“Globalisme trotskiste” vs “marxisme culturel”

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“Globalisme trotskiste” vs “marxisme culturel”

Il est chaque jour plus évident que les États-Unis connaissent aujourd’hui une “révolution culturelle”, – presque dans le sens maoïste du terme, – de première grandeur. Cet événement est, à notre sens, bien plus déstructurant et dissolvant que les remous de la même sorte culturelle (sociétale) que connaît l’Europe, et même bien plus que certains des pays européens les plus agités à cet égard (la France est un de ces pays). L’ignorance européenne de ces événements américanistes est comme d’habitude remarquable et un peu stupéfiante, la “crise” aux USA étant à peine conjoncturelle et se résumant pour la plupart en Europe à la personnalité et au caractère de Donald Trump. Cette ignorance est très dommageable, quoiqu’elle devienne tout à fait explicable lorsqu’on se réfère à la montagne d’ignorance, de préjugés et de clichés sur laquelle est installée la “pensée européenne“ qui a la charge de former un jugement sur les USA.

Au contraire, et hors Trump qui n’est qu’un épiphénomène et également un “cocktail-Molotov vivant”, ce qui se passe aux USA à cet égard des questions culturelles et sociétales, et pour l’évolution de la psychologie collective, est d’une considérable importance. Il s’agit d’une identification et d’une représentation acceptables, mais essentiellement pour la forme et nullement pour le fond, si l’on veut d’une sorte d’expression dynamique et absolument inconsciente de son enjeu de la Grande Crise d’Effondrement du Système. Cette “révolution culturelle” qui se veut déconstructrice d’un système oppressif et qui est favorisée en fait par le Système, en arrive à se retourner contre lui-le-Système, comme ultime structure à déconstruire.

Les intellectuels antiSystème plutôt de tendance conservatrice type-US n’ont pas hésité à adopter une expression désormais d’usage standard pour désigner ce courant activiste radical de type-gauchiste : le “marxisme culturel”. Dans le texte repris ci-dessous (UNZ.com du 08 décembre 2017 [mis à jour le 26 décembre 217 avec la traduction française de cet article du Sakerfrancophone]) , Boyd D. Cathey indique que c’est Paul Gottfried qui a proposé le terme pour caractériser ce mouvement qui a ses racines dans les années 1960-1970, qui a démarré dans les années 1980 sous la forme du “politiquement correct” qu’on pouvait considérer dans ses prémisses comme un simple accident du conformisme ou du “snobisme postmoderne”, qui s’est avéré en vérité comme l’avant-garde d’une extraordinaire offensive de déstructuration-dissolution en pleine phase de surpuissance depuis la fin de la Guerre froide et l’attaque du 11 septembre 2001.

Dans le même texte, Cathey évoque une autre expression, qu’il attribue dans ce cas à l’origine philosophique des néoconservateurs (neocons), et qui nous paraît encore plus appropriée que “marxisme culturel” : le “globalisme trotskiste”. A ce point, Cathey fait une remarque fondamentale : les neocons ont effectivement exercé depuis les années 1980 une influence fondamentale sur la politique extérieure US, assez logiquement puisqu’ils se trouvent être les courroies de transmission de ce que nous nommons “politiqueSystème”. L’on sait que leur ascendance originelle est le trotskisme et l’expression de “globalisme trotskiste” est fort bien ajustée à cet égard ; mais cette proximité de référence a fait que l’establishment washingtonien, et notamment le parti républicain, n’a pu réellement, ni lutter, ni même identifier la montée du “marxisme culturel” à l’intérieur des USA, – c’est-à-dire du “globalisme trotskiste” interne.

« Mais dans les années 1980, ces voix averties [les conservateurs traditionnalistes, ou paléoconservateurs] furent largement étouffées alors que ceux qui se nommaient eux-mêmes “Néo-conservateurs” avaient pris un contrôle complet du mouvement conservateur et s’étaient imposés comme inspirateurs intellectuels du parti républicain. Comme les Neocons partageaient les mêmes origines philosophiques, – le globalisme trotskiste, – avec l’“extrême gauche” des marxistes culturels, leurs paramètres intellectuels et leurs capacités d’argumenter fondamentalement [contre cette extrême-gauche] furent sévèrement limitées. Ils furent et ils sont incapables par leur nature, – et d’ailleurs ils ne le veulent pas vraiment, – d’argumenter d’une façon efficace pour faire cesser le courant révolutionnaire gauchiste [des marxistes culturels]»

Cathey nous donne donc dans ce texte un aperçu historique très intéressant sur la naissance, le développement, la logique du mouvement radical de type culturel, de type progressiste-sociétal selon l’expression que nous employons, qui touche les USA avec bien plus de force que les dynamiques similaires ne touchent l’Europe. Il nous décrit également l’aboutissement de tout cela, au travers de l’une ou l’autre anecdote comme on en découvre des milliers actuellement, où la tendance tragique au terrorisme intellectuel et culturel côtoie le pathétique ridicule des exigences, des affirmations, des anathèmes révisionnistes, etc. La tragédie est énorme, mais le bouffe de cette tragédie ne l’est pas moins, – et plus que jamais notre époque se révèle dans ses extrêmes absolus, en une tragédie-bouffe aux dimensions cosmiques. Il est évident que le “globalisme trotskiste” est parfaitement adapté à cette entreprise.

Cathey, vieux lutteur de la droite-traditionnaliste dure, caractérisé régulièrement par tous les dénonciateurs et indics’ de la postmodernité-tardive comme “facho”, “réac’”, “raciste”, “antisémite” (caractérisation qui s’applique également à son ami, le juif Paul Gottfried) constate l’état des choses, – notre vérité-de-situation, dirions-nous, – qui est celle d’un événement complètement figé dans l’extrémisme le plus achevé... « Jusqu'à ce que le modèle frauduleux d’“égalité” soit dénoncé comme tel ; jusqu'à ce que le fait du modèle marxiste de “race et racisme” affirmé comme le facteur critique sous-tendant toute l'histoire américaine et l’impératif nécessaire pour effacer, corriger et réparer l’“injustice raciste” soit mis à jour et rejeté ; jusqu'à ce que notre langue même de communication sur ce sujet soit réformée, – jusque-là, nous continuerons à être à la merci de cette gestalt culturelle autoritaire qui dépouille notre héritage, pervertit notre histoire, infecte et déforme notre existence même en tant que peuple. »

De ce côté de l’antagonisme intra-américain, particulièrement chez les antiSystème, on voit bien comment l’événement actuel est vécu, dans toute son intensité extrême qui met en cause l’existence et la cohésion des USA. Les observations de Cathey rejoignent celles que faisaient William S. Lind, telles que nous les avions recueillies le 27 février 2017 :

« Le point principal est que nous avons maintenant un pays avec deux cultures incompatibles. L’une est la culture traditionnelle, occidentale et chrétienne. L’autre est la contre-culture des années 1960, qui était et qui reste pour l’essentiel une culture de la gratification immédiate. Le marxisme culturel de l’école de Francfort créa cette contre-culture et continue à lui fournir sa justification idéologique. Tel qu’il est actuellement structuré, notre système politique est incapable d’engendrer une situation où ces deux cultures hostiles peuvent vivre ensemble. Cela signifie que nous sommes conduits vers une G4G de large envergure sur notre propre sol et probablement un effondrement de l’État central. Ce n’est pas une issue que n’importe quel conservateur, et n’importe quelle personne dotée d’une certaine sagesse, puisse désirer. Il suffit de suivre la situation de pays comme la Syrie pour comprendre pourquoi. Par bonheur, notre système politique dispose d’un composant latent qui, s’il est activé, permet à deux cultures de vivre ensemble dans un état américain commun. Ce composant latent est le fédéralisme... »

Pour notre compte, nous qui doutons beaucoup que les USA puissent arriver à une résolution à l’amiable (par le fédéralisme qu’évoque Lind) d’un affrontement d’une telle vigueur, où les deux parties montrent l’une pour l’autre autant de vindicte et de haine, ce qui nous paraît plus prometteur parce que plus efficace producteur de désordre se trouve dans les contradictions internes du “marxisme culturel” lorsqu’il se fait “globalisme trotskiste”. Cathey observe effectivement la présence importante de la question sexuelle et/ou féministe dans cette « variante du marxisme, [– qui] fut et qui est une souche globaliste beaucoup plus virulente, beaucoup plus zélée, qui doit beaucoup plus à Léon Trotsky qu’à Joseph Staline, et qui a parfaitement mesuré l’importance de mettre en avant la “libération raciale” aussi bien que la “libération sexuelle” dans son combat contre l’Ouest... » Ainsi, le racisme est-il la pire accusation que puisse subir « n’importe quel politicien ou personnage public dans notre société moderne (sauf peut-être l’accusation d’être un prédateur sexuel abusant des femmes) ».

L’intérêt de ces remarques, qui rendent compte d’une dynamique bien réelle telle qu’elle est décrite par Cathey, est qu’elles contiennent en germe des contradictions internes dans ce mouvement gauchiste général. On a pu le voir lors des affaires de prédations et autres harcèlements sexuels en cours aux USA depuis octobre dernier qui ne désarment pas et ne ralentissent en rien leur rythme. Il est remarquable que l’une des très rares sources à s’élever avec vigueur et systématiquement contre les dénonciations et mises en cause des “prédateurs sexuels”, véritables ou non puisque c’est le principe de la dénonciation qui est dénoncé (!), est le site WSWS.org qui a pris une attitude extrêmement ferme à cet égard.

Depuis le scandale Weinstein, c’est la première fois que des articles de WSWS.org sont repris sur des sites antiSystème et sans aucun doute ennemi du “marxisme culturel” comme UNZ.com... Ce 9 décembre 2017, on peut lire sur WSWS.org un éditorial dénonçant ces pratiques de dénonciation (des “prédateurs sexuels”) qui sont équivalentes pour les trotskistes de la IVème Internationale, à la chasse aux sorcières de l’époque puritaine du XVIIème siècle, aussi bien qu’au McCarthysme des années 1940-1950. Pourtant, avec le scandale Weinstein et ce qui suit et n’arrête pas de suivre, le féminisme, qui fait partie intégrante de la “révolution sexuelle” du “marxisme culturel”, ne cesse de dénoncer, au propre et au figuré, les “prédateurs sexuels”, de la même façon qui rappelle irrésistiblement aux commentateurs trotskistes de WSWS.org les procédés de l’accusation en sorcellerie de Salem.

Ce qui conduit à la question de savoir si, vraiment, le “marxisme culturel” dans tous ses composants, correspond au “globalisme trotskiste” dont nous parle justement Cathey. Si ce n’est pas le cas, s’il y a vraiment opposition entre des composants internes essentiels à cette dynamique “globaliste-gauchiste”, ou “progressiste-sociétale”, alors s’installe la discorde chez l’ennemi, et avec elle encore plus de désordre, toujours plus de désordre... Certes, la civilisation occidentale et chrétienne est en danger, mais d’un danger dont elle a elle-même accouché (le marxisme et le trotskisme), et qui est lui-même sur la voie d’accoucher du plus grand de tous les plus grands dangers pour lui-même : l’autodestruction vient toujours avec la surpuissance dans notre contre-civilisation.

dedefensa.org

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Noir et blanc dans l’Amérique marxiste culturelle

Les mots race et racisme sont devenus des « termes diaboliques » dans la politique et la culture américaines – des concepts idéologiquement armés pour faire avancer un programme marxiste culturel et, fondamentalement, repousser et réduire au silence toute opposition à ce projet.

Dans une tribune libre largement commentée, publiée récemment dans The New York Times (le 11 novembre 2017), le professeur de droit noir Ekow N. Yankah écrit que lorsqu’il instruit ses enfants sur « les manières du monde », il leur enseigne qu’on ne peut pas faire confiance aux Blancs et que les Noirs ne peuvent pas se lier d’amitié avec eux. Bref, les personnes blanches sont des oppresseurs maléfiques et suprémacistes, non seulement par leurs traditions et leur histoire mais également en raison même de leur nature intrinsèque.

Ensuite, l’autre jour, je suis tombé sur plusieurs articles qui racontent comment un rédacteur du journal des étudiants de l’Université de l’État du Texas, à San Marcos, un certain Rudy Martinez (un Latino), a exigé que les Blancs « meurent ». « Votre ADN est une abomination » a-t-il déclaré dans ce journal, l’University Star [« Whiteness : Your DNA is an Abomination » November 29, 2017] :

« Vous n’êtes pas nés blancs, vous êtes devenus blancs… Vous avez été été séparés de vous-même et, dans cette absence, on vous a inculqué l’allégeance à un pays qui n’a jamais été grand. Un pays qui a continuellement tenté de contraindre les non-Blancs à la non-existence, par des croisades qui ont été défendues par la loi. »

Martinez, qui est un philosophe important (!) continuait son laïus confus en accusant les Européens blancs de posséder injustement des privilèges et d’avoir activement « construit (…) un monde oppressif ». « Je considère les gens blancs comme une aberration », écrit-il, et il promet « une lutte idéologique permanente (…) pour déconstruire la blancheur. » Martinez a déclaré que lui et ses alliés « gagneraient » cette bataille et que « les progressistes généreux, les nihilistes apathiques et les extrémistes de droite » accepteraient « la mort de la blancheur comme une libération pour tous ».

Il y a évidemment eu une réaction de l’administration universitaire et du président de l’association des étudiants, Connor Clegg, qui ont condamné l’article de Martinez. Mais cela n’a fait que susciter − de la part de groupes comme le Pan African Action Committee [PAAC] et d’autres puissantes organisations sur le campus − la revendication que Clegg démissionne de la présidence des étudiants parce qu’il était « ouvertement partial et raciste ». [« Texas State Student President Will Not Resign After Condemning Campus Newspaper Article Calling for ‘White Death’ » Free Beacon, Déc. 5, 2017].

Il serait réconfortant de penser que de tels incidents sont rares et non caractéristiques des campus des universités américaines – et de l’enseignement américain. Mais le fait est que ce qui est arrivé à l’Université de l’État du Texas est beaucoup plus représentatif du vernis idéologique marxiste – ou, plus précisément, de la camisole de force marxiste – dominant qui, de fait, étrangle ce qui passe ces jours-ci pour de « l’enseignement supérieur ». Les exemples qu’on peut citer sont littéralement innombrables et rempliraient des volumes.

Une caractéristique singulière et saillante de cette situation est qu’elle a autant à voir avec le professorat et la classe académique supérieure qu’avec les étudiants. Le fait terrifiant est que depuis la fin des années 1960, la plupart des doctorants – les futurs professeurs, enseignants et administrateurs à l’université – sont devenus nos collègues et que les universités ont été imprégnées d’une vision et d’une philosophie marxistes qui imprègnent aujourd’hui presque toutes les disciplines académiques, mais plus spécialement l’histoire ; la sociologie ; la philosophie ; l’anglais ; l’anthropologie et la science politique, autrement dit les « arts libéraux ou humanités ».

Quand j’étais étudiant dans le programme Jefferson Fellow à l’Université de Virginie dans les années 1970, j’ai observé ce processus se métastaser au galop. L’Université de Virginie était encore une des universités du Sud assez conservatrice à cette époque. En effet, lorsque j’y étais, nous avions un certain nombre de ce que j’appellerais des étudiants « réfugiés » qui étaient transférés dans notre université à partir d’endroits comme Columbia, Berkeley et Hunter College-City University de New York pour échapper aux flambées précoces de violence et de révolution marxistes sur ces campus. Certains étaient carrément « conservateurs », d’autres seulement des étudiants qui voulaient éviter les bouleversements. Une amie m’a raconté comment elle avait été physiquement agressée à Hunter ; elle a arrêté après ça.

Pourtant, de nombreux candidats au doctorat à l’Université de Virginie s’étaient déjà imprégnés d’une vision et d’une narration marxistes. Le président du corps des étudiants, si je me souviens bien, était un ancien séminariste, mais il avait été « converti » par sa lecture de textes comme « Les Damnés de la Terre et Peau noire, Masques blancs » de l’écrivain révolutionnaire et anti-colonialiste français Frantz Fanon, et d’œuvres de l’idéologue déconstructiviste Jacques Derrida. Finalement, il s’est tourné vers la Chine de Mao, dont il soutenait qu’elle était l’ultime « paradis des peuples » sur la terre, quelque chose qu’il fallait imiter ici, aux États-Unis et en Europe.

Ce qui m’impressionnait chez ces étudiants marxistes n’était pas seulement leur zèle fanatique et leur sérieux, mais qu’ils étaient beaucoup plus « radicaux » et révolutionnaires que n’importe lequel de ces communistes soviétiques barbants qui dirigeaient alors la Russie et contrôlaient l’Europe de l’Est. J’avais rencontré certains de ces types lors d’un échange entre étudiants en Angleterre quelques années auparavant – ils répétaient comme des perroquets la « ligne » communiste de Moscou, mais on ne les aurait jamais vus défendre la « libération sexuelle » ou le mariage entre personnes de même sexe, certainement pas comme ceux que je rencontrais à l’Université de Virginie dans les années 1970 ou ceux que nous rencontrons aujourd’hui.

Cette variante du marxisme était et est une tendance beaucoup plus virulente, une conception mondialiste bigote qui tient beaucoup plus de Léon Trotsky que de Joseph Staline, et qui comprend l’importance de souligner la « libération raciale » ainsi que la « libération sexuelle » dans la lutte contre l’Occident. L’Occident chrétien doit être détruit non seulement en raison de ses « injustices économiques » et de son « système capitaliste oppressif », mais à cause de sa « suprématie blanche et son oppression coloniale » des minorités (surtout noires) et de son « oppression et exploitation sexuelles » des femmes.

Ironie de l’histoire, exactement au moment où le système communiste soviétique a fini par s’effondrer (en août 1991), après 70 ans de régime totalitaire et où l’Europe de l’Est s’est libérée de ses quarante-cinq années sous la botte de Moscou, ce que le Dr. Paul Gottfried avait appelé assez correctement le « marxisme culturel » triomphait en Europe occidentale et aux États-Unis. En fait, le marxisme n’a pas disparu avec la sortie de scène des commissaires soviétiques octogénaires, mais il a resurgi dans une formulation beaucoup plus dangereuse et infectieuse, une forme en grande partie domestique, ici en Amérique, dominant bientôt nos campus, notre industrie du divertissement, nos chaires, nos médias et maintenant notre politique.

Ses principales armes idéologiques de choix sont : l’imposition d’un récit culturellement et politiquement basé sur la race et la revendication de la libération sexuelle, en particulier concernant le rôle des femmes dans la société.

Il y a quelques semaines, la station locale de PBS (WUNC-TV) a diffusé une émission sous le titre Focus, présentant un débat sur les monuments historiques en l’honneur des anciens combattants confédérés et « ce qu’il faudrait faire à leur sujet ». Sur les quelque dix-sept participants à ce « dialogue » devant la caméra, seulement deux représentaient ce que je nommerai l’opposition au démontage de ces monuments. Parmi les partisans de leur suppression, une jeune femme noire a révélé l’ensemble du récit et du plan : l’histoire américaine, a-t-elle expliqué, était totalement infectée, fondée dans et basée sur le « racisme » (ainsi que le « sexisme »). Par conséquent cette histoire devait être « nettoyée » et purifiée et cela doit commencer par la suppression de ces rappels manifestement « racistes » de la Confédération du Sud puisque, comme « nous le savons tous », la « guerre était à propos de l’esclavage… et c’était pour cela que le Sud combattait. »

C’était, mais maintenant cela est généralisé, la théorisation excitée mais puérile que j’avais entendue pour la première fois quarante-cinq ans plus tôt dans des séminaires de troisième cycle à l’Université de Virginie, puis débitée par de jeunes doctorants qui occuperaient quelques décennies plus tard les chaires subventionnées d’histoire, de philosophie, d’anglais et d’autres disciplines dans nos grandes universités. C’est le récit qui avait aussi infecté la pensée des administrateurs de l’université et qui a fondamentalement transformé nos institutions académiques en « communes » marxistes dédiées à l’endoctrinement de ces étudiants expulsés, malgré des frais de scolarité exorbitants, par des parents qui croyaient au « mythe » que tout ce que vous avez à faire dans la vie pour réussir est d’aller à l’université.

C’était et c’est encore un dogme, un nouveau canon de la foi qui accuse les chrétiens blancs (lire : européens), la plupart du temps (mais pas toujours) mâles, faisant d’eux les coupables et les responsables de la presque totalité des « maladies du monde » (selon la théorie marxiste). Des termes tels que « suprématisme blanc », « racisme blanc » (il n’y en a pas d’autre), « oppression blanche », « privilège blanc », et la « nécessité de déconstruire la ‘blancheur’ » sont entrés dans notre vocabulaire. En tant que dogme, cela doit être imposé, sans poser de questions… la soi-disant « liberté académique » traditionnelle étant mise au rebut si elle y fait obstacle.

Le groupe le plus important responsable de la destruction violente du monument aux vétérans Confédérés à Durham, Caroline du Nord, il y a trois mois (le 14 août) est une organisation marxiste qui a pris le nom de Workers World Party, dont la plate-forme de base comprend les points suivants : « Abolition du capitalisme – Désarmement de la police et des agents de l’ICE [police des frontières, NdT] – Lutte pour la révolution socialiste – Soutien à Black Lives Matter. » Et leur modèle principal est : « Détruire la suprématie blanche. »

Il y a toujours eu des groupes marginaux à l’extrême-gauche, mais ce qui donne au Workers World Party et à des groupes comme Black Lives Matter, Antifa, et à d’autres semblables plus de cachet et de notoriété dans l ‘Amérique de 2017 est que l’un des plus grands partis du pays, le Parti démocrate, accepte fondamentalement leur narration, du moins politiquement, et que le parti d’opposition, les Républicains – la plus grande partie de sa direction – est mort de peur à l’idée d’entrer dans n’importe quel genre de discussion négative impliquant la « race », de peur d’être accusé de ce péché absolument impardonnable et indéracinable qu’est le racisme – de loin le pire délit dont tout politicien ou personnage public peut se rendre coupable dans notre société moderne (sauf peut-être pour les prédateurs mâles, auteurs d’agressions sexuelles sur des femmes).

La création d’un récit standard et incontestable sur la race a indubitablement été la stratégie la plus réussie de la théorie marxiste culturelle et de ses théoriciens. Il a d’abord capté l’université, à partir de laquelle il a été en mesure de dicter l’éducation de plusieurs générations d’Américains. Il a modelé et limité le débat, il a défini ses paramètres qui continuent à évoluer, et toujours vers plus de « déconstruction » et de « libération ». Ce qui, en fait, signifie la marginalisation et la destruction permanentes de notre civilisation européenne et chrétienne historique.

Ce qui était en train de se passer aurait dû être clair il y a des dizaines d’années – il y avait des signes et des marqueurs visibles. Nous avions vu les expériences désastreuses de la « dé-colonisation » en Afrique et de la révolution en Amérique latine (Cuba, le Nicaragua, le Venezuela, etc.), largement inspirées par une pensée laïque et religieuse dominée par le marxisme.

Aux États-Unis, quelques conservateurs clairvoyants critiques du « mouvement des droits civiques » et de la folle ruée pour adhérer à l’égalitarisme ont compris que les résultats pourraient être aussi graves qu’une révolution. L’idée de l’égalité – que le défunt érudit Mel Bradford appelait « l’hérésie de l’égalité » 1 – est à la base du modèle du marxiste culturel. Cette idée a violé les caractéristiques et les lois de la Nature elle-même, pour ne rien dire de la compréhension fondamentale de la fondation de la république américaine et de la vision des auteurs de la Constitution 2

Mais dans les années 1980, ces appels à la prudence ont été largement réduits au silence lorsque ceux qui se nommaient eux-mêmes des « néoconservateurs » se sont emparé du contrôle sur le « mouvement conservateur », servant bientôt de groupe d’experts intellectuels pour la classe politique du Parti républicain. Comme les néocons partageaient les mêmes origines philosophiques – le mondialisme trotskyste – que les marxistes culturels de « la gauche plus extrême », leurs paramètres intellectuels et leur capacité à développer leurs principes fondamentaux ont été gravement limités. Ils étaient et sont toujours intrinsèquement incapables – et fondamentalement réticents – à faire le nécessaire et ils finissent généralement comme moteurs de la révolution permanente de gauche.

Jusqu’à ce que le caractère frauduleux du modèle de l’« égalité » soit reconnu – jusqu’à ce que le modèle marxiste de « la race et du racisme », comme élément essentiel sous-jacent à toute l’histoire américaine et l’impérieuse nécessité d’effacer, de corriger et de réparer l’« injustice » raciste – la « culpabilité blanche » – soit renversé et rejeté – jusqu’à ce que notre langage pour communiquer sur ce thème soit réformé, jusque là, nous serons à la merci de cette « construction » culturelle autoritaire qui nous dépouille de notre héritage, pervertit notre histoire, infecte et déforme notre existence même en tant que peuple.

Boyd D. Cathey

(Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone)

 

Notes

1) Voir son long article, « The Heresy of Equality », Modern Age, Winter 1976, vol. 20, no.1

2) Cf. Barry Alan Shain’s massive study, « The Declaration of Independence in Historical Context : American State Papers, Petitions, Proclamations & Letters of the Delegates to the First National Congress » pour l’importante documentation de l’exposition de Bradford.