La Commission se doute-t-elle de quelque chose? La France est là pour l’éclairer…

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Aujourd’hui, la Commission européenne et les institutions européennes en général vivent en état de siège, barricadées avec fureur et ferveur contre un intrus épouvantable: la réalité. C’est le sens de leur attitude vis-à-vis de plusieurs problèmes pressants, telle que nous la répercutent certaines de nos sources à la Commission européenne. Deux exemples illustrent cette attitude, que certains qualifient du terme redoutable de “négationnisme”: les désordres du prix du pétrole et le référendum irlandais. C’est alors que la France, qui se sent déjà et irrésistiblement présidente de l’UE, déboule sur la scène européenne.

• Il y a donc l’attitude des institutions européennes vis-à-vis de la question de l’augmentation du prix du pétrole, telle que cette question a été posée par les Français lorsqu’ils ont demandé de plafonner la TVA sur les carburants. L’AFP a répercuté (le 6 juin) une attaque contre les institutions européennes du secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, qui va exactement dans le sens de la révolte du bon sens contre l’obtusion (“état de ce qui est obtus”) de la Commission et des institutions européennes. La mesure proposée par la France «peut être débattue mais ce qui n'est pas admissible, c'est que l'on dise au niveau européen qu'il ne se passe rien sur le prix des matières premières». Enchaînant dans le même sens en général interdit du bon sens, Jouyet remarquent que les institutions européennes vont, si elles continuent à «nier les problèmes» provoqués par la hausse du pétrole et du gaz, conduire à un «divorce» entre l'Europe et ses citoyens. Il insiste dans cette voie, battant le rappel de la réalité : «Il faut savoir si on veut en Europe faire une politique qui réponde aux aspirations des citoyens ou pas [car] il est impossible de dire “business as usual” quand vous avez un baril de pétrole à 150 dollars et des envolées du prix du gaz.»

• “Divorce” du citoyen avec l’Europe, – on ne peut mieux dire, au point qu’on se croirait revenu lors de la campagne du référendum du printemps 2005, et encore dans le camp qu’on imagine, non? Justement, – “référendum”, on en parle, à propos de l’Irlande. Les Irlandais votent après-demain, à propos du traité de Lisbonne, et les augures statistiques sont plutôt sombres. Là aussi, est-ce le “divorce” entre le citoyen et l’Europe? Après tout, on pourrait croire que les Irlandais ont entendu Jouyet et s’apprêtent à s’en inspirer, non? Oui? Malheureux, vous avez bien mal écouté et vous n’avez rien compris. On veut dire, – si l’on en croit les lumières furieuses du ministre des affaires étrangères français, qui cloue au pilori de la vertu européenne l’électeur irlandais tenté par le sacrilège. Nous le citons, Kouchner, en anglais, à partir du Financial Times (FT) d’aujourd’hui, – car nous savons bien que cela lui fera plaisir (d’être cité en anglais): «Irish voters were warned on Monday that the rest of the European Union would look at them with “gigantic incomprehension” if they rejected the bloc’s Lisbon reform treaty in Thursday’s referendum. […]“It would be very, very awkward if we couldn’t count on the Irish, who themselves have counted a great deal on Europe’s money,” he added.» (le “he”, sans aucun doute, désigne le ministre BK). Bis: “On ne peut mieux dire, au point qu’on se croirait revenu lors de la campagne du référendum du printemps 2005, et encore dans le camp qu’on imagine”, oui?

• La France présente donc le visage d’une charmante cacophonie, virevoltant, tantôt avec fureur (celle du non), tantôt avec fureur (celle du oui), autour de la Commission et autour de l’Irlande. La France est parfaitement à l’image de son temps, clamant tout et son contraire, la colère des peuples et la fureur des grands esprits, prétendant prendre les rênes de l’Europe sous le regard de bœuf abasourdi d’une Commission dont la vivacité d’esprit est bien illustrée par son Commissaire en chef Barroso. La France représente tout, à la fois la fureur des révoltés du non, à la fois la fureur des révoltés de Saint-Germain-des-Près. Cette charmante inconséquence, rythmée par les résultats des sondages et la lecture du dernier édito du FT, a le mérite de la réalité. La France est, aujourd’hui, le reflet de la réalité en considérable désordre du monde, donc parfaitement dans son temps comme l’a voulu l’équipe aujourd’hui à sa tête. Il n’est que justice qu’elle fasse la leçon, à la fois à la Commission européenne et à l’électeur basique de la république libre d’Irlande.


Mis en ligne le 10 juin 2008 à 09H02