Un cinquième des “missiliers” de l’USAF suspendu

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Un cinquième des “missiliers” de l’USAF suspendu

C’est une situation sans aucun précédent, – une de plus dira-t-on, certes, dans un temps historique lui-même sans précédent, – logique, tout cela. Il reste que cette situation-là touche un domaine extraordinairement sensible, qui est la gestion opérationnelle des forces stratégiques nucléaires de l’USAF, les missiles ICBM Minuteman III précisément. (On a vu récemment un Bloc-Notes faisant allusion à cette question, le 27 janvier 2014.)

A la suite d’un nombre inhabituel d’incidents, de mises en cause, de scandales, etc., concernant des chefs et des officiers du Strategic Command dont dépendent les forces stratégiques nucléaires de l’USAF, un programme systématique a été mis en placer pour évaluer la condition physique, psychologique, voire éthiques des “équipages” de “missiliers”, à savoir les unités qui servent et contrôlent le sites de tir. Ils sont à peu près 600 officiers hautement qualifiés en principe, et choisis pour leurs qualités psychologiques de contrôle de soi, de responsabilité, etc. Le Washington Post du 15 janvier 2014 rendait compte des conditions de ce programme.

Le résultat est terrifiant : 92 officiers missiliers ont été reconnus comme impliqués dans divers actes fautifs graves, allant d’actes d’indiscipline à la consommation d’alcool, de drogue, etc., compromettant ainsi gravement leurs capacités d’accomplir leur tâche. (La prise de drogue est, de très loin, le problème le plus grave et le plus répandu.) Avec d’autres cas déjà relevés et des cas d’insuffisance psychologique, c’est un cinquième de l’effectif des 600 officiers missiliers qui est aujourd’hui temporairement suspendu de ses activités. Il ne s’agit plus de “scandales”, d’une série de “scandales” individuels n’impliquant effectivement que des individus, mais bien d’une “crise systémique”, selon les termes de la nouvelle secrétaire à l’Air Force, Deborah Lee James. Le Washington Post du 30 janvier 2014 rend compte de ce très grave problème.

«At least 92 Air Force officers assigned to the nation’s nuclear arsenal have been implicated in a proficiency-test cheating scandal and temporarily relieved of their duties, officials said Thursday, announcing that they had temporarily taken out of commission nearly one-fifth of the nuclear force’s “missileers.” [...]

»“This situation remains completely unacceptable,” Air Force Secretary Deborah Lee James told reporters at the Pentagon on Thursday morning. She later added: “I believe now that we do have systemic problems within the force.” James, who recently returned from a trip to Air Force bases where she met with airmen assigned to the nuclear mission, said the cheating scandal appears to have emerged within a field beset by “undue stress and fear.” “I heard repeatedly that the system can be very punitive, come down very hard in the case of even small, minor issues that crop up,” she said, adding that airmen feel they are not duly rewarded or acknowledged for solid performance.»

Pour le secrétaire à la défense Hagel, la “crise des missiliers” est aujourd’hui une priorité de sécurité nationale, c’est-à-dire une crise humaine affectant une question de sécurité nationale de première importance, – la bonne marche et la sécurité de la force nucléaire stratégique. C’est aussi, si l’on se réfère aux déclarations de James, une crise de notre temps, une crise de la terreur psychologique par rapport aux exigences du service comme on trouve dans d’autres domaines, dans le monde de l’entreprise et industriel, et cela dans les conditions pressantes et contraignantes de compétition et d’exigence de performance qui caractérise le Système. La plupart des missiliers pris en faute, et notamment les consommateurs de drogue, n’agissent pas ainsi par désenchantement, par faiblesse de caractère, par ennui, par recherche du plaisir et désintérêt pour leur mission, mais par la crainte terrorisée de ne pas pouvoir accomplir la tâche demandée. (James : «I believe that a very terrible irony in this whole situation is that these missileers didn’t cheat to pass, they cheated because they felt driven to get 100 percent. Getting 90 percent or 95 percent was considered a failure in their eyes.»)

 

Mis en ligne le 1er février 2014 à 06H46

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