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Article : Notes de Charlie à l’Ukraine

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La presse francaise, vous avez dit?.

Ni Ando

  20/01/2015

“La presse française”. Qui refuse de voir ce qu’elle a pourtant sous les yeux (les massacres du Donbas, le désastre total de Maidan en Ukraine, un millions de manifestants à Grozny), qui refuse de faire simplement ce qu’elle est supposée faire, chercher l’information, même quand celle-ci est aisément disponible.  Nous prenons l’exemple des Echos ce jour et de son article portant sur la « fuite des capitaux en Russie ». Un journal qui prétend être la référence de l’information économique en France. Mais ce pourrait être n’importe quel journal ou site de la presse mainstream. Ce que l’on reproche n’est pas tant l’exposé d’une opinion que je ne partagerai pas que le manque frappant de professionnalisme. C’est-à-dire le refus assumé et arrogant de se poser quelques questions de base à défaut desquelles l’ »information » communiquée devient un vulgaire ragot. Nous lisons la même chose sur le site de Boursorama :

« La fuite des capitaux de Russie vers l’étranger en 2014 aurait atteint 151 milliards de dollars, révélait en début de semaine la banque centrale russe. Rien qu’au dernier trimestre de l’année dernière, la fuite se serait élevée à 72,9 milliards de dollars, alors que la Russie a subi en décembre dernier une tempête monétaire semblable à celle de 1998 ». « Dans ce cadre, la fuite des capitaux russes vers des devises étrangères a atteint l’équivalent de 151 milliards de dollars en 2014, dépassant le précédent pic de 133 milliards observé en 2008 ».

Les situations de l’économie russe en 2008 et 2014 n’ont pourtant pas grand-chose à voir. En 2008 l’économie russe était en crise (les subprimes), en 2015 tout porte à croire qu’elle ne sera qu’en récession. En 2008, les « fuites » de capitaux ont porté essentiellement sur des capitaux que les grandes entreprises russes ont placés hors du territoire national, …. avant de les rapatrier une fois que la situation s’est stabilisée. On parlerait alors plutôt d’allers-et-retours” que de “fuites”. En 2014, et dans une moindre mesure en 2015, il s’agit pour l’essentiel (78%) de roubles convertis en dollars pour rembourser des dettes libellées en dollars : les entreprises russes remboursent leurs dettes dues aux créanciers ouest-européens et étasuniens, il n’y a donc là aucune « fuite ». Ce remboursement a pris un caractère massif (109 milliards de dollars) puisque les créanciers en dollars refusent désormais, dans le cadre de la guerre économique menée depuis 2014 par les régimes de l’ouest contre la Fédération russe, de consentir des prêts à durée moyenne ou longue (les emprunteurs russes ne peuvent donc plus « rouler » leurs dettes). Les 22% restant (33 milliards de dollars) correspondent à des transferts effectués en dollars par des non-résidents vers leurs pays d’origine (Ukraine, Géorgie, Asie centrale, etc…). Il ne s’agit donc, là aussi, pas de « fuite de capitaux ».  Au total, la seule fuite de capitaux que la BCR ait pu détecter porterait sur… 14 milliards de dollars (10% du total annoncé), à peine plus d’un milliard par mois, somme particulièrement modeste au regard d’une économie qui pèse 3,5 trillions de dollars (mesurée en bases comparables de pouvoir d’achat) et dont la balance commerciale structurellement excédentaire injecte chaque mois plus de 10 milliards de dollars de nouvelles liquidités dans l’économie russe. Ainsi, cette économie aura remboursé, par anticipation, en moins d’un an, plus de 17% du total de sa dette externe (privée et publique !) sans difficulté particulière, ce qui laisse deviner une économie autrement plus souple et solide que le sombre tableau que l’establishment médiatique se plaît par ignorance crasse ou malveillance à exposer. Imagine t-on la France ou les Etats-Unis rembourser par anticipation en moins de 12 mois 17% de leurs dettes totales ?.  Le total des avoirs des agents économiques de Russie placés à l’étranger est largement supérieur au total de la dette due à ce même étranger. En Russie même, les économistes russes estiment à au moins 250 milliards d’euros les liquidités que les Russes ont thésaurisées d’une manière ou d’une autre depuis la fin des années 90.   
Merci à Russie Insider (Alexander Mercouris), à Jacques Sapir (excellent site), à d’autres, de faire un travail d’information minimale que ceux dont c’est le métier et la justification professionnelle ne se donnent même plus la peine de faire.

Quid de la position française à la réunion des ministres des AE de l'UE

Jean-Paul Baquiast

  20/01/2015

Je m’étonne de voir (sauf erreur de ma part) que l’eu observer ne mentionne pas de position française dans son CR de la réunion citée en titre https://euobserver.com/foreign/127287

Fabius était-il absent? Ou n’a t-il rien dit? Ce serait intéressant à commenter. Quant à la position des autres ministres, elle est désespérante. Une bande de moutons tous rangés derrière Washington

De l'art de raconter des histoires

Claude C

  21/01/2015

J’abonderais, sous un autre angle, dans le sens de l’article et du commentaire de Ni Ando. Il est en effet consternant de constater que toute la presse, toute, est engagée dans une campagne de mensonges qui nous, en tout cas qui “m’” interpelle au plus haut point.
J’ai été “immergé” dans l’Union soviétique de la fin de l’ère Brejnev (1976-1982), où l’on pouvait assister de la part du sytème de l’époque, pour se tranquilliser certainement, à une véritable compétition de mensonges de bas en haut sur les statistiques économiques et la situation du pays. Une situation qu’il devenait donc totalement impossible de connaître, puisque tout le monde sans exception mentait dans sa présentation de la réalité. On en arrivait donc à un point où tous les chiffres, toutes les données, étaient fausses. Arrivé à ce point, un pays devient totalement ingouvernable. J’aurais mille anecdotes véridiques, mais ce n’est pas le lieu.
La même chose se reproduit aujourd’hui avec notre système BAO qui, on le voit bien notamment au fil des article de Ph. Grasset, mais aussi à l’envers, dans la presse française et allemande, non seulement est dans un récit totalement “hors de la réalité”, mais semble bien croire lui-même à ses propres histoires, ce qui est le plus grave. Et le comble, comme le signale Ni Ando, c’est que cette maladie grave touche non seulement la “grande presse”, mais aussi la presse spécialisée (Les Echos, La Tribune, etc) et aussi la presse qui est “de gauche” l’Humanité, le Monde diplo, etc qui sombrent dans les explications les plus tortueuses pour ne pas prendre de position, voire pour occulter ou nier ce qui se passe dans l’est de l’Europe. J’ai déjà écrit, à l’un ou l’autre de ces journaux, pour essayer de leur expliquer qu’ayant passé 21 ans de ma carrière dans ces pays, je ne comprenais pas très bien, et c’est le moins qu’on puisse dire,  certaines infos et certains commentaires, tirés directement non pas du terrain, mais de la “narrative” BAO. A partir de là, disais-je, que puis-je penser des articles de ces mêmes journaux sur des sujets que je connais moins ou pas du tout. Les lire, les ouvrir même, a-t-il un sens ? J’en conclus que non. Les acheter est contre-performant pour moi, les lire est du temps perdu.
Que des ministres, que des hauts-fonctionnaires racontent des mensonges est encore plus grave. Nous sommes à la veille d’événements extrêmement sérieux et on voit les politiques du plus haut niveau faire des déclarations en direction de la Russie du genre de celle de ce député de la Rada de Kiev criant à Klitschko “qu’il allait lui casser la gueule” (éclat de rire de l’intéressé).