Forum

Article : Monde et contre-monde

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Le virtualisme est un « beau conte de fée » de l'oligarchie financière

Francis Lambert

  18/06/2009

“Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni en particulier, l’effort financier public colossal réalisé en 2008 et début 2009 au seul profit des grandes banques a atteint un tel degré d’impopularité qu’il était devenu impossible au Printemps 2009 d’envisager de nouvelles infusions de fonds publics au profit des banques pourtant toujours insolvables (11).
Il est alors devenu impératif d’orchestrer un « beau conte de fée » pour pousser l’épargnant moyen à injecter ses propres fonds dans le système financier. A coup de « green shoots », d’indices boursiers poussés vers le haut sans fondement économique réel et de « remboursements anticipés de fonds publics », la mise en condition a été effectuée.
Ainsi, pendant que les grands investisseurs des monarchies pétrolières ou des pays asiatiques (12), profitant de l’aubaine, sortaient du capital des banques en question, une multitude de nouveaux petits actionnaires y entraient pleins d’espoir. Quand ils découvriront que les remboursements de fonds publics ne sont qu’une goutte d’eau par rapport à ce que ces mêmes banques ont obtenus en terme d’aide public (notamment pour garantir leurs actifs toxiques) et que, d’ici trois à quatre mois au maximum (comme analysé dans ce GEAB N°36), ces mêmes banques seront à nouveau sur le point de s’effondrer, ils constateront, impuissants, que leurs actions ne valent à nouveau plus rien. “
Extrait de :
http://www.leap2020.eu/GEAB-N-36-est-disponible!-Crise-systemique-globale-Le-choc-cumule-des-trois-vagues-scelerates-de-l-ete-2009_a3341.html

Rappelons nous par ailleurs que tout cela existe depuis longtemps :
“http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=5370
Déjà en Avril 2007 :
Tehran has reached a decision to end all oil sales in dollars (...)
About 60 percent of Iran’s oil income is currently in non-dollar currencies (...)
WND previously reported the late Iraqi dictator Saddam Hussein virtually signed his death warrant when he obtained the United Nations’ permission to hold his Oil for Food foreign exchange reserves in the euro.

Et enfin deux dépèches dans la ligne des prévisions de LEAP2020 :
AFP 18/06/2009 Le déficit public britannique s’est gonflé à 18,8 milliards de livres (22,1 milliards d’euros) en mai, contre 9,6 milliards un an plus tôt, beaucoup plus que prévu par les économistes, qui tablaient sur 15,5 milliards, a annoncé aujourd’hui l’Office des Statistiques nationales, l’ONS.

2009/06/17 Euro-zone April trade surplus widens, William L. Watts
LONDON (MarketWatch)—The 16-nation euro zone ran a 2.7 billion euro ($3.8 billion) trade surplus with the rest of the world in April, up from a 2.2 billion surplus in the same month last year and a 1.8 billion euro surplus in March, the statistics agency Eurostat reported Wednesday. Economists had forecast a deficit of 1.5 billion euros.

Arnold Toynbee

Francis Lambert

  18/06/2009

Chouette les ouvertures qu’apporte ce site même si après on se mélange parfois les pinceaux.

Dedefensa: agent du virtualisme et du catastrophisme ?

Frans Leens

  19/06/2009

Pourquoi participez-vous à la culpabilisation mondiale en relayant l’idée du « le développement accéléré de la crise climatique » ?

Le climat change, et alors. Il y a toujours eu des périodes plus chaudes et des périodes plus froides dans l’histoire de la terre.  Ce n’est que récemment que certains ont profité d’une période de réchauffement pour commencer à culpabiliser le monde entier par l’idée que le CO2 produit par l’homme en était la cause.  Il n’y avait pas de CO2 produit par l’homme par le passé, mais le climat changeait cependant régulièrement.  Depuis 2 ans le CO2 produit par l’homme est toujours là mais le climat mondial n’obéit plus et se refroidit. La plupart des statistiques sur lesquelles les réchauffistes s’appuient s’arrêtent à 2007 puisque les chiffres n’obéissent plus, depuis, à la doxa du réchauffement.

De nombreux scientifiques se sont retirés du GIEC arguant que ses conclusions sont plus politiques que scientifiques. C’est d’ailleurs par dizaines de milliers que des scientifiques américains ont signé un pétition de mise en question du consensus sur le réchauffement climatiques (http://www.alterinfo.net/Mise-en-question-du-consensus-sur-le-rechauffement-planetaire-Effets-environnementaux-de-la-hausse-du-dioxyde-de-carbone_a33476.html).

Alors, vous qui chassez le virtualisme en toutes saisons, ne tombez pas dans le piège de la culpabilisation mondiale sur le climat.

Succès en demi-teinte

Bilbo

  19/06/2009

Effectivement le fait qu’il y ait eu simultanément deux sommets à Ekaterinbourg, ville chargée d’histoire, a un rôle symbolique fort vis à vis de l’occident. Cependant le résultat de la rencontre des BRIC est pour le moins décevant.

“We are committed to advance the reform of international financial institutions, so as to reflect changes in the world economy. The emerging and developing economies must have greater voice and representation in international financial institutions, and their heads and senior leadership should be appointed through an open, transparent and merit-based selection process. We also believe there is a strong need for a stable, predictable and more diversified international monetary system.”

Sur la forme et le contenu, le communiqué final est très proche de ceux des G8, G20 et autres groupes du même acabit.

Si, en l’absence de l’occident, les quatre pays ne sont pas capables de s’entendre pour produire un communiqué plus revendicatif et/ou plus menaçant, nous risquons d’attendre encore un moment avant de voir les rapports de force évoluer significativement. Au reste le déséquilibre de ces derniers est souligné dans le même communiqué :

“We express our strong commitment to multilateral diplomacy with the United Nations playing the central role in dealing with global challenges and threats. In this respect, we reaffirm the need for a comprehensive reform of the UN. ... We reiterate the importance we attach to the status of India and Brazil in international affairs, and understand and support their aspirations to play a greater role in the United Nations.”

Là encore, ils demandent une réforme du système, mais comme à l’école : en levant le doigt. Il n’y a aucune menace qui transparaît. C’est juste le renouvellement d’une demande. Clairement ni la Chine ni la Russie n’ont assez de pouvoir pour forcer la réforme. “L’union fait la force” dit-on,  mais dans le cas présent les BRIC viennent d’avouer que leur force individuelle est encore bien faible.

Deux exemples récents vont en ce sens :
- depuis le 10 juin ils ont ont annoncer qu’ils allaient acheter les bons du FMI mais ils n’ont pas encore obtenu le moindre bout de réforme.
- la Chine vient de se faire renvoyer dans les cordes par l’Australie dans l’affaire Rio Tinto. L’offre était pourtant généreuse.

Je crois que l’évolution des rapports de force devra plus à l’effondrement de l’occident qu’à la montée en puissance des BRIC.

Source : http://www.atimes.com/atimes/Global_Economy/KF20Dj02.html

@Frans Leen : article récent du National Geographic News

Francis Lambert

  19/06/2009

http://news.nationalgeographic.com/news/2009/06/090618-co2-highest-carbon-dioxide_2.html

CO2 Levels Highest in Two Million Years

(...) What’s more, the average CO2 level during warm periods was 38 percent lower than the average we see today.

NB : à mon sens il faut encore de la prudence concernant le CO2. Ce qui est l’attitude scientifique.
L’influence des variations de l’ensoleillement fait aussi de plus en plus consensus. D’autres points sont toujours à l’étude et cela prend légitimement du temps.

Mais surtout :
il me semble que la déplétion des ressources et leur économie encourage fortement à augmenter notre productivité ... il n’y a pas moteur plus efficace pour sortir de la crise par le haut.

Economie signifie d’abord économe.
Minimiser les ressources coûteuses à l’entrée, minimiser les gaspillages par les rejets à la sortie.
Plus un moteur est efficace ... moins il a de rejets. Comme une usine.

Ces éléments se conjuguent pour nous convaincre de limiter les gaspillages dans nos pays qui doivent payer de plus en plus cher ces ressources.

La crise a déjà fait bien plus que Kyoto et beaucoup plus rapidement pour limiter le CO2. Et défier nos économies.

La sortie de crise (?) dans nos pays sans ressources abondantes passera par une révolution techno-sociale de grande ampleur.

Le CO2 signale un défi et une fantastique opportunité.

Des monstres sous les anges ?

Ilker de Paris

  21/06/2009

Une info sur le site du Figaro.fr sur la mort d’une manifestante iranienne devenue une “icône” du web : “Neda, martyre de la contestation et icône du web” : http://www.lefigaro.fr/international/2009/06/21/01003-20090621ARTFIG00119-neda-martyre-de-la-contestation-et-icone-du-web-.php

J’ai laissé un commentaire cynique, qui n’apparaîtra sûrement pas, mais j’ai de plus en plus l’impression que les gens des pays occidentaux sont en déficit de sentiments :

Aujourd’hui c’est du chacun pour soi, et comme on a quand même besoin d’amour, d’être aimé, de se décharger sentimentalement, d’exprimer ses sentiments (mais il n y a plus de receveurs)  il y a alors un double effet, manque et atrophie de “l’âme”.

Les causes comme celle actuellement iranienne permettent alors de se décharger sentimentalement, c’est un exutoire, les commentaires tout indignés, remplis, chargés de tensions émotionnelles des lecteurs montrent assez bien ce phénomène.

Une interview fait par un excellent journaliste, que d’ailleurs j’ai découvert ici, Souklaye Sylvain, une interview donc de Michel Maffesoli, sociologue de profession, affirme justement qu’on arrive à une époque “d’hystérie commune”, ce qu’il trouve être bien, ce qui pour ma part est inquiétant, car si l’Occident ne détruit pas encore complètement l’Autre c’est parce que justement il y a un vernis de raison. 

Je recoupe cela avec un autre article, assez illuminé, dans le site Liberation.fr, où l’auteur, un Hollandais, Peter van Ham, président d’un groupe de “réflexion” (mais ça doit pas voler très haut), déclare que l’Europe doit se faire “méchante”, qu’elle doit “s’engager dans des interventions militaires(...) même sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU”, que la guerre doit être le ciment des européens etc.

Hormis le fait que ce programme très très à “droite” passe sans prise de distance dans un journal de “gauche”, ce qui n’est pas sans signification, on sent (et voit) bien qu’on change d’époque que le vernis droit de l’hommiste cède de partout, (à force de se montrer comme angélique, de refouler les colères, le négatif en général, on arrive à un point où ça explose souvent pour le pire), on va donc voir ce (quelle visage) va apparaître.

Interview de Michel Maffesoli : http://vodpod.com/watch/1152142-michel-maffesoli-et-lorgie-par-souklaye-sylvain?mp=1&pod=souklaye

Article de Peter van Ham : http://www.liberation.fr/monde/0101570629-l-europe-doit-etre-prete-a-la-guerre

En 1931 la France était dans la situation financière du "contre-monde" ... le piège des réserves en devise

Francis Lambert

  22/06/2009

China’s Syndrome: The “dollar trap” in historical perspective,
Olivier Accominotti, PhD candidate in economics at Sciences Po, Paris, 23 April 2009
http://www.voxeu.org/index.php?q=node/3490

Extrait :

The origin of the problem lay in the government’s decision of 1926 to peg the franc to the sterling and dollar, two years before re-establishing the gold standard. Since the trade balance was in surplus and capital was flowing into the country, this goal was achieved through public purchases of foreign exchange. The Bank of France therefore accumulated a bulging portfolio of foreign holdings.

At the end of the 1920s, the country held more than half of the world’s volume of foreign reserves.

French policy over subsequent years has been heavily criticized for being destabilizing. British contemporaries, like Paul Einzig, accused France of using its reserves in order to weaken the pound before the sterling crisis of September 1931. Others have noted that French conversions of foreign assets into gold after 1931, by imposing constraints on their money supplies, put intense deflationary pressures on other countries on the gold standard.

Le silence comme signe du dogmatisme.

Ilker de Paris

  25/06/2009

Concernant la crise financière aujourd’hui, qui quand même est profonde, les médias officiels ne sont certainement pas à hauteur. On se serait attendu par exemple à des émissions qui questionnent le système économique et financier dans lequel on vit, s’il est viable justement, ouvert à l’avenir, s’il a un avenir, si l’instabilité actuelle est fondamentale ou pas, au lieu de ça on a des reportages à la mords-moi le noeud, de Obama qui ne sert pas la main à Sarkozy au G20, de la burqa qui menace le monde, rien en somme.

Cela démontre en tout cas qu’on est dans un monde dogmatique, en effet il ne s’agit de savoir si le système est bon, et donc d’avoir un rapport objectif à celui-ci, mais comment le préserver - en le critiquant le moins possible effectivement.

On objectera que ce système n’est pas parfait mais “par rapport” aux autres il mérite d’être défendu (même par de la propagande, déformation, du virtualisme). Pourquoi pas, mais alors il faut accepter le fait que ce système n’est pas ouvert, c’est-à-dire qu’il enferme l’homme pas moins (sinon mieux) qu’ailleurs.

"Nous avons eu le pouvoir, maintenant il nous faut l’argent"

Ilker de Paris

  26/06/2009

Une analyse de l’histoire de la finance qui s’interroge sur son “utilité” sociale et où on apprend notamment que c’est sous la “gauche” que la France est entrée de plein pied dans le monde dérégulé et autres produits dérivés : 

“Ces deux phases ont un point commun : de manière directe ou indirecte, l’Etat oriente les capitaux conformément à sa volonté politique. Une rupture intervient au milieu des années 1980 quand la puissance publique décide d’organiser son propre retrait et, simultanément, de favoriser l’essor des marchés financiers. Les entreprises seront incitées à trouver des capitaux à la Bourse, les prêts subventionnés seront supprimés, et les banques s’ébroueront dans les eaux glacées de la concurrence. Ce troisième acte, sur lequel la crise ouverte en 2007 fait tomber un rideau (final ?), présente une particularité : il a été écrit par un gouvernement de gauche.

Des socialistes qui ancrent la Bourse au cœur du moteur économique ? Nul ou presque n’imagine un tel scénario au soir du 10 mai 1981. Après les nationalisations de 1982, l’Etat tient seul la barre. Il contrôle le crédit, les prix, les salaires, les changes. Les marchés financiers sont réglementés, cloisonnés, réservés à certains agents et peu concurrentiels. « Cette organisation des marchés répondait à un souci de sécurité absolue qui a longtemps prévalu sur toute autre considération », explique M. Jean-Charles Naouri, alors directeur de cabinet du ministre de l’économie et des finances Pierre Bérégovoy (3).

La sécurité ? Une valeur assez vite dépassée. Quatre ans plus tard, la place de Paris dispose d’un marché des capitaux déréglementé, unifié, ouvert à tous, cavalant après Londres et Chicago sur le terrain des produits dérivés les plus sophistiqués. « La Bourse est en pleine effervescence ; les capitaux viennent à flots, triomphe l’essayiste Alain Minc. Le marché, en un mot, est enfin roi. » (L’Expansion, 18 avril 1986.) Plusieurs raisons ont incité le gouvernement socialiste à pousser dans le même sens que Mme Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan aux Etats-Unis le balancier de l’économie politique qui oscille depuis deux siècles entre l’Etat et le marché.”

pour lire l’analyse complète (qui pas mal instructive) : http://www.monde-diplomatique.fr/2009/04/RIMBERT/17031#nh9

Egalement une information lue dans un forum (à confirmer donc), les gros bonus pour les banquiers feraient leur retour après une brève parenthèse “morale” :

“Le retour des gros bonus pour les banquiers 23/06/2009

Goldman Sachs devrait distribuer les bonus les plus importants de son histoire cette année selon The Guardian. Malgré les discours et les projets de réforme

Les employés de Goldman Sachs à Londres ont reçu une bonne nouvelle la semaine dernière : ils peuvent s’attendre à la plus importante distribution de bonus de l’histoire de la banque !”

http://www.boursorama.com/forum/message.phtml?file=387720806