Tsipras à Moscou, Berlin grommelle-panique

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Tsipras à Moscou, Berlin grommelle-panique

A partir du 8 avril et pour quatre jours semble-t-il, le Premier ministre grec Tsipras est à Moscou. On suppose qu’il fera autre chose, durant ce long séjour, qu’inaugurer des chrysanthèmes dont ce n’est pas encore la saison. Il est également possible qu’il soit, après le Tchèque Zeman, le deuxième dirigeant d’un États-membre de l’UE, – puisqu’il est raisonnable de penser que la Grèce sera encore dans l’UE à cette date, – à être à Moscou le 9 mai pour les commémorations de la victoire sur l’Allemagne. (En attendant, selon German Economic News relayé par Russia Insider le 5 avril 2015, le ministre grec de l’énergie Lafazini a signé un accord avec GazProm à Moscou pour que cette société soumissionne pour les travaux d’exploration des gisements gazier et pétrolier off-shore, au large de la Grèce.) Tout cela, et bien d’autres choses, préoccupent particulièrement et presque jusqu’à un brin de panique, la susdite Allemagne.

Sputnik-français répercute, sans mécontentement notable, les détails de cette inquiétude-panique des Allemands (le 6 avril 2015), laquelle est présentée comme un appel à l’unité des pays de l’UE. La différence de ton vis-à-vis de la Grèce est notable ; il est désormais fait appel au sens de l’unité de l’UE dont on ne doute pas un instant que ce pays si apprécié (la Grèce) pour son sens des responsabilités et considéré par l’Allemagne comme honorable par conséquent, en soit somptueusement doté...

«Certains hommes politiques allemands, notamment des députés du Bundestag, craignent que la prochaine visite en Russie du premier ministre grec Alexis Tsipras et sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine ne sapent l'unité de l'Union européenne sur la crise ukrainienne. “Le maintien du consensus au sein de l'UE est un élément déterminant pour trouver une solution politique (à la crise, ndlr)”, a notamment déclaré devant les journalistes Gernot Erler, coordinateur du gouvernement fédéral pour la coopération sociétale avec la Russie, l’Asie centrale et les pays du partenariat oriental. [...] ... M. Erler a appelé l'UE à l'unité sur tout ce qui concerne la crise en Ukraine. “L'Union européenne n'aura de l'influence et ne sera prise au sérieux que si elle parle d'une seule voix”, a estimé le responsable, prévenant que Moscou pourrait essayer de diviser l'UE et d'exercer une influence sur des pays tels que la Grèce, la Hongrie et la Bulgarie.

»Pour sa part, la députée Gerda Hasselfeldt, qui représente au Bundestag l'Union chrétienne sociale (CSU, conservateur), a déclaré dans une interview à Die Welt que la visite à Moscou du premier ministre grec menaçait la solidarité européenne. “La Grèce fait partie de l'Union européenne. Et l'Union doit faire preuve de cohérence face à la Russie, en parlant d'une seule voix. Le gouvernement grec doit être conscient de toute la gravité de la situation en Europe”, a indiqué Mme Hasselfeldt, ajoutant que M. Tsipras ne devait pas instrumentaliser sa visite à Moscou pour obtenir d'avantage d'argent de la Russie.»

Dans sa grande bataille engagée au sein de l’UE, contre Bruxelles, éventuellement dans un cadre plus vaste, il semble bien que le gouvernement Tsipras ne soit plus perçu comme dominé, acculé à passer sous les fourches caudines de Bruxelles, mais se révèle occuper désormais une bien meilleure position. (Voir l’article de Romaric Godin, de La Tribune, repris par Lescrises.fr le 3 avril 2015.) La visite de Tsipras à Moscou contribue très largement à cette situation nouvelle, en l’élargissant notablement, et pas seulement d’un point de vue tactique, – comme les Allemands commencent à la réaliser, de toute urgence.


Mis en ligne le 7 avril 2015 à 06H35

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