Les Tatars et la Crimée : on s’organise

Les Tatars et la Crimée : on s’organise

D’une façon générale, la situation de la communauté tatare de Crimée est considérée, chez les commentateurs-Système, comme un obstacle de taille, sinon un obstacle infranchissable pour la réussite du passage de la Crimée vers un statut nouveau, détaché de l’Ukraine, vers l’autonomie ou l’indépendance, et dans tous les cas entrant dans l’orbite russe. Il s’avère que les Russes ne laissent nullement ce problème de côté, il qu’ils le traitent avec méthode.

Une dépêche d’ITAR-Tass (relayée par Statregic-culture.org du 13 mars 2014) relate la visite à Moscou de Mustapha Djhemilev, ancien président du Conseil du Peuple tatar de Crimée et actuellement membre de la Verhkovna Rada (Parlement) d’Ukraine. Djhemilev faisait une visite de travail pour rencontrer Mintimer Chaimiyev, ancien président de la république constitutive du Tatarstan de Russie. Djhemilev, qui est considéré par les Russes comme le chef de la communauté tatare de Crimée, a eu au cours de son séjour une longue conversation téléphonique, qualifiée de “fructueuse”, avec Poutine. Chaimiyev a donné un compte-rendu de la visite de ses entretiens dits-“très amicaux” avec Djhemilev...

«“Quite naturally, Mustafa-bei has his own position because he is an active-duty member of the Rada, he is concerned about the integrity of Ukraine and about what’s going to happen after the referendum”. [...] “Also we believe it’s important that the Crimean Tatar people doesn’t find itself in the position of an outcast.

“It’s important to keep self-restraint. Things are more easily said than done, but it’s important to assure that the rights the people aspire to become a reality under the new status [of Crimea] whatever the turn the events take.”

»“I think we had a frank conversation marked by trust in the sense that everyone should take a responsible stance because we understand each other well...” “Mustafa-bei is very content with his trip here and, quite naturally, with an opportunity to speak with Russia’s President. A referendum has been called and the majority of the population in Crimea will give a definitive answer to the questions in the ballots.” “In these conditions, one must keep what one’s people has already – I mean the Crimean Tatars in this case – and to assure more. In this situation, appropriate guarantees should be given.”

»“A decision was taken at a session of the Crimean Supreme Soviet a few days ago on expanding the powers and status of the Crimean Tatar people in the representative agencies of power and I must say Mustafa-bei treats the move favorably and with definite satisfaction.” “This representation in the agencies of state power is bigger than the percentage of Tatar population in Crimea and it’s really needed because the regional legislature doesn’t have the nationalities chamber and the Crimean Tatars make up an ethnic minority living on their native land.” “Since the guarantees and rights are very important and they should be formalized by law and defended by other state acts if necessary...”»

Le constat qu’on peut faire est que les Russes, avec leurs divers relais dans la situation extrêmement complexe de la région, prennent leurs précautions et avancent en assurant tout ce qui peut l’être, d’une façon appropriée. Le référendum de Crimée et ce qui doit suivre prennent ainsi l’allure d’une opération bien coordonnée et organisée, et nullement d’une aventure promise à être cette honte de l’humanité dénoncée par la “communauté internationale“ réduite à la représentation des directions-Système du domaine. Dans le sillage d’une prise en main sécuritaire et militaire de la Crimée organisée en douceur et sans violence, l’attitude de la Russie contraste singulièrement avec le désordre, l’emphase déclamatoire et la psychologie hystérique caractérisant l’action du bloc BAO.

Mis en ligne le 13 mars 2014 à 12H31