Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

La société-bouffe du spectacle-devenu-frénésie

  jeudi 09 juillet 2020

9 juillet 2020 – Parlant de choses et d’autres, – certes, les sujets ne manquent point pour qui sait laisser quelques instants la presseSystème de côté, – Bill Blain, fameux stratège financier de la City, un dur de dur que plus rien n’étonne, nous dit sur son site TheMorningPorridge sa stupéfaction sans bornes désormais, sans-fin, bien au-delà de l’hystérie ; car même les durs “que plus rien n’étonne” sont saisis par cette élégante “stupéfaction sans bornes”...

Blain nous avoue sans détour ni fausse honte, ce 8 juillet 2020, dans un texte qui se termine par l’annonce que « les mois à venir seront... bruyants » :

« J’ai toujours pensé que le fameux “Il faut croire à 6 choses impossibles avant le petit déjeuner” d’Alice au Pays des Merveilles était l’une des choses les plus drôles jamais écrites. Jusqu'à cette année... J’ai compris qu’il s’agit d’un simple constat courant à faire tous les jours pour le monde, dans cet âge du Covid19. Je n’arrive pas à distinguer et à mesurer jusqu’à quel point les différents composants de la société deviennent confus, contradictoires, inconséquents, déconcentrés et déconcertants...»

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Zombification-PC  par le haut

  lundi 06 juillet 2020

Depuis pas mal d’années s’agitent les questions autour de l’intelligence artificielle (AI), avec des compléments préoccupés sur la “robotisation”, etc. ; tout cela conduisant à de graves interrogations sur le sort de l’homme (ou l’Homme ? J’hésite), son libre-arbitre, sa liberté, la démocratie, nos avancées culturelles ; tout cela (bis) menacé par l’irruption d’une machinerie à prétention quasi-divine, “issue de nos entrailles” mais pour nous dévorer. La machine-Dieu dévorant l’homme-Dieu qui en a accouché, et au-delà la manufacture terrible de l’atroce “zombification” de l’homme, sa si vaste intelligence soumise par cette force devenue extérieure, – l’homme-zombifié, et bien selon le sens et à l’image du titre que Jean-François Mattei donna à son dernier livre, publié après sa mort, –  « L’homme dévasté », et ceci équivalant à cela.

Vaste débat que celui de l’IA, et nous nous y sommes mis il y a déjà longtemps, tout à nos frétillantes et angoissées interrogations... En attendant, il m’est venu l’impression que, pendant que nous débattions, la chose a déjà été tranchée, je veux dire pour l’“homme-zombifié”, et plutôt subrepticement, sans vraiment avertir son monde et surtout sans débat superflu. Nous craignions l’IA, c’est le PC qui survient et rafle la mise, je veux dire le PC-zombificateur.

PC, on le sait, vaut pour ‘Politiquement Correct’, expression dont l’emploi courant remonte aux premières années 1980. D’autres expressions sont employées, comme “police de la pensée”, des choses de ce genre. On a compris ce dont je veux parler. Ce n’est pas de l’‘Orwellisme’ (de George Orwell) même si cela paraît bien-orwellien dans l’esprit de la chose ; parce que ce n’est pas systématiquement ni nécessairement l’inversion en toutes choses (‘Mensonge = Vérité’, ‘Guerre = Paix’, etc.). C’est une unification extraordinairement réductrice du langage et de la pensée selon une tendance au Plus Petit Commun Dénominateur de la complexité et de la nuance, selon un déchaînement de l’affectivisme, de la moraline, de la bienpensance selon des thèmes archi-connus et archi-rebattus qui sont développés pour favoriser la modernité et la position du Système dans toute sa majesté.

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Fuck the bannière étoilée

  dimanche 05 juillet 2020

5 juillet 2020 – Hier c'était le vrai-4 juillet, je veux dire celui de l’Amérique véridique d’aujourd’hui, celui qui ferait un sinistre pendant au titre du film d’Oliver Stone (‘Born a Fourth of July’) pourtant lui-même d’un contenu bien crépusculaire et cruel, – et alors, aujourd’hui, ce serait ‘Dead a Fourth of July’... Cette fois, ce n’est plus un ancien combattant du Vietnam amputé des deux jambes et devenu contestataire, mais bien d’un pays qui se révèle tel qu’il fut, simulacre complet, avec l’‘identité’ de ses citoyens à mesure.  

Mais je reviens un peu en arrière avant d’aller au vif... Le 2 juillet, RT.com donnait une nouvelle concernant la Ligne Nationale de Football (NFL), stupide et couarde comme toutes les institutions en place aux USA actuellement, qui aurait envisagé, pour plaire au BLM (Black Live Matter) et surtout être dans la ligne du dévastateur PC (Politiquement-Correct), de faire jouer au lieu de l’hymne national au début de chaque match, un “hymne national Noir” (*) : « La rumeur selon laquelle la Ligue nationale de football prévoit de jouer l’‘hymne national noir’ avant le premier match de la prochaine saison n’a plu à personne, les gens considérant que cela est source de division ou que cela ne va pas assez loin pour lutter contre le racisme. »

Mais le contenu du texte n’est pas tant ici le centre de notre intérêt, qu’un contexte utile pour introduire une remarque d’un lecteur de ce même texte qui nous semble parfaitement juste, qui rencontre absolument ce que nous pensons de l’‘identité américaine’, cette sorte d’‘Objet Fuyant Jamais Identifié’ comme quasiment inexistant et pour moi simulacre de simulacre, comme il était décrit par exemple dans ce texte du 6 janvier 2012 sur « Le paradoxe d’Appomattox ».

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Poutine-2036, avis de tempête

  jeudi 02 juillet 2020

2 juillet 2020 – J’ignore si tout cela a été machiné, calculé, transgressé, un peu et même beaucoup orienté, mais je suis bien conduit à dire sur un ton d’une semi-ironie nuancée d’une semi-lassitude : et alors ? Les Russes sont chanceux et veinards, même si fort peu démocrates selon nos canons... Démocrates ? Il paraît que les USA sont un exemple à cet égard : mesurez-vous la réussite ? Même chose, parmi tant d’autres, pour notamment  la Suède et ses diableries migratoires passées au tamis du Politiquement-Correct (PC) ; et pour l’Union Européenne, absolument lénifiante entreprise, émolliente dans ses monotones et squelettiques tirades démocratiques et moralisatrices, complètement impuissante et indifférente dès lors qu’il s’agit de la cause et du sort des peuples...

Ce sont tous ces constats qui alimentent ma lassitude : je suis las d’évidemment et absolument critiquer ce qui est absolument et évidemment critiquable

J’aimais bien le titre d’un bouquin de Vladimir Volkov : « Pourquoi je suis moyennement démocrate », parce qu’il me permettait et me permet plus que jamais de répondre par l’évidence, – ces mots, “parce que” et “l’évidence”, – avec cette réponse : “eh bien ‘moyennement démocrate’ ‘parce que’ c’est ‘l’évidence’, c’est si aveuglant”. La démocratie ne déclenche effectivement qu’un enthousiasme assez moyen, une adhésion tout en nuance, qui avance au pas de l’écrevisse.

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Autres temps, autres terreurs...

  mardi 30 juin 2020

30 juin 2020 – Pour en rajouter une petite couche très-modeste, je vais :faire un commentaire plus personnel sur la nouvelle traitée le jour d’avant-aujourd’hui, sur  le déclin de l’AIPAC qui semble accélérer irrésistiblement, qui est documenté dans ce sens d’une façon convaincante par l'article cité dans ce texte. Donc, un bref historique personnalisé...

En 2007, lorsque John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, et Stephen Walt, professeur de relations internationales à la Kennedy School of Government de l’université d’ Harvard, publièrent ‘The Israel Lobby and the U.S. Foreign Policy’, décrivant toutes les capacités d’influence israéliennes avec l’AIPAC comme matrice, ce fut l’occasion d’une très forte polémique, avec des aspects hystériques déjà repérés lors de la publication d’un article sur le même sujet par le même duo en 2006. Cela faisait des années, des décennies, que l’influence israélienne à Washington était à la fois un facteur fondamental du pouvoir washingtonien, connu de tous mais respecté par le silence de tous, une force quasiment légitime et irrésistible, effrayante et même terrorisante.

J’avais connu de loin, mais suffisamment précisément, ce phénomène qui ne cessait de déclencher des rumeurs complotistes, des appréciations chuchotées, des regards terrorisés jusqu’à presque se signer. En 2007, en général, on ne donnait pas cher de la peau des Mearsheimer-Walt dans le monde universitaire, et l’on attendait leur disparition dans les oubliettes de l’infamie. La polémique dura longtemps : par exemple, en février 2009 on faisait encore des émissions sur le bouquin, et  dans celle-ci justement on a beaucoup de détails et de précisions sur les aventures des deux auteurs. 

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Un temps fractal

  mercredi 24 juin 2020

24 juin 2020 – Je ne dirais rien, ni des auteurs, ni des thèmes d’une façon trop précise, ni du site sinon qu’il n’est certes pas antiSystème et qu’il est notablement fréquenté ; bref, rien de ce qui pourrait permettre une identification des personnes, des textes et des circonstances diverses... Je veux simplement décrire très succinctement, d’une façon assez générale, trois textes sur la situation actuelle, générale elle aussi, parus le même jour d’un jour qui n’est pas très loin du jour d’aujourd’hui. De cette façon et avec ces précautions, il m’importe d’en tirer quelques réflexions qui ne soient en aucun cas marqués par la polémique.

Voici donc les trois textes, rangés comme ils sont, – sans ordres de prééminences, ni ordre de préférence, ni ordre de validité, ni même l’ordre alphabétique, bref sans aucun ordre du tout... 

• Un de ces trois textes nous dit que les gens, notamment aux USA, sont placés devant un dilemme terrible, entre leur liberté et la perte de leur liberté (il parle même d’“esclaves”, ce qui est actuellement très couru aux USA), et que tout cela est lié à une prise de contrôle de nous-mêmes effectuée ou plutôt sur le point de l’être, du fait de forces très puissantes et organisées, qui ont développé la pandémie Covid19 d’une façon très précise et très organisée ; forces parmi lesquelles on trouve un Bill Gates et sa famille, et son complot, et aussi des puces posées par le même dans notre ordinateur et bientôt sous notre peau, et ainsi de suite ;

• le second de ces trois textes nous dit que plus personne ne contrôle plus rien du tout aujourd’hui dans les fantastiques affaires que nous traversons, sauf peut-être, comme dernière capacité de contrôle, l’illusion encore existante chez certains dans le public que quelqu’un (les élites) contrôle encore quelque chose ; le texte est péremptoire, comme s’il déchirait un rideau, allumait un soleil, nous disait “le roi est nu” : “Et si personne ne contrôlait rien du tout ?”

• le dernier texte dont je dois parler nous entretient des plans secrets de l’Amérique, qui va se révéler triomphante alors qu’on la croit à terre, qui entend bien à son terme des plans muris et annoncés tant de fois depuis 20 ans, et remis à plus tard autant de fois, que l’auteur avait prévus depuis longtemps, et qu’il nous annonce pour très bientôt, – car il s’agit de “redessiner le Moyen-Orient” à l’avantage de l’Amérique.

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« Le monde malade de l’Amérique »

  lundi 22 juin 2020

22 juin 2020 – Le titre de cette page du Journal-dde.crisis est aussi le titre d'un livre publié en 1999, ‘Le monde malade de l’Amérique’ effectivement, dont l’auteur est PhG. (*) Je trouve ce titre, rétrospectivement, à la fois excellent, comme je l’avais jugé alors, et en plus visionnaire ; je peux d’autant plus me permettre de telles considérations que c’est l’éditeur qui l’avait proposé après une recherche commune, comme résumant parfaitement ce qu’il avait ressenti à sa lecture.

Il va sans dire mais aussi bien en l’écrivant, et pour faire la transition, que c’est le texte d’Alastair Crooke qui a rappelé « Le monde malade de l’Amérique » à mon souvenir ; et précisément cette phrase qui contient, pour moi, pour ma perception, en quelques mots tout l’esprit que je découvre  dans ce texte, et cela même si l’auteur n’a pas consciemment voulu l’y mettre. (N’oubliez pas que c’est un  logocrate qui vous parle.)

« [C]e qui est indéniable, c'est que ce mouvement du “réveil” se répand dans certaines parties de l'Europe et de l'Amérique plus vite que l’infection par le Coronavirus. »

Après cela, vous ne pouvez pas dire que le monde n’est pas “malade de l’Amérique”, n’est-il pas ? Mais l’Amérique encore plus, certes, malade d’elle-même, absolument. 

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Mémoire médiévale

  vendredi 19 juin 2020

19 juin 2020 – Un grand débat court depuis si longtemps et ne cesse d’enfler, entre les modernes et les autres, que ces autres se disent antimodernes ou non. Nous-mêmes le posons et l’argumentons dans nos termes selon le phénomène du “déchaînement de la Matière”, qu’il faudrait décrire comme né et identifié à partir d’une grande “rigueur intuitive” et nullement d’une grande “rigueur logique”. Ce Grand Débat, – il mérite de ces majuscules dont je ne suis pas avare, – est partout dans nos esprits comme il est dans le mien, dans ces temps où enfin apparaît l’évidence que nous ne pourrons plus durer tels que nous sommes.

Ce débat concerne essentiellement le vaste concept, mythe et symbole à la fois, de “Progrès” avec tout ce qui l’accompagne, et qui fonde la modernité. Ce débat est qualifié de “Grand” selon son évidence même, et il doit être aussi apprécié comme “urgent” en raison de la crise catastrophique qui nous frappe avec de plus en plus de vigueur ; en même temps, il devrait être, pour ceux qui y participent, extrêmement ouvert, – sinon iconoclaste, absurde ou impensable pour certains (pour ceux qui n’en veulent pas). Il est vrai que ce Grand Débat, suscité par le symbole du fléau de Dieu qu’est la pandémie Covid19 suivi par l’opérationnalisation du mythe de l’insurrection qu’est l’événement que nous nommons sur ce site la Grande-Emeute2020, ne concerne rien de moins que l’idée d’une alternative à notre système, – au Système dirais-je, pour notre compte à nous. 

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Notre “chute de l’Empire”

  mardi 16 juin 2020

16 juin 2020 – J’ai bien du mal à me dire : “Oui, c’est cela, nous sommes en train d’assister à la chute de l’Amérique, à la chute de ‘notre chute de l’Empire’”. J’entends par là que la possibilité de ce gigantesque événement est désormais bien réelle, palpable, complètement imaginable et envisageable, je dirais presque comme un terrible qualificatif qui s’insinue enfin en nous tous : “inéluctable”, cette chute... Je parle de “l’Empire”, de l’Amérique, et l’on sait que c’est le Système, que c’est notre civilisation, que c’est une époque de l’Histoire et son temps que le Temps, cette chose métaphysique et sublime, abandonnent à eux-mêmes. Nous imaginons désormais bien plus que nous ne pouvons imaginer

Et plus que jamais, plus que tout ce qu’on pouvait imaginer, – justement, toujours cette impossibilité devenant possible, – se produit ce phénomène incroyable, tel qu’on l’avait signalé à propos de l’attaque du 11 septembre :

« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d’une force et d’une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L’histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. On sait également que ceux qui ont décidé et réalisé cette attaque l’ont fait parce qu’ils savaient qu’existe cet énorme phénomène d’observation des choses en train de se faire, et de nous-mêmes en train d’observer. Le monde est comme une addition de poupées russes, une duplication de la réalité en plusieurs réalités emboîtées les unes sur les autres. » (*)

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Pourquoi RapSit-USA2020 ?

  vendredi 12 juin 2020

12 juin 2020 – Nos très-fidèles et même nos simplement-fidèles lecteurs ont remarqué l’apparition d’une sorte de “rubrique temporaire” à l’intérieur de la rubrique Brèves de crise (par ailleurs fort peu utilisée). La chose est lapidairement expliquée dans une note accompagnant ce premier texte de la série,  aujourd’hui :

« Nous commençons une série de “rapport de situation” (d’où Rap[port]Sit[uation], imité du SitRep [Situation Report]utilisé pour l’anglais) sur les événements aux USA, au moins jusqu’aux présidentielles (d’où RapSit-USA2020), peut-être (sans doute) après. La parution n’a aucune régularité, se faisant selon notre jugement sur l’importance des événements ou sur la nécessité d’une mise à jour, d'un rectificatif du flux officiel-Système, etc. Certains événements signalés peuvent être repris et développés dans d’autres rubriques. La rubrique ‘Brèves de crise’ est utilisée dans ce cas pour la facilité. »

L’idée de la forme a été pêchée chez certains sites anglophones (le Saker-US en premier, je crois, sur l’Ukraine et la Syrie), – Situation Report [SitRep] devenant Rapport de Situation [RapSit]. (L’introduction de l’abréviation “Rap” si évocatrice du climat où nous évoluons est, c’est mon sentiment, du plus heureux effet n’est-il pas ?)... Il s’agit bien de donner quelques points rapides de la situation aux USA, plutôt qu’un développement comme c’est souvent le cas dans les SitRep. Les développements, sur ce site, se retrouvent plutôt dans les autres rubriques, qui peuvent, comme cela est précisé, revenir sur un élément mentionné dans un “RapSit”.

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A genou les hommes...

  dimanche 07 juin 2020

7  juin 2020 – ... En fait, il faut compléter  la devise de Saint-Cyr : « A genou les hommes, debout les officiers », pour mieux observer l’extraordinaire spectacle de cette pandémie américaniste, puis globale, – mais ceci équivaut à cela, après tout, – qui caractérise l’événement de la Grande Emeute-2020. On va jusqu’à cet officier de la police de Minneapolis  embrassant le sol après s’être mis à genou, sur injonction des BLM (Black Lives Matter) : “A genou les officiers, debout les hommes” ? Dérision, vision pathétique, crépuscule et les ténèbres d’un monde détruit en des riens innombrables, addition de néants complices de la même paroisse... Laissez  Saint-Cyr en son temps, elle n’a que faire du nôtre.

Comment voulez -vous commenter cela, avec des mots ou des expressions qu’ils ne connaissent plus, dont ils ne savent même plus qu’ils peuvent exister : “dignité”, comme le contraire de l’indignité, “respect de soi” comme l’opposé de l’auto-humiliation. (Certains nomment cela masochisme avec un sourire entendu ; je leur laisse le tout, y compris le sourire et le pourboire.)

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Contrechant métahistorique

  vendredi 05 juin 2020

5 juin 2020 – Qui se rappelle encore, je veux dire dans sa mémoire vivace, de l’assassinat de Soleimani par le fait d’un drone actionné par un assassin assis dans son fauteuil, à des centaines de kilomètres de là ? Le 6 janvier 2020, il était défini sur ce site par ce titre mesurant l’importance rupturielle qu’on lui accordait : « Un assassinat métahistorique ». La situation était gravissime dans la perspective jugée quasiment inévitable d’une guerre entre les USA et l’Iran.

Dans le brouhaha terrible que provoqua cet événement, un jugement du philosophe de la littérature Mircea Marghescu, dans son Homunculus – Critique dostoïevskienne de l’anthropologie  me vint à l’esprit puis sous la plume :

« L’acte est solidaire de ses conséquences et c’est en fonction d’elles qu’on le jugera. Sa culpabilité ne sera plus mesurée à son degré de conscience, – et de mauvaise conscience, – mais à “la mort qu’il porte en lui” et qu’il introduit dans le monde des hommes. »

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Cadeau de Léon: “révolution permanente”-USA

  jeudi 04 juin 2020

4 juin 2020 – « Rien ne pourrait être plus dangereux que de penser que la crise est passée. Au contraire, elle ne fait que commencer. La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise sans précédent en tant que force sociale et politique indépendante. Elle doit s’opposer à la conspiration à la Maison Blanche par les méthodes de la lutte des classes et de la révolution socialiste. »

Qui a écrit cela ? Vous avez deviné, à la seule dialectique et en se référant à nos habitudes. Il est excellent de suivre le site trotskiste WSWS.org parce que dans sa chronique alterne le pire et le meilleur, sans transition ni nuances. Il y a donc à boire la liqueur la plus exquise et la plus revigorante, et à manger les aliments les plus artificiels et les plus improbables. Il sait faire le tri avec minutie et justesse, c’est-à-dire commenter les événements, et tirer les leçons tactiques qui importent, et là-dessus nous annoncer mordicus les événements formidables, – globaux, inarrêtables, prolétariens, – qui donneront raison à  l’irremplaçable Léon, quatre-vingts ans presqu’exactement après son assassinat ignoblement manigancé par le fourbe-psychopathe du Kremlin.

Donc oui, la “crise” ne fait que commencer, c’est-à-dire le dernier étage de la puissante fusée que même Elon Musk ne pourrait pas sa payer, et cette fusée baptisée  GCES. Mais aussitôt admise la chose, la présentation qu’en fait WSWS.org me serre le cœur d’émotion et amène même, à l’extrême-gauche de mon œil gauche, une petite larme sardonique et sarcastique : comment peuvent-ils croire à cette sorte d’envolées lyriques alors qu’ils se trouvent en plein cœur de la mise à nu qu’est le simulacre de l’américanisme depuis les origines, dans toutes ses impostures ?

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T.C.-91 : American-Khàos

  samedi 30 mai 2020

30 mai 2020 – Il s’agit d’un embrasement exceptionnel, à partir des nuits d’émeutes de Minneapolis. Désormais, un nombre impressionnant de grandes villes aux USA sont touchés par la réaction de la rue, dans des manifestations tournant très rapidement à l’affrontement, puis à l’émeute pure et simple.

Bienvenus : nous sommes entrés sur une terra incognitadont nul ne sait ce qu’elle nous réserve.

Il serait aisé, comme font nombre de politiciens et de commentateurs appointés-Système, de définir la chose comme une réaction antiraciste, contre les violences policières. L’analyse est extrêmement courte, à l’image de la corruption du simulacre qui enveloppe tous les événements où le Système est en cause. Nous sommes bien au-delà de l’antiracisme Africain-Américain, – on le voit d’ailleurs sur les photos et vidéos montrant un nombre important de participants “blancs” (s’il est encore autorisé de parler de couleur de peau, – qu’on nous pardonne).

Remarquablement inspiré sur ce point essentiel, WSWS.org ne cesse de taper sur le clou, jusqu’à illustrer son texte du jour  par une photo montrant une femme seule affrontant un rang de policier, – et la femme est blanche et bien blanche. Et WSWS.org de terminer son article sur l’embrasement américaniste (ou antiaméricaniste ?) de la sorte :

« L’ancien vice-président Joe Biden,  [candidat démocrate]  présumé à la présidence, a accusé le peuple américain plutôt que la police du meurtre de Floyd. “Avec notre complaisance, notre silence, nous sommes complices de la perpétuation de ces cycles de violence”, a-t-il prêché, invoquant comme cause le racisme comme “péché originel de ce pays”.
» Il ne fait aucun doute que le racisme a été un élément important dans le meurtre de George Floyd. Mais le racisme est encouragé dans un contexte social précis, celui de l'aggravation des inégalités sociales dans le capitalisme du 21e siècle, où la classe dominante fait tout son possible pour diviser et antagoniser la classe ouvrière. Plus de 1 000 personnes sont victimes de la violence policière en Amérique chaque année, et si un nombre disproportionné d’entre elles sont noires, le plus grand nombre est blanc. Ce que presque tous ont en commun, c'est qu’ils viennent de la classe ouvrière, la plupart de ses couches les plus pauvres. »

Il est vrai que le racisme et l’antiracisme constituent les slogans basiques du discours-Système pour éviter la seule explication qui vaille pour ces convulsions crisiques, – soit l’expression violente de la Grande Crise qui secoue le Système, qui marque son Effondrement, – la  GCES. C’est, bien au-delà et au-dessus des agitations LGTBQ dont l’antiracisme est le compagnon de route, un immense événement que cette flambée de violence enchaînant en l’intégrant la crise-Covid19 dans un tourbillon crisique qui ne cesse de se creuser.

Il serait bien lassant de dévider la liste des incidents comme celle des villes touchées par les troubles et les violences (ZeroHedge.com  donne une abondante documentation). Les commentaires courants et bienpensants sont empreints des prudences et des intérêts électoraux, bien plus que de la préoccupation dont on devrait faire preuve devant la gravité de la situation. Les bonnes âmes des plateaux-TV de l’aile progressiste-sociétale du système de l’américanisme ont  reçu instruction de ne pas parler d’“émeutiers” ou de “pillards” mais de “protestataires” ; Trump, lui, parle de “voyous”.

Il faut identifier et retenir quelques faits, circonstances, déclarations, comportements qui, selon nous, marquent les événements de façon originale, instructive, ou simplement d’une importance réelle.

• Les premières 24 heures de l’intervention de la Garde Nationale (à Minneapolis) ne montrent guère de résultats. Les soldats font comme les policiers : ils reculent devant les émeutiers (les “protestataires”). Pourquoi ? Parce qu’ils ont la consigne absolue du maire et du gouverneur (tous deux des démocrates) d’éviter tout incident, tout acte pouvant être qualifié de “répressif” puisqu’il s’agit (les “protestataires”) de leur électorat d’une part, d’une foule représentant au moins symboliquement le cliché bienpensant des Africains-Américains opprimés d’autre part. (Cette situation de l’impuissant paralytique qui tient les manettes est, à cet égard, partout la même dans les pays de cette civilisation du  bloc-BAO  qui se meurt, – par exemple, comme les policiers français, avec leurs instructions de “laisser-faire” dans les mauvais quartiers.)

• Les “protestataires”, puisqu’il en est ainsi, ont promis d’attaquer désormais les banlieues riches de Minneapolis (les 1% et les 0,1% de la région) ... S’ils le font, on se trouverait devant une situation extrêmement intéressante.

• L’un des événements les plus singuliers est l’attaque  du siège de CNN à Atlanta, dans la mesure où les attaquants (les “protestataires”) devaient être (?) des membres de Black Lives Matter et de groupes progressistes du type Antifa/antiTrump, que soutient habituellement CNN, le plus antiTrump des réseaux. La maire d’Atlanta, la très-progressiste et Africaine-Américaine Lance Bottoms, a fait  un très violent discours adressé aux “protestataires”. D’autres magasins ou propriétés détruits n’ont pas bénéficié de ce soutien.

• Le  Pentagone prépare des unités de la Police Militaire pour éventuellement intervenir à Minneapolis dans les quatre heures à partir d’un ordre d’intervention. Cela implique que Trump a ordonné spécifiquement à son ministre de la défense Mark Esper d’être prêt à impliquer le Pentagone (les forces armées, normalement affectées aux seules actions extérieures) dans toute situation intérieure qui l’exigerait. (Les Gardes Nationales qui interviennent déjà ne sont pas incluses dans cette législation courante de non-intervention intérieure, puisqu’elles se réfèrent aux États spécifiques de l’Union.)

• Van Jones, activiste, ancien conseiller proche d’Obama,  licencié par son ami président par prudence (celle du prudent-président), devenu commentateur à CNN, a fait vendredi  cette remarque très intéressante, qui mériterait un développement : « Ce n'est pas le blanc raciste du Ku Klux Klan qu’il faut craindre. C'est la partisane blanche et progressiste d’Hillary Clinton qui promène son chien dans Central Park et qui vous dit en général : “Oh, je ne distingue pas entre les races, la race n'est pas un problème pour moi, je vois tous les gens de la même façon, je donne aux associations caritatives” ; mais à la minute où elle voit un homme noir qu’elle juge défavorablement, ou dont elle craint quelque chose,  elle fait de la race un argument comme si elle avait été entraînée par la Nation Aryenne...  [...] Un membre du Klan n'aurait pas pu être mieux formé pour décrocher son téléphone et dire à la police que c'est un homme noir...  [...]  Ce que vous voyez maintenant, c'est un rideau qui tombe. »

• Enfin, parce qu’il ne faut jamais manquer de mettre la traditionnelle cerise sur la tarte à la crème, il y a l’hypothèse du Russiagate, toujours bon pied bon oeil ... Cela est relevépar Graham Dockery, sur RT.com : « Le meurtre apparent de George Floyd par un policier de Minneapolis n’est pas seulement une démonstration choquante de brutalité policière. Il fait partie du plan de la Russie pour renverser les États-Unis, selon des affirmations de membres de l’intelligentsia progressiste. “Le meurtre de George Floyd s'inscrit dans le plan directeur de la Russie visant à promouvoir la VIOLENCE aux États-Unis, selon la communauté de l'intelligence”, a tweeté vendredi Leanne Watt, psychologue clinicienne. »

• ... En n’oubliant pas la version du gouverneur démocrate du Minnesota, qui jugerait éventuellement que  la cause initiale des émeutes pourrait être le fait de “suprémacistes blancs”, avec un zeste de cartels mexicains de la drogue... Tandis que d’autres (voir l’auteur conservateur  Candace Owens) jugent que l’affirmation du chef de la police de Minneapolis selon laquelle nombre de “protestataires” n’étaient pas de Minneapolis, implique que le mouvement a été lancé et soutenu par les groupes de George Soros.

• Jusqu’ici, il y a eu deux morts, un à Detroit du feu d’un sniper inconnu vers la foule émeutière, et un autre, un officier des Services Fédéraux de Protection, à Oakland, dans l’Oregon.

Il est bien entendu impossible de réduire cette énorme cascade de révoltes au seul “racisme policier”, même si toutes les forces de communication du Système, dans ce cas des démocrates, y besognent dur et ne vont pas cesser. L’événement prend racine évidemment dans la crise américaniste qui se développe depuis des années, plus précisément et opérationnellement au moins depuis 2009 et l’apparition du Tea Party. Droite ou gauche, peu importe, tandis que la crise du pouvoir washingtonien (de Washington D.C. à “D.C.-la-folle”) depuis 2015-2016 est venu ajouter l’ingrédient d’une agitation permanente, à la fois corruptrice et de simulacre, entretenant les composants de l’explosion qui s’effectue plutôt comme une accélération constante d’un processus de plus en plus brutal de décomposition.

Les Cassandre et prophètes de malheur sont à leur travail, avec d’autant plus d’ardeur que les événements les confirment ; ainsi de Michael Snyder, et son site, le bien-nommé EconomicCollapse, après avoir détaillé l’effondrement de l’économie, écrivant le 28 mai 2020(depuis, son diagnostic s’est certainement aggravé) :

 « Il y a eu tant de colère qui s’est amassée en Amérique durant les “bonnes années”, et maintenant cette nouvelle dépression qui s’abat sur nous avec une force incroyable va rendre les choses beaucoup, beaucoup terribles.
» Quand il n’y aura plus d’emplois disponibles et que les gens n’auront plus de quoi fournir le minimum vital à leurs familles, nous verrons apparaître une frustration dans une mesure et d’une brutalité jamais vues auparavant.
» Aussi, prenez note de ce qui est en train d’arriver dans les rues de Minneapolis parce que c’est l’esquisse de ce qui nous attend dans un proche avenir dans toutes nos grandes villes. »

La situation aux USA ressemble d’une certaine façon symbolique à la crise du Covid19 qu’elle est en train de continuer à subir par ailleurs (encore plus de 1 200 morts hier). Cette succession de violences émeutières agit comme une pandémie, provoquée par un virus dans une première vague, avec peut-être une accalmie puis une deuxième vague, ou simplement la poursuite de la contagion. Le parallèle entre Covid19 et la violence émeutière s’inscrit évidemment dans le cadre le plus grave qu’on puisse imaginer, c’est-à-dire cette Grande Crise GCES qui se développe implacablement.

Désormais, tous les éléments nécessaires à la montée vers le paroxysme du paroxysme sont en place. Ce qui se passe aujourd’hui, de Minneapolis à Atlanta, à New York City et même devant la Maison-Blanche, apparaît, soit comme une répétition, soit comme une amorce d’un processus constant conduisant à une élection qui sera évidemment très agitée, jusqu’à la possibilité d’un état d’urgence imposée par les événements et la renvoyant aux calendes trumpistes. Désormais (suite), les éléments nécessaires à une guerre civile, sortant du cocon de ce qui fut jusqu’ici une “guerre civile froide”, sont non seulement en place, mais en état de marche.

Il y eut même, ces derniers jours à Mineapollis, des citoyens particulièrement impressionnants, armés de fusils d’assaut comme vous et moi puisque c’est courant dans le “Rêve Américain”, venus protéger un magasin qui demandait de l’aide alors que les policiers étaient occupés à dégager à toutes jambes du commissariat du 3èmeDistrict pour qu’on puisse le brûler, selon les ordres du maire (laisser-faire, pas de répression). L’un d’entre eux, de ces citoyens “particulièrement impressionnants”, nous explique comment vont les choses : « Nous ne sommes absolument pas d'accord avec le pillage, mais nous sommes d'accord avec la cause des protestations. »

« Rien ne sera plus comme avant »

  jeudi 28 mai 2020

28 mai 2020 – Voici un intellectuel de belle stature, d’une immense culture et d’une pensée d’une réelle qualité. Par rapport à mon point de vue, je dirais que je partage nombre de ces jugements et positions sur les problèmes du temps ; ce qui nous différencie je crois, c’est qu’il fait moins confiance à l’irrationalité et plus à la raison que je ne fais, craignant pour son compte de tomber dans le traquenard de la magie ou de la “foi” du zélote. (Autre différence, il se pense athée et je ne me pense pas athée ; mais c’est, malgré l’apparence, d’une importance secondaire.) Qu’importent les espaces séparant l’un de l’autre, c’est un bel esprit que je salue.

De même, et selon ce qu’on pourrait juger être un caprice de ma part, je ne désire pas lui donner son nom. Peut-être s’agit-il pour moi de ne pas laisser ou faire croire que je le critique, – ce qui n’est le cas en aucune façon, – et dans tous les cas il y a cette raison que son anonymat doit empêcher de lire ce qui suit avec certaines idées toutes faites attachées à un nom, pour ne s’attacher qu’au travail de l’esprit et aux pièges qu’il ménage. Qu’ensuite, certains recherchent son identité et la trouvent, peu me chaut. 

Simplement dit enfin, il y a, dans la contradiction que je vais exposer en le citant quelque chose qui doit nous arrêter, qui nous concerne tous.

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Les conspirations d’Israël Shamir

  samedi 23 mai 2020

23 mai 2020 – Naturellement, j’aime bien Israël Shamir. C’est un de ces commentateurs assez mystérieux, quasiment infréquentables pour les âmes inquiètes et très-bienpensantes mais difficile à classer dans les “accessoires négligeables” dont on ne dit mot ; qui distille des avis souvent explosifs, sans peur de rien, qui est instructif à plus d’un égard, parfois avec ce qu’on sent être du vrai, une révélation vraiment inédite. Il faut le lire avec des pincettes et en marchant sur des œufs, mais en sachant qu’au travers de ses chroniques il peut arriver que l’on ferrât du très-gros poisson.

...Mais voilà qu’il commence son plus récent article (22 mai 2020 sur UNZ.News), avec son titre très parlant de « Coronavirus Conspiracies », par deux phrases qui valent à elles seules un long développement, qui sont absolument fécondes et inspiratrices, – mais dont il ne s’occupe plus vraiment une fois écrites ; quant à moi qui parle tant du complotisme ces temps-ci, j’en fais mon miel :

 « J’aime bien les théories de la conspiration ; elles tentent d’injecter un sens à des ensembles de faits divers qui, autrement, n’auraient aucun sens. Elles font entrer le Logos dans notre vie, comme le dirait notre ami E. Michael Jones. »

(Je précise, pour être moi-même sûr de la juste exposition de mon sujet, qu’on prend ici le concept de Logos comme il faut, c’est-à-dire comme celui de “raison” dans notre langue, – c’est-à-dire, selon  Wiki : « Dans la pensée grecque antique, le logos (grec ancien λόγοςlógos “parole, discours, raison, relation”) est au départ le discours parlé ou écrit. Par extension, logos désigne également la raison... »)

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En attendant Euripide

  vendredi 22 mai 2020

22 mai 2020 – Ces temps-ci, il devient souvent désespérant et décourageant à la fois ou c’est selon, de remplir son devoir de commentateur pour poursuivre la mission qu’on s’est assignée, – ou bien la Mission qu’on m’a assignée (c’est selon...). Pour exprimer le sentiment assez vague mais très puissant qui m’envahit et justifie ce constat, on s’arrête à un texte d’Alastair Crooke d’il y a quelques jours (le 18 mai).

J’aime bien Alastair. On le sent calme, il a le phrasé doux et doucement ironique, il aime s’entourer de symboles et de références culturelles ou supra-historiques qu’il va pêcher dans sa puissante culture. Il ne s’aventure pas dans les explications labyrinthiques des complots sans nombre qui animent notre désir frénétique de rationalité, et rien que de rationalité, pour expliquer les mystères d’un monde devenu si étrange. A côté de cela, on sent chez lui une pensée ferme, qui ne s’en laisse pas conter.

Ce texte-là, intitulé « Le bourbier de notre civilisation – regarder la vérité en face », s’il s’attache à l’un ou l’autre événement spécifique, les traite avec assez d’ampleur pour aller au cœur de ce que je nomme notre “Grande Crise” (GCES). Son exposé initial de la situation ne vous étonnera pas vraiment, notamment cette contradiction où nous nous trouvons entre deux crises (ou sous-crises) majeures, – par ailleurs, cette contradiction applaudie comme une ruse suprême par bien des dé-comploteurs (des explicateurs de complots si vous voulez, on pourrait dire des “sachants-comploter”)...

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Mémoires d’un déconfit

  mardi 19 mai 2020

19 mai 2020 – Il fallait s’y attendre, les jeux des mots sont si tentants. De plus, je trouve le rapprochement paradoxal, – selon la doxa officielle (d’ailleurs aussi bien d’une ligne antiSystème) disant qu’il faut être joyeux d’être “déconfinés”, alors que je m’en trouve plutôt déconfit : parler de “déconfits” à propos des “déconfinés” ! Paradoxe et trahison ! C’est pourtant ce que je ressens, être comme déconfit et assuré de n’être pas le seul.

Hier, c’était le premier jour de la première phase du réel déconfinement à-la-belge, ce que je désignerais bien d’une façon aussi symbolique qu’opérationnelle comme le “déconfinement du bruit”. J’ai vu deux personnes extérieures à mon lieu de confinement (car je reste confiné, certes), et toutes deux, sans la moindre consultation entre elles, sans la moindre sollicitation de mon chef, m’ont fait part du même sentiment.

« Depuis ce matin, quel potin sur la route, toutes ces voitures ! On était si tranquille... », dit la première ; « C’est vrai, il y avait des contraintes mais on commençait à s’y habituer, et maintenant on commence à regretter cette période », dit la seconde. Il est vrai que ces deux témoins, et moi encore moins, ne sont pas du genre Homo-Festivus de Philippe Murray, ceux qui ont besoin de danser rock’n’roll au son d’un rap transcommunautaire dans les rues postmodernes des grandes cités-mégapolesques, pour expérimenter la liberté que leur offrent d’un geste conjoint la modernité et le Système.

Mais trêve de sarcasme... Il y a, dans mon chef, un ou plusieurs enseignements importants à tirer du sentiment qui m’habite, que j’ai pu expérimenter justement ce matin en y prêtant attention, lors de ma promenade matinale, à la lumière douteuse de ce facteur environnemental qui nous est revenu. Je parle de ce bruit sourd, mécanique, lourd et presque puant de la Machine remise en marche, montant de la vallée où serpentent la grand-route et la ligne de chemin de fer, des voitures et des camions grondant, et par moment d’un train ferraillant dur. J’avais perdu l’habitude d’entendre ce tintamarre lourd et entêtant parce que, simplement, touché par la Grâce, je ne l’écoutais plus et qu’on l’avait chassé. Aviez-vous noté ce paragraphe de conclusion du texte du 29 mars de ce Journal, sur « Le confinement de l’âme » ?

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Espiègle virus

  dimanche 17 mai 2020

17 mai 2020 – Il y a trois ou quatre semaines pour nos contrées occidentalistes et ouest-européennes, – l’Asie à notre Est nous avait précédés, l’Amérique sur notre Ouest nous suit mais avec sa spécificité d’exceptionnalisme, en accumulant les cas exceptionnels, – il y a 3 ou 4 semaines on ne pensait qu’à protéger, à favoriser, à poursuivre et à verrouiller le “confinement”. Cela semblait fort suspect. Combien de critiques regardaient cela d’un œil soupçonneux, combien d’artisans du domaine y voyaient une entreprise louche des autorités pour nous confiner d’une façon pénitentiaire, pour des semaines, voire pour des mois, plus peut-être, pour le reste du temps des Temps, – bref, un infâme complot, nous disaient les artistes du bel-art. Partout, ce n’était qu’une clameur : “Notre liberté ! Nos droits !”

Désormais, depuis quelques jours, on est tout miel et tout sucre sur les antennes et dans les studios bien vus à la Cour du Palais. Le “déconfinement” a l’air de marcher, il a l’air de mieux en mieux, il a belle allure et bonne mine, le teint rosissant et les joues rebondies malgré les clusters de fortune et de circonstance, c’est à croire qu’il marche ! Partout, sous les plumes et dans les voix les plus autorisées, on réfrène son enthousiasme mais l’enthousiasme sourd : le “déconfinement” marche ! Ainsi serions-nous donc conduits à penser, triste caravane des commentateurs déconfits, qu’ils avaient confiné pour mieux déconfiner ? Le complot se mord la queue.

Pour le “déconfinement”, pour ne pas trop en être déconfits judstement, – c’est à voir et on verra dirais-je, moi aussi prudent comme un Sioux sur le sentier de la paix, – rien n’est dit, rien n’est fait, absolument, attendons et voyons... Il me reste tout de même à observer la chose, en venir au renforcement du constat assez évident que se poursuit et se tord le chaos des jugements et des engagements contredits, contradictoires et contre-nature : car si l’on comprend bien, tous ces gens qui représentent le Système de près ou de loin, applaudissent ce que tant de phalanges d’antiSystème, mobilisées contre le confinement comme devant un complot-Soros, Gates & Cie, ont réclamé avec tant d’énergie.

Alors, où est le complot, et dans quel sens, et qui veut quoi, et cetera ? 

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Pavane pour une analogie-tardive

  vendredi 15 mai 2020

15 mai 2020 – Il y a eu plusieurs occasion ces derniers jours qui m’ont rappelé à un souvenir, et m’ont fait m’interroger sur les intermittences et les absences de la mémoire. Ce n’est pas surprenant puisque l’“étrange époque” est celle du  Big Now, du simulacre du “présent éternel”. Trois occasions :

• Le 5 mai 2020ZeroHedge.com avait une nouvelle, « Elvis était le roi, Ike était président, 116 000 Américains moururent d’une pandémie ». Il s’agit de l’année 1957, lorsque la “grippe asiatique” faisait rage et qu’elle eut son lot de victimes aux USA, dans la même mesure générale que Covid19. Pour être plus précis, cette nouvelle vient de l’AIER (American Institute for Economic Research), le  4 mai 2020, de Jeffrey A. Tucker. On cite cette remarque, extraite du texte :

« Ce qui est remarquable quand on revient à cette année[1957], c’est de constater que rien ne fut fermé. Restaurants, écoles, théâtres, manifestations sportives, voyages, tout a continué sans interruption. Pas de ce cycle d’information fonctionnant 24 heures sur 24, avec des milliers d’agences de presse et un milliard de sites web affamés de trafic, la plupart des gens ne faisaient attention qu'à maintenir une hygiène de base. La presse en a parlé comme d'un problème médical. L’idée qu'il y avait une dimension politique n’a jamais effleuré personne. »

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