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Article : Le Tome-III à l’horizon

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QUAND le livre sera t-il prêt?

D.M.

  12/11/2018

Passage sublime! Le tome III, je vous l'achète! Maintenant, je passe commande, là, tout de suite!

Ce qui me fascine chez PhG

jc

  12/11/2018

PhG: "(...) les choses trouveront leur ordre en suivant la plume, – laquelle, je le soupçonne, sait déjà..."

"La plume, vous dis-je, guide la main et oriente l’esprit : au moment crucial il n’y a qu’à  suivre, c’est elle qui décide."

En écho de ce qu'il écrit dans "Le désenchantement de Dieu" (l'introduction probable de "La Grâce III"):

"de même que les mots et les phrases qui naissent de-ci de-là, de ma plume, je ne crois pas que tout cela soit de moi ; cela m’est un don, c’est-à-dire quelque chose que l’on voulut bien me donner pour que j’en fasse le message, que j’en sois le recéleur puis le porteur et rien d’autre, rien de plus…"

"Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou."

Pour moi PhG a un don, un don que n'ont pas les autres intervenants sur ce site (ni sur les autres que je fréquente, il s'en faut de très loin); c'est ça qui me passionne et me fascine. Est-ce que ce don a un rapport avec le comportement des poilus à Verdun? Je me demande si la réponse ne pourrait pas être: oui.

La pensée de Thom me fascine également. C'est pour moi un géant de la pensée occidentale, sinon universelle. Apparemment il n'y a pas beaucoup de monde à penser comme moi, pas Wikipédia en tous cas! Enfin… Les habitués du blog de Paul Jorion d'il y a quelques années et les habitués actuels de Dedefensa sauront que Thom existe…

Quel rapport entre mes deux fascinations façon âne de Buridan? La réponse: un paragraphe du dernier chapitre de SSM, 2ème édition** (Chapitre intitulé "Pensée et langage"*), paragraphe intitulé "Les automatismes du langage".

A force de lire et de relire Thom je me suis convaincu qu'il y avait un rythme de l'univers, un rythme tension-relâchement que l'on retrouve à toutes les échelles de temps, par exemple celui du rythme des poumons (inspiration-expiration) ou du coeur (systole-diastole), mais aussi celui du rythme des civilisations, rythme que j'ai retrouvé en lisant Guénon (Paradis terrestre-Jérusalem céleste) et bien sûr, PhG. Il y a, je le sens -tel Rantanplan- un peu moins confusément tous les jours, le même rythme entre la pensée et le langage, une période de relaxation (méditation, rêve) pendant laquelle on pense, et une période de contraction, de tension, de condensation, de solidification***, d'accouchement de la pensée, pendant laquelle on s'exprime, verbalement ou par écrit pour les "littéraires".


*: A comparer au bouquin de Chomsky "Le langage et la pensée" (l'ordre des mots a de l'importance).

**: Dans l'avant-préface de cette deuxième édition Thom écrit: "Remettant à plus tard le projet ce trop vaste projet [de remanier entièrement la première édition], j'ai décidé de laisser paraître une seconde version, qui ne diffère essentiellement de la première qu'en son dernier chapitre (langage et pensée), lequel a été considérablement remanié." La densité de ce chapitre remanié est en effet très grande; selon moi presque chaque phrase pèse, souvent d'un poids d'or.

***: Allusion à Guénon.
 

Le Maître des lettres

D. M.

  20/12/2018

Vous avez absolument raison. Philippe Grasset est une sorte de génie de l'écriture, et son génie se manifeste le mieux dans le caractère parfait du rendu qui nait de sa plume au premier jet; de sa manière elle-même d'exprimer une idée ou même un simple fait, par le choix inimitable des mots, de la tournure, du style qui s'y expriment en profondeur instantanément, sans aucun effort a t-on l'impression, comme un Mozart qui improvise. C'est ce qui rend les articles de l'auteur incomparables, et sans aucune commune mesure avec les autres articles de ce site.  Mais l'étrange et curieux problème qui se pose, c'est que cette situation rend les retouches fort périlleuses; le risque, si l'auteur se prend à retravailler son oeuvre, c'est qu'il l'abîme sans le savoir et en croyant bien faire, car elle n'est pas améliorable en vérité: PhG ne semble pas le savoir, mais très souvent, dès l'origine, son texte est parfait.

Voilà peut-être la clé de la compréhension de quelques critiques injustes qui furent dites maladroitement ici ou là sur le forum; parce qu'il y a peut-être eu quelques retouches qui furent faites pour chercher à dépasser cette sorte de "perfection-née", (on ne dépasse pas la perfection), quelle que louable qu'en soit l'intention, et qui ont manifestement entravé la rédaction de La Grâce; et dont chacun regrette qu'elles aient pu avoir un effet aussi effractant dans la psychologie de l'auteur.

Est-ce là aussi l'origine, je veux dire cette perfection au premier trait de plume, d'un certain manque d'assurance qui transparait chez l'auteur quand il est face à "l'épreuve" de publier un livre? En écrivant, vous partez de très haut sans trés bien vous en rendre compte, et tout se passe comme si à l'issue d'un certain travail de relecture, vous ne saviez plus très bien à quelle hauteur vous êtes finalement parvenu; si les retouches que vous avez pu faire et auxquelles vous avez peut-être travaillé fort soigneusement ont amélioré votre oeuvre, ou si ce ne fut pas le cas; un peu comme un pilote d'élite qui, si vous me pardonnez cette comparaison, après une ressource trop brutale aurait "perdu" l'altimètre dans un voile noir, et qui aurait besoin avec anxiété d'entendre la voix des autres pour pouvoir réappréhender dans cette sorte d'instant critique son horizon perdu.

Courage Monsieur PhG, vous êtes dans "l'au-dessus", et même le "très au-dessus".

(Ici, le texte est bon; ce n'est pas son côté dramatique ni même poignant qui soulève l'enthousiasme, mais que le texte soit… "bon"; un peu comme l'on pourrait dire à un musicien que l'important n'est pas que la sonate soit en ré ou en sol, ou que tel contrepoint s'y ajoute finalement; mais que la mélodie soit TRES belle dès la première inspiration.  On pourrait faire un parallèle avec certains articles que vous avez écrits récemment sur la Grande Guerre, et qui vous honorent - et qui sont peut-être quelque peu meilleurs…, Comment dire?... Par leur force d'écriture, par le fait qu'ils sonnent "vraiment" juste d'emblée).

...J'espère n'avoir pas été trop sincère dans ce commentaire. Puisse-t-il seulement vous témoigner notre admiration.