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Article : Notes sur l’Orque après la bataille et avant la bataille

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Hurluberlu ou pas, égrégores ou pas...

GEO

  18/07/2015

....je suis intéressé par une analyse qui tend à rendre compte du climat de folie qui entoure cette affaire grecque. « L’orque », « la secte » conviennent au sentiment tragique qui nous prend à ce spectacle.

Temperet à lacrymis!....Merkel und die Tränen

perceval78

  19/07/2015

Evariste Bavoux, député de la seine, ne laissa pas une grande trace dans l’histoire de France, nos politiciens n’auront aucun mal à comprendre sa pensée lien

Avocat de formation, il aimait bien essaimer dans ses textes des références latines

Un poète de la décadence, désespérant du salut de
Rome, administrée par d’indignes ministres, crut devoir,
dans quelques vers qui ont, presque seuls, fait toute sa
renommée, exhaler ses alarmes et son désespoir sur le
sort de son pays

Hélas ! divisés comme nous le sommes, doutant,
comme Claudien, des destinées de notre patrie, pouvons-
nous, après tant de cruelles épreuves, nous écrier
avec lui :
Ssepe mihi dubiam traxit sententia mentem ...

La Providence, selon notre exergue monétaire :
« Dieu protège la France ! » daignera-t-elle nous relever,
cette fois encore, d’un de ces abîmes où nous a si souvent déjà précipités notre folie révolutionnaire? lien

Ceci étant dit il avait du bon sens, les Allemands en faisaient un peu trop dans l’humiliation, et il acceptait de collaborer
avec les républicains dans l’intérêt supérieur de la Nation

Les Prussiens nous ont accablés sous le poids de leur domination victorieuse. Ils en ont abusé, et c’est là ce qui est odieux de leur part. Car s’ils en avaient usé avec modération, comme l’Angleterre elle-même, qui cependant n’est pas chevaleresque, à certaines époques, de nos défaites dans nos longues guerres avec elle, dont nous allons ici évoquer les tristes souvenirs’ eh! bien, nous pourrions reconnaître qu’ils usaient du droit rigoureux de la victoire.

Déjà certaines objections surgissent contre la forme
plébiscitaire que les anciens partis semblent redouter comme un souvenir de l’Empire. Qu’est-ce pourtant qu’un plébiscite, sinon, comme sa dénomination même l’indique, l’avis du peuple? Républicains, prétendus apôtres de la liberté, dont vous semblez plus soucieux dans l’opposition qu’au pouvoir, craignez-vous la libre expression du sentiment populaire?

Sous ces réserves, qui sont celles de toute conscience honnête, revenons-en à notre point de départ : l’oubli, l’abdication des partis; l’union de tous dans le choix, sous la loi de la majorité. A ce prix seul la France peut reprendre courage. Notre conviction profonde nous démontre que c’est désormais pour elle une question de vie ou de mort. lien

Cela n’arrive pas souvent, mais dans l’intérêt supérieur de la Nation nous avons décidé de prendre position contre le FRAXIT qui n’a pas d’histoire et dont la symétrie numérologique interpelle.

Le FRANXIT offre des perspectives bien plus intéressantes ancré dans notre vieux passé, en découlerait le verbe FRAINDRE (peut être Enfreindre)

FREINST. Verbe act., 3” p. s. du )parf. simpl. de fraindre ( Il est clair ji que fregit n’est pas l’étymologie possible et qu’il faut supposer une forme populaire lien franxit) , 1247. V. \Fraindre lien

...ce sont toutes ces causes réunies qui ont fait tomber de très bonne heure l’s au présent de l’indicatif dans les verbes ayant un c palatal ... frainst (=franxit francsit) lien

Il découlerait du Latin : Frangere lien

Il peut s’appliquer à plusieurs domaines, la FOI (en l’EURO par exemple) : frangere fidem

Ainsi le veritable preux, loyal preudome, nonobstant sceust bien la cruaulté de ses ennemis, et qu’ilz le feroyent mourir, ama mieux s’aler mettre en leur mains et laissier ses amis, que fraindre sa foy, verité et loyauté lien

A la rupture d’un traité : foedus frangere lien

A la cupidité : cupiditates frangere

A la Grèce : misericordia frangi

Au renversement d’opinion : sententiam alicujus frangere

Au suffrages : Suffragari suffragium

lien

Passion allmande, mystère Français: la vision de Lordon.

GEO

  19/07/2015

http://blog.mondediplo.net/2015-07-18-La-gauche-et-l-euro-liquider-reconstruire

(…......)

Un pays, l’Allemagne, a imposé ses obsessions monétaires à tous les autres. Tous les pays vivent avec les obsessions de leur roman national, c’est bien leur droit, en tout cas à court et même moyen terme il n’y a rien à y faire. C’est qu’un pays exige d’autres qu’ils vivent sous ses propres manies, quand ces manies-là ne sont pas les leurs, qui est le commencement des problèmes. Contrairement à ceux qui ne peuvent pas penser l’hégémonie allemande sans des images de Panzer ou de casque à pointe, il faut redire que l’Allemagne dans cette affaire n’a jamais poursuivi de projet positif de domination, et que ses comportements n’ont jamais été gouvernés que par la peur panique de souffrir, dans le partage communautaire, l’altération de principes qui lui sont plus chers que tout . Or il ne faut pas s’y tromper : une angoisse collective, surtout quand elle est de cette intensité, ne détermine pas moins à la violence que les menées conquérantes de l’hégémonie positive. Peut-être même au contraire. C’est qu’il y a dans les projets hégémoniques un reliquat de rationalité auquel les paniques monétaires allemandes sont devenues totalement étrangères.

En témoigne la brutalité aveugle avec laquelle l’Allemagne a décidé de châtier la Grèce, mais plus encore son inaccessibilité à toute argumentation rationnelle. Quand la presse française, collée au cul de Sapin et de Moscovici, se contente pour tout récit des négociations de leur version, avec le consciencieux d’un bureau de propagande d’Etat et le label de la « presse libre » , faisant à peu de choses près passer les négociateurs grecs pour des clodos égarés, des paysans du Danube ignorants des usages et des codes — pensez donc, ils n’ont même pas de cravate —, bref incapables de se tenir dans la bonne société européenne, et avec lesquels il est tout simplement impossible de discuter, Varoufakis  et Tsakalotos ont, eux, découvert, stupéfaits, un club de l’eurozone semblable à un hôpital de jour, une réunion de grands autistes à qui il est impossible de faire entendre la moindre argumentation économique, et dont la psychorigidité terminale ne connaît plus que la conformité aux règles, fussent-elles de la dernière absurdité, et le continent entier dût-il en périr.
Que désormais la majorité des économistes, ceux du FMI en tête, et Prix Nobel compris, n’hésitent plus à hurler au fou en découvrant les dernières trouvailles de l’Eurogroupe — rajouter une dose massive de ce qui a déjà méthodiquement détruit l’économie grecque —, n’est plus d’aucun effet. On peut déjà dire, à la louche, mais sans grand risque de se tromper de beaucoup, qu’en étant certain de précipiter la Grèce dans une récession carabinée pour 2015, le « plan » supposément fait pour réduire le ratio de dette lui fera passer les 200 % de PIB, ainsi que le taux de chômage les 30 %, à horizon d’un an ou deux. Mais peu importe, l’essentiel est de les passer dans les règles. À ce moment, vient immanquablement à l’esprit l’image du cinglé enfermé dans le cockpit de l’Airbus, toutes manettes bloquées en mode descente (l’avion était un modèle européen, et le pilote allemand, on ne le fait pas exprès, c’est comme ça) ; le monde entier tambourine au-dehors (« ouvre cette putain de porte ! ») — mais comme on sait la conséquence annoncée n’était pas de nature à entamer la détermination de l’intéressé.

Comme toute métaphore, celle-ci a sa limite : l’Allemagne n’a pas le projet de pulvériser l’union monétaire. Elle est juste obsédée par l’idée de continuer à y maintenir les principes qui lui ont réussi quand elle était seule, dont elle a fait une identité nationale de substitution, et dont rien au monde ne pourra la détacher — et certainement pas le renvoi d’un peuple entier, ou de plusieurs, au dernier degré de la misère. Qu’une frange de gauche radicale en Allemagne se déclare scandalisée et se lève contre son propre gouvernement, d’ailleurs en une démonstration de ce qu’est vraiment l’internationalisme — ne pas endosser aveuglément les faits et gestes de son pays parce que c’est son pays —, demeure un fait minoritaire et n’ôte rien à la massivité du consensus social — et non politique —, transpartisan, dont la croyance monétaire allemande se soutient : pour autant qu’on puisse lui accorder quelque confiance, un sondage publié par Stern indique que la position d’Angela Merkel à l’Eurogroupe du 12 juillet est approuvé par 77 % des Verts, et 53 % des sympathisants de Die Linke — 53 % de Die Linke…

Mais le vrai mystère européen n’est pas en Allemagne — à laquelle, finalement, on ne saurait reprocher de vouloir vivre la monnaie selon l’idée qu’elle s’en fait, et d’après les traumas de son histoire. Il est dans d’autres pays, la France tout particulièrement, qui se sont appropriés la manie allemande hors de tout contexte propre, alors que rien dans leur histoire ne les vouait à épouser une telle particularité — alors que tout les vouait plutôt à ne pas l’épouser —, et sur un mode proprement idéologique, jusqu’à finir par y voir une forme désirable de rationalité économique — évidemment une « rationalité » assez spéciale, puisqu’elle est étrangère à toute discussion rationnelle —, un peu à la manière d’athées qui, non contents de s’être convertis au dogme de l’Immaculée conception, entreprendraient de s’y tenir par ce qu’ils croiraient être une décision de la raison. A ce stade, et l’on y verra un indice du degré de dinguerie de la chose, on ne peut même plus dire qu’il s’agit simplement de la « rationalité » du capital : le capital n’est pas fou au point de désirer la strangulation définitive, à laquelle lui-même ne peut pas survivre — et les forces capitalistes américaines, par exemple, assistent, interloquées, à l’autodestruction européenne. Mais ces considérations n’entrent pas dans la haute pensée des élites françaises, qui cultivent l’aveuglement des convertis de fraîche date à titre transpartisan, comme l’Allemagne la croyance de première main.
(…....)
Frédéric Lordon

"Comme toute métaphore, celle-ci a sa limite"... ou pas ?

David Cayla

  20/07/2015

Je reprends le texte de Frédéric Lordon, avec sa métaphore du cinglé allemand suicidaire enfermé dans la cabine de pilotage de l’avion européen.

“(...) À ce moment, vient immanquablement à l’esprit l’image du cinglé enfermé dans le cockpit de l’Airbus, toutes manettes bloquées en mode descente (l’avion était un modèle européen, et le pilote allemand, on ne le fait pas exprès, c’est comme ça) ; le monde entier tambourine au-dehors (« ouvre cette putain de porte ! ») — mais comme on sait la conséquence annoncée n’était pas de nature à entamer la détermination de l’intéressé.

Comme toute métaphore, celle-ci a sa limite : l’Allemagne n’a pas le projet de pulvériser l’union monétaire.  Elle est juste obsédée par l’idée de continuer à y maintenir les principes qui lui ont réussi quand elle était seule, dont elle a fait une identité nationale de substitution, et dont rien au monde ne pourra la détacher — et certainement pas le renvoi d’un peuple entier, ou de plusieurs, au dernier degré de la misère. (...)”

A cet égard, on pourra se rappeler opportunément que l’élément majeur qui a enclenché la descente suicidaire de ce pilote, c’était la peur panique qu’on le sorte du cockpit, avec interdiction absolue et définitive d’y remettre un jour les pieds, pour cause de vision défaillante, de sorte “[qu’à] ce moment, vient immanquablement à l’esprit l’image [de ces autistes] enfermé[s] dans leur [salle de réunion, tandis] que le monde entier tambourine à la porte”...