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Article : Notes sur le volte-quart du maître du “faire aïkido

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mieux qu'un coup de maître, deux !

Pierre de Callonne

  04/12/2014

A bien y regarder, Poutine encercle mieux l’Europe avec ses tuyaux à gaz que l’OTAN n’encercle la Russie avec ses bases qui, en soi, n’ont rien de bien dangereux d’un point de vue tactique !
Mais il y a mieux, on peut constater que le “turkstream” ressemble a s’y méprendre au tracé du Nabucco et cà, stratégiquement, c’est autre chose !
D’un coté du tuyau, la Russie et l’Iran et de l’autre, pas très loin en tout cas, le maillon faible de l’Europe, la Grèce !
Il semble que Poutine joue deux parties en simultané, l’une sur l’échiquier politique, et l’autre sur l’échiquier économique et, apparemment, il ne mélange pas ses coups !

Rétablir certaines vérités concernant South Stream...

shalegas gate

  05/12/2014

Il est incongru d’affirmer que l’UE souhaite (a souhaité un jour) imposer à Moscou une privatisation du secteur gazier russe. Un tel propos relève du fantasme et atteste d’une méconnaissance du projet russe évoqué.

Les règles communautaires en matière énergétique (Third Energy Package) stipulent, notamment, qu’un gazoduc traversant le territoire européen ne peut être détenu par un seul et unique fournisseur. C’est d’ailleurs un principe qui a été accepté par Moscou pour le Nord Stream : 50% de la capacité des tronçons OPAL et NEL qui prolongent le Nord Stream en Allemagne sont réservés à un éventuel fournisseur non russe.

Mais l’UE n’est pas rigide (malgré les apparences!), il lui arrive même de déroger à ses propres règles et d’accorder avantages et exemptions. Le Nord Stream a ainsi bénéficié d’un statut privilégié lui permettant de bénéficier d’un financement européen. Puis (jusqu’au 23 février 2014, soit jusqu’à l’éclatement de la crise que l’on sait en Ukraine), des négociations ont été menées entre Bruxelles et Moscou pour que Gazprom puisse approvisionner le Nord Stream à hauteur de 100% de ses capacités. Rien qui ne dénote ici d’une volonté de “privatiser l’industrie gazière russe” !

Le cas de South Stream est particulier : ce projet de gazoduc a eu dès sa conception une dimension éminemment politique. Il n’a été qu’un levier actionné pendant des années par Moscou pour amener Kiev (y compris lorsque le régime Yanukovich était en place) à céder à Gazprom le contrôle de ses réseaux de transit reliant la Russie à la frontière slovaque. En d’autres termes : si Kiev s’obstinait à conserver la propriété de ses réseaux, Moscou allaient les boycotter en contournant l’Ukraine via un South Stream passant par la Mer Noire et la Bulgarie.

L’UE n’a jamais refusé catégoriquement d’accorder à un futur South Stream les mêmes avantages qu’au Nord Stream. On peut même dire que Bruxelles a joué le jeu de Moscou : alors qu’elle n’était pas dupe des intentions russes et subodorait un abandon du South Stream par Moscou dès lors que Gazprom aurait mis la main sur les réseaux ukrainiens, la Commission a ouvert des négociations et a rappelé ses conditions : que 50% des capacités du South Stream soient réservés à d’éventuels autres fournisseurs ; et que Moscou s’engage à négocier avec les instances communautaires -et non pas avec les pays membres concernés par le projet. Pris au piège par l’initiative européenne, Moscou a alors tenté de gagner du temps (l’Ukraine était économiquement aux abois bien avant la crise de 2014) en mettant dans la balance le procès de position dominante fait à Gazprom et en ouvrant des négociations en direct avec les gouvernements de Sofia, de Vienne et de Budapest.

Au mois de janvier 2014, les relations entre Bruxelles et Moscou étaient tendues sur les dossiers énergétiques mais rien n’était rédhibitoire. En atteste, le 13 janvier, la validation par l’UE de la prise de contrôle à 100% par Gazprom de Wingas (l’entreprise commune de Gazprom et de l’allemand Wintershall) : il s’est agi d’un renoncement pur et simple de l’UE à certains de ses principes du TEP.

Mais la crise ukrainienne a modifié la donne. Le basculement de Kiev dans le giron de Washington a sonné le glas des espoirs russes de mettre la main sur les réseaux ukrainiens. L’objectif des Etats-Unis est alors clairement apparu : préserver coûte que coût le rôle stratégique des réseaux ukrainien -et donc faire en sorte que le South Stream ne voit jamais le jour. L’arrivée du fils du vice-président américain Biden au board de Burisma (première compagnie gazière privée ukrainienne) est à l’image de la détermination américaine…

Incapable de s’opposer au “système US”, l’UE a alors pris acte du désastre : l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe n’allait plus dépendre des traditionnelles chamailleries contractuelles entre Moscou et Kiev, il allait désormais être à la merci d’une aggravation de la crise entre les Etats-Unis et la Russie. De fait, l’UE a soudainement compris que ce South Stream longtemps perçu comme inutile était devenu de la plus grande importance. Cet aspect n’a pas échappé à la Russie qui, en déclarant le projet caduc, a décidé de punir à son tour l’UE et de lui imposer ses propres “sanctions”.         

Dans son édition du 1er décembre, le New York Times parle de “défaite pour Vladimir Poutine” et de “grande victoire pour l’Europe”. C’est précisément l’inverse car, en souhaitant confier les clefs de l’approvisionnement du “corridor gazier sud-européen” à la Turquie, le leader russe enfonce la tête de l’Europe sous l’eau. La métaphore échiquéenne convient mieux ici que celle des arts martiaux : Vladimir Poutine a sacrifié une pièce majeure pour un avantage positionnel augurant d’un mat retentissant… 

Northstrem / Southstream

Claude Crouail

  05/12/2014

En réponse notamment au message de shalegas gate, je voudrais nuancer beaucoup la notion de “bonne volonté” ou de “souplesse” de la part de l’Europe.
A la suite des conflits sur les prix, les contrats et les paiements entre l’Ukraine et la Russie, l’Allemagne s’est retrouvée en grande difficulté lors de la 1ère crise et s’est immédiatement attelée à la recherche d’une solution. Rappelons qu’à l’époque, il n’existait qu’un robinet terminal de gaz qui se trouve au sud-est de l’Allemagne.
Sous le gouvernement du chancellier Schröder, une négociation tripartite a eu lieu pendant au moins deux ans si j’ai bonne mémoire, afin de parvenir à un partage des rôle et des coûts: modernisation du réseau, construction d’un tuyau “européen” totalement indépendant du réseau de distribution ukrainien. Cette né gociation n’apas abouti: l’Allemagne en voulait pour son argent, la Russie voulait sa part, mais l’Ukraine voulait garder le contrôle total du passage sur son territoire.
Northstream a donc été construit, et on peut affirmer que c’est autant “grâce aux” et “pour les” Allemands que la chose s’est faite aussi vite et aussi facilement. L’arrivée de Schröder à la tête du projet a contribué à  sa réalisation très rapide.
Les deux tuyauxarrivent d onc maintenantenllemagne et Mme Merkel n’a

Northstream / Southstream

Claude Crouail

  05/12/2014

Les deux tuyaux arrivant en Allemagne, Mme Merkel peut aujourd’hui se montrer exigeante, tatillonne, procédurière.
Mais elle est heureuse d’avoir du gaz qui ne passe par l’Ukraine, d’une part, et que les pays du sud européen dépendent totalement de l’Allemagne d’autre part
La réponse de M. Poutine est donc simple et triple, et non double: 1) le gaz passera par la Turquie (qui aura les taxes de transit), et donc ni par l’Europe ni par l’Ukraine, 2) sur les traces et peut-être en lieu et place de Nabucco comme l’a très bien dit le commentateur précédent, mais aussi, mais aussi, 3) l’Europe comptait aider l’Ukraine à payer son ga

Northstream / Southstream

Claude Crouail

  05/12/2014

L’Europe comptait payer du gaz à l’Ukraine en se payant sur les taxes de transit, voire en achetant le tuyau. La consternation vient donc aussi du fait que personne n’achètera un tuyau vide et que donc cette source de revenu disparait corps et bien.

Concernant Northstream/Southstream

dedefensa.org

  06/12/2014

Concernant les trois messages successifs de monsieur Crouail…

Il nous semble qu’il faut les lire en les enchaînant (en débarrassant les fins de textes de deux ou trois mots qui se retrouvent dans le début du suivant), et dans l’ordre inverse de la présentation.