Le trou du sujet

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Le trou du sujet

L’homme se sent sujet, se veut sujet, ne trouve d’intérêt à la vie qu’à la condition d’être un moi, et cela, même si la psychologie lui dit que cette dimension est illusoire. La femme elle, ne donne pas priorité au moi, mais au senti, à l’animique, au vécu. Bien que sensitive et sujette à mépriser le sujet, elle est pourtant aussi candidate farouche à l’élection « moïque » ! Toutefois, son intuition supérieure lui dit que dans ce moi se cache un vide. Si bien qu’elle porte en elle une passion pour l’être et pour le non-être. Elle s’en accommode d’autant mieux que percevant l’hybris en lequel l’homme se vit en tant que maitre absolu de lui-même, elle utilise cet hybris. Dès son plus jeune âge elle comprend que ce « faux-plein » peut servir son « genre ».

Précoce, elle jouit de se proposer à l’homme en faux sujet, feint de n’être qu’objet, jouit d’être cet objet du désir que l’offrande de son corps engendre. Elle dispose du désir de l’homme, alors que l’homme ne peut proposer à la femme que de lui faire satisfaire le sien sans certitude qu’il le sera. Il est demande, elle lui est l’offre. Dans le jargon de l’économie, elle fait une politique de l’offre et l’homme n’a d’autre choix que de se plier à la politique de la demande. Comme tout consommateur, il est donc à la merci de l’offre. La société de consommation est une société de l’offre, elle est donc bien une société pro-femme, une société féministe qui inscrit le désir humain dans un marchandage permanent, dans une offre illimitée et toujours renouvelée. Si illimitée, si renouvelée, que le pauvre consommateur, tiraillée à hue et à dia, se détruit par elle et en elle. Par ce jeu, la consommatrice se détruit aussi, mais elle n’en a cure. Hegel supérieur, elle jouit d’être fausse esclave du maitre dont elle est le vrai Maître.

Rares sont ceux qui perçoivent l’adéquation entre la féminisation de la société et le triomphe du capitalisme mondialisé dont la politique est une politique de l’offre de tout et de n’importe quoi. Elle part du principe que, grâce à l’empire de la publicité – ce sur-moi satanique –, le consommateur consommera ce qu’on lui dit de consommer : vaccin antigrippe l’hiver, couleur d’habit voulue par la mode, automatismes sensés faciliter la vie (répondeurs qui remplacent l’humain, caisses automatiques au supermarché, i-pad et autres enfantillages technologiques sensées simplifier la vie) afin, comme ils disent, dans leur jargon jeuniste, qu’on ne se « prenne pas la tête », etc. Pendant ce temps, les services les plus nécessaires au fonctionnement de la société humaine, administration, enseignement, santé, justice, police, reculent chaque jour davantage provoquant la destruction du monde.

Le Trou, le Vide, est l’énigme et l’ennemi du genre humain. La femme est un Vide, affriolant certes, mais un dans lequel chaque jour nous sommes attirés et poussés. Le marché est un trou vide qui se remplit, le collecteur de nos égouts, le commerce un tonneau des danaïdes en lequel nous sommes à tout instant jetés. Baudelaire connaissait bien la femme et son « commerce » : « Le commerce est par son essence satanique. Le commerce, c’est le prêté-rendu, c’est le prêt avec le sous-entendu : Rends-moi plus que je ne te donne. L’esprit de tout commerçant est vicié. Le commerce est naturel, donc il est infâme. Le moins infâme de tous les commerçants, c’est celui qui dit : « Soyons vertueux pour gagner beaucoup plus d’argent que les sots qui sont vicieux ». Pour le commerçant, l’honnêteté elle-même est une spéculation de lucre. Le commerce est satanique, parce qu’il est une des formes de l’égoïsme, la plus basse et la plus vile ». Notre poète a appris cela dans la société des voyous du Second Empire et sur le corps, satanique aussi, de sa maitresse noire – sa Grande Prostituée Commerçante –, en alternance avec la Blanche Bourgeoise Sabatier qui était l’Ange. Les deux inspiratrices étaient la face et le dos, le blanc et le noir placés à chaque extrémité du gris social, mettant l’homme au défi de les penser, d’y concentrer et dissoudre son Moi en… sperme et en poésie.

Marc Gébelin

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