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Article : Big Bang subreptice

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Quelques vieilles lunes.

dont acte

  02/06/2011

« … la démocratie, les droits de l’homme, la liberté, etc., (…) ces fausses valeurs… »
Bigre ! Je vous savais antimodernes, mais pas à ce point !

il n’y a que la foi qui sauve...

Francis Lambert

  03/06/2011

The last nail...

Jack v.

  04/06/2011

du vietnam à la libye

pierre

  07/06/2011

extrait de “Putain de mort” (dispaches) de Michael Herr.

“On était là pour leur donner le choix, le leur apporter comme Sherman a porté la bonne parole dans toute la Géorgie, avec, d’un bout à l’autre, les indigènes pacifiés et la terre brûlée… Notre machine dévastait tout. Et n’importe quoi. Elle pouvait tout, sauf s’arrêter »

subrepticement en France aussi ... merci Air Vichy.

Francis Lambert

  08/06/2011

AFP le 08/06/2011 à 14:42 Nouveau et inquiétant record absolu du déficit commercial en avril :

Le déficit commercial de la France a établi un record absolu en avril, franchissant pour la première fois la barre des sept milliards d’euros, une tendance jugée inquiétante par les économistes qui pointent l’asthénie des exportations françaises.

Cette “nouvelle aggravation”, selon l’expression du ministère du Budget, serait imputable à l’acquisition de deux gros porteurs américains Boeing ainsi qu’à une forte poussée des achats de produits pétroliers raffinés.

http://www.boursorama.com/pratique/actu/detail_actu_flash.phtml?num=ec101d3b2ed6bf6da902cf19562a1438

NB : Record de déficit “imputable à l’acquisition de deux gros porteurs américains Boeing”  ! Chapeau air Vichy ... en pire crise comme pendant la guerre, le naturel donc.

De même il n’y a plus de raffinerie en France ? La CGT bloque les ports pétroliers aussi ?

Un défaut de la dette US, scénario inimaginable pour les marchés mercredi 8 juin 2011 12h55

Patrick Barret

  08/06/2011

(Reuters, mercredi 8 juin 2011 à 12h55)

L’idée que les Etats-Unis puissent faire défaut sur leur dette, même brièvement, fait frissonner les marchés internationaux, qui craignent les conséquences que cela aurait sur l’économie mondiale.

Les élus républicains du Congrès sont de plus en plus nombreux à penser qu’il pourrait être utile de pousser les Etats-Unis en défaut technique sur la dette afin de forcer la main au gouvernement démocrate pour qu’il accepte davantage d’austérité budgétaire.

Cette idée, autrefois limitée à une frange radicale du parti républicain, gagne du terrain dans les rangs de l’opposition au président Barack Obama.

“Comment pourrait-on autoriser les Etats-Unis à faire défaut? Nous ne considérons pas cela comme une possibilité : cela créerait une gigantesque panique dans le monde entier”, a déclaré un responsable de la banque centrale indienne.

Les autorités indiennes disent n’avoir pas d’autre choix que d’investir dans la dette publique américaine, celle-ci étant considérée comme l’une des plus sûres et des plus liquides au monde.

En mars, l’Inde détenait 39,8 milliards de dollars en Treasuries, selon les données américaines.

“IDÉE HORRIBLE”

Un conseiller de la banque centrale de Chine a de son côté estimé que les Etats-Unis “jouaient avec le feu” en envisageant un défaut ponctuel.

Un tel événement serait néfaste pour le dollar, a averti Li Daokui, selon qui Pékin doit en dissuader Washington.

Dans tous les cas, la Chine, premier détenteur de dette américaine, conservera ses investissements en Treasuries, a-t-il ajouté.

Le Congrès américain peine à s’entendre sur un relèvement du plafond de la dette, alors que le déficit devrait dépasser 1.400 milliards de dollars cette année fiscale.

Le département du Trésor estime que ses possibilités de dépenses seront épuisées d’ici au 2 août à défaut d’un relèvement du plafond, et l’administration Obama a mis en garde dans ce cas contre des conséquences “catastrophiques”.

“Avec les données macroéconomiques qui se tassent, les implications pour l’économie sont terribles. Cette idée est tout simplement horrible”, a estimé Ben Westmore, économiste de la National Australia Bank.

Le raisonnement républicain est que les créanciers des Etats-Unis seraient prêts à accepter quelques jours de défaut de paiement en échange de garanties d’une meilleure maîtrise des dépenses publiques américaines.

Mais les responsables publics et investisseurs interrogés, qui considèrent un défaut américain comme une hypothèse lointaine et cauchemardesque, ne sont pas de cet avis.

“Ce ne serait pas possible. Ils rembourseraient leurs bons du Trésor en priorité, avant les autres titres, c’est aussi simple que ça”, a avancé Barry Evans, gestionnaire de portefeuille obligataire chez Manulife Asset Management.

La France perd subrepticement ses actionnaires (taux de chomage, pas d'actionnariat)

Francis Lambert

  10/06/2011

La France aurait perdu deux millions d’actionnaires en trois ans. Ils ne seraient plus 4,5 millions (soit 11% de la population active) contre 6,5 en 2007 et plus de huit millions en l’an 2000. Ce dernier chiffre représentait 17% de la population active de l’époque, mais beaucoup avaient reçu des stock-options en complément de salaire ; à la base, ils n’avaient rien demandé.

Nous ne sommes plus très loin d’une division par deux en 10 ans. Beaucoup d’observateurs pointent du doigt des évolutions de cours de plus en plus incompréhensibles pour les particuliers — lesquels tentent en vain de rapprocher les mouvements boursiers de l’actualité économique ou géopolitique.

Toutes les enquêtes réalisées au cours des dernières décennies démontrent que les Français n’aiment guère le risque en général mais qu’ils détestent par-dessus tout avoir le sentiment de se faire plumer. Un des commentaires qui revient le plus fréquemment c’est : “on ne m’y reprendra plus”.

Extrait de Philippe Béchade :
http://la-chronique-agora.com/les-rumeurs-mettent-pression-sur-bce-pour-sauver-grece-faillite/

Une conférence sur l'Afghanistan

Ilker de Paris

  13/06/2011

Une retranscription d’une conférence du Général Vincent Desportes sur l’Afghanistan - les commentaires des lecteurs sont également intéressants.

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La mâchoire carrée, la parole concise et le verbe percutant, le Général Vincent Desportes n’a pas mâché ses mots, lors de la conférence “Afghanistan, 10 ans de conflits” organisée par l’IRIS à Paris le 11 mai, pour dénoncer l’incapacité des Américains à mener à bien leur guerre afghane.

Fait suffisamment rare pour être souligné : son intervention, retranscrite ici en intégralité, fut littéralement acclamée :

“Je vais traiter de manière plus théorique le sujet qui a été donné : « Les enseignements stratégiques et militaires du conflit afghan ». Pour constater qu’en fait ce conflit valide à nouveau des concepts stratégiques persistants, qui affirment en chaque occasion leur pertinence, quel que soit le mépris qu’on puisse leur porter.

Quelques idées :

Première idée, c’est celle de la vie propre de la guerre. L’idée de Clausewitz, on le sait.  Dès que vous avez créé la guerre, la guerre devient un sujet et non pas un objet. Clausewitz évoque la volonté indépendante de la guerre, les événements finissant par avoir leur dynamique propre. La guerre a sa vie propre qui vous conduit, pour de nombreuses raisons, là où vous n’aviez pas prévu d’aller.

L’exemple de l’Afghanistan est particulièrement frappant. La guerre commence le 7 octobre, avec un objectif clair : faire tomber le pouvoir taliban à Kaboul et détruire le réseau d’al-Qaïda en Afghanistan. En gros, l’objectif est atteint fin novembre 2001. Il y a alors moins de 2000 militaires occidentaux au sol.

Dix ans après : les objectifs de guerre ont totalement changé, il y a presque 150 000 soldats déployés en Afghanistan. C’est ce qu’un général résume d’une autre manière en parlant du niveau instable des décisions politiques, ce qui amène les stratèges militaires à adopter des modes de guerre successifs, qui s’avèrent contre-productifs par la suite.

Cette évolution afghane éclaire donc deux réalités éternelles de la guerre. La première : toute guerre est marquée par une dérive de ses buts et le plus souvent une escalade des moyens, deuxièmement, les fins dans la guerre influent toujours sur les fins de la guerre.

Deuxième idée : on doit concevoir la guerre et sa conduite non pas en fonction de l’effet tactique immédiat, mais en fonction de l’effet final recherché, c’est-à-dire le but stratégique. Autrement dit la forme que l’on donne initialement à la guerre a de lourdes conséquences ultérieures, ce qui est perdu d’entrée est très difficile à rattraper. Prenons les deux premières phases de la guerre en Afghanistan :

- première phase, celle du modèle afghan. 2001, où selon les mots de Joe Biden, la stratégie minimaliste américaine. Lancée le 7 octobre 2001 cette phase associe la puissance aérienne américaine, les milices afghanes et un faible contingent de forces spéciales américaines. Résultat : on constate que le modèle a fonctionné pour faire tomber le régime des talibans, mais beaucoup moins pour débusquer les membres d’al-Qaïda et détruire les militants qui doivent se réfugier dans leurs zones sanctuaires. Conséquence : cette stratégie a contribué à renforcer les chefs de guerre locaux, en particulier ceux dont le comportement avec la population était honni et qui étaient hostiles au gouvernement central de Kaboul. Cela a renforcé la puissance tadjike et donc aliéné d’autant la population pachtoune. Tout cela a affaibli ce qui allait être essentiel ultérieurement, les deux piliers centraux de la reconstruction : l’Etat central et la bonne gouvernance.

- deuxième phase : celle du modèle américain 2002-2006

Compte tenu de l’impossibilité pour les milices afghanes de venir à bout des talibans, les troupes américaines prennent la tête des opérations de ratissage. Il s’agissait d’opérations de bouclage avec pour but d’éliminer les caches des terroristes. Résultat : très limité. Conséquences : l’efficacité du modèle américain est limitée par un très grand défaut de sensibilisation culturelle et politique, voire par la supériorité technologique elle-même. Les bombardements aériens soulèvent des questions sensibles. On se rappelle le bombardement d’une fête de mariage en Uruzgan en juillet 2002 avec des coûts politiques considérables. Les forces américaines suscitent crainte et hostilité dans la population, ils sont perçus comme des infidèles, commencent à être véritablement perçus comme une force d’occupation. La population initialement neutre, voire favorable, est ennemie. On passera en 2006 d’une guerre « enemy-centric » à une guerre « population-centric » mais le premier mode de guerre aura commis des dommages qui semblent irréparables.

Quatrième idée : si le centre de gravité de l’adversaire se situe au-delà des limites politiques que l’on s’est fixé, il est inutile de faire la guerre car il ne sera pas possible de la gagner. Au sens Clausewitzien, le centre de gravité des talibans se situe dans les zones tribales pakistanaises puisque c’est de cette zone refuge qu’ils tirent leur capacité de résistance. Il est impossible pour les Américains d’y mettre militairement de l’ordre, celle-ci se situe au-delà des limites politiques qu’ils se sont fixées, ne serait-ce d’ailleurs que pour de simples raisons logistique militaire, en raison de la vulnérabilité de leurs convois militaires lorsqu’ils traversent le Pakistan.

Cinquième idée : c’est avec son adversaire que l’on fait la paix. Selon le bon esprit de la guerre froide qui n’a pas fini de nous faire du mal, la conférence de Bonn en décembre 2001 a été non pas la conférence d’une réconciliation, mais la conférence des vainqueurs. Elle a de fait projeté les talibans, donc les Pachtounes, dans l’insurrection. Dix ans après, nous n’en sommes pas sortis.

Sixième idée : ce qui est important, c’est le stratégique et non pas le tactique. Nous sommes aujourd’hui plongés au cœur d’une véritable quadrature du cercle tactique, entre protection de la population d’une part, protection de nos propres troupes d’autre part, et destruction de l’adversaire taliban par ailleurs. Nous sommes engagés dans un travail de Sisyphe du micro management du camp de bataille. C’est une impasse. Nous ne trouverons pas de martingale tactique en Afghanistan, la solution est d’ordre stratégique et politique. Une accumulation de bonnes tactiques ne fera jamais une bonne stratégie. Un problème politique au premier chef ne peut être résolu que par une solution politique. Citant des officiers américains, le NYT regrettait récemment, je cite : « la déconnexion entre les efforts intenses des petites unités - et c’est tout aussi vrai des unités françaises – et les évolutions stratégiques. »

Je voudrais maintenant évoquer une idée de … le niveau tactique. Elle est simple : le nombre compte, mass matters comme disent nos amis anglo-saxons. Les coupes budgétaires progressives et l’exponentiel coût des armements ont conduit à des réductions de formats incompatibles avec l’efficacité militaire et de nouvelles conditions de guerre au sein des populations.

Contre l’insurrection, on connaît les ratios : en-dessous du ratio de 20 personnels de sécurité pour 1000 locaux il est tout à fait improbable de l’emporter. Irlande du Nord : pour une population d’un million d’habitants, les Britanniques ont maintenu une force de sécurité globale de 50 000, ils sont restés vingt ans, le ratio est de 1 pour 20. En Irak, la population est de la trentaine de millions. Il a fallu mettre sur pied avec les Irakiens une force de 600 000 hommes pour que la manœuvre de contre-insurrection commence à produire ses effets. En Algérie, à la fin des années 50, les effectifs français étaient de 450 000 pour une population de 8 millions d’Algériens d’origine musulmane comme on les appelait alors. En Afghanistan, nous sommes extrêmement loin de ces ratios alors que le théâtre est infiniment plus complexe, physiquement et humainement, nous agissons en coalition, le ratio est de deux fois 140 000 pour 30 millions, c’est la moitié de ce qui est nécessaire pour avoir un espoir de gagner. Le ratio actuel forces de sécurité / population nous permet de conquérir – on le sait bien parce qu’on le fait tous les jours – mais pas de tenir. Or gagner la guerre c’est contrôler l’espace, or nous ne savons plus, nous ne pouvons plus, nous Occidentaux, contrôler l’espace.

Pour conclure, deux dernières idées :

Un : le conflit afghan est bien une guerre américaine. On se rappelle de ce télégramme diplomatique révélé dans le Monde par Wikileaks, où l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris demandait, sur instance de l’Elysée, que Washington trouve des façons de faire croire que la France comptait dans les options stratégiques. On se rappellera aussi que de McKiernan à Petraeus en passant par McChrystal, le commander in chief américain relève et remplace le chef de la coalition sans en référer aux autres membres. On se souviendra que les calendriers et les stratégies sont dictés davantage par les préoccupations de politique intérieure américaine que par le dialogue avec les coalisés, bien obligés de s’aligner – ceux qui ont lu « Les guerres d’Obama » de Woodward ne me contrediront sûrement sur aucun de ces points.

Dernière idée. L’Afghanistan est une nouvelle preuve de l’échec de l’Europe. Je constate qu’il y a ou qu’il y a eu 15 pays de l’Union ayant engagé des forces militaires en Afghanistan : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Lettonie, Pays- Bas, Pologne, Roumanie, Suède, République Tchèque, Portugal. Avec des effectifs non négligeables puisqu’ils représentent environ 40 000 combattants, soit un tiers de la force engagée. Or il n’y a presque pas d’Europe ou en tout cas de défense européenne en Afghanistan. On pourra toujours m’expliquer qu’historiquement l’Europe a eu du mal à s’imposer en tant que telle dans cette guerre. Certes. Mais le constat est là : l’Europe mène sa guerre la plus longue « ever », elle le fait avec des effectifs extrêmement importants et elle n’existe pas. Cela donne une résonnance nouvelle aux propos du Ministre de la Défense Hervé Morin, qui affirmait fin octobre dernier : « L’Europe est devenue un protectorat des Etats-Unis. » Il est temps que l’Europe se reprenne en main. Merci. “

http://sylvielasserre.blog.lemonde.fr/2011/06/11/guerre-en-afghanistan-le-general-desportes-ne-mache-pas-ses-mots/#comments