Where are the carriers ? (suite sans fin)

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Where are the carriers ? (suite sans fin)

On se rappelle que cette exclamation reprise dans le titre (Where are the carriers ?) était de Kissinger, dans les années 1970, et qu’elle était assurée alors d’avoir un écho rassurant, détaillée et avec mode d’emploi immédiat. Nous l’avions récemment rappelée (voir le 26 janvier 2013), cette fois pour signaler avec “angoisse” qu’elle n’obtiendrait désormais plus le même écho, notamment et essentiellement à cause de la crise budgétaire du Pentagone qui limitait les déplacements de porte-avions, eux-mêmes désormais en nombre très limité. Le propos s’était trouvée amplifiée (voir le 11 février 2013), et amplement confirmé.

Désormais, l’affaire est entrée dans sa phase active, c’est-à-dire politicienne, confirmée par l’entrée en vigueur de la séquestration, transformée en polémique active et tonitruante entre l’administration Obama (le Pentagone) et les républicains (à partir du Congrès e d’ailleurs). Dans un article du 3 mars 2013, le Daily Telegraph centre son propos sur les conséquences de la séquestration au Pentagone, sur cette affaire des porte-avions désormais en nombre limité dans des activités opérationnelles en plus de l'être dans leurs effectifs.

«Docked in its home port in Virginia rather than patrolling the waters of the Persian Gulf, the aircraft carrier USS Harry Truman and its 3,360 officers and crew are this weekend on the front line of the latest conflict to embroil America. The battleground is not military but budgetary, however, as the Truman's nuclear-powered might is shackled by a rancorous new fight between President Barack Obama and his Republican foes.

»The two sides are locked into an apparently endless fiscal confrontation over radically different political and fiscal philosophies on the role of government. The resulting conflict over spending cuts and tax rises seems certain to dominate Mr Obama's second term in the White House. With an impasse over a new deal to tackle the national debt, mandatory across-the-board US federal spending cuts of $85 billion kicked into effect this weekend. The Pentagon has to find more than half of that money. And among the most controversial savings is delaying the Truman's deployment to the Middle East even as tensions there rise over Iran's nuclear programme. […]

»But Republicans argued that the Obama administration was playing politics with national security by deliberately targeting high-profile projects, such as aircraft carrier deployments, rather than cutting wasteful spending elsewhere. […] “The president is ready to make it bite as hard as possible – all to send a simple message to the public: ‘You want to control Washington spending, America? Fine, let me show you how much I can make it hurt’,” said Mitch McConnell, minority Republican leader in the Senate. […]

»[I]t is the defence budget that is taking the biggest hit. “The Army will curtail training for all units except those deploying to Afghanistan, adversely impacting nearly 80 percent of Army operational units,” Mr Hagel said. Most sensitive are changed plans for the deployment of Naval assets. Military chiefs had asked for two of their 10 aircraft carriers to be assigned to the Persian Gulf at a time of increased tensions with Iran over its nuclear programme, but the Pentagon has now decided that for budgetary reasons it can only afford to deploy one there at a time. That leaves the Truman at home for now, while maintenance work on another docked carrier, the USS Abraham Lincoln, has also been delayed by the crisis. […]

»In an appeal for action to the President and Congress, more than 40 prominent former Republican officials and national security leaders recently said that sequestration “will result in unacceptable risk for US national security”. In an open letter from the conservative Foreign Policy Initiative, they wrote: “It will degrade our ability to defend our allies, deter aggression, and promote and protect American economic interests. It will erode the credibility of our treaty commitments abroad. It will be a self-inflicted wound to American strength and leadership in the world.”

»Ashton Carter, the deputy defence secretary, said the spending reductions would have a rolling impact, beginning slowly but increasing as the weeks pass. “Those who do not appreciate how serious this is, as the year goes on, it will be unmistakable,” he told the briefing. “This is not subtle. This is an abrupt serious curbing of activity in each and every one of our key categories of activity in the Department of Defense.”»

Russia Today consacre également un texte à cette même affaire des porte-avions, le 3 mars 2013. Il met l’accent sur les détail suivants, connectés pour bonne une part à cette question des porte-avions, en citant à nouveau le nouveau secrétaire à la défense et les réactions des républicains :

«The new defense secretary, Chuck Hagel, said that four of the Navy’s air wings would also gradually stop flying, the air force would have to cut flying hours and the army would have to reduce training for all troops except those due to be deployed to Afghanistan. […] A strong US naval presence in the Persian Gulf is considered strategically vital by hawks in the Pentagon, as tensions mount with Iran over the country’s alleged nuclear program, which the west believes is to acquire a nuclear bomb.»

Il sera donc apprécié à la fois comme une ironie assez subtile, et comme un symbole significatif, que ce soit Chuck Hagel, trois jours après avoir pris ses fonctions au Pentagone, qui confirme ces diverses mesures déjà prises à titre préparatoire. Hagel a du faire face à une terrible opposition avant d’être confirmé par le Sénat, à l’initiative de l’aile activiste d’extrême-droite des pro-israéliens, notamment au sein du lobby AIPAC, parce qu’il est soupçonné de ne pas assez aimer Israël. La réduction du nombre de porte-avions déployé opérationnellement dans le Golfe de deux à un implique des capacités US immédiates sérieusement dégradées, et cela ayant un impact certain dans la crise iranienne et la tension existante avec ce pays. Cette situation implique donc directement Israël et la politique de tension avec l’Iran de Netanyahou. Ainsi, devraient penser les extrémistes pro-israéliens, est-il confirmé que Hagel n’aime vraiment pas assez Israël pour les exigences-Système standards.

Nulle surprise, par conséquent, si l’affaire s’appuie notamment sur une lettre de type pétition, regroupant nombre d’experts et de parlementaires républicains, qui a été rédigée, machinée et lancée par le Foreign Policy Initiative, think tank récemment créé (en 2009) pour constituer un nouveau faux-nez des neocons, par conséquent de la nébuleuse Israël-AIPAC, en complément et même remplacement du Project for the New American Century, le vieux think tank neocon qui commence à être un peu mité, usé, discrédité, etc. Ainsi l’affaire des porte-avions devient-elle à une vitesse supersonique un débat sur l’engagement US en faveur d’Israël, où Chuck Hagel tient par nécessité la place du “méchant” qui limite vicieusement le soutien sacré des USA à la cause non moins sacrée de la paranoïa néanmoins manœuvrière de Netanyahou.

D’autre part, Hagel a en la circonstance une position en or massif puisqu’il s’appuie, lui, sur la planification et la programmation faites en catastrophe depuis décembre 2012, par les chefs militaires du Pentagone, et explicitement approuvées par son prédécesseur Panetta. Ces mesures répartissent les réductions budgétaires sur toutes les armes et sur toutes les activités essentielles en tentant de les équilibrer. L’US Navy est inflexible à cet égard : la réduction de deux à un porte-avions dans le Golfe fait partie d’un plan fondamental pour maintenir la présence navale US dans le monde d’une façon équilibrée, et garder la réserve générale nécessaire (un porte-avions aux USA même, prêt à intervenir en renfort, – en l’occurrence le USS Harry S. Truman) pour une intervention d’urgence partout, en cas de crise. C’est le fondement même d’une planification prudente d’une puissance qui se veut d’ampleur globale, – celle-là même que les républicains pro-israéliens veulent maintenir à tout prix.

…Car, évidemment, l’affaire se pimente de tout le sel possible contenu dans l’activité des républicains pour refuser tout nouvel impôt, position inconciliable avec celle d'Obama, et ce désaccord ayant abouti à l'activation de la séquestration. On peut donc dire, et l'on ne s'en prive pas, que les républicains sont responsables pour leur part des réductions budgétaires de la séquestration que subit le Pentagone. Le cas peut aisément constituer, avec un brin de sophisme, un acte d’accusation partisan à l’encontre des républicains : c’est vous qui êtes les responsables de cette réduction des capacités opérationnelles du Pentagone, donc de cette réduction du soutien à la cause sacrée d’Israël-Netanyahou, en refusant de nouveaux impôts. Les républicains répondent à nouveau au président (Mitchell) : vous choisissez des secteurs vitaux pour les réductions budgétaires, pour nous en faire porter la responsabilité, et vous mettez en danger la sécurité des États-Unis, – et “la cause sacrée”, bla bla bla…, et donc vous n'aimez pas assez Israël. Pas du tout, répond-on, c’est la planification de l’US Navy, non moins sacrée dans le registre des choses à respecter, qui a abouti à cette mesure. Et ainsi de suite, dans la sorte de mouvement perpétuel et en général de type autiste d’accusations réciproques qui constitue la substance même de la polémique, de la situation de blocage de la direction washingtonienne du Système, du processus de dissolution de cette même direction…

Rien de nouveau à Washington, tout est nouveau à Washington… Where are the carriers ? Avant, Kissinger savait ; aujourd’hui, plus personne ne sait.


Mis en ligne le 4 mars 2013 à 06H56

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