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Article : G4G, la victoire du “modèle Hezbollah”

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La comparaison est osée

David Cayla

  18/11/2017

D'un côté nous avons un mouvement de résistance qui s'est construit et structuré en réaction à l'occupation israélienne, qui n'a jamais eu l'occasion de déposer les armes étant toujours en résistance, et dont on comprend mal pourquoi il devrait "vivre au grand jour" (pour offrir aux Israéliens une occasion inespérée de liquider l'ensemble de la résistance libanaise d'un seul coup d'un seul ?), et dont on comprend mal également pourquoi il devrait "officialiser sa position" plutôt que de se "cacher derrière un état fantoche qui lui offre un bouclier institutionnel face aux agressions israéliennes" (on a vu le peu de cas que les Israéliens ont pu faire dudit bouclier lorsqu'ils ont tenté leur chance en 2006, et peut-être que ce sont les membres de la "coalition contre Daesh" - et non le Hezbollah ! - qui considèrent l'état libanais comme un état fantoche en l'empêchant d'avoir une armée dotée d'équipements lourds et d'une défense anti-aérienne ?),

Et de l'autre nous avons une créature hollywoodienne qui entendait dès sa création ex-nihilo se parer de tous les attributs d'une structure étatique officielle, qui a prétendu être porté par la seule foi de pieux résistants à l'oppression alléguée des chiites, une foi qui lui a permis si pas de soulever des montagnes, du moins de se tailler un califat en un temps record, bardée d'une administration d'une efficacité comparable à celle des services d'occupation qui ont administré l'Irak après la chute de Saddam Hussein, cela tout s'emparant littéralement de montagnes d'armements qui se trouvaient opportunément à portée de main.

D'un côté, donc, nous avons non pas tant le seul Hezbollah qu'une résistance associant Russes, Iraniens, Irakiens, Syriens, Libanais,... qui ne dissimulent aucunement leur implication dans les combats qu'ils ont mené, de l'autre nous avons un artefact de communication fait pour dissimuler une très vaste et très coûteuse entreprise de mercenariat.

Après, que dire du concept assez fumeux de "G4G" ?  Qu'il dissimule surtout des sommets d'hypocrisie ? Que, si les pays de l'OTAN et leurs alliés du Golfe persique n'avaient pas craint d'affronter la chasse et la défense anti-aérienne syriennes, ils n'auraient pas manqué de bombarder le pays comme ils l'ont fait pour la Libye (qui est parvenu à résister durant six longs mois, sans la moindre défense anti-aérienne et sans la moindre force aérienne), veto russe ou pas ? Que peu enthousiastes à l'idée d'un affrontement direct avec une armée pugnace et bien équipée, ils se sont livrés à une guerre d'usure, secrète, à grands renforts d'anciens des forces spéciales ? Que les "rebelles" ont toujours manifesté une étonnante propension à cibler les radars et autres sites de la défense anti-aérienne ?

Que le repli ordonné des forces syriennes vers les centres urbains a "obligé" leurs adversaires à monter des opérations de toujours plus grande envergure, jusqu'à envoyer des dizaines de milliers d'hommes soutenus par de l'artillerie et des blindés pour tâcher de prendre le contrôle de centres urbains comme Idleb en 2015 ? Que l'échec de ces opérations menées sans soutien aérien les avait finalement poussés à accepter le lancement d'une campagne aérienne en se disant que l'armée syrienne devait être alors suffisamment affaiblie pour que le risque soit perçu comme acceptable, mais que l'intervention russe leur a coupé l'herbe sous le pied ? Que toute la suite du conflit syrien a été marquée par un renforcement discret mais continu et toujours résolu des moyens anti-aériens déployés par les Russes, en incluant la remise à niveau de l'ensemble des moyens de l'armée syrienne, et que chaque épisode "crisique" a été marqué par le dévoilement de moyens supplémentaires déjà déployés sur zone par les Russes, étouffant à chaque fois toute velléité d'intervention aérienne ?

Et que aujourd'hui, finalement, l'alliance des Russes, des Syriens, des Iraniens, des Libanais, des Irakiens,... (et des Turcs ?) est seule maîtresse du terrain, aussi bien au sol que dans les airs avec ses moyens d'interdiction aérienne, que la Russie a largement prouvé sa capacité à apporter un appui-feu naval depuis la Mer Caspienne/Noire/Méditerranée (voire la Volga…) ou avec sa flotte de bombardiers stratégiques, et que leurs adversaires de la "coalition internationale" se retrouvent aujourd'hui dans une situation infiniment pire que celle qui prévalait en 2011, quand au vu des rapports de force d’alors, ils auraient pu l'emporter pour peu qu'ils aient accepté d'en payer le prix ?

Pour conclure, je dirais que les soutiens de Daesh se sont déstructurés tout en poussant ceux qui leur résistaient à se structurer toujours davantage, et qu'à cette aune, il est osé de mettre le Hezbollah et ses alliés et "Daesh" et ses parrains sur un même pied d'égalité.