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Article : Rien ni Davos n’échappent à la crise

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Régulation de déséquilibres

jc

  28/01/2019

Michel Piccand: "Tout système, tout élément organisé, que ce soit une chaudière ou un corps humain a besoin d’équilibre, et possède pour cette raison un moyen de réguler ses équilibres internes ; sans soupape de sûreté une chaudière est vouée à sa perte, de même qu’un corps humain qui n’aurait pas de systèmes pour réguler sa température, sa pression sanguine, et ainsi de suite, selon le principe de l’homéostasie, et il en va exactement de même avec les corps économiques."

Tout-à-fait d'accord, à ceci près qu'il s'agit de réguler des déséquilibres (et non pas des équilibres, ce qui n'a aucun sens). Les analogies thermodynamique*/biologie/économie faites par MP rentrent dans le cadre général proposé par Thom: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés, ainsi l'usage de vocables anthropomorphes en Physique est foncièrement justifié." (SSM, Conclusion)

Les conflits les plus simples et les plus fréquents à réguler sont les conflits à deux actants. François Roddier a traité de cas de ce type (cycles économiques, civilisationnels*, etc.) par analogie avec ce qui se passe en thermodynamique**. Pour Thom -et pour Roddier?- ces conflits à deux actants sont modélisés et par la catastrophe "fronce" et régulés par le "lacet de prédation" que Thom lui associe. (Thom étudie également les conflits à trois ou quatre actants en leur associant d'autres catastrophes "élémentaires" -"papillon", "ombilics"-.)

Selon moi, s'il n'y a qu'un actant face à lui-même la seule régulation possible est la disparition de l'actant, son effondrement.

Dans l'organisation sociale globaliste actuelle, l'individualisme -le "struggle for life darwinien" individuel- est seul face à lui-même; pour éviter son effondrement il faut lui opposer son "contraire", à savoir le communisme -la survie de l'espèce-, et réguler ce conflit***.
Le dollar est également actuellement seul face à lui-même alors qu'il devra -devrait?-, sous peine d'effondrement, se dédoubler**** en une monnaie "chaude"***** d'échanges internationaux et une monnaie "froide"***** d'usage interne aux USA (dilemme de Triffin) dont le conflit sera -serait?- à réguler.

(Je n'ai pas l'impression que ce qui est une évidence pour moi le soit aussi pour les participants de Davos et autres "pères fondateurs" de l'UE pour qui There Is No alternative…)


*: Cf. l'article Dedefensa "Vers un effondrement de civilisation".

**: Cf. son blog.

***: Il ne s'agit pas de profiter de l'effondrement de l'organisation individualiste, libérale et capitaliste actuelle pour la remplacer par une organisation sociale de type communiste. Car cette nouvelle organisation, seule face à elle-même, serait tôt ou tard vouée à l'effondrement.

****: La citation thomienne qui suit garde selon moi toute sa valeur en remplaçant "mot" par monnaie (le dollar en l'occurence): "Dès qu'un mot est utilisé fréquemment avec une signification différente de sa signification initiale, il en résulte une tension sur certaines parois de la figure de régulation du concept, tension qui pourrait fort bien la briser; le concept alors se défend en suscitant la naissance d'un mot nouveau qui canalise cette nouvelle signification. La formation de néologismes est ainsi une illustration -difficilement réfutable- du principe lamarckien: la fonction crée l'organe."

*****: Cf. le blog de Roddier, la fin du billet 220 (pour commencer…).