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Article : Israël, dérive ou destination naturelle ?

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Précisions

Laurent Caillette

  24/07/2018

Tout d'abord merci à Badia Benjelloun pour ce panorama de l'entité sioniste.

Sans chercher trop loin, quelques précisions sur la Hongrie.

Les juifs ont été exécutés en masse en Hongrie durant la période où Horthy était assigné à résidence. Les pro-nazis l'avaient mis sur la touche et il ne dirigeait plus grand-chose.

Concernant les milliards versés à la Hongrie, c'est la rémunération contractuelle de l'ouverture du marché intérieur et de la conversion des industries aux normes édictées par l'UE. Dire que les élites en profitent, c'est un lieu commun applicable à tous les pays de l'UE. Tant que les élites hongroises seront servies avant les élites bruxelloises, la Hongrie sera coupable de corruption. 

La campagne d'affichage contre Soros dénonce les opérations de destabilisation menées contre l'État hongrois et la société hongroise. Il y a plus de 100.000 juifs hongrois dans le monde, et Soros est le seul à faire l'objet d'une telle campagne, qui à aucun moment n'évoque sa judaïté. Les "relent d'antisémitisme" sont largement fantasmés, bien que les  concepteurs de la campagne en jouent, avec un message qui nous dit "On dénonce quelqu'un dont tout le monde sait qu'il est juif, sans égard pour le fait qu'il soit juif, et de ce fait on évite d'inventer un régime d'exception pour les juifs, car justement c'est cela qui fournit le terreau de l'antisémitisme." 

Concernant la "peur irrationnelle d'une invasion musulmane" c'est assez facile à rationaliser. Toute société possède une capacité d'assimilation limitée pour des nouveaux venus. Viktor Orbán fait son fonds de commerce de la préservation de l'identité chrétienne de la Hongrie, et l'opposition a fait preuve d'une stupéfiante incapacité à contre-argumenter autrement que par des formules type "Accueillons tout le monde ou nous sommes des nazis." Voilà pour l'irrationalité.

Une constante de la politique extérieure hongroise, c'est de chercher des accords bilatéraux avec des pays de taille comparable. Avec ça et une puissante minorité juive, comment la Hongrie ferait-elle l'économie d'une bonne relation avec Israël ? Pour Orbán c'est aussi une façon de se dédouaner des accusations-réflexe d'antisémitisme pour pas cher (par exemple, au cas où la campagne contre Soros n'aurait pas été bien comprise). La vraie difficulté se situe sur le front intérieur, car il faut endiguer l'avancée du paquet émotif qui impose la fausse équation :

sionisme = identité juive = hystérie victimaire = compassion = progressisme = gauche libérale internationaliste

Mais ce problème se pose pour tous les pays occidentaux. D'une façon à peine voilée, l'appareil de communication institutionnel y impose le sionisme comme valeur morale de substitution.