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Article : Glossaire.dde : à propos de “notre” métahistoire

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Métahistoire et catastrophes thomiennes

jc

  30/05/2016

PhG: "Commentées autrement, ou disons plus avant qu’elles ne sont dans ces extraits, ces remarques signifient autre chose. Entre une cause dérisoire et totalement impuissante selon l’entendement uniquement rationnel et ses effets “considérables sinon colossaux”, elles marquent justement une rupture rationnellement incompréhensible entre une cause et son effet."

et

"Ainsi est-on conduit à l’hypothèse que derrières les causes dérisoires, qui deviennent des causes apparentes, derrière les constructions fantasmagoriques de la fantasy-narrative, derrière tout cet arsenal de déformation systématique et affichée comme telle, existent des forces qui déterminent une véritable cause fondamentale restant dissimulée, assez puissante pour être comptable des colossaux effets provoqués, c’est-à-dire de véritables événements fondamentaux qui sont comptables de ce qu’il y a de véridique dans les déformations grotesques qu’on nous propose."

Pour Thom, des processus qui exigent une très grande variation des effets pour une perturbation infinitésimale des conditions initiales sont typiquement des catastrophes.

La théorie thomienne des catastrophes est hors substrat (donc platonicienne?) et peut s'investir (participer au sens platonicien?) de diverses façons, comme l'écrit Thom dans la conclusion de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse":

"Les dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés".

A ma connaissance Thom a peu écrit sur la structure des sociétés (pp. 321 à 323, SSM 2ème ed. ¹ ) et sur leur évolution (article "Révolutions, catastrophes sociales?", pp. 434 à 451 dans "Apologie du logos" ² ).

Selon moi, les thèses que Thom y développe relèvent typiquement de la métahistoire.

Au sens que PhG attribue à ce mot?

1 (extrait):  "On connaît l'analogie classique entre société et organisme individuel; il est de fait que la distinction entre secteur primaire (production), secondaire (distribution), tertiaire (direction) n'est pas sans rappeler les trois feuillets fondamentaux de l'embryon. [...] Le marxisme, qui veut expliquer la structure et l'évolution des sociétés à l'aide des seuls facteurs économiques, est l'homologue de la théorie métabolique de Child en Embryologie et il souffre sans doute des mêmes simplifications."

2 (extrait de l'introduction): "Le problème qui va nous occuper est le suivant: existe-t-il en histoire des "champs morphogénétiques", des "chréodes"? Comme, par définition, l'expérience est impossible en histoire (on ne saurait agir dans le passé), force est de considérer la morphologie des évènements historiques comme  donnée a priori. On essaiera d'en extraire les configurations locales, qui, par leur fréquence d'apparition, apparaissent comme des "champs morphogénétiques", c'est-à-dire des suites d'évènements liés par une sorte de stabilité interne dont on s'efforcera d'expliciter le mécanisme."
 

Apologie du Logos

jc

  20/06/2016

PhG: "le langage, l’écrit, constituent dans leur acceptation la plus haute un domaine sans aucun doute transcendantal"

René Thom: "Le langage, ce dépositaire du savoir ancestral de notre espèce, contient dans sa structure les clés de l'éternelle structure de l'Etre."

PhG: "l’écrivain lui-même doit comprendre précisément ce qu’il a écrit une fois qu’il l’a écrit".

RT: "L'opposition entre la singularité créee comme un défaut d'une structure propagative ambiante et la singularité qui est source de l'effet propagatif lui-même, pose un problème central que l'on retrouve dans presque toutes les disciplines scientifiques. [...]. On la retrouvera jusqu'en psychologie: est-ce que nous parlons parce que nous pensons ou, au contraire, est-ce que nous pensons parce que nous parlons?" (Apologie du logos p.313)

 

Relecture deux ans plus tard

jc

  21/08/2018

Steiner attribue au langage une double origine, l'une fonctionnelle, l'autre logocratique (structurelle?).


Dans la deuxième édition de SSM (1977) Thom refond entièrement le dernier chapitre  "Pensée et langage"* (à mon avis façon discrète de s'opposer à la thèse défendue par Chomsky dans "Le langage et la pensée" -l'ordre des mots est important). Il y est question de la double origine du langage (à confronter avec la thèse que défend Steiner dans "Les Logocrates" -que je n'ai pas lu. Topocrate versus Logocrate?La matière versus la forme? La Chair versus le Verbe? Le yin versus le yang?

 "Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice…" 

*: C'est pour moi dans la section "Les automatismes du langage" qu'apparaît peut-être le plus -pour le profane- l'audace de la pensée thomienne (pensée que je qualifierais volontiers de géométrico-sexuée).