Théologie de la migration

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Théologie de la migration

Dans sa déclaration récente sur les migrants, le pape François a-t-il été inspiré par le Christ Jésus? C’est le moins qu’on puisse demander à celui qui, selon l’église, est le vicaire du Christ sur la terre. Un Christ qui prônait l’amour du prochain, le dévouement à son égard, le partage, voire le sacrifice de sa propre vie pour lui sauver la sienne. Plus loin encore dans le dogme chrétien, celui qui vint non pas sauver un peuple, le sien de l’époque, mais toute l’humanité, tous les peuples. Et que donc nous, pareil à Lui, dans l’Imitation de Lui, fassions le deuil de notre vie, notre travail, notre repos, notre façon de vivre, notre confort (relatif pour beaucoup d’entre nous) pour accueillir sans barguigner des milliers et sans doute bientôt des millions de migrants?

L’Imitation de Jésus Christ serait la raison théologique invoquée par le pape François, qui dépassant l’étroitesse de Yaweh, dieu jaloux d’un seul peuple, nous rappellerait que le Christ est le dieu de tous les peuples et que donc l’accueil de notre Prochain, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, quelles que soient ses intentions, répondrait à l’espérance que ce Christ a laissé sur la terre des hommes devenue Village Christ Mondial ? La grande alyah des Africains vers l’Europe serait l’élargissement en sens inverse de la petite vers cet Israël qui lui se garde bien d’en accueillir des migrants, mais exhorte les autres à le faire par la bouche par exemple d’un de ses fils bien connu en France, qui en veut "des millions" pour doper la croissance? S’ouvrir aux peuples d’Afrique et d’Asie et de partout où la guerre et la misère grondent, serait l’épiphanie finale de notre temps, l’élection de tous les peuples de la terre en Jésus Christ? Serions-nous en présence de la fin des temps, du moins d’un certain temps qui vit un affreux égoïsme régner partout? Le cinquième évangile frappe-t-il à notre porte pour nous inciter à accueillir en notre Europe privilégiée et soi disant florissante, la vague migratoire des damnés de la terre?

Le bon chrétien, le militant de pax christi ou de toute association venant en aide aux migrants adhèrent sans réfléchir à cette version papiste, laissent parler leur cœur. Elle leur apparait comme fondamentalement chrétienne. Ce qui manque toutefois à ce fondamentalisme de bon aloi c’est simplement d’expliquer pourquoi tant de peuples migrent, ce qui les pousse à quitter leur pays, à se ruiner pour cela, à courir les plus grands dangers, à défier la mort, pour atteindre la terre promise. Le pape jésuite estime-t-il, grâce à l’enseignement scientifique de pointe qu’il a dû recevoir dans son ordre célèbre, qu’il faut, devant un phénomène, ne pas se soucier de ses causes, mais ne considérer que ses effets? Le bon samaritain de l’évangile aurait-il donné l’exemple? S’est-il permis de demander au blessé qu’il secourut la raison de son agression? Non, il l’a secouru, l’a emmené chez lui, l’a soigné sans poser de question. L’exploitation capitaliste fabrique-t-elle des pauvres? Faisons-leur la charité et glissons-leur dans la main quelque aumône! Le relâchement des mœurs et la vague porno fait pencher des filles à la prostitution? Consolons les pauvrettes, prodiguons-leur des cours d’éducation sexuelle évangélique et distribuons-leur les pilules du lendemain! L’atmosphère de nos villes devient irrespirable migrons à la campagne et laissons les pollueurs poursuivre leur sinistre besogne! Etc.

Pourtant l’église dans un autre contexte, lorsqu’il s’agit de confesser un individu pécheur, riche ou pauvre, vieux ou jeune, homme ou femme, s’abstient-elle de lui demander les détails de son péché, les causes qui l’ont fait agir et ne lui impose-t-elle pas une pénitence afin que le bien remplace le mal auquel ils ou elles, ont succombé? Pourquoi donc le pasteur papal trouve-t-il inutile de demander aux responsables des migrations, qui sont largement connus, d’avouer leur péché et de les corriger afin que cesse cette tragédie? Qui mène ou a mené les guerres injustes en Afghanistan, en Irak, en Lybie, en Syrie, au Yémen, au Soudan, au Niger, d’où partent tous ces hommes, qui une fois délestés de leurs dollars ou de leurs euros par des criminels parfaitement identifiés, viennent risquer de se noyer en Méditerranée? François est-il aveugle, sourd, idiot? Ou au contraire, disposant de tous ses sens et de toute son intelligence, joue-t-il l’idiot se cachant derrière son apostolat soi-disant chrétien pour mieux obéir à ses maitres du Village Capitaliste Mondial?

Dans les guerres qui durent, dans les guerres nouvelles qui s’annoncent, le pape se gardera-t-il toujours de ne pas désigner l’agresseur? Attendra-t-il toujours que de bons samaritains viennent réparer les dégâts causés par les bandits? Est-ce là le véritable fond du christianisme, déplorer les victimes sans jamais condamner les agresseurs? Si le Christ n’a pas condamné la femme adultère, a-t-il été aussi tendre avec les marchands du temple lorsqu’avec des cordes faites fouet il les en chassa? Ne s’écria-t-il pas alors, pris d’une sainte colère: "Ma maison est une maison de prière mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits"? Qu’attend le pape, vicaire parait-il du Christ, pour sortir le fouet et chasser les bandits au lieu de nous enjoindre d’accueillir leurs victimes, parmi lesquels il y aura des bandits d’un autre genre, et cela "au détriment de notre sécurité" ? À quel enseignement occulte François plonge-t-il pour décider que, dans les circonstances historiques présentes, il faut accueillir tout le monde et que cette certitude lui vient du Messie qui, à son époque se permettait de traiter les puissants d’Israël de langue de vipère ou de sépulcre blanchi? Le sépulcre blanchi du Vatican n’est-il pas plutôt le calife de certaines forces cachées? Ne joue-t-il pas le bon samaritain et ne tente-t-il pas de culpabiliser les braves gens qui, en règle générale, n’attendent pas l’injonction du pape pour se montrer généreux? Combien François hébergera-t-il et nourrira-t-il de migrants en la "maison de prière" du Vatican au lieu d’y laisser prospérer les nouveaux marchands du temple et les bandits déguisés en clowns de couleur?

Marc Gébelin

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