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Article : Comptine : “Les ‘13 trolls russes’ et Wall Street”

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Malheureux, vous avez raison !

Didier Favre

  20/02/2018

 


Kunstler se demande pourquoi Mueller ne s'intéresse pas aux trafics d'influences d'Hillary, du FBI et compagnie. Les traces en sont si nombreuses que même nous en sommes au courant. Vous résolvez cet étonnement.
Les obsédés de l'influence russe vivent dans une réalité à  part que vous nommez déterminisme-narrativiste ou narrative-déterministe (je n'ai pas envie de vérifier). J'y vois là  la source de l'inculpabilité de ses croyants. Ils ne peuvent pas avoir tort car ils sont ceux qui savent, ceux qui sont dans le vrai. Cela les place dans une forme d'inconnaissance que vous définissez fort bien. Cette inconnaissance est très agréable intellectuellement. Elle les place dans un monde oû ils jouissent d'un contrôle total et parfait de la réalité parfaitement compréhensible et dans le rôle hollywoodien des gentils.
Vu de l'extérieur, cette vision du monde est aussi cohérente que délirante. Elle a été construite avec une rationalité rigoureuse mais basée sur l'adoration que ces gens se portent à  eux-mêmes.
Cela leur rend toute avancée de leur part bonne. Toute avancée de leur part est donc un progrès dans le sens le plus fort du terme. Ils vivent cette évolution comme une nouvelle histoire de la révélation du Christ mais sans Lui. Ils ont pris la place du Christ. Ils sont ceux qui vont faire Son travail à  Sa place et mieux que Lui.
Cela leur donne les moyens émotionnels de fournir un effort collectif et personnel pour imposer leur vision du monde à  tous ses habitants. Leur vision du monde est la seule possible, la seule "sainte" selon leurs termes.
Cette dérive vers la dimension religieuse des adeptes du Système mais où leur idole, est leurs propres personnes, s'impose à  mon esprit comme une évidence.
La notion de Progrès y est inscrite, l'impossibilité pour les Modernes d'accepter que quelque chose d'ancien pouvait être au moins aussi bon qu'une chose actuelle ou réciproquement que le mal atteint des sommets jamais vus auparavant s'y trouve aussi, la confiance totale en eux-mêmes s'y impose, la soumission absolue du monde des hommes et de la nature à  leur volonté qui fonde leur adoration d'eux-mêmes. En un mot, ils ont compris le monde, l'ont soumis, savent ce qu'il faut faire pour arriver au paradis terrestre et se voient comme les agents de ce bien total et parfait.

Dans cette position, la simple existence d’une entité montrant par sa seule présence persistante que cette narrative-déterministe est fausse est vécue comme une agression de la pire espèce. Les Russes se montrent ici hors narrative. Ils y ont goûté, l’ont testée avec Eltsine et l’ont recrachée avec Poutine. Des Occidentaux se sont dits qu’il y avait là matière à curiosité et se sont mis à écouter les Russes dans cette nouvelle attitude. Ce qu’ils racontent me donne une sensation d’air frais. J’ai l’impression d’avoir enfin des informations sensées à me mettre sous le neurone.
Elles sont hors narrative - donc « fake news » - et je suis « victime » de la terrible et puissante « propagande russe ». L’existence de la Russie et le fait qu’ils informent correctement montrent la fausseté de la « narrative » du BAO. Ils sont donc une menace terrible.

Cette menace n’est pas du tout claire. Elle vise une chose qui n’existe pas mais qui est traitée comme étant plus réelle que la réalité. J’aime ici penser au mot d’hyperréalité associé au post-modernisme. Est hyper-réel, pour moi, tout ce qui est assez fort pour cacher la réalité malgré sa fausseté. Cette dernière propriété rend la démonstration de toute agression contre elle difficile.

C’est comme vouloir démontrer qu’un coup de poignard a blessé un courant d’air. Mais quand ce courant d’air agite vos neurones vous sentez durement le coup. Ce vide perturbé par la présence d’une entité vivante provoque une angoisse dont la moindre manifestation de vie devant elle en devient forcément la cause. (Il y a des angoisses en psychologie de ce type. Les phobies se comprennent aussi comme cela.) Si vous souffrez d’arachnophobie, les araignées vous font vraiment peur et elles ne sont pas du tout la cause de cette peur. J’ai lu que c’est une forme de névrose pas trop méchante pour en éviter une bien plus sérieuse (je me demande ce que tout cela veut dire). Je tigresse car mes idées sur ce point ne sont pas très claires mais il me reste comme socle (si je peux l’écrire) une construction mentale complètement faussaire qui est menacée par la réalité. Le ou les porteurs de cette construction souhaitent survivre. Par conséquent, ils se mettent dans une forme de rêve éveillé qui consiste à rejeter de plus en plus violemment un objet ou un être qui leur évite d’aller au fond de leur problème.
Cet évitement du coeur du problème fait que toutes leurs agressions ne les soulagerons pas. Chaque agression les mettra devant ce problème et le ravivera. La cause derrière leur fureur est active et leur pourrit la vie. Chaque combat contre le simulacre de cause provoquant leur douleur avive leur névrose cachée par leur phobie des Russes. Elle se développe en eux et en devient beaucoup plus douloureuse. Je crois savoir que l’étape suivante est la psychose. La personnalité des névrosés devient totalement désordonnée et perd toute intégration (schizophrénie ?). D.C.-la-folle pourrait bien en être une manifestation. Chaque action antirusse va faire empirer l’état général du patient. Chaque action antirusse renforce les sentiments explosifs habitants les porteurs du Système. Un arachnophobe qui lutte énergiquement contre les araignées va y mettre de plus en plus d’énergie et trouver des araignées dans de plus en plus d’endroits proches de lui. Il peut vouloir exiger de la planète que tous les humains luttent contre les araignées à plein temps s’il est assez puissant. Même dans ces conditions, la moindre trace d’araignée croisant ses pas va le faire exploser de tous les sentiments négatifs.
Là, je retrouve le problème de la communication janus. Elle permet d’imposer la vision de l’arachnophobe ou d’autre chose en phobie au monde. Elle permet aussi de faire voir à tout le monde que l’arachnophobe passe les limites de la décence. Elle met aussi l’arachnophobe devant de plus en plus d’araignées à mesure que son influence augmente. Il va aussi vouloir contrôler de plus en plus de monde par des moyens de plus en plus inavouables. Comme il notera facilement que ses sujets ne sont pas aussi arachnophobes que lui, il se méfiera d’eux. L’espionnage de tous en devient une nécessité. Il aura des adeptes de plus en plus sincères mais il ne pourra pas avoir des adeptes parfaits dans leur soumission. Si ces derniers se soumettent totalement, ils renoncent totalement à leurs vies et dans tous les sens du termes. L’arachnophobe vivra ces restrictions, même minimales, comme des trahisons. L’arachnophobe va donc s’effondrer sous le poids de sa propre puissance à cause de ce problème.
En conclusion, je retrouve le schéma du déterminisme-narrativiste avec sa communication janus, l’inculpabilité et l’inconnaissance des adeptes du Système. J’y ajoute un côté religion de l’homme où il est son propre dieu qui a complètement triomphé du reste de l’humanité au 20e siècle. Il en résulte un écart entre ces hommes dieux et le réel (pas méchant mais implacable) qui fait échouer toutes leurs entreprises (F35, Syrie, Lybie…) et, encore pire entre eux-mêmes et l’image qu’ils ont d’eux mêmes. Cet autre écart est une souffrance terrible pour ses porteurs.
La Russie est une piqure de rappel qu’ils ont tort et ne pourront donc jamais lui pardonner d’exister. Celui qui a dit « Ils ne veulent qu’une chose, que la Russie cesse d’exister. » l’a fort bien compris. J’ignore s’il comprend la motivation de ces gens mais nous avons tous besoin de comprendre cette motivation. Sa compréhension nous permettrait de nous orienter dans ce monde de fous.