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Article : Alors, que vaut notre système?

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Hubris

dedefGM

  26/04/2008

Evident, mais je ne croyais pas que cela puisse etre dit en reunion.
Quelque part vers 1700 nous avons lancé une philosophie/conception du monde qui implicitement implique que nous pouvons obtenir le total controle de ce qui nous entoure.
Nous ne pouvons pas ; c’est le crime d’Hubris.
Nous payons.

Dérèglement... climatique ∫

Delpuech

  26/04/2008

La pensée de tout le monde n’est paralysée par cette spirale catastrophique.

Certains imaginent pouvoir tirer leur épingle du jeu, pendant que d’autres se brûleront pour tirer les marrons du feu.

Que penser des décrets présidentiels de Bush qui conduisent à la possibilité d’un état d’urgence dont il n’aurait à rendre compte à qui que ce soit, au nom du terrorisme ?

Que penser de ces “petites phrases” en France, et les décrets sur les immigrés, sur ceux qui les soutiennent et les rafles ou les gardes à vue multipliées, qui tendent à faire croire que les opinions fascistes sont des opinions comme les autres et non des délits. Que l’Administration peut enfermer les gens sans avis ou contre l’avis des juges ?

Certains ont un coup d’avance : ils savent que les troubles vont arriver et ils ont mis en place l’arsenal juridique, policier et militaire pour faire basculer les démocraties en des états autoritaires (au moins) au nom de la lutte contre le terrorisme.

Docteur Folamour climatique

Ilker

  27/04/2008

Contre le réchauffement climatique les scientifiques cherchent activement des solutions (la géoingénierie), qui s’annoncent plus dangereuses que le problème contre lequel on veut lutter :

http://www.20minutes.fr/article/227705/Environnement-Ecologie-Les-Americains-veulent-refroidir-artificiellement-la-Terre.php

PROGRES !

Thierry

  28/04/2008

Bonjour Dedefensa,

Eh oui! Et pourtant nous avions cru fonder un empire démocratique, technologique et “moderne” qui devait durer mille ans!

...sans vouloir nous rendre compte que la démocratie, les droits de l’homme, l’Etat de droit, l’infaillibilité de l’intelligence
“rationnelle”, et notre conception d’un niveau de vie “correct”, etc, ne sont pas des constantes définies par des lois physiques ou biologiques universelles, mais des conventions humaines et des morales relatives, en un mot, des illusions.

Mais aujourd’hui, les idoles “rationnelles” et leurs temples s’effondrent et le roi est nu ...

En vérité la seule manière de retrouver une vision cohérente des choses qui ne soit pas désespérée, c’est de sortir du système de pensée moderne (sortir du “cadre”, toujours!)et de prendre du recul.

Pour celà, il ne servirait à rien de partir en quête d’une “autre” rationnalité, car il n’y en a qu’une, évidemment, fondée sur cette vision parcellaire et superficielle du Monde qu’est la croyance qu’il ne saurait y avoir d’autre réalité et d’autre valeur que l’aspect “physique” des choses selon la définition de notre science moderne, et que tout autre point de vue et définitions seraient erronés, primaires, dignes de “primitifs”, en un mot.

Ce sont les idées des “lumières”, en effet, et en particulier l’humanisme lui-même, au coeur de nos préjugés de prétendus civilisés, qui doivent être remises en question; et celà non pas en partant à la recherche d’autres hypothétiques et improbables rationnalités nouvelles, mais en se tournant au contraire vers les expériences réussies du passé, pour éclairer notre échec par des comparaisons concrètes et du réelles: il serait temps enfin d’écouter et de prendre au sérieux les points de vues, les enseignements et les visions du Monde des peuples passés, qui ont toujours été à notre disposition, et que nous avons toujours méprisé.

Les cultures traditionnelles ont duré, fait preuve de stabilité et d’harmonie avec leur environnement sur des périodes d’une durée sans rapport avec la nôtre, la plus éphémère de toutes. C’est en soi une réussite “technique” qui devrait nous faire réfléchir…

Le fait qu’elles aient finalement disparu n’est pas le signe de leur échec final, mais est parfaîtement naturel: une civilisation est comme un corps vivant qui nait, connait son apogée, sa vieillesse et finalement sa mort. La nature humaine n’est évidemment pas éternelle, mais éphémère à l’échelle des durées naturelles, géologiques et des espèces.

Une chose fondamentale a, entre autres, distingé depuis ses débuts l’esprit moderne de celui des anciens:

Quand on retrouve des écrits, des paroles et des pensées traditionnelles ou classiques, une chose saute à l’oeil: ces gens ne privilégiaient jamais par principe les “êtres humains” en temps qu’individus ou races devant l’Univers, mais avaient au contraire une vision globale de toutes les “créatures” composant cet Univers, sans en exclure une seule; ce qui excluait, par exemple, l’idée qu’il puisse y avoir une quelconque espèce qui soit nuisible dans l’absolu.

La hiérarchie et les privilèges, ceux des humains en face des autres espèces mais aussi de chaque individu au sein de la société, ce qui fondait l’autorité de chacun, n’était à l’origine “mérité” et justifié que par sa qualité propre et ses dons particuliers à transcender ses passions individuelles, et à établir ainsi et à répandre autour de soi, à travers un sens de la responsabilité extrêmement développé, une harmonie, non pas hypothétique et de principe, mais très réelle.

Celà entraînait la notion de liens et de devoirs réciproques, non seulement au sein de la cité, mais également, aussi étonnant que celà puisse nous paraître, envers et avec toute créature, et non seulement organique d’ailleurs…

Nos ethnologues sont en train de se rendre compte, par exemple, que les tribus indiennes d’Amériques du Nord n’étaient pas simplement des groupements “primitifs” survivant dans une nature et des forêts vierges et sauvages, mais que, de manière pour nous insensible, elles géraient et cultivaient véritablement ces terres et ces forêts sur le long terme, sur de nombreuses générations; ou en d’autre mots que l’idée qu’il faille rétablir un Monde ou une nature “vierge” est une illusion et qu’une humanité réellement consciente, équilibrée et épanouie y trouve parfaîtement sa place et sa fonction.

On peut remarquer que l’image détestable que nous avons gardé du passé humain s’explique par les décadences, naturelles, des civilisations de nos ancêtres, au cours desquelles se sont développés progressivement, comme toujours,les ignorances, les avidités, les corruptions et les abus de pouvoirs, ainsi que l’usure des systèmes…

La perspective humaniste moderne est à l’opposé du sentiment de responsabilité traditionnel: selon nos philosophes et nos scientifiques, nous serions une “race” humaine, supérieure aux autres par droit d’évolution, dont le destin serait, au nom “d’elle-même”, de posséder, de maîtriser et d’exploiter sans vergogne tout ce qui l’entoure, d’en faire son profit sans rien en rendre en retour ni rien lui devoir.

L’expérience, la nôtre, a prouvé, non seulement les dégats que celà provoque dans l’écosystème, mais aussi le peu de satisfaction et d’épanouissement que les individus humains en retirent…

A l’observer de près sans préjugés, on découvre dans l’humanisme moderne et son prétendu rationalisme une véritable pathologie psychologique: il s’agit ni plus ni moins que d’un “communautarisme” humain en face de l’Univers. Communautarisme qui ne peut que rejeter tout ce qui sort de son étroite perspective, qu’il ne comprend pas et qu’il ressent comme étranger à lui-même.

Ce “complexe du civilisé” moderne est la base de cet esprit colonialiste, toujours bien vivant chez nous malgrès les apparences, qui ne cesse de prôner, de plus en plus bruyamment et de plus en plus dans le vide, la supériorité de nos concepts et de nos sciences et de leurs réalisations techniques, et de réduire les messages des autres cultures à des points de vues “primitifs”, cad d’ignorants, pour les réfuter; celà bien sûr dans les rares cas où l’on n’a pas encore réussi à les faire disparaître, pour enfin les faire taire!

Car c’est une chose que l’on observe couramment et qui est évidente: le communautarisme d’un groupe va toujours à l’encontre de son intégration au milieu environnant; ses membres, se sentant toujours plus étrangers et rejetés par “l’extérieur”, développent en conséquence une mentalité d’assiégés et de retranchés de plus en plus aigüe, radicale et paranoïaque; et celà d’autant plus que, se rendant insupportables, ils provoquent eux-même les réactions de cet entourage.

L’américanisme, véritable concentré de modernisme, en est un cas d’école…

Et voilà comment l’homme moderne, enfermé dans ses superstitions du “progrès” depuis trois à cinq siècles, s’est coupé de son entourage naturel, s’est privé de toute harmonie avec lui, et n’a plus d’autre ressource que de l’agresser de plus en plus pour se “protéger” lui-même; et voilà comment la victoire de “l’homme” sur les éléments ne correspond à rien d’autre que la pire et la plus définitive défaîte qu’il puisse enregistrer vis à vis de lui-même.

Evidemment, un tel discours ne peut aujourd’hui qu’apparaître comme une Xième version idyllique du paradis perdu, parfaîtement décalée par rapport aux réalités actuelles.

Mais il ne s’agit pas d’appeler à un “retour en arrière”, si écologique qu’il soit: ce serait complètement impossible bien sûr.

C’est simplement le constat que l’identité humaine moderne et humaniste, cad l’image de nous-même tels que nous nous voyons et que nous vivons aujourd’hui, n’est pas conforme à notre nature réelle qui est tout à la fois très ancienne et non rationnelle par essence; et que donc nos modes de vies et de nous concevoir nous-même ne peuvent que produire, d’une part une aliénation générale des individus plus en plus aigüe, qui se traduit de plus en plus par du stress et des dépressions en chaînes, et d’autre part un “système” mondial de plus en plus schizophrène parce que livré à lui-même, en dehors de toute maîtrise réellement humaine, et voué tôt ou tard à un effondrement plus ou moins complet.

Il serait puéril de prétendre pouvoir tout conserver du Monde actuel, et celà ne paraît même pas désirable, et pourtant c’est bien ce que voudraient nous faire croire les discours officiels…

Mais si, au delà du bouleversement qui s’annonce, une société humaine digne de ce nom -cad qui ne soit pas un simple élevage industriel!- reste encore possible, alors, pour la fonder, nous ne pourrons faire l’économie d’un profond retournement dans notre manière de nous définir en temps qu’humain, cad qui mette en cause notre identité même.

Cordialement