Tambours de guerre — Rubrique de defensa, Volume 22 n°04 du 25 octobre 2006

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Tambours de guerre

Iran, business as usual?

L'Iran n'a été nulle part dans la campagne qui s'achève aux USA — parce qu'il est partout?

La campagne électorale dite du mid-term à Washington a été brutale, violente, acharnée, une campagne féroce comme on n'a pas d'exemple à Washington avec un tel contexte international de crise(s) permanente(s). On dirait que le sort de l'administration, le “sort du régime” si cette idée était concevable aux USA, est en jeu avec ces élections. On se dirait alors qu'il y a des choix fondamentaux et essentiels de politique qui sont en jeu. Ce n'est pas le cas.

Soyons alors plus précis en allant un pas plus loin. On se dirait que le sujet d'une attaque militaire majeure projetée de la part des États-Unis contre un pays-clé d'une zone stratégique essentielle, attaque à propos de laquelle on a beaucoup parlé, préparé des plans, envisagé officiellement toutes les options, — on se dirait que ce sujet, justement, tiendrait le centre du débat et serait la cause de la férocité de la campagne. Rien de semblable.

Qui a, pendant cette campagne, parlé d'une éventuelle attaque contre l'Iran? Silence complet. Plus encore: “tout se passe”, selon l'expression consacrée, comme si la crise iranienne était complètement marginalisée, accessoirisée, oubliée. Le prix du pétrole a chuté, accentuant le climat à cet égard (on dit que la crise pétrolière suivant une attaque US enverrait le baril à $200; le voir baisser fait oublier la perspective). Tout le monde rit à Washington en s'échangeant la confidence que si le baril a baissé, c'est parce que l'Arabie, sous l'amicale pression de l'ami Bush, pompe désespérément des quantités inhabituelles de son “or noir” et fait chuter le prix à mesure, réduisant d'autant le prix de l'essence à la pompe, — ce qui était (le prix de l'essence à la pompe) l'une des questions stratégiques majeures de la campagne électorale. C'est sans doute de cette seule façon, indirecte, tordue et bien pitoyable, que l'ombre de la crise iranienne fit à peine de l'ombre à la campagne électorale.

Le cas iranien a disparu de toute la rhétorique électorale mais, parfois, comme une bulle crevant la surface, il reparaît. Il nous est aussitôt rappelé que nous risquons le pire. Par exemple, le 3 octobre, dans une analyse de l'excellent spécialiste britannique des questions moyennes-orientales David Seale: «There are persistent reports out of Washington—picked up and amplified in the American press—that the United States is preparing to attack Iran to destroy its nuclear facilities. In normal circumstances, such naked aggression would be hardly credible. It would be an act of insanity which would set the whole region on fire. But we are not living in normal times. There is such paranoia in the United States and Israel about Iran’s nuclear program that anything is possible, even the unthinkable. In any event, the U.S. is being permanently blackmailed by the threat that if it does not attack Iran, Israel will do so.»

... Puis nous passons à autre chose. D'ailleurs, personne ne s'est arrêté à l'hypothèse de David Seale. Elle fait partie d'un étrange bruit de fond agitant les menaces les plus terribles, puisqu'il est parfois question de l'utilisation du nucléaire, mais auquel personne ne s'attache vraiment. L'attaque contre l'Iran? Oui, pourquoi pas? Oui, éventuellement... Oui car, selon le mot fameux de GW Bush de février 2005 à Bruxelles, «Toutes les options sont sur la table».

Une alarme paroxystique à Washington qui dure depuis 20 mois et à propos de laquelle tout le monde est d'accord... Du jamais vu

En effet, on a du mal à s'en souvenir mais l'hypothèse concrète, documentée, discutée d'une façon ouverte dans la presse et ailleurs d'une attaque US contre l'Iran a déjà vingt mois, depuis cette escale bruxelloise de GW Bush. C'est une situation sans précédent pour la psychologie, qui n'a aucune similitude avant la situation précédant l'attaque contre l'Irak. Le colonel (à la retraite) Gardiner, qui a été sacré principale courroie de transmission entre les milieux planifiant soi-disant cette attaque et le public affirme qu'il y a effectivement une différence entre les deux cas, que «the Iran buildup will not be a major CNN event». Gardiner signifie par là que la préparation de l'attaque se ferait discrètement, contrairement à ce qui se passa avant l'opération contre l'Irak.

Pourquoi l'emploi du futur pour caractériser les soi-disant préparatifs de l'attaque? Le “Iran build-up” n'aurait-il pas déjà commencé depuis vingt mois, après tout? Seymour Hersh nous l'avait déjà annoncé en avril dernier... En vérité, toutes ces spéculations autour de l'armement terrible qu'on s'apprête à déployer contre l'Iran, ou qu'on a déjà déployé contre l'Iran, nous paraissent bien superflues pour expliquer la grande différence avec l'attaque contre l'Irak.

Nous la situons sur un plan complètement différent: le consensus politique. Dans le cas irakien, et cela jusqu'au bout, le débat s'est poursuivi pour savoir si ce pays était une véritable menace, s'il convenait d'attaquer. En août 2002, par exemple, toute la presse US était pleine d'une polémique virulente à cet égard, avec des gens comme James Baker ou le général Scowcroft recommandant de ne pas attaquer, niant que l'Irak fût une menace majeure.

Au contraire, avec l'Iran, le consensus existe dès le départ. L'Iran est une menace majeure, d'ailleurs ce pays développe du nucléaire et prépare sa bombe; non, on ne peut laisser se développer cette menace et, si l'Iran ne cède pas, il faudra bien frapper militairement. La très forte majorité des élites et une majorité confortable du public sont en faveur d'une attaque si nécessaire, à peu près comme ils étaient en faveur d'une attaque contre l'Afghanistan — mais bien sûr, dans des conditions, et même pour des motifs complètement différents. Cette unité dans le jugement sur la menace iranienne est résumée par la formule à l'emporte-pièce du sénateur McCain: «Il n'y a rien de pire qu'une frappe militaire contre l'Iran si ce n'est un Iran devenant puissance nucléaire.»

On dira alors: mais c'est bien sûr, la raison est là; on ne parle pas de l'Iran parce que tout le monde est à peu près d'accord sur la nécessité d'attaquer si ce pays n'abandonne pas ses ambitions nucléaires, et que tout le monde est à peu près convaincu que ce pays n'abandonnera pas ses ambitions nucléaires. En un sens, c'est bien cela: l'attaque contre l'Iran n'est pas un sujet de polémique et la campagne électorale du mid-term n'en a que faire puisqu'elle ne se nourrit que de polémiques. Mais c'est un peu court. Tout le monde est d'accord pour une attaque éventuelle et tout le monde considère alors le problème comme réglé? Personne ne juge nécessaire, malgré l'extraordinaire précédent irakien, d'entamer le débat sur la question: très bien, nous attaquons; et après, que se passe-t-il? Que faisons-nous?

Gulliver parle d'autre chose

Bien sûr, l'explication est simple: qui songerait à faire du sujet de l'effondrement de la puissance américaniste un débat électoral?

Effectivement, l'explication est simple. L'attaque contre l'Iran — la frappe aérienne massive promise — peut se faire sans réel problème. Le colonel Gardiner nous détaille le nombre de B-2 qui y participeraient, tout juste s'il ne nous donne pas les numéros d'identification des appareils (il y en 21 en tout, ce n'est pas sorcier). Et après? Après, plus rien. Cette fois, si personne ne discute des effets de la frappe et de la stratégie à appliquer alors, des mesures pour contenir l'éventuelle riposte iranienne, des mesures pour exploiter les succès éventuels de l'attaque, ce n'est pas pour cause du “syndrome irakien” (refus de considérer l'après-première frappe). C'est parce qu'il n'existe aucun moyen sérieux pour cela.

Même, on craint le pire. Rumsfeld, l'homme pétulant devenu soudain discret et dont certains discutent le départ, remue avec angoisse la possibilité d'une riposte iranienne directe et indirecte qui mettrait en danger mortel le corps expéditionnaire de 140.000 hommes en Irak — occupants assiégés dans un chaos absolument incontrôlable, où les réseaux iraniens (chiites) sont comme chez eux. La perspective est si effrayante que certains rappellent que l'option de l'attaque nucléaire est, elle aussi, toujours “sur la table” (Jorge Hirsh, professeur de physique à l'Université de Californie de San Diego, le 16 octobre sur Antiwar.com), s'il s'avère que c'est la seule possibilité d'éviter un désastre en Irak. (Mais qui déciderait à cet égard? Et pourquoi? Sur base de quoi? Et ainsi de suite.)

On comprend que plus on avance dans l'hypothèse d'une attaque contre l'Iran et qu'il faut envisager la suite, plus le champ de la réflexion devient chaotique et affreusement assombri par cette terrible question du déclin stratégique dramatique de la puissance US. Comprend-on alors pourquoi personne ne parle sérieusement de l'Iran durant la campagne électorale alors qu'il s'agit indiscutablement de l'affaire la plus “chaude” qui concerne aujourd'hui l'Amérique? Parce que tout le monde est d'accord pour ne pas évoquer cette catastrophe qui, si elle a été causée directement par l'administration Bush, concerne l'Amérique elle-même jusque dans sa substance, telle qu'elle est devenue. Il s'agit de la réduction dramatique de la puissance américaniste, sa réduction à mesure de sa capacité d'action, de son influence, de sa capacité de pression, tout cela illustré par la situation en Irak. Ce n'est pas une matière facile à manier dans une campagne électorale, car il s'agit d'une question qui engage toute la gestion du système, par toutes les forces politiques en présence. Pour tous, il s'agit d'une responsabilité collective, et plaider autour d'un tel constat d'échec collectif même si c'est pour en accuser l'autre est une matière éminemment délicate.

Il y a là une étrange dichotomie de la réalité, la crise iranienne étant à part, hors du débat, le reste étant débattu avec vigueur, rage et fureur. Il s'agit de comprendre qu'avec cette crise, le monde virtualiste washingtonien se trouve, s'il en parlait, soudainement confronté avec l'horreur de la réalité à venir alors qu'il se débat désespérément pour se sortir du bourbier sanglant de l'horreur de la réalité présente (l'Irak).

Le maître des lieux

L'étrange “tactique” américaniste est en train de transformer l'Iran en puissance, comme elle a fait de la Corée du Nord un pays qui compte

“Tactique” étrange certes que celle de l'Amérique à l'égard de l'Iran puisqu'à mesure que s'est développée la crise iranienne, depuis 20 mois déjà, et qu'elle continue à se développer, l'effet principal a été d'ériger l'Iran en puissance principale au Moyen-Orient. Tantôt menace avec laquelle on ne peut transiger, tantôt adversaire devenant interlocuteur avec lequel on peut traiter (même si par l'intermédiaire des Européens), tantôt partenaire qu'on appelle à la rescousse pour “stabiliser” l'Irak (le plan Baker sorti d'une commission bipartisane qui est l'effort ultime de l'establishment pour éviter une catastrophe en Irak), — à ce jeu convulsif de la politique américaniste, effectivement, l'Iran ne cesse de grandir et d'apparaître comme l'acteur central de la zone. Certains observent qu'objectivement considérée, la situation au Moyen-Orient, après l'échec assourdissant d'Israël contre le Hezbollah, est en train de se transformer au point que le vassal stratégique sera bientôt remplacé, dans l'ordre des priorités washingtoniennes, par le partenaire stratégique que deviendrait l'Iran, le “bientôt désormais” indispensable alter ego des États-Unis dans la région.

Contradiction, dira-t-on, songeant en même temps aux plans d'attaque de l'Iran par les USA, soutenus fiévreusement paraît-il par Israël? Il n'en manque pas, des contradictions, dès lors qu'on prend conscience que nous sommes tenus par une situation psychologique (celle de la psyche américaniste) et non par une cohérence stratégique. Il reste que cet amoncellement de contradictions a des effets stratégiques dans la réalité, comme chaque fois que le virtualisme rencontre la réalité. Ces effets stratégiques sont en train de prendre forme en une situation où l'Iran occuperait la place centrale. Cette situation serait le legs de la politique américaniste de cette administration, mais celle-ci nullement comme une rupture folle, plutôt comme l'achèvement brutal d'une continuité d'une politique américaniste qui n'a jamais considéré la cohérence d'une région stratégique mais la division de cette région. C'est ce que fit cette politique en attaquant l'Irak après l'avoir soutenu (années 1980), par conséquent en réduisant le principal adversaire de l'Iran. Le résultat est l'installation d'une puissance régionale, l'Iran. Le processus est en train d'arriver à son terme, comme il arrive à son terme en faisant de la Corée du Nord, ce pays inconcevable, un acteur “sérieux” de la région stratégique asiatique.

Dans ce cas, cette suite sans fin de contradictions pourrait même faire admettre aux esprits courts qu'il y a une certaine logique, — la logique interne du processus illogique de cette politique américaniste. La frappe contre l'Iran pourrait apparaître comme une attaque contre la principale puissance de la zone, plutôt qu'une intervention au nom du principe de la non-prolifération dont on sait pourtant ce qu'il vaut en réalité (Pakistan, Israël). Simplement, entre-temps, il y a eu l'Irak et ses conséquences catastrophiques; il y a eu la dégradation de la puissance US et ses conséquences — nous sommes au noeud de l'affaire — aux USA mêmes...

Une pente ténébreuse...

Y a-t-il une fatalité transcendantale dans l'attaque US contre l'Iran? On le croirait...

On pourrait voir une ironie proche d'être incompréhensible dans le fait d'une commission Baker sur l'Irak dont on annonce (le Los Angeles Times du 16 octobre) qu'elle proposerait que les forces US soient remplacées, dans leur tâche de “stabilisation” de l'Irak, par la Syrie... et l'Iran; alors que, par ailleurs, la menace d'une attaque US de l'Iran est plus que jamais dans les cartons du pouvoir à Washington? La réponse est que cette ironie est mal à propos.

La commission Baker n'agit pas vraiment pour rétablir la situation en Irak en proposant d'appeler à l'aide la Syrie et l'Iran. Son but est tout autre. Il s'agit de la situation aux USA. Dans le numéro de septembre du Washington Monthly, le journaliste Robert Dreyfuss observe, à partir de bonnes sources dans l'entourage de Baker: «Baker is primarily motivated by his desire to avoid a war at home—that things will fall apart not on the battlefield but at home. So he wants a ceasefire in American politics.» Il est vrai que, si l'on ne parle pas de l'Iran durant cette campagne pré-électorale, c'est aussi parce qu'un bruit assourdissant est en train de couvrir tout le débat, contre lequel les hommes politiques en campagne ne peuvent rien.

Un phénomène a commencé à se faire jour au début octobre, incontrôlable parce qu'échappant à la machinerie des partis. Les sondages ont commencé à le refléter dans le cours du mois. Il s'agit de la colère du public à propos de la situation en Irak, qui peut très bien provoquer un bouleversement politique à Washington, mais un bouleversement qui ne résoudrait rien car cette colère va au-delà et tient justement le système bipartisan (démocrates et républicains ayant soutenu la guerre en Irak) comme responsable de la catastrophe. Les spécialistes de l'opinion publique l'ont bien senti. L'analyste politique Charlie Cook notait le 10 octobre: «If the spotlight is on Iraq for much of the final stage of the campaign, the Republicans could well lose both chambers.» Cette analyse conduit à l'idée que l'élection mid term devient un “référendum sur la guerre”, avec des conséquences de politique intérieure complètement incontrôlables. Voici comment le spécialiste des sondages Dick Bennett traduit la chose: «I've never seen anything like it [...] such a combination of anger and uncertainty among the public. [...] What people want is some hope for the future. Who will make this better? They aren't hearing much of that. Aside from gasoline prices, nothing is getting better for Republicans.»

C'est cette situation qui préoccupe Baker, et nullement les souffrances des Irakiens. Pour un tel enjeu, on est prêt à aller à Canossa, si “aller à Canossa” signifie demander aux Iraniens de venir en Irak imposer la stabilité que les Américains sont incapables d'imposer. Mais les Américains n'ont pas l'habitude de fréquenter Canossa. Il n'est pas assuré qu'ils veuillent finalement y aller (que Baker convainque l'administration Bush avec toutes ses certitudes) ni même, qu'en y allant, ils réalisent qu'ils sont allés à Canossa.

Il est vrai que le mouvement qu'on sent se lever, à l'occasion de ces élections où les candidats républicains prennent bien soin de ne jamais se référer à GW Bush dans leur campagne, a pris tout le monde par surprise. Il est vrai que ce mouvement nous réserve nécessairement d'autres surprises puisque, de toutes les façons, les élections ne serviront à rien puisque, pour le public, démocrates et républicains c'est “bonnet blanc et blanc bonnet”.

La dramatisation de la situation aux USA signifie la dramatisation au Moyen-Orient et vice-versa — et cet étrange mélange des complexités diverses renforcé par l'obsession iranienne

On comprend que la situation au Moyen-Orient est, pour les USA, d'une complexité inouïe, d'une complexité sans précédent. Diverses pressions dramatiques s'exercent dans des sens antagonistes. Le climat est évidemment très favorable à une surenchère de la dramatisation qui ne cesse de se renforcer à partir de cette situation. L'issue d'un apaisement rapide, en prenant l'hypothèse utopiquement optimiste d'un effet rapide en Irak de l'un ou l'autre aspect du plan de l'ISG, à la condition pas loin d'être utopique également que l'administration accepte ces plans, même cette issue est loin, très loin d'être assurée.

La situation en Irak et ses effets aux USA sont intimement liés à la situation de l'Iran, au point où l'on commence à distinguer un lien très fort, dans l'analyse de l'administration, entre la situation en Irak et les relations avec l'Iran; et il ne s'agirait pas alors de l'influence iranienne supposée en Irak mais bien de l'attaque US contre l'Iran où l'argument irakien tendrait à remplacer l'argument nucléaire, par rapport à la situation aux USA. C'est l'idée d'une “October surprise” qui serait généralisée, hors des limites de date contenues dans l'expression, pour devenir une démarche de politique désespérée. Une attaque contre l'Iran, par son effet mobilisateur supposé, serait la seule façon de contrecarrer le sentiment populaire hostile à l'administration à cause de l'Irak, voire de provoquer en Irak un choc permettant de rétablir la situation. Il s'agit bien sûr de propositions désespérées mais il faut admettre qu'il y a, dans la situation irakienne des USA, des aspects effectivement désespérés, dans le contexte où ils sont envisagés.

La logique de cette hypothèse est renforcée bien entendu par l'aspect obsessionnel qu'on a pu distinguer, depuis 20 mois, dans les projets américanistes contre l'Iran, indépendamment de leur justification possible ou potentielle. Cela renforce le climat d'irrationalité où baigne aujourd'hui la politique washingtonienne à cause des pressions terribles qui s'exercent contre elle. Dans ce climat, les élections et les circonstances qui l'entourent prennent l'allure d'une crise jamais vue par sa complexité, ses aspects insaisissables, l'abondance et la force des facteurs irrationnels, la possibilité qu'effectivement la population échappe au contrôle du système et emprunte une voie qui lui soit propre grâce aux moyens de communication modernes dont elle dispose désormais. Il ne peut même plus être question de mettre en accusation GW Bush, comme cela pourrait apparaître évident à certains. Les parlementaires, républicains mais aussi démocrates, sont également tenus responsables de la situation en Irak, de même que la communauté entière des experts et des analystes de sécurité nationale qui soutint effectivement la campagne.

On comprend évidemment que, dans un tel tableau, la possibilité d'une attaque contre l'Iran, où la netteté de la situation semble apparaître comme l'argument décisif qui dissimule l'aspect obsessionnel, puisse avoir, à un moment ou l'autre, les allures soudain rassurantes d'un acte qui serait libérateur parce qu'il serait un acte cathartique.


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