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Article : Notes (très longues) sur le “trou noir” du XXème siècle

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Never let the robots get in the way of doing what's right

perceval78

  02/09/2015

Raymond Kurzweil lien
le futurologue de Google nous informe d’une étude inquiétante pour le genre humain : une extinction de masse ferait l’affaire des robots
lien.

Pourvu que nos ami(e)s lien les robots ne la voient pas passer ...

Never let your sense of morals get in the way of doing what’s right. I.Asimov

Une question pourrait être posée à la suite de cette lecture

Jean-Paul Baquiast

  02/09/2015

Ces notes ne sont pas trop longues. Elles se lisent tout d’un trait vu leur intérêt.

Elles obligent à se poser une question: où en serait aujourd’hui l’humanité (et l’Amérique) si les forces consacrées à la remobilisation contre l’URSS avaient été mises au service de grands programmes scientifiques pacifiques. Nous serions sur Mars and beyond à l’heure qu’il est, nous serions entourés de robots voire devenus posthumains nous-mêmes.

Mais pour imaginer cela en 1945, il aurait fallu des esprits dotés d’une culture et d’une imagination scientifique hors du commun, et qui plus est sachant se faire entendre du public et du lobby industriel.

La question cependant se pose aujourd’hui plus que jamais. Que faire des milliards dépensés en dépenses militaires et au traitement de leurs conséquences, telles les immigrations massives? Que faire de la force de travail et de l’intelligence rendues inutilisables par le chômage.

Malheureusement pour imaginer des réponses, il faudrait aujourd’hui comme en 1945 des esprits dotés d’une culture et d’une imagination scientifique hors du commun, et qui plus est sachant se faire entendre du public et du lobby industriel.

Des gens comme Ray Kurzweil précité, ou d’autres du même profil,  auraient suggérer des pistes s’ils ne s’étaient pas mis au service de firmes comme Google qui, malgré ses prétentions, ne vise à rien que capter nos économies pour se donner un pouvoir quasi militaire, en alliance avec le complexe militaro-industriel US

Quant aux rares visionnaires de la science de demain, ils rament pour assurer leurs fins de mois. Les Hollande et consorts ne savent même pas qu’ils existent

A partager!

DO

  03/09/2015

Ces notes sont à partager, voire traduire au moins en anglais, même si je dois dire qu’avoir déjà lu La Grâce de l’Histoire aide grandement à digérer cet article :)

Pour l’anecdote, ces notes semblent faire écho à cet article de Thad Beversdorf repris par ZeroHedge :

http://www.zerohedge.com/news/2015-09-02/america-good-bad-or-ugly-part-1-bad

Le second article de cet auteur promet le pire ...

DO

Dépenses militaires et progrès scientifique - un lien indéfectible

Alexis Toulet

  04/09/2015

L’idée que diminuer les dépenses de défense permettrait de dépenser plus pour la science et de développer plus vite les technologies peut apparaître séduisante. Mais elle n’est pas vérifiée historiquement parlant.

Parmi les développements techno-scientifiques nouveaux directement issus des dépenses militaires de la Guerre Froide, j’en citerai trois remarquables - liste bien sûr non limitative :

1. Programme spatial
Le premier lanceur spatial, la fusée qui a lancé Spoutnik et Gagarine, n’est autre que la R-7 (“Semiorka”) c’est-à-dire le missile destiné à lancer la bombe à hydrogène sur les Etats-Unis. Qu’il s’agisse de satellites, de station spatiale ou d’alunissage, tous ces programmes n’auraient jamais été réalisés aussi vite sans la motivation de “sécurité” et la volonté de démontrer une supériorité sur l’adversaire idéologique.
Il vaut la peine de souligner que dans les années 1950, il pouvait sembler raisonnable d’imaginer un alunissage avant la fin du XXIème siècle - avant même l’an 2000 pour ce qui est des plus optimistes. Que la chose ait été réalisée avant 1970 est entièrement l’effet de la guerre froide.
Sans ce facteur, nous n’aurions à la date d’aujourd’hui guère de satellites - avec toutes leurs applications - et il est fort possible qu’aucun homme n’aurait encore voyagé dans l’espace. En l’absence de sondes spatiales, peut-être aurions-nous encore des doutes au sujet d’une civilisation martienne !
Parmi les applications satellitaires, on peut citer l’observation du sol - initialement uniquement militaire - la navigation GPS - encore à ce jour un système militaire américain.

2. Microprocesseurs et développement exponentiel de l’informatique
Non seulement les premiers ordinateurs étaient-ils issus de programmes militaires - à la fin de la seconde guerre mondiale - mais encore et surtout l’innovation cruciale du microprocesseur, qui a véritablement lancé le développement exponentiel de l’informatique et le doublement des capacités en moyenne tous les dix-huit mois (la fameuse Loi de Boole)... est directement issue du programme Apollo. C’est-à-dire de la lutte pour le prestige et pour rassurer sur la supériorité technologique américaine qu’était ce programme d’exploration humaine de la Lune.
Sans la rivalité de la guerre froide, les microprocesseurs n’auraient été développés que plus tard - si même ils avaient été développés.

3. Réseau Internet et l’ensemble de la Toile
Le réseau Internet est né comme programme militaire américain - destiné à assurer la survie d’un réseau de commandement dans un contexte post-nucléaire où beaucoup des noeuds de ce réseau auraient été détruits. Là encore, en l’absence de la guerre froide, ce réseau ou son équivalent aurait-il jamais été inventé ? Impossible d’en être sûr, mais il est permis d’en douter.

Derrière ces innovations de rupture et quelques autres, il y a en définitive la capacité d’un Etat à investir dans la technologie à la fois BEAUCOUP et LONGTEMPS. Les “jeunes loups technophiles qui inventent le monde de demain” - suivant le cliché - ont bien un rôle, mais ce n’est qu’un rôle second. Certes pas secondaire, mais sans l’investissement public de départ… eh bien ces jeunes loups n’existeront tout simplement pas.

Qu’est-ce qui peut motiver un Etat à investir beaucoup et longtemps dans la technologie ? Historiquement, la motivation principale et de loin est la guerre.

Cela se vérifie depuis la fin de la guerre froide. Y a-t-il eu investissement dans de nouvelles aventures techno-scientifiques des fonds énormes dégagés par la fonte des budgets militaires (impressionnante en Europe, importante même aux Etats-Unis) ? Non… Bien au contraire, semble-t-il.

Ce n’est pas que les innovations aient disparu. Mais l’exploitation de ce qui existe déjà, ou des innovations de rupture faites pendant la guerre froide, prend de plus en plus de place. Sans oublier les jeux de finance, qui restent aujourd’hui probablement le moyen d’enrichissement rapide le plus sûr pour les plus doués des jeunes diplômés, devant même l’entrepreneuriat Internet qui ne consiste qu’en exploitation d’innovations de rupture déjà faites, sans parler de l’entrepreneuriat sur de nouvelles innovations de rupture… qui ont tendance justement à se raréfier.

Alors, défaillance et indignité de la civilisation et de l’homme occidental ? Méprisable civilisation que seule la guerre motive ? Une telle conclusion serait un mouvement d’humeur superficiel.

David Cosandey, dans “Le Secret de l’Occident - Vers une théorie générale du progrès scientifique”, fournit un très éclairant essai sur les causes profondes de la supériorité techno-scientifique de l’Occident, et de l’ascendant qu’il a donc pris dans les cinq dernières siècles sur les civilisations concurrentes de l’islam, de l’Extrême-Orient et de l’Inde. Impossible de résumer une thèse aussi riche et argumentée sans la trahir partiellement, mais enfin il suffira de dire que le Secret se résume en :

“Des facteurs de rencontre avant tout géographiques - le dessin des côtes européennes - ont garanti que des Etats concurrents existeraient continûment pendant un temps très long, sans qu’aucun ne puisse prendre l’ascendant sur la majorité des autres - d’où un Empire géant arrêtant le progrès - et sans que l’ensemble ne puisse se désagréger en zone d’Etats faillis et de chaos. La rivalité militaire de ces Etats a donc duré de nombreux siècles en tant que structure stable, assurant que des ressources suffisantes soient consacrées dans la très longue durée à l’innovation et la recherche - car indispensable à la guerre - d’où une série d’innovations de rupture qui a fait la supériorité occidentale des 16ème-20ème siècles”
(supériorité qui continue d’ailleurs à ce jour, sauf par rapport à la civilisation extrême-orientale qui égale maintenant l’Occident)

Sans pouvoir ne serait-ce que résumer les arguments et la richesse des études historiques, Cosandey s’attache aussi à montrer que les périodes d’ascension et de déclin des autres civilisations peuvent aussi s’interpréter comme l’effet de la présence ou de l’absence d’un système d’Etats concurrents stable, ainsi le 10ème siècle qui fut le siècle d’or islamique en même temps que celui de la stabilité de 3 puissances concurrents en son sein, la période de plus grande créativité chinoise correspondant à celle des Royaumes combattants c’est-à-dire juste avant l’unification stérilisante du pays, la relative stérilité romaine comparée à la créativité du système de cités-Etats grec - tant que celui-ci pouvait fonctionner s’entend, etc. etc.

Une fois prise en compte cette thèse que je n’ai pu évidemment que résumer très imparfaitement, sans donner les arguments qui l’appuient - je recommande la lecture du livre de Cosandey - il n’est plus guère possible d’accuser l’homme occidental… il est toujours possible d’accuser l’homme en général naturellement, ou bien le Créateur :-) !

L’avenir reste certes ouvert, mais une impression pessimiste découle de cette loi du progrès scientifique si on la prend au sérieux. Même sans tenir compte de la crise écologique et des ressources - et pourtant il y aurait tant à en dire ! - il reste difficile de voir quelle rivalité pourrait prendre le relais de la rivalité EU-URSS qui structura la dernière grande phase d’innovations. Cosandey propose un parallèle plutôt sombre avec le destin de la civilisation grecque, à la créativité épuisée lorsque le système des cités-Etats est devenu “trop petit” pour sa puissance et les guerres qu’il pouvait déclencher - ce qui fait penser au cycle 1914-1945, créativité prolongée pour un temps par la rivalité entre les deux puissances néo-grecques issues des conquêtes d’Alexandre les Ptolémée d’Egypte et les Séleucides de Syrie - la guerre froide vient à l’esprit, mais qui ne put redémarrer lorsque l’une de ces puissances l’emporta de manière décisive sur l’autre, car un système à deux puissances est instable et débouche facilement sur une puissance unique condamnée à stagner - et nous sommes depuis 25 ans dans l’après-guerre froide…

Un scénario plus optimiste pourrait s’ouvrir si à une rivalité purement “entre Occidentaux” (ce que sont les Russes, à l’évidence) succédait une rivalité entre puissances issues de civilisations différentes - le rôle de la Chine étant alors fondamental pour susciter la continuation du progrès et de la créativité techno-scientifique humaine ! Ceci non seulement par sa créativité propre, mais encore et surtout en forçant les autres à dépenser pour l’innovation militaire. Peut-être faut-il se réjouir des rivalités stratégiques dans le Pacifique !

L’un comme l’autre ne sont que des scénarios. La question de la stabilité de notre civilisation techno-scientifique - civilisation mondiale j’entends - face à la vague scélérate que constitue l’addition d’une crise écologique et d’une crise de ressources reste de toute façon la première des questions. Et le scénario d’une humanité dans une à trois générations incomparablement moins nombreuse et vivant une vie beaucoup moins technologique que celle d’aujourd’hui reste un scénario valide…

Avez vous lu cela?

bernard pautremat

  08/09/2015

Un SNLE russe pour défendre la Syrie ? Militairement absurde

Alexis Toulet

  09/09/2015

La nouvelle rapportée par Debka est absurde à plusieurs titres :

- Le SNLE russe Dmitri Donskoi, dernier du type “Typhoon”, est très ancien et ne réalise pas de patrouilles opérationnelles. Il ne sert qu’aux essais de missile balistique, pendant des sorties de quelques jours depuis son port d’attache de Mourmansk

- Envoyer un SNLE au large de la Syrie serait inutile, étant donné que ses missiles portent à 8 ou 10 000 km. De plus, si la Russie voulait réaliser une frappe nucléaire en Syrie, elle n’utiliserait certainement pas un SNLE

- Faire savoir où on envoie un SNLE est une contradiction totale avec l’objectif de ces bâtiments qui sont faits pour se cacher au fond des océans, protégés d’une destruction préventive. Dire où il est, ce serait donner à un adversaire une chance de le détruire

- Enfin, un bombardement nucléaire serait totalement inutile contre des forces légères et dispersées comme celles des djihadistes de l’E.I.