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Article : L’Occident est-il perdu ?

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Ma réponse à la question posée par Jacques Sapir

jc

  13/04/2019

Sapir: "Bref, comment réconcilier unité et diversité ? Ou, plus exactement, comment à ce sujet articuler la dialectique entre l'unité et la diversité ? Voilà des questions que l'on peut se poser à la lecture du livre d'Henri Guaino."

Cette phrase a aussitôt accroché mon regard puisque l'articulation de cette dialectique je l'ai proposée (et la propose toujours) comme devise de la VIème république¹: Unité-Harmonie-Diversité, devise à la base d'un projet politique fondé sur l'harmonie homme-femme, l'idée de base étant l'analogie corps humain-corps social (où le corps humain doit être -pour que l'analogie biologie-sociologie fonctionne- le corps "enlacé" homme&femme), idée de base fondée sur la citation thomienne suivante, selon moi absolument fondamentale (et que je cite souvent car elle licite l'anthropocentrisme, en l'occurence ici en politique):

"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés, ainsi l'usage de vocables anthropomorphes en Physique est foncièrement justifié." (SSM, 2ème ed. conclusion)

J'en profite pour tenter de mettre ici au net les raisons -qui sont plutôt un mixte de raisons, d'intuitions et de fantasmes- pour lesquelles j'associe l'unité à la femme et la diversité à l'homme, raisons que j'ai éparpillées -pour la plupart- ces derniers mois au fil de mes nombreux commentaires.

Dans l'acte sexuel, acte fondateur de la perpétuation de l'espèce, l'acte fondateur pour le mâle est une séparation² (le mâle se sépare de spermatozoïdes) alors que c'est une réunion -des gamètes- pour la femelle. J'en déduis pour la femme une aptitude naturelle pour la synthèse, pour l'unification, pour la permanence (progression cyclique), pour la survie de l'espèce, et pour l'homme une aptitude naturelle pour l'analyse, pour la diversification, pour le changement (progression linéaire), pour la survie individuelle (ou de la cellule familiale).

En couplant avec l'association aristotélicienne matière-forme, déployée en matière-matière grise-ovule et forme-idée-spermatozoïde, on obtient par le mixte ci-dessus:
- la femme plus matérialiste, plus dans le réel, l'homme plus idéaliste, plus dans l'imaginaire;
- la femme plus informelle, plus légitimiste, l'homme plus formel, plus légaliste;
- la femme plus conciliante (mieux vaut un désordre qu'une injustice), l'homme plus rigide (mieux vaut une injustice qu'un désordre).

Il suit que les logiques masculine et féminine sont différentes:
- la femme viole plus facilement le principe de non contradiction -mais respecte le principe du tiers exclu, sa logique est une logique paraconsistante;
- l'homme au contraire respecte le principe de non contradiction mais viole plus facilement le principe du tiers exclu, sa logique est une logique intuitionniste, constructiviste.

Il suit que la femme est plus holiste, plus penseuse du continu et de la régularité, plus "spatiale", plus "la chair se fait verbe", alors que l'homme est plus réductionniste, plus atomiste³, plus penseur du discret, de la singularité, plus "temporel", plus "le verbe se fait chair".

(Je pense également, au flair, que la femme est plus dans la fonction -la femme fonctionnaire- et l'homme plus dans la structure -MacGyver!-.)

En couplant avec l'opposition aristotélicienne puissance/acte et l'axiome thomien ABP (l'Acte est le Bord de la Puissance), je vois la femme plus "en puissance" et l'homme plus "en acte", l'homme plus préoccupé par les limites -d'où son envie fréquente de les transgresser pour les tester-, la femme plus "femme d'intérieur".

(Dans l'analogie thomienne sujet-verbe-objet/endoderme-mésoderme-ectoderme, le sujet est "endo". Puisque dans pratiquement toutes les traditions(?) la femme est "femme d'intérieur", l'analogie ci-dessus fait de la femme le véritable sujet (et l'homme l'objet, le fake-sujet)...)


En conclusion. Une organisation politique où les hommes seraient opposés aux femmes (les hommes au palais Bourbon, les femmes au palais du Luxembourg) me semble tout-à-fait digne d'être examinée, la raison principale étant, selon moi, qu'une telle organisation réintroduit immédiatement une finalité qui manque cruellement dans le système politique actuelle: l'enfant à venir, et donc la survie de l'espèce. Selon moi il y a dans ce qui précède un véritable fond de naturalité qui amène à regarder d'un oeil critique l'actuelle "classique" opposition gauche-droite.


Remarque terminale:

 Séparer l'idée de la matière grise, autrement dit séparer virtuellement le spermatozoïde de l'ovule, "tourner le film à l'envers", c'est, selon moi, l'exploit qu'a esquissé -sinon réussi- Thom avec sa théorie des catastrophes, théorie "hors substrat" -c'est-à-dire déganguée de tout substrat donc applicable à tous-, théorie purement platonicienne, planant dans le ciel des Idées.


¹: Bien entendu cela sous-entend l'abandon de la précédente devise Liberté-Égalité-Fraternité, puisque pour moi il n'y pas égalité homme-femme -ce qui permettra, techniquement, d'avoir éventuellement des lois spécifiques à chacun des sexes, lois qui rompent l'égalité républicaine.

²: Thom: "L'acte fondateur sépare". Thom a-t-il tendance à penser "en mâle"?

³: Descartes: "Le second [précepte], de diviser chacune des difficultés que j’examinerois, en autant de parcelles qu’il se pourroit, et qu’il seroit requis pour les mieux résoudre."
 

L'occident est il perdu ? et pourquoi pas mouru pendant que l'on y est !

patrice sanchez

  14/04/2019

Oups, désolé j'ai fait une fausse manip !
Une telle candeur dans l'analyse écrivais-je force l'admiration, Guaino avec Chevénement et de Villiers, forment une sacrée triplette redresseuse de système tordu.
Parlons-en du système pendant que nous y sommes, un système dualiste mortifère, avec ces idéologies insanes que sont le socialisme et le capitalisme, des idéologies destinées à se rejoindre pour l'avènement du nouvel ordre mondial, un monde de zombis totalitaire ! Après l'archipel du goulag socialiste, nous sommes entrés de plain pied dans le goulag démocratique capitalistique mondial, un meilleur des monde transinhumain totalement zombifié à l'insu du plein gré de l'humanité !
Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir été prévenus, Nietzsche, Guénon, Soljenitsyne entre autres ... et pendant que les trois cavaliers de la virginité à la suite de Jeanne, après en avoir usé et abusé tout comme leurs copains coquins politicards et intellectocards de ce système machiavélique pour ne pas dire le cran du dessus du machiavélisme, croient s'en refaire une de virginité en nous pondant des livres enfonceurs de porte du système défoncée après que les gilets Jaunes eurent enfoncée celle de ce pitre macroniste Griveaux !
Monsieur Grasset nous retranscrit parfaitement à longueur d'articles cet état des lieux, à force de vouloir se prendre pour dieu ou satan, l'animal homme est sur le point de recevoir un retour de manivelle, un retour de balancier cosmique ... car n'en déplaise à tous ces idéologues stipendiés depuis de nombreux siècles, il n'y a que l 'amour et l'entraide qui pourront sauver l'humanité.
Pour mon compte, j'en suis arrivé à l'intuition plus que prégnante que l'époque à laquelle nous assistons est un passage obligé, et que c'est grâce au mal que nous pourrons nous transcender collectivement et nous défaire enfin et définitivement de nos chaines mentales…
Je me permets de joindre un lien sur la doctrine trop méconnue du Zoroastrisme dont Nietzsche aura trouvé source d'inspiration à n'en point douter pour son Zarathoustracomme évoqué dans l'entretien et sa pensée ô combien féconde et fécondée par son âme soeur dont il nous parle tout dulong du Zarathoustra, âme soeur qu'il aura redécouverte par son expérimentation de pensée solitaire, l'ascèse de la liberté de penser pour reprendre Camus.

https://www.gatha.org/index.php?option=com_content&view=article&id=366:lentretien-avec-khosro-khazai-pardis-sur-la-radio-france-culture&catid=1

Dernièrement j'ai relu « Ainsi parlait Zarathoustra » avec des yeux neufs et je suis
en mesure de «révéler» désormais que tout au long de " son œuvre maîtresse ", Nietzsche nous parle de son expérience hautement spirituelle avec son âme soeur, la connexion qu'il avait réussi à établir
avec son être le plus profond.
Ainsi parlait Zarathoustra, PP 184-185, Editions Gallimard
« N'es-tu cette lumière que réclame mon feu ? N'es-tu pour mon discernement cette âme qui est une soeur ?
Ensemble nous avons tout appris ; ensemble nous apprîmes, plus haut que nous mêmes, à nous élever jusqu'à nous-mêmes, et à sourire sereinement.– à sourire sereinement là-haut, sourire des yeux clairs et des immenses lointains lorsqu'au dessous de nous exhalent leur pluvieuse vapeur contrainte et but et faute.
Et je cheminais seul ; de qui avait elle faim, mon âme, sur des sentiers de nuits et d'égarement ?
Et lorsque je gravis des montagnes, qui cherchais-je jamais si ce n'est toi, sur les montagnes?
Et tout mon cheminement et toutes mes escalades, rien que nécessité et expédient d'inexpert ; – voler, c'est cela seul que veut mon entier vouloir,
jusqu'au dedans de toi, voler !
Et qu'ai-je plus haï qu'errantes nuées et tout ce qui le souille ?
Et j'ai même haï ma propre haine parce qu'elle te souillait !
A ces errantes nuées j'en veux, à ces chattes ravisseuses qui se glissent ; elles nous privent tous deux de ce qui nous est commun : l'immense et
sans limites dire Oui et dire Amen ! »
Le Zarathoustra » est une ode à cette âme soeur que Nietzsche avait redécouvert grâce à son expérimentation de pensée solitaire, il en parle
et la décrit merveilleusement dans « Ecce Homo » où il relate son expérience de l'inspiration tout droit venue " d'un ailleurs "... Par delà bien et mal, l'âme soeur qui nous offrirait la possibilité de nous
reconnecter à notre part de Divinité sommeillant en chacun de Nous ?!
 

Éternel retour?

jc

  14/04/2019

Dans cette lutte prodigieuse entre la matière et la forme,
Dans cette lutte prodigieuse entre la puissance et l'acte,
Dans cette lutte prodigieuse entre le yin et le yang,
Dans cette lutte prodigieuse entre la permanence et le changement,
Dans cette lutte prodigieuse entre l'espace et le temps,
Dans cette lutte prodigieuse entre la femme et l'homme.

PhG, cite Daniels Rops dans le tome II de "La Grâce de l'Histoire":

"Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…"

et écrit à ce propos (p.332 -je fais de la pub pour le tome III¹-):

"Notre hypothèse est désormais qu'il s'agira désormais d'un des thèmes majeurs, sinon du thème majeur du Premier Cercle, le troisième tome de "La Grâce".

Nous quittons le Kali Yuga qui termine une ère masculine et rentrons dans le Satya Yuga, qui inaugure une ère féminine.

Le soleil se couche à l'occident et se relève à l'orient (la vie a un sens).

(La nouvelle "route de la soie" ne préfigure-t-elle pas ce vers quoi il nous faut dorénavant nous tourner?)

L'Occident est en train de disparaître derrière l'horizon.

Réapparaîtra-t-il un jour? Réapparaîtra-t-il toujours?


¹: En attendant le tome IV (Le coeur de cible?):

"Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue…" (Citation d'un certain Daniel Vouga extraite de son "Baudelaire et Joseph de Maistre"

(Tome IV que PhG a tout le temps d'écrire. N'habite-t-il pas en effet rue du centenaire?)