Sapir, l'Europe et 2012

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Sapir, l'Europe et 2012

Long papier de Sapir; les conclusions de politique intérieure (Chercher un programme de rupture sans se soucier du candidat 2012) comptent moins que le rejet total et argumenté économiquement de ce qui nous tient lieu d'Europe. Je ne donne que quelques extraits , mais le texte vaut la lecture in extenso.

(Lien : http://lebondosage.over-blog.fr/article-jacques-sapir-et-l-election-presidentielle-de-2012-44918287-comments.html.)

»L’horizon de la présidentielle de 2012 et le piège de la personnalisation du débat…

[…]

»L’Europe est épuisée.

»Loin de constituer un écran et une protection, les directives européennes ont souvent été en avance sur l’OMC. En fait, nous nous sommes ouverts massivement du fait de l’Europe et nous en payons aujourd’hui le prix avec le processus de désindustrialisation et avec les diverses formes de délocalisation. Par ailleurs, cette ouverture n’a nullement profité à l’économie française. Le solde commercial, qui s’était un instant redressé au début des années 1990, a ensuite replongé, phénomène largement dû à la surévaluation de l’Euro, mais pas uniquement.

»En effet, la France et les autres pays européens ont aussi souffert à partir de 2002 de la politique de l’Allemagne qui a transféré une partie des coûts de la protection sociale des entreprises vers les travailleurs (ce que l’on a proposé en France sous le nom de TVA sociale). Par cette politique, l’Allemagne n’a pas seulement fait baisser ses coûts de production d’environ 10% mais elle a aussi contracté sa demande intérieure. Cette politique a permis à l’Allemagne de réaliser des gains commerciaux impressionnants, mais au détriment de ses voisins.

»On constate alors qu’une telle politique qualifiée “d’exploitation du voisin” (ou en Anglais “Beggar thy neigbours”) est parfaitement possible dans le cadre de l’Union Européenne et de la zone Euro !

[…]

»L’épuisement de l’Europe se voit aussi dans les réactions face à la crise. Il n’y a pas eu de plan de relance commun, mais la simple addition des plans nationaux. Les discours ronflants sur ce point ne changent rien.

»Les pays de l’Union Européennes se sont d’ailleurs contentés de jouer sur la dépense publique, et de manière en réalité relativement limitée à l’exception de l’Espagne et de l’Irlande, pour ce qui concerne les plans de relance. Ils n’ont introduit quasiment aucune mesure de politique industrielle alors que le besoin en est pressant.

»Il faut ajouter que la Commission a veillé qu’il en soit ainsi, en s’opposant à tout ce qui pouvait ressembler à de telles politiques. L’application des directives européennes sur la concurrence et les services publics va se traduire par ailleurs par un nouveau choc déflationniste sur nos économies.

[…]

»Il existe pourtant une situation qui, sans être la “meilleur” du moins nous assure de ne pas nous résigner au pire. L’Europe ne se changera pas sans un affrontement, voire un éclatement. Nous ne ferons pas l’économie d’une épreuve de force, et il faut s’en convaincre et s’y préparer afin d’en tirer le meilleur parti. Nous n’avons pas à le redouter. Ce sera l’occasion de remettre à plat l’architecture de la construction européenne. Il n’est pas d’autre choix possible que d’avancer, pour un temps, seul. Mais, l’ébranlement que provoqueraient des actions unilatérales de la France aurait comme effet immédiat d’ouvrir un immense débat en Europe. Si nous aurons à prendre nos premières actions seuls, gageons que nous ne le resterons pas longtemps.

»Disons le tout de suite, cette épreuve de force a pour but de faire évoluer nos partenaires. Une occasion a été perdue en 2005. À la suite du référendum sur le TCE, il aurait été possible d’avancer dans une autre direction. Tout s’y prêtait, la légitimité que confère un vote aux résultats nets entre autres. Ceci n’a pas été le choix de Jacques Chirac, et il en porte l’entière responsabilité. Mais il est vrai, aussi, que tout ce qui pouvait être dit à l’époque s’est depuis vérifié. Nous pouvons désormais faire le tri des discours et des expériences.»

GEO

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