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Article : Paul Virilio et les armes de dissuasion spatiale

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Scientifiques et philosophes

jc

  14/05/2018

"Nous appliquons au monde que nous ne connaissons pas la physique que nous connaissons." Superbe citation (de qui?).

Thom: "La synthèse ici* entrevue des pensées "vitaliste" et "mécaniste" en Biologie n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé."

"La physique moderne a privilégié la calculabilité à la stabilité structurelle. Je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix."

"Bien entendu, l'ère des ordinateurs ne fera que renforcer la tendance vers les techniques de la maîtrise, qu'on appliquera de plus en plus dans des situations où, a priori, elles n'ont aucune raison de pouvoir s'appliquer." (AL p.331)
(Thom, contrairement à Villani(?), défend une mathématique de l'intelligibilité.)

Thom compare (je ne retrouve plus où...) la situation actuelle (science/philosophie) à celle de l'aveugle "qui progresse parfois fort loin" et du paralytique "qui voit mais ne sait comment progresser".

L'oeuvre de Thom peut être considérée comme une tentative de remédier à cette situation (Thom se réclame de la philosophie naturelle): "Il faut être philosophe en science et scientifique en philosophie." (AL pp. 495 à 504)

Et il met en garde:

"si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques." (Fin d'un article sur l'innovation paru dans le symposium de l'EU**)


* "Modèles mathématiques de la morphogénèse" (pp. 252 à 271)

** dont voici le dernier paragrahe:

"Décourager l'innovation

Les sociologues et les politologues modernes ont beaucoup insisté sur l'importance de l'innovation dans nos sociétés. On y voit l'indispensable moteur du progrès et -actuellement [années 1980]- le remède quasi-magique à la crise économique présente; les "élites novatrices" seraient le coeur même des nations, leur plus sûr garant d'efficacité dans le monde compétitif où nous vivons. Nous nous permettrons de soulever ici une question. Il est maintenant pratiquement admis que la croissance (de la population et de la production) ne peut être continuée car les ressources du globe terrestre approchent de la saturation. Une humanité consciente d'elle-même s'efforcerait d'atteindre au plus vite le régime stationnaire (croissance zéro) où la population maintenue constante en nombre trouverait, dans la production des biens issus des énergies renouvelables, exactement de quoi satisfaire ses besoins: l'humanité reviendrait ainsi, à l'échelle globale, au principe de maintes sociétés primitives qui ont pu -grâce, par exemple à un système matrimonial contraignant- vivre en équilibre avec les ressources écologiques de leur territoire (les sociétés froides de Lévi-Strauss). Or toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice; en pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l'ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu'exige sa propre situation, devrait décourager l'innovation. Au lieu d'offrir aux innovateurs une "rente" que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l'innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n'apporterait qu'une satisfaction esthétique éphémère -à l'inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l'emprise de l'homme sur l'environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction. Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques."
 

Véridique

EricRobertMarcel Basillais

  14/05/2018

Cette vision de la pollution spatiale ( et temporelle ) très vraie nier, est manifeste aujourd'hui avec Internet.

.1

jc

  15/05/2018

La citation véritable est: "La pensée purement mathématique, quand elle est formalisée, est aveugle, mais capable de marcher, et même fort loin. La pensée intuitive, au contact du réel, est le paralytique de la parabole, qui voit, mais ne peut pas progresser sûrement." (AL p.503)

Pendant que j'y suis (après relecture du papier de NB), je note la citation de Virilio: " Là, de fait, on est devant l’illusionnisme scientifique. »

Citation qui me renvoie à Thom (encore et encore):

"Si la science progresse, c'est en quelque sorte par définition. Alors que l'art et la philosophie ne progressent pas nécessairement, une discipline qui ne peut que progresser est dite scientifique. De là on conclura que le progrès scientifique, s'il est inévitable, ne peut être le plus souvent qu'illusoire."

"J'appelle "progrès essentiel" en Science toute modification de la nomologie qui premet une résorption considérable de l'accident qui lui est expérimentalement attaché."