Vegas : faites votre choix

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Vegas : faites votre choix

Tous les superlatifs les plus horrifiés conviennent au carnage de Las Vegas, à commencer par l’événement lui-même d'un homme seul, avec au moins dix armes très puissantes, – des fusils d’assaut à tir rapide, sans aucun doute, – tirant des centaines et des centaines de balles sur une foule rassemblées devant l’hôtel d’où il tire. Il s’agissait d’un concert de country music, et la foule rassemblée avait été estimée entre 25.000 et 40.000 personnes.

Comme on le voit sur une des vidéos de l’événement largement diffusée, pendant quelques secondes la fusillade à ses débuts n’a pas réussi à couvrir le “bruit” de la musique tout en pouvant être entendue. Nombre de spectateurs ont cru qu’il s’agissait d’un “bruitage”-sono incorporé dans le spectacle et la scène de l’ensemble apparaissant alors comme une sorte de symbole de notre époque : comment séparer le spectacle du réel ? La tragédie du monde n’est-elle qu’un spectacle ? Peut-on encore percevoir, voire prévenir, voire seulement identifier précisément la violence que notre civilisation (contre-civilisation) exsude de tous ses actes et de toute son énergie ?

Il est bien entendu qu’un tel événement, d’une telle violence quantitative, dans ces conditions si inhabituelles, ne peut échapper aux pressions et aux “tentations” des interprétations de cette même époque où la réalité est complètement pulvérisée et où la Vérité à trouver ne peut être que le résultat d’une enquête minutieuse, d’une sorte de jeu de piste dans le labyrinthe de la communication. (D’où nos vérités-de-situation.) On ne sera donc pas étonné de voir différentes appréciations, différentes formes de réaction à l’événement. Malgré les consignes et le standard de notre Système, toutes constituent des possibilités, y compris les inévitables thèses complotistes qui font partie, non pas du folklore, non pas “d’un complot” contre la satisfaction d’être du Système, mais bien de la crise elle-même, comme un de ses composants.

Passons en revue réactions, hypothèses, etc.

• La “gauche” US, progressiste-sociétale dans son aspect institutionnel le plus vulgaire, le plus plat et le plus conventionnel, – on a reconnu le parti démocrate, – a une explication toute simple. Le “bouc-émissaire” habituel de la vente libre des armes sort sans surprise de ces spécialistes mondiaux de la démagogie. Certains commencent à être fatigués par l’argument : ainsi en était-il d’un ancien de la DGSE, hier sur LCI, faisant remarquer que la Suisse a organisé depuis si longtemps son armée en milices, chaque citoyen gardant son arme chez lui pour être plus rapidement mobilisable en cas de danger. Autrement dit, des centaines de milliers de fusils d’assaut sont en circulation libre et la Suisse ne connaît guère de ces massacres et de ces fusillades qu’on voit aux USA. TheDailyCaller rapporte la réaction pavlovienne des démocrates après le massacre de Vegas…

« Left-wing politicians, activists and journalists are using the worst mass shooting in modern American history to attack one of the nation’s oldest civil rights organizations.

» The National Rifle Association (NRA) became a convenient scapegoat following the Las Vegas mass shooting that left at least 58 people dead and more than 500 injured. (RELATED: Democrats Immediately Call For Gun Control After Las Vegas Shooting) Left-wing activist group Democracy for America wasted no time fundraising off of the attack while demonizing the NRA and linking them to the violence in Las Vegas. »

• La “thèse du terrorisme” existe, avec l’intervention sur internet, confirmée ou pas, de Daesh revendiquant l’attaque. Newsweek rapporte les diverses difficultés pour s’entendre sur la signification du mot “terrorisme”, notamment dans l’Etat du Nevada, puisqu’il s’avère que chaque législation a, aux USA, ses propres définitions de certains termes incertains.

• Comme on l’a dit plus haut, les thèses d’une action manipulatrice ou d’un plan dissimulé n’ont pas manqué d’apparaître à une très grande vitesse. L’idée de la thèse complotiste, jusqu’alors ridiculisée, ne rencontre plus aujourd’hui que des dénonciations molles et sans réelle conviction. Il est vrai que, dans la situation de simulacre que l’on vit aux USA au niveau du Système, après la campagne présidentielle USA-2016, avec l’élection de Trump, avec l’extravagance poursuivie sans relâche depuis quatorze mois du Russiagate, etc., le Système s’impose lui-même comme un producteur dément de thèses complotistes. Il se fait donc plus discret pour dénoncer le “complotisme” des fous lunatiques.

L’une des meilleures sources pour les appréciations divergentes de la thèse officielle (laquelle est d’ailleurs encore assez vague) est l’article de Michael Snyder sur son site TheEconomicCollapse. (A noter que Snyder est candidat à la Chambre des Représentants en 2018.) Snyder privilégie l’idée d’un montage de la gauche extrême (Antifa) et il recommande notamment un article de Infowar.com, le 2 octobre 2017, selon lequel on aurait trouvé de la littérature Antifa près du cadavre du tireur, Stephen Craig Paddock.

Le même Infowar.com développe par ailleurs, le lendemain, ce 3 octobre 2017 heures USA, un témoignage d’un voisin et connaissance de Paddock, qui affirme qu’il lui paraît complètement impossible que Paddock ait accompli ce geste. Ce témoin, un connaisseur de la violence puisqu’ancien Marine, parle au show radio de Michael Savage ; il alimente ainsi l’hypothèse, que personne ne s’interdit vraiment, qu’on pourrait avoir tué Paddock pour accréditer la thèse du “tireur solitaire” (“lone wolf”) tandis qu’une équipe de professionnels se chargeait de l’attaque. JFK et Lee Harvey revisités...

WSWS.org s’en tient à des appréciations psychologiques et psychiatriques d’une part, sociologiques d’autre part, sans tirer de conclusion ni émettre d’hypothèses, mais tout de même en répétant son analyse générale et son jugement sans appel. L’article du 3 octobre 2017 se termine par une appréciation extrêmement sobre mais néanmoins d’une extrême gravité, que personne ne pourra vraiment démentir et qui dispose de toute sa valeur.

« D’autres investigations sur les circonstances de la tragédie de Las Vegas sont vitales. Mais une conclusion peut d’ores et déjà sûrement être présentée : ce qui est survenu dans la soirée de dimanche, devant l’hôtel Mandala Bay, est la manifestation d’une profonde maladie affectant la société américaine. »

• Une dernière réaction, d’un joueur fameux de la NBA, et l’un de ceux qui ont pris l’habitude de mettre un genou en terre plutôt que de se tenir au garde-à-vous lors du lever des couleurs et de l’exécution de l’hymne national. « Mais bon Dieu, qu’est-ce qui arrive aux gens !? », s’exclame Lebron James sur son compte tweeter. (“God only knows, brother.”)

A notre sens, il ne devrait pas y avoir grand’chose de spécifique, de marqué précisément, à attendre de de cet événement tant sont grandes la confusion et la multiplicité des sources de communication, et aussi la multiplicité des pouvoirs se surveillant les uns les autres. Par contre, il devrait y avoir, à sa suite, un effet d’accélération considérable de la tension de la crise générale qui touche les USA. Il devrait y avoir fort probablement des polémiques entre les différentes narrative de l’attaque, qui devraient alimenter les antagonismes et les haines diverses. Il pourrait y avoir enfin la perception, consciente ou inconsciente, que cette attaque, dans sa violence et dans sa cruauté, constituerait le symbole accréditant l’hypothèse que les actuels affrontements de communication peuvent déboucher sur de véritables affrontements armés de guerre civile.

 

Mis en ligne le 03 octobre 2017 à 17H53