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Les politiciens, qu’ils se disent de gauche ou de droite seront un jour bien obligés de tenir compte des conséquences de l’extrême violence qui vit au cœur du capitalisme: la Concurrence. Elle ne règne pas que là, bien sûr, mais là elle est mortelle. Pour que notre société marche –le capitaliste dit "évolue"– il faut de la concurrence entre ces "agents économiques" que sont les hommes. Il est convaincu le capitaliste qu’elle est le moteur de la société comme l’attraction universelle est celui des planètes. Il voit l’homme comme animal compétiteur, être compétitif désireux de concourir, de courir avec, bête à concours, en lutte non seulement avec lui-même, chose qui peut se défendre vu son imperfection native, mais surtout avec tous les autres, c'est-à-dire contre tous les autres dont l’imperfection est plus énorme encore que la sienne au point qu’il finira par ne plus la voir la sienne, et l’effacer de son équation. La concurrence sera la loi qui régit la cruauté de chacun envers tous et de tous envers lui, pauvre capitaliste incompris. Le crédo qui l’anime, mais pour les autres, c’est marche ou crève. Marx et son homo homini lupus pensait pareil. En son sens ordinaire la formule était fausse car les loups ne sont pas des loups entre eux puisqu’ils chassent en meute, mais les hommes le sont pour ce qui est du partage du butin entre le chef et les pas chefs. Beaucoup de loups après restent sur leur faim, sont le dindon de la farce. Mais revenons au mouton de concurrence, à l’agent économique qui parfois se rêve loup.

Ceux de gauche, s’ils n’étaient pas au départ systématiquement contre la concurrence le sont devenus. Le départ se situant pour la France au 18e siècle. Ils estiment qu’aujourd’hui elle a fini par devenir contre productive, que concurrencer l’agent économique, le voir comme adversaire et donc tout faire pour le doubler, le vaincre, voire le ruiner, ne peut être la règle de l’activité humaine car les inconvénients sont désormais plus grands que les avantages. Certes l’espèce des loups et des agneaux ne disparaitra pas de si tôt mais celle de la grenouille et du bœuf que le fabuliste avait identifié dès le 17e siècle, non plus. Avant et pendant la révolution industrielle le monde était encore petit il y avait la place pour que les concourants en concurrence s’ébattent. Un battu pouvait se relever, reprendre du poil de la bête et montrer aux autres courts-avec de quel bois il se chauffait. De nos jours, lorsqu’un capitaliste est éliminé par la concurrence, on parle moins de son sort que de celui de ceux qui dépendent de lui car le chômage détruit la société, est gangrène pour la collectivité des hommes puisque l’état qui la représente doit payer pour l’endiguer. Mais la gangrène sévit aussi du côté des éliminateurs car les profits résultants du dépeçage d’une entreprise faillie par exemple, au lieu de se réinvestir dans le renouvellement des richesses, vont dans la bulle financière qui n’intéresse que les 1% des loups au détriment des 99% moutonniers. Alors, ces gauchos là, ils commencent à penser que peut-être, on pourrait… que peut-être, collaboration et solidarité… pourraient "remplacer" la concurrence, du moins le devraient, qu’il faudrait commencer à y réfléchir. Pour les lemaire-juppé-kosciusko-sarkozy-poisson, la libre entreprise reste sacro-sainte malgré ses tares. Ils ne peuvent se passer de cette drogue qui parait-il "crée de la richesse". Pour qui? Demandez à celui qui invente un "produit, nouveau" un "service", de penser ce nouveau comme pouvant ne pas "profiter à l’humanité entière", c'est-à-dire être vendu, comme pouvant rester hors du "marché", c'est-à-dire en dehors du fait que son produit va ringardiser les anciens, du moins certains d’entre eux. Et demandez-lui qu’est-ce qu’il attend de sa créativité? – Qu’elle m’enrichisse mossieur!... et si possible, me rende célèbre. Rappelons-nous Vivendi et son charismatique lupus. Voilà ce qu’il attend le créatif créateur de produits ou services: devenir l’homme du moment, le patron révolutionnaire, le macron des autobus, le gender de l’économie nouvelle, etc… Et là, pareil, tant que le marché était vaste, le monde pas "fini", il y avait de la place pour lesdits créateurs (qui finalement ne sont pas si nombreux que ça à l’échelle d’un pays). Mais aujourd’hui, qu’est-ce qu’ils créent les créateurs qui manquerait au bonheur, au confort, à la santé, à l’équilibre de ceux qui usent de produits d’avant cette "création"? RIEN ! On a tout, et on n’a pas besoin de plus ou de mieux. Ni nouveaux biscuits, ni nouvelle boisson énergisante, ni nouvelle bière aromatisée, ni moto de 1200 cm³ roulant à 250 km heure sur des routes limitées à 90 – routes sur lesquelles un autre créateur trouvera intelligent d’installer de nouveaux radars sortis de l’intelligence d’un autre type de créateurs, dont l’esprit créatif se nourrit de la bêtise de ceux qui ne peuvent jouir que de vitesse fantasmée –; ni nouvelle voiture dont le constructeur génial a réussi à agrandir le coffre de 27,5cm³ pour loger le vanity case de madame, ou bien a inventé le moulage de plastic creux dans lequel, ô miracle, se logera le flacon d’eau minérale destinée à éviter que les passagers arrière ne meurent de soif ; ni nouvel ordi (ils marchent très bien). On pourrait en rester là disons pour vingt ans et personne n’en souffrirait ni ne s’en plaindrait. Mais non, les dopés à la créativité-création-d’entreprise-concurrence, nous emmerdent, sont formés pour ça et à l’école on apprend, s’en même s’en rendre compte, à les respecter, les honorer au nom du… Progrès si cher à Jean Luc Mélenchon, à Hollande, à Merkel, à Xi Ping, à Trump, au diable… On en est là. L’autre soir, en Savoie, le dit JLM a discuté le concept de l’offre et de la demande. Politique de l’offre? Absurdité, hérésie camarades! Concurrence à tout prix en cassant les prix? Non-sens mes amis, périmé! Destruction créatrice comme moteur du monde? Déesse Shiva à tous les étages? Folie les gens!!!... Complémentarité et solidarité seront les deux mamelles du progressisme. Mais le créatif ne s’en laisse pas compter par le mélenchonisme populisant. Il nous propulse dans un autre progrès progressif que les créatifs créateurs d’entreprises trouvent divin. Ils observent que même le musicien, le poète, ne pourront jamais se passer du marché! Un philosophe anglais célèbre, a même "démontré" qu’Homère devint le grand poète qu’il fut non parce qu’il était grand poète mais parce que les capacités d’édition de la Grèce antique étaient devenues à l’époque si fortes que tous les Grecs le lisaient. Son vers ne fut beau que parce que des millions le dirent beau! On s’est habitué, et depuis 3000 ans on continue à le trouver beau parce qu’il est sur les gondoles. D’ailleurs il est connu que sur les bancs publics de l’agora d’Athènes, de Thèbes, de Platées, de Corinthe, voire de Sparte -bien que ces bougres là pensaient surtout glaive, javelot, chasse à l’ilote et chevelure parfumée-, qu’Homère était lu. Dans l’obscurité de la salle, l’auditeur JLM est attentif. Je le vois rêver dans la pénombre à ce progrès là, et il a raison d’y rêver mais ce progrès là, est-il de nos jours applicable? Les loups pourraient-ils devenir lemmings? Les moutons se refuser aux mâchoires? Le quinoa remplacer le steak? Les humains y sont-ils prêts? Sont-ils prêts à bouleverser leurs institutions, leurs habitudes, leurs idées libres mais fausses pour commencer à mettre en œuvre un petit bout, un tout petit bout de ce progrès là? Comme par exemple sortir de l’euro, fausse monnaie qui fausse la concurrence entre France et Allemagne puisqu’il faut bien revenir à la terrible réalité –qu’on a crue dépassée à jamais en 1945 –, que le Teuton domine à nouveau le continent! Bien sûr qu’ils y sont pas prêts les potes à JLM à la "collaboration anti-concurrence". Ça ne s’est jamais vu dans l’histoire qu’à froid, un peuple décide de déconstruire ses idées, ses institutions, ses principes, pour en adopter d’autres qui, pour une raison mystérieuse, leur apparaitraient meilleurs. Le peuple n’a pas l’intelligence ou plutôt n’a que l’intelligence du moment historique et choisit en fonctions de critères qui, à tort ou à raison, lui paraissent vrais. Mais il le fera facilement à chaud. Par exemple, la Sécurité sociale en 1945 alors que les caisses étaient vides. Marx, cet allemand sympathique disait: les hommes ne se posent que les problèmes qu’ils peuvent résoudre. Quand l’autre Allemand sympathique Adolf, apprécié des Allemands et de quelques autres, a fini par faire comprendre à ses teutoniques que la paix de Versailles était une trahison en bonne et due forme, est-ce seulement parce que les Allemands d’alors étaient des beaufs qu’ils l’ont cru? Peut-être n’étaient-ils pas très futés (pas plus qu’ils ne le sont aujourd’hui), mais quand l’historien décortique la période, les traités, les archives trafiquées, les alliances invisibles, les conciliabules, les verbatim, et qu’ils disent: en effet chers amis, oui, la paix de Versailles a été l’arnaque qui a justifié la 2e guerre mondiale. Dira-t-on que le peuple est obtus parce qu’il l’a "su" que cette paix n’en était pas une? Prétendra-t-on qu’on lui a bourré le crâne? qu’il n’a su qu’elle était injuste cette paix que par la grâce d’intermédiaires intéressés, de quelques hurluberlus mieux informés qui eux, ont vu très vite que Versailles était la deuxième partie du complot contre l’Allemagne commencé début 1900? A ce stade du débat, cent ans après les faits, des dizaines de chercheurs vont dans cette direction. Mais essayez d’aller plus loin encore, à la Déclaration Balfour par exemple, signée en novembre 1917 quelques jours avant la Révolution bolchévique. Elle résulta de tractations secrètes dès 1915 entre certains Juifs européens haut placés, certaines personnes du gouvernement britannique et le président des Usa ; pour que l’Amérique entre en guerre et qu’on puisse faire aboutir ce grand et noble projet "on", c'est-à-dire des petits malins de l’Amirauté britannique, firent leur possible pour qu’un jour, un certain Lusitania fût enfin torpillé par un capitaine de sous marin allemand qui rentrait à Ludwigshafen ses emplettes maritimes achevées et qui n’avait plus dans son tube qu’une torpille bas de gamme. Il la tira quand même et pan!... Ce furent donc des concurrenciers professionnels – en d’autres termes, "l’état profond" britannique et américain – manipulés par les banquiers sionistes, même si à l’époque sioniste n’était pas devenu le mot magique qu’il est désormais, qui tirèrent la torpille en envisageant sans état d’âme le sacrifice humain de plus de mille civils innocents afin de forcer la main à un peuple qui lui ne voulait pas mourir à la guerre. Les perfides menteurs assermentés anglais, n’admirent le rôle militaire du Lusitania – tout en estimant business as usual, qu’il n’était pas contradictoire avec le transport de passagers – qu’en 1972 ! C’est pourquoi on peut souhaiter bonne chance aux parents des victimes du WTC dont l’holocauste, c'est-à-dire le sacrifice humain d’un niveau bien supérieur à celui qu’on pratiquait à Carthage, permit à un pervers élu par son peuple comme le fut Hitler, de faire la guerre à trois pays en provoquant la mort de 3 à 4 millions d’humains, voire davantage. L’histoire démontrera un jour le coup monté WTC lorsque les assassins qui le préparèrent et exécutèrent seront à l’abri dans leur tombeau et la cour pénale internationale dans le sien.

Pourquoi me direz-vous, gloser sur la concurrence pour arriver au Lusitania et à Lord Balfour? Pour montrer que le cœur du capitalisme bat en ce lieu. Que la concurrence y palpitait... La 1e guerre mondiale eut lieu parce que l’Allemagne était entrée en concurrence économique avec l’Angleterre et que les british, contrairement à leur soi-disant principe, ne sont pas fair play. Ou plutôt le sont tant que, par une propagande bien tempérée, tous acceptent de répéter leur mantra. L’Allemagne ne voulait pas la guerre – de ça un nombre grandissants d’historiens révisionnistes témoignent–, n’avait pas intérêt à la guerre. Par des manœuvres subtiles l’Anglais entortilla le Français, lesquels, à eux deux, entortillèrent le Russe pour annihiler la puissance allemande. Presque cent ans après Américains, Anglais et Français entortillèrent Saddam Hussein pour qu’il détruise l’Iran puissance économique montante, pensant ainsi l’affaiblir et qu’après, qui sait, s’il montrait trop d’ambition, eh bien on pourrait lui faire passer le goût du pain. Ce couillon de Saddam marcha comme avait marché le couillon Nicolas II malgré le conseil contraire de son occulte ami Raspoutine, ce guérisseur expérimenté des passions humaines. Tout cela arriva à cause de la concurrence entre les hommes, les systèmes, et surtout les économies. Et là, survint le nouveau crédo… Les Russes, certains Russes, crurent possible après la guerre de supprimer la concurrence dans l’organisation économique et sociale de leur nouvel état. La conséquence en fut, entre autres, que les agents économiques se désintéressèrent de plus en plus du processus économique et qu’il fallut les y "encourager". On leur inventa un Stakhanov, peut-être même plusieurs restés inconnus dans les annales, on leur promit un beau soleil d’hiver dans un Magadan extrême oriental. Stakhanov est mort il y a longtemps, l’homo homini lupus lui existe toujours. Pour faire croire aux quidams de notre civilisation que cet homo sovieticus est périmé, ils en ont trouvé un autre dans le droit fil des "droits de l’homme" auquel adhérent les Hollande, Merkel, Soros et autres marsupilamis de l’époque suivis des bébés houba houba que sont les peuples. C’est l’homo homini ramolli. Le slogan fonctionne, il est l’atout maitre du monde. C’est du Wisconsin, nom issu de la belle langue indienne mais qu’il faut prononcer lentement, à la française, pour en goûter l’effet.

Marc Gébelin