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Article : L’hypothèse d’un “tourbillon cyclique”

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Un point...

jc

  18/03/2017

C'est ce genre d'article "de fond" que j'affectionne et qui m'incite une fois encore (je radote), sur ce forum transformé pour l'occasion en divan psychanalytique, à faire un point…


PhG: "La domination de notre contre-civilisation par la technique (...) s'est prodigieusement et exponentiellement trouvée équilibrée, compensée, voire de plus en plus, remplacée par le sentiment d'absence de sens, de vide spirituel, etc., directement lié à cette puissance du technologisme."
Ce qui fonde et domine la pensée c'est l'opposition discret/continu.
En maths c'est l'opposition algèbre/géométrie qui domine la pensée mathématique et c'est la géométrie qui limite le décollage sémantique de l'algèbre; c'est le réalisme de la géométrie qui limite le nominalisme de l'algèbre.

La Physique moderne (post-galiléenne) a clairement choisi de privilégier la calculabilité par rapport à la stabilité structurelle et une grande partie des mathématiques s'est développée (et se développe encore) comme servante de cette Physique "scientiste".

De façon cohérente avec le développement de la Physique moderne, le matérialisme qui s'est développé à partir de la Renaissance et qui règne actuellement quasiment sans partage a naturellement choisi le camp du discret: nominalisme, atomisme, réductionnisme, numérisation, postulat de l'imbécillité de la matière, etc. Pensée quasi-purement extensionnelle, pseudo-objective, rationnelle certes, mais au prix d'une quasi-insignifiance (syllogisme & co.). Empirisme, expérimentalisme, pragmatisme, positivisme. Dans ce cadre le problème de l'existence d'un centre organisateur ("le mystère de l'unité primordiale" dont parle PhG à la fin de son article) n'a aucun sens.

Qu'est-ce qui, dans la société actuelle, joue le rôle que la géométrie joue en maths? Nous sommes bien obligés de constater que les barrières sémantiques traditionnelles sont en voie de disparition (et que, de toute façon, le Système les ignore); et quand les garde-fous disparaissent, on ne peut guère s'étonner que la folie apparaisse…

Notre contre-civilisation a choisi la domination du discret sur le continu. Selon moi le choix de l'antiSystème ne peut être que le choix inverse du continu qui précède ontologiquement le discret. C'est le choix de l'intelligibilité ( indissociable du continu), du sens**. C'est aussi le choix du retour d'une pensée intentionnelle***, le retour du sujet, l'acceptation du postulat d'une matière intelligente (et intelligible), avec laquelle on peut (et doit) dialoguer.

En ce qui concerne les cycles, on en observe beaucoup dans la nature. Si, à la suite de Thom, on accepte l'idée qu'il y a une analogie entre les évolutions des phénomènes naturels, de l'homme et des sociétés, parce que ce sont les mêmes dynamiques qui sont à l'œuvre, alors il n'y a aucune objection à l'idée que des cycles puissent apparaître dans l'évolution des civilisations (par contre je ne dispose d'aucun argument "théorique" justifiant le cycle à quatre temps issu de la Tradition hindoue).

Je suis convaincu que le Système finira par s'effondrer devant des forces infiniment supérieures, mais qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour résister le plus longtemps possible. Et je suis convaincu que plus ce temps sera long, plus l'effondrement sera catastrophique (au sens commun du terme)...

*On constate le décollage sémantique de l'algèbre dans la complication toujours croissante des logiciels informatiques: F-35, finance, etc. 

** C'est le seul choix qui permette de résoudre les paradoxes de Zénon.

*** Thom: "Avant Frege il y a eu Boole et c'est le commencement de la catastrophe. Nous pensons, en réalité, toujours selon la compréhension des concepts et pratiquement jamais selon leur extension. Penser cela, et c'est là l'hypothèse des logiciens, c'est rendre la logique solide mais ruiner son efficacité psychologique. On pense toujours intentionnellement. Personne ne peut définir l'extension du concept "rouge" . Cela n'a pas se sens. On ne peut pas capturer ce pseudo-ensemble. Je sais bien que beaucoup de gens aujourd'hui gagnent leur vie en programmant des logiciels avec cette logique venue du siècle dernier [XIXème]. Je crois qu'on peut le déplorer car c'est une simplification trop grande du réel."


"D'un être -ou objet- on distingue classiquement son existence, son Dasein, le fait que l'être occupe une certaine portion d'espace-temps, et son essence, c'est-à-dire la totalité de ses aspects, de ses qualités. L'attitude matérialiste en Science consiste à dire que l'existence précède l'essence (en fait implique l'essence); le modèle de la théorie des catastrophes en Morphogénèse va à l'encontre de cet axiome, car il présuppose que, dans une certaine mesure, l'existence est déterminée par l'essence, l'ensemble des qualités de l'être. On peut y voir une résurgence du schème aristotélicien de l'hylémorphisme: la matière aspirant à la forme."


 

La Grace , au final , ne serait elle pas en train d'opérer ?

Christian Feugnet

  18/03/2017

Il me semble qu'il y a quelque part une contradiction .
La 4e phase c'est entendu serait celle de l'Empire , la décadence accélérée , etc ...Or il semble bien que pour reprendre l'image scatologique le Diable se fait chier , là tout de suite ; on devait avoir un César , marié à Cleopatre et on a un Brutus ( Bannon/Trump )  dont on suppute le succés , au moins en guerre civile chaotique .
Toynbee n'a pas trouvé le cycle de 1000 ans , il l'a repris du trés sulfureux Oswald , rayé de la mémoire Systéme mais il en a ajouté un de 250 ans , ( les phases comme défis successif ) qui çà tombe bien laisse une chance à l'Empire anglo-saxon .
On pourrait y ajouter les Kondratiev, et méme les Juglars , à mon avis , car il se trouve  que dans un tourbillon systéme pur ( = de laboratoire ) le dédoublement de cycles , la bifurcation ,  s'effectue selon un facteur de 4.66…..( nombre remarquable de Feigenbaum , peut étre transcendant ) . Donc en gros 4 .( 1000/250/55/10 ) .
C'est quand méme étrange , cette explosion démographique , qui d'ailleurs semble se calmer ( généralisation mondiale ( sauf encore en Afrique , quoique ...), cette particularité que cette fois l'Empire serait effectivement mondial , géographiquement et que se dévellopent des entités globalistes ( internet , par ex ) , sans rapport avec les Goldfingers et ses autres avatars des premiers James Bond avec Sean Connery ( la transnationale Calife à la place du Calife)  , conformément à l'esprit de l'auteur écrivain  encore vivant ( et véritable agent secret ) et non des films suivant ( guerre froide néoconne anticipée et bashing Russophobe )   .
Il semblerait bien , à mon avis que la 4e phase , quoique tentant de percer ne se déroule pas selon le scénario .
Question entropie le véritable fondateur de l'écologie politique , auquel les écologistes se gardent de faire référence  Nicolas Georgescu-Roegen a mis en évidence que les nuisances de toutes espéces ( sans jeu de mots) avec le technologisme , croissait beaucoup
plus vite que celui ci contebalançant et au delà ces avantages apparent . ( Sauf une peu probable mise au point de la fusion nucléaire ) .  Rien ne va plus dans les cycles , le tourbillon crisique pourrait il changer de sens ? Oui , si l'apport énergétique au Systéme décroit , au lieu de croitre , incessement .

Technologisme vs écologisme

jc

  19/03/2017

Dans cet article comme dans bien d'autres PhG insiste sur le problème fondamental du sens, de la sémantique.


Thom a proposé une esquisse de théorie de la signification (cf. Modèles mathématiques de la morphogénèse). Ce n'est pas le seul ni le premier à s'être préoccupé de ce problème fondamental.

La métaphore suivante illustre parfaitement, selon moi, l'artificialité de la position-Système et ce que devrait naturellement être la position-antiSystème:

« Le mécanisme de n’importe quelle machine, une montre par exemple, est toujours construit de manière centripète, c’est à dire que toutes les parties de la montre, aiguilles, ressorts, roues, doivent d’abord être achevées pour être ensuite montées sur un support commun.
Tout au contraire la croissance d’un animal, tel le triton, est toujours organisée de manière centrifuge à partir de son germe; d’abord gastrula il s’enrichit ensuite de nouveaux bourgeons qui évoluent en organes différenciés.
Dans les deux cas, il existe un plan de construction; dans la montre, il régit un processus centripète, chez le triton, un processus centrifuge. Selon le plan les parties s’assemblent en vertu de principes opposés. » J.V. Uexkull, Théorie de la signification.

Cette citation de Uexküll incite à méditer une phrase de Daniel-Rops à propos de Rodin, phrase qui revient souvent sous la plume de PhG dans le tome II de "La Grâce de l'Histoire", et qui, annonce l'auteur p.410, servira de colonne vertébrale au tome III:
"Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…"