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Article : Paul Craig Roberts  en colère contre la Russie…

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Attention aux projections

Pascal B.

  13/02/2018

Prenons garde à ne pas projeter sur Poutine nos états d'âme déprimés d'enfants déçus que leur sauveur ne soit pas le cowboy héroïque qu'ils aiment fantasmer. Les hypothèses ici déplorées sont peut être pertinente en totalité ou partie. Mais il est très surprenant de ne trouver sous la plume de ces analystes aucune autre piste d'interprétation qui prendrait en ligne de compte la complexité de la situation. Comme le fait que les Américains n'attendent que de voir Poutine répondre aux provocations et fasse ainsi leur jeu en apparaissant comme agressif et belliqueux. Comme le fait également que Poutine est candidat à sa réélection. Un détail.  Avec des supporters aussi defaitistes on peut estimer que le leader de la résistance à l'Empire parmi les plus tentaculaires ayant jamais existé n'est pas aidé de ce côté-ci. Heureusement pour lui qu'il possède un brin d'expérience et son entourage proche aussi. Parfois on a l'impression que certaines personnes vivent dans un monde de toute puissance propre aux jeunes enfants ou règne le "tout tout de suite" ...

Hésitations de Poutine

Marc Gébelin

  13/02/2018

Je suis hélas plutôt d'accord avec PCR et d'autres qui formule des critiques plutôt raisonnables à l'égard de la politique de Poutine en Syrie et ailleurs. Il a la désagréable habitude de quitter le terrain avant de finir le boulot, ce qui permet aux Yankees de continuer leurs provocations.
Quant à son "amitié" pour Israël, sous prétexte qu'il y a environs 1,5 millions de Russes en Russie, je la trouve plutôt suspecte. En quoi ce Juifs russes auraient-ils mérité qu'on tint compte de leur présence eux qui ont déserté la mère patrie avec capitaux et bagages?
Les craintes des contributeurs semblent hélas justifiées. La Syrie sauvée des djihadistes va rester un abcès inguérissable tant que Poutine ne mettra pas le hola au criminel Netanyahou. Faudra-t-il que l'Iran se montre plus décidé pour que la paix enfin s'établisse? Israël aujourd'hui n'est pas loin d'être un tigre de papier et un petit avertissement par quelques Kalibr (russes pas syriens) le ferait réfléchir et calmerait ses ardeurs. De même les Amerlos retranchés dans l'est. Que ferait Trump si demain 50 soldats yankees se faisait tuer par une attaque russe? Il appuierait sur son "gros bouton". Je ne le pense pas.
Poutine est trop prudent, trop conciliant, ça va se retourner contre lui dans pas longtemps.

Il n’est pas de chevalier blanc

Alexis Toulet

  14/02/2018

Je trouve cette intervention de Paul Craig Roberts très décalée voire déplacée. Le sous-entendu de son indignation est en effet double : d'une part l'idée que la Russie pourrait devenir une sorte d'opposant perpétuel en tout temps et en tout lieu aux Etats-Unis par extension au "Système" ainsi que de "parrain" et protecteur général de tous leurs opposants, d'autre part qu'elle le devrait. Ni l'une ni l'autre proposition ne peuvent être prises au sérieux.

Sur la question du "pourrait" :
- Roberts soutient qu' "il n'aurait pas fallu plus de deux semaines à la Russie et à la Syrie pour libérer toute la Syrie des djihadistes soutenus par les Etats-Unis". Il n'avance aucun fait à l'appui de cette idée. Et il y a toutes raisons de l'estimer fausse, voire délirante, si l'on compare les forces de la Russie sur place à celles des djihadistes et autres rebelles ainsi que la taille et la nature du terrain
- Roberts approuve Lendman qui estime que la Russie pourrait "mettre Israël dehors". C'est encore pire que la première affirmation : rappelons que la force aérienne israélienne non seulement est incomparablement plus grande que la force aérienne russe en Syrie, elle compte même davantage de chasseurs modernes que l'armée de l'air russe toute entière ! En effet, entre 1992 et 2008 la VVS avait arrêté tout achat de nouvel avion de combat… Et si l'on parle de l'armée de terre israélienne comparée à la force terrestre russe en Syrie, le rapport de force est encore plus déséquilibré
- D'une manière plus générale, au-delà de la situation en Syrie, il faut prêter atttention au rapport de force fondamental. La Russie est un Etat plus de deux fois moins peuplé que les Etats-Unis, dix fois moins prospère avec un budget de défense quinze fois plus petit.
Certes, la politique étrangère et de défense américaine est massivement inefficace. Certes, la Russie dispose de l'autonomie énergétique et d'une dissuasion nucléaire tous-azimuts indépendante. Tout cela permet à Moscou de défendre son "pré carré" et de riposter à l'occasion (Géorgie, Crimée, Syrie). Mais qui peut croire qu'un pays disposant de moyens relativement si réduits comparés à ceux de la superpuissance pourrait faire beaucoup plus ?

Sur la question du "devrait" :
Là je ne sais même pas quoi dire ! De quel droit qui que ce soit serait-il en position d'attendre de la direction russe qu'elle serve ses intérêts, plutôt que ceux de la Russie ? Qu'elle le fasse plus ou moins bien, voilà qui est sujet à discussion sans doute. Mais l'apprécier n'est au fond l'affaire de nul autre que les Russes et eux seuls.
Quant à imaginer que Poutine ou le groupe autour de lui aurait l'obligation morale de jouer le rôle de protecteur et de chevalier blanc pour tous les opposants aux aventures militaires américaines… Je me permets d'imaginer que l'idée ferait sourire Poutine et les autres dirigeants, à moins qu'elle ne les scandalise. Il faut rappeler que la sagesse populaire dit "Aide-toi, le Ciel t'aidera". Et non "la Russie t'aidera"...

J'ai en vérité l'impression que l'attitude de Paul Craig Roberts se rapproche de celle d'un néo-conservateur inversé. Considérer que la Russie doit riposter au méchant, qu'elle doit le "punir" car toute agression est une redite de Munich-1938, qu'elle est appelée à devenir le chef de file d'un "empire du bien" en quelque sorte… ce n'est pas du néoconservatisme en effet, c'est plutôt du Неоконсерватизм :-) !

Hésitations 2

Marc Gébelin

  14/02/2018

A la lecture des différents commentaires, je vois une autre piste d'interprétation que personne ne mentionne (moi compris).
La Syrie délivrée à 90% de daesh est-elle promise à devenir le jouet d'Israël? Ne pas oublier que ceux qui voulait détruire la Syrie c'était 1, les Usa; 1bis, Israël;  2, la Turquie; 3, les Saoudiens et leurs satellites du golfe. A quoi aura servi l'intervention décisive des Russes depuis 2015 si c'est pour laisser la Syrie amputée de son pétrole du Nord Est, rongée par tous les djihadistes (qui sont loin d'être tous morts ou en prison) que les Amerlos-Israéliens, à petite dose, injecterons comme bon leur semblera, quand bon leur semblera sur son territoire?
 
A-t-on oublié que le Golan est territoire syrien volé à la Syrie (comme la Palestine fut volée aux Palestiniens) et qu'il semble y avoir là aussi, du pétrole. Perd-on de vue qu'au large de Gaza, il y a du gaz que les Israéliens veulent s'approprier comme d'ailleurs au large du Liban?
Si la Syrie après avoir grâce aux Russes, aux Iraniens et au Hezbollah triomphé de ses ennemis, doit rester une autre Lybie où le chaos sera lui pareillement entretenu mais d'une autre façon, alors je repose ma question: à qui et à quoi aura servi l'intervention russe de 2015.
Un commentateur argumente en comparant le nombre d'avions, le nombre d'hommes disponibles dans chaque camp. Certes ce n'est pas une abstraction, mais Israël oserait-il se frotter aux 2 bases Russes dans le nord e la Syrie alors que déjà il perd des F16 avec de vulgaires Sam 2 ? Trouve-t-on déplacé que Bachar veuille définitivement protéger son territoire des raids Israéliens qui durent depuis 20 ans en toute impunité? Trouve-ton déplacé qu'il veuille récupérer son territoire de 2011 voire de 1974? Que risqueraient les Russes, je le répète, à donner une leçon à Netanyahu? Pas une grosse, juste une petite, une indiscutable comme il l’a fait en janvier contre l’attaque de drone? Par exemple 3-4 avions abattus avec les pilotes prisonniers et deux trois casernes explosées sur le territoire Israélien par des Kalibr venus de nulle part?
Si vous ne vous défendez jamais, au nom je ne sais de quelle conception diplomatique très élaborée, vous finissez immanquablement par pousser l'agresseur à augmenter son agression. Jusqu'où ira-t-elle? Jusqu'où Israël s'arrogera-t-il le droit de faire ce qu'il veut dans tout le Moyen Orient. Il a détruit l'Irak, il a collaboré à la destruction du Soudan, il détruit la Syrie, a certainement participé au 11 septembre 2001, il rêve d’une attaque nucléaire sur l'Iran dont il a les moyens.
Que faut-il attendre du trio des malades mentaux Trump-Kushner-Netanyahou si ce n'est encore et toujours plus de guerres, de sabotages, de meurtres et de complots? Le cancer de la guerre a été introduit en 1948. Depuis cette date, tous les 2 ou 3 ans une guerre ouverte ou larvée ravage la région. Il faudra bien qu'un jour on s'en rende compte et qu'on en tire les conséquences. Laisser les fanatiques, extrémistes pseudo religieux, agir à leur guise au nom de la défense de la "démocratie" ou de je ne sais quelles "valeurs occidentales" nous retombera un jour sur la figure. Je dis bien nous les Européens et peut plus encore les Français.
Le peuple de Syrie après 7 ans de guerre et de destructions sans précédent, a-t-il le droit de connaître la paix? A-t-il le droit d’être chez lui non dans un pays ravagé mais reconstruit ? Sans paix, pas de reconstruction, sans reconstruction à court terme, pas de paix mais un terrorisme renaissant et des trafics partout qui achèveront la Syrie. Le cancer peut-être jugulé à condition que les professeurs de médecine s’y attellent et cessent de changer de pied dans leur danse macabre.