité dont le dessein est grosso modo la terrorisation des esprits. Cet effort a pris un tour nouveau en 2010-2011; la terrorisation des esprits est passée de la désignation d’une cause extérieure à cette terrorisation (le terrorisme) à la désignation de ces mêmes esprits comme cause directe de leur propre terrorisation. Ces moyens sont particulièrement impressionnants aux USA, où ils concernent les arrestations et inculpations arbitraires, les détentions sans aucune disposition légale de défense, les internements administratifs criminels, etc. Cette politique, qui exprime une tendance hypomaniaque renforcée par la terrorisation des psychologies des directions, a engendré une réaction dynamique dans une population touchée par la dépression de la crise économique rendant effectif un retour au réel après des années de fiction du danger terroriste. En un mot, le terrorisme, organisé par les directions politiques, qui tenait la population sous son empire, est devenu le caractère de cette population, vis-à-vis de ses directions politiques. Le résultat objectif est que la Terreur comme caractère majeur de la situation générale de crise du Système s’est complètement renversé, se retournant contre le Système alors qu’elle constituait l’instrument de prédilection de la pression du Système sur les psychologies.

Au rapport, artificiel mais puissant, établi avec 9/11, établissant un lien de solidarité forcé entre les élites et les populations par le biais de la Terreur, s’est substitué un rapport d’antagonisme entre ces élites et cette population, caractérisé par la “Terreur à front renversé”. Aujourd’hui, les directions politiques sont en passe d’être perçues, d’une façon inconsciente mais puissante par les psychologies des populations, comme produisant une dynamique terroriste antagoniste. Le paradoxe est que cela émane de psychologies (celles des élites) également perçues comme affaiblies par leur propre terrorisation, et ainsi délégitimée. Nous sommes au point de rupture de cette relation. (4)

La métaphysique de leur terreur

Nous avons examiné ce que nous considérons comme la terrorisation des psychologies des directions politiques du bloc BAO, qui se caractérise par une proposition de base en apparence très acceptable sans autre forme de procès. La terrorisation pourrait être simplement considérée comme naissant de l’introduction de la terreur, non comme facteur psychologique, mais comme évènement considéré comme fondamental (le terrorisme universel et paroxystique de 9/11 et à partir de 9/11), comme une réalité présentée comme indiscutable et comme fondatrice d’une nouvelle vérité. De ce fait, la terrorisation des psychologies n’est nullement vécue comme une incursion faussaire ou vicieuse dans la psychologie, ou comme une pathologie, mais comme une conséquence inéluctable d’une situation nouvelle. Mais nous avons observé deux réactions psychologiques différentes qui mettent à mal cette appréciation: celle de la psychologie des populations et des opinions publiques, s’habituant à la situation, la mettant en cause, la remplaçant de toutes les façons par les pressions nées de la crise de l’automne 2008 qui écarte le terrorisme; celle des directions politiques, qui continue à accepter le facteur du terrorisme, en le transformant dans sa propre terrorisation. Ce constat, alors que la psychologie des populations et des opinions publiques devrait être la plus vulnérable, et la plus longuement influencée, contredit l’affirmation de l’effet du seul évènement extérieur.

Nous en avons conclu que la psychologie des directions politiques et des élites était dans ce cas profondément différente, et, dans ce cas, beaucoup plus vulnérable à la terrorisation, et emprisonnée par elle; cela, alors que, d’une façon ou l’autre, ces directions politiques sont complices, voire organisatrices de l’entreprise de la Terreur. Nous sommes donc conduits à voir, dans cette terrorisation des psychologies des seules directions politiques et élites un évènement différent de la simple description temporelle et évènementielle qu’on en fait. Pour cette raison, nous nous tournons vers l’explication métaphysique, qui se justifie par ailleurs amplement par notre appréciation constante que ces directions politiques sont absolument prisonnières d’une entité qui n’est explicable qu’à partir du cadre métaphysique, qui est le déchaînement de la Matière et ses suites, et la manifestation formidable et constante du Mal dans notre période de fin d’une civilisation devenue contre-civilisation, et de la Chute qui caractérise cette fin.

C’est donc de cette façon que nous allons conclure cette réflexion qui fait partie d’un travail général qu’on observe dans la suite des publications dde.crisis. Il s’agit de la recherche des conditions de la Chute de notre contre-civilisation, et de l’action du “déchaînement de la Matière”, avec l’intervention directe et fondamentale du Mal, à l’origine de la phase ultime de cette Chute depuis le début du XIXème siècle.

Le Système et le Mal: victoire et autodestruction

Il est bien entendu que la terrorisation des psychologies des directions politiques doit avoir sa place au milieu d’un arsenal de concepts (avec “la maniaco-dépression du monde”) cherchant à fournir une explication fondamentale de cette Chute de notre civilisation, achevant sans doute un cycle complet. Les directions politiques, dans un univers si complètement policier, sont une cible évidente et parfaitement vulnérable, au travers des sous-système du Système que sont le système du technologisme et le système de la communication. Ces moyens expliquent comment a pu se faire la terrorisation de leurs psychologies, y compris selon des évènements en partie manigancés par les victimes elles-mêmes de ce courant de dissolution de la psychologie.

Le résultat est que cette terrorisation ouvre une fissure fondamentale, décisive, dans des psychologies déjà épuisées par les pressions du Système ; des fissures telles qu’il s’agirait de fractures, qui rendent les psychologies totalement investies par le Système et par le Mal dont il est à la fois le véhicule et le moteur de déplacement. Cette intrusion dans les psychologies (et nullement dans l’esprit) a déjà fait ses preuves, au XVIIIème siècle, avec le phénomène du “persiflage”. (5) Cette fois, plus rien n’est dissimulé...

L’originalité du processus est la forme de l’attaque, qui est la terrorisation, qui est une sorte d’attaque directe, furieuse, qui ne se cache plus, contre la psychologie. La terrorisation, par définition, terrorise et interdit toute réaction de défense et de contestation, jusqu’à complètement infecter la perception et l’appréciation de la vérité du monde. On peut également observer à cette occasion que le Mal engendré par le “déchaînement de la Matière” rencontre l’expression absolue de son “idéal de la puissance” sous la forme de la politique de destruction pratiquée à visage découvert depuis 2001, soi disant pour lutter contre le terrorisme... L’ironie est terrible et sublime. Il n’y a rien de plus puissant qui se puisse concevoir, dans le chef du Système qui représente la Mal, pour terroriser par la force les psychologies de ses serviteurs des directions politiques et faire de ses serviteurs autant de relais de sa propre action de dissolution de tout ce qui est principiel, de tout ce qui dépend du Principe qui est l’expression ultime de la Tradition.

On ne peut imaginer de victoire plus générale et plus achevée du Système (du Mal) sur ses serviteurs des directions politiques. Mais l’on en connaît l’effet, en privant ces serviteurs de toute leur habileté manœuvrière, de leur sens du compromis pour faire durer l’ignominie, serviteurs réduits à l’état de robots et de clones : la fureur de destruction et de dissolution de tous les principes et structures, des politiques terribles engendrant des désastres, l’ignominie affirmée et affichée, la colère et la révolte qui montent dans les populations et dans les entités périphériques qui résistent avec de plus en plus de la force du désespoir. Le Système triomphe au sommet de sa surpuissance et produit l’inévitable, qui est le processus de son autodestruction accélérée... Ainsi soit-il, ricane le Diable, dont la ruse suprême est sa propre destruction pour mieux emporter ceux qui l’ont servi.

 

Notes

(1) Depuis, d’autres visages hallucinés sont apparus, spécialement aux USA, spécialement au département d’État, qui semble être dans la période que nous vivons et au contraire de la période GW Bush, un centre producteur de ce caractère. Victoria Nuland, assistante au secrétaire d’État pour les affaires européennes et eurasiatiques, Samantha Powers, ambassadrice des USA à l’ONU, Susan Rice, directrice du NSC et conseillère de sécurité nationale du président Obama, sont de ces spécimens. Il apparaît absolument évident pour nous que le comportement des élites-Système et de leurs directions politiques s’est absolument confirmé dans le sens que nous disions lorsque ce texte paru le 10 juin 2012 fut écrit, et selon nous les évènements l’ont amplement montré. Également, l’importance de la psychologie est absolument confirmée, et d’une psychologie spécifique à ces élites-Système/directions-Système, absolument sous le coup de la terrorisation décrite ici et dans une mesure pathologique qui pourrait effectivement être comparée à une démence.

(2) Dans le Glossaire.dde du 27 octobre 2012, nous analysons ces deux concepts liés entre eux, “virtualisme” et “narrative”. L’évolution de la situation telle que nous l’avons suivie nous conduit au constat du triomphe de la narrative transmutée en un obligation, un enchaînement déterministe, sous la forme du “déterminisme-narrativiste” (voir le 26 février 2015) qui triomphe dans la crise ukrainienne. Nous avons là une très forte indication, sinon la démonstration qu’on doit envisager une hypothèse spécifique différente : ce qui pourrait apparaître ou apparaîtrait effectivement comme une création (le virtualisme/la narrative) d’une psychologie malade serait en fait devenu, ou bien aurait en fait été dès l’origine, un pur objet en soi-même, un artefact autonome, – l’effet devenant la cause, le virtualisme/la narrative devenant la cause de la pathologie de la psychologie, ou plutôt de la poursuite, de l’aggravation, de l’expansion exponentielle et paroxystique de la pathologie moderniste de la psychologie ... Cette hypothèse doit être absolument envisagée.

(3) Ce texte a été écrit il y a près de trois ans. Bien entendu, la dynamique décrite ici n’a fait qu’accélérer depuis et la “politique-Système” est plus que jamais en mode de surpuissance produisant à mesure une dynamique d’autodestruction. L’on pourrait paraphraser une phrase souvent employée par des autorités officielles, – notamment en leurs temps par les directions politiques du monde communiste et de l’URSS, – que “tout se déroule selon le plan prévu” en se référant à l’équation surpuissance-autodestruction qui caractérise la dynamique du Système.

(4) Arrivés à ce point du développement portant sur la “terrorisation” des psychologies des dirigeants-Système, il importe d’insister sur un point qui nous apparaît aujourd’hui comme central. Cette terreur qui marque les psychologies de ces dirigeants est inscrite inconsciemment dans les psychologies; elle n’est pas vécue comme telle par les esprits concernés, n’est réalisée en aucune façon, ce qui explique que le spectacle que nous en avons est souvent très différent de celui que nous donnerait une terreur consciente qui permettrait au contraire aux psychologies les plus fortes de chercher à réagir et à lutter contre cette emprise, et de parvenir parfois à le faire avec succès. Les relations des dirigeants-Système avec la “populace” sont évidemment complètement démagogiques dans le cadre du simulacre démocratique, mais elles sont en vérité et d’une façon inconsciente méprisantes, exaspérées, parfois indifférentes, souvent complètement ignorantes. Elles pourraient alors sembler dans leur apparence comme complètement étrangère au phénomène de la terrorisation, sauf qu’elles constituent une réaction inconsciente compréhensible, en reportant la responsabilité et le poids de la terrorisation sur cette “populace” qui résiste au traitement qu’on lui inflige. La complète impunité de la terrorisation des psychologies des dirigeants-Système constitue un argument très important pour considérer la perspective la plus assurée de l’accumulation et de la répétition sans fin du comportement de ces dirigeants vis-à-vis de la populace, selon la logique (la “réaction inconsciente compréhensible”) exposée ci-dessus.

(5) Voir notamment dans le Glossaire.dde-crisis du 29 novembre 2014 un passage consacré à cette question du “persiflage” au XVIIIème siècle.