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Une réunion s’est tenue autour des élections présidentielles aux Us(a) le samedi 8 octobre dans une proche banlieue parisienne. En filigrane la promesse de la guerre nucléaire prochaine.

Le climat international est en effet très tendu.

De façon méthodique sont avancées les petites unités fonctionnelles qui bien articulées entre elles aboutiront à la destruction du pays ciblé, ici la Syrie.

Le modus operandi a été amplement expérimenté en Yougoslavie et bien décrit par Diana Johnstone dans son travail « La Croisade des fous » *

Soros s’est payé le Wall Street Journal cette semaine, il exige que soient jugés Assad et Poutine pour crimes de crimes.

Le lendemain John Kerry demande l’ouverture de cette enquête.

Tous les journaux ne parlent que du siège d’Alep et des frappes syriennes et russes, omettant de dire que le bloc occidental a des centaines d’agents actifs dans l’aide à la rébellion piégés dans ce secteur.

Le génocide n’est pas loin.

Sortez vos mouchoirs, l’OTAN affute ses bombes.

Les sanctions économiques ont frappé depuis longtemps, les relations diplomatiques avec la Syrie sont rompues aussi depuis quelques années, maintenant c’est la Russie qui se fait bouder par le Département d’Etat.

Une conflagration entre grandes puissances semble imminente, pourtant, les millions de citoyens qui devraient manifester contre cette catastrophe annoncée manquent à l’appel.

Hésitante, la voix est chevrotante entrecoupée du souffle et des craquements provenant de l’amplificateur du son.

Le sort du monde semble se jouer entre un vieux-beau faussement milliardaire plus caricatural que les acteurs de série B et une arrogante  vieillie sous les ors des sièges des plus grosses banques de la planète.

Semble seulement.

Les dés ne sont même pas pipés.

Ils ont été lancés depuis plus de quarante ans quand la dette des uns, les plus nombreux, est devenue la richesse des autres. En algèbre vulgaire, plus c’est moins, plus c’est plus plus.

La grande fierté teutonne, La Deutche B. a pris un coup grisou et semble battre de l’aile.

Le sacrifice des Hellènes, réel, fut perpétré sur l’autel d’un dieu intransigeant mais lui-même à l’agonie.

Y. n’a pas remarqué que la chaise provient d’un designer italien autrefois célèbre, fasciné qu’il est par le portait d’un Afghan en Patagonie.

Dans l’assistance, une fille voilée de noir boit les discours hétérodoxes, elle apprend.

Des voix polonaises s’élèvent contre le nationalisme étriqué qui oblige les femmes à ne s’occuper que d’elles-mêmes si elles ne veulent pas aller à Londres visiter les faiseuses d’anges.

Où sont les millions ?

Où sont les millions qui protestaient de par le monde contre une guerre inique ?

Colin Powell depuis la tribune des Nations Unies a agité son petit tube à essai, sans craindre de respirer de la poudre d’anthrax. Ces millions s’en sont gaussés.

Ils n’ignoraient pas que les preuves de l’acquisition de l’uranium par l’Irak étaient un faux. David Kelly, un Britannique qui inspecta pour le compte de l’ONU les sites ‘nucléaires’ de l’Irak fut retrouvé suicidé en juillet 2003, pour avoir toujours proclamé l’inexistence des armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Le journaliste écossais Alastair Campbell, promu communiquant de Tony Blair, fut  sacrifié et contraint de démissionner à l’occasion de l’enquête secondaire à cette mort suspecte.

Cette génération qui a offert des boucliers humains pour défendre l’Irak fut convaincue de son impuissance. La puissante vague est retombée en écume. Son monde s’est brouillé. Beaucoup se taisent. Quelques-uns se reconstituent autour de lambeaux identitaires déchiquetés, tentent de se chauffer en rallumant  une flamme toujours vacillante, le souvenir d’un foyer perdu. D’autres se réfugient dans des contes où ne se comptent plus les causes vives et saignantes.

La conscience ne se mire plus que dans un récit chaotique, où l’épopée a laissé place à une respiration dyspnéique. La métaphore, l’opération mentale qui viole la loi de séparation entre espèces conjugue des ordres  différents et propulse du sens, est détrônée. Elle laisse place à des fragments de réel juxtaposés, doués d’impulsion cinétique autogène. Le rouge d’une Ferrari rutile sur un sein galbé, il inonde les immeubles dévastés de Sanaa dont les 140 morts pulvérisés n’ont plus de nom mais sont ensevelis sous une grisaille statistique, vite oubliée.

Les Millions ont disparu

Ils se sont évaporés ou dissous parmi les décombres.

Un énorme trou noir d’antimatière les a absorbés.

Le capitalisme arrive à la phase terminale de sa maladie.

Le capital se rétribue négativement.

Depuis des années.

Vu depuis un épargnant, la quantité de travail produite et rémunérée ce jour, transcrite dans la langue abstraite monétaire, si elle n’est consommée instantanément, vaudra moins quand elle se échangée plus tard.

Vu depuis les énonciateurs des règles du jeu, la dette qu’ils ont contractée ou fait contracter à d’autres, reflet d’une anticipation d’une création de valeur à venir, voit sa masse se réduire.

Il ne peut en être autrement, selon les responsables du plus gros regroupement de banques privées, la Federal Reserve.

La positivité des taux d’intérêt même si n’est concédé qu’un seul point ferait se volatiliser 2400 milliards instantanément.

Le fonctionnement de l’économie, ce truc institué comme science et enseigné dans des établissements de type dit supérieur, repose sur des bases magiques.

Le premier axiome de la théorie vaudou est qu’un manque, un avoir inexistant, de l’argent dont on ne dispose plus puisque transmis à quelqu’un d’autre sous forme d’un prêt, se retransforme en un avoir réel dès lors qu’il est « cédé », remis en circulation.

 C’est bien ainsi que fonctionne la titrisation des crédits.

D’ailleurs, cet avoir négatif a d’autant plus de valeur, il sera vendu d’autant plus cher, qu’il a moins de chance d’être soldé.

Les gestionnaires des fonds de pension manipulent la part la plus importante de l’épargne mondiale. Ils ont contribué par leur course effrénée aux rendements les meilleurs à fragiliser le système en exaltant le fonctionnement magique de l’économie. Ils ont aidé à propulser comme Loi intangible que plus un prêt est risqué, plus il est rentable.

Maintenant a sonné l’heure pour eux de servir cette retraite. Les anciens contributeurs, les papy-boomers, ont atteint l’âge canonique. Certes, une part disparaît dans les maladies cardio-vasculaires, très coûteuses pour les caisses d’assurance maladie avant le décès, les addictions diverses généreusement distribuées, mais il en reste une masse énorme…Une solution s’impose, le recul de l’âge de la retraite et l’austérité qui implique que les pensions servies sont amputées. Ces mêmes politiques d’austérité ont rendu impossibles les mesures de relance par des engagements des Etats, eux aussi piégés par leurs propres dettes contractées vis-à-vis des institutions financières privées.

Pas de création d’emplois pour des millions de jeunes venus à maturité, pas de consommation et pas moyen pour eux de payer les retraites de leurs aînés.

La Fed, rejointe depuis peu par la BCE, continue d’imprimer des billets qu’elle transvase dans les institutions financières qui gonflent la valeur des actions qu’elles détiennent.

Dans cette atmosphère de fin imminente du capitalisme, tout est atone.

La récession est dissimulée par la création d’emplois dans le service à la personne, femmes de ménage et serveurs au restaurant.

L’offre politique est dispersée entre bateleurs fiers exhibitionnistes de leurs prouesses sexuelles et agents de division des anciennes entités nationales construites par et pour les bourgeoisies qui avaient besoin de protéger leur marché et sphère d’influence.

Depuis Le début des années 70, le capitalisme a clairement détruit ses bases nationales, ayant besoin sans cesse de nouveaux marchés, il a rompu avec l’étroitesse des anciennes frontières plus ou moins stabilisées à sa phase industrielle première au 19ème siècle.

La Grande Guerre et celle qui l’a suivie ont été les formes paroxystiques de leur éclatement violent.

L’Union Européenne, l’OMC en sont les formes pas moins violentes mais sans séisme aigu perceptible. TAFTA et autres alliances commerciales prennent la suite.

Cet élargissement ininterrompu des marchés n’est plus possible il a rencontré ses limites, celui de la planète.

Depuis longtemps, le profit capitaliste est en berne. D’où la magie de la dette infinie comme source de richesse.

La solution Trump n’en est pas une

L’ancien gaullisme et même la Marinade non plus.

Par manque de bataillons : l n’existe plus aucune bourgeoisie nationale nulle part capable de faire respecter le cadre des anciennes nations.

Les convulsions identitaires ici et là disent cette souffrance et cette impuissance broyées dans cette machinerie occidentale qui l’autre nom de la sauvagerie sans nom de l’Usure.

La Chine vient d’essuyer ces derniers mois une volatilisation de 30% de ses avoirs boursiers, ce qui a considérablement appauvri une part de la petite classe moyenne montante. Ceux qui dirigent ce continent de plus d’un milliard d’humains ont arrondi le dos, tétanisés ou placides, acceptent le fléchissement de la valeur du renminbi, savent que le dollar à court terme ne sera plus la valeur de réserve ni d’échange mais n’apportent pas de vraie solution. Ils ont à lutter comme le Japon au vieillissement de leur population ( problème insoluble de retraites) et sont engagés dans la dette souveraine des Us(a).

C’est pourquoi l’économie de l’armement, celle de la guerre (préventive) permanente à défaut de révolution permanente fonctionne comme un soin palliatif avant la purge des dettes promise à ne jamais être remboursées.

K., codicocologue, autour de rasades de thé chaud non fermenté dit vert, a émis quelques hypothèses brillantes sur la fin des Empires quand la diversité linguistique s’épuise sous leur unification jacobine. L’uniformisation des moyens lexicaux amoindrit les facultés mentales en réduisant le nombre de ses objets.

Un autre K. raconte entre deux bouffées de tabac blond son séjour à Tripoli à la veille des bombardements de l’OTAN, France en tête, quand fut décidé la réduction au chaos de la Libye. La veille, il était présent là où était filmée la scène de la révolte du peuple libyen montrée sur toutes les chaînes de télévision du monde. Cette place où il était rassemblé avec quelques amis était vide, peuplée seulement de quelques grues qui ne figuraient pas dans la séquence produite dans les studios de Doha.

La jeune fille portant fichu est repartie pour ses études en psychologie au cours desquelles sa tête sera farcie de freudisme mal compris par ses enseignants.

Elle est ravie d’avoir pu puiser ici quelques vérités historiques dans son cabas. Elle est bilingue, comme on dirait d’une vision qu’elle est binoculaire, et en fera bon usage. Une double culture permet que l’une et l’une soit en perspective de l’autre et mise relief.

J., un physicien mais également pataphysicien, joue avec élégance de tiers exclu et d’élimination des contradictions entre les faits et la théorie.

Quelques observateurs restent muets.

De leur regard incisif, ils feront leur miel plus tard de cette chaleureuse rencontre.

La littérature admet une certaine forme de reportage, circonstancié ou  truffé d’inclusions psychédéliques, comme authentique activité littéraire. Manière sans doute de rendre plus floue la frontière entre faits avérés et narrés et fiction pure.

La limite entre les deux exercices d’écriture n’a jamais été nette. Le récit, tronqué, emphatique ou absolument mensonger que nous nous faisons de notre vécu transforme notre monde et le façonne.

Le talent (modeste mais amplement amplifié par la possession des grands medias) des  néo-conservateurs en tant que réalisateurs d’un certain récit simplificateur et mensonger a détruit une part de notre monde et a modifié notre perception de notre propre histoire.

Un certain degré de distorsion entre récit et perception est acceptable tant qu’il ne produit pas de dissonance cognitive qui  fera rejeter le commentaire du réel comme très éloigné de celui qui est ressenti.

Au delà d’un certain point, tous les conditionnements à base de répétition et d’appel à la sauvegarde de l’équilibre psychique deviennent impropres à faire tolérer le grand écart entre le discours du maître et celui auquel il est servi.

Nous rentrons dans cette phase d’inadéquation avec rejet des catégories littéraires descriptives de nos vies.

Pourtant les ressources des meneurs du jeu semblent illimitées,  sans cesse notre humanité est sollicitée par des fraudes et nous nous laissons manipuler. (Les couveuses débranchées par les soldats de Saddam et les enfants gazés par l’armée de Bachar Assad.)

Dans l’Ukraine orientale, tous ne furent pas dupes du coup d’Etat de Victoria Nuland.

Badia Benjelloun

 

Bibliographie

Diana Johnstone, la Croisade des fous, Le temps des cerises 2005, épuisé en cours de réimpression.

Et « Hillary Clinton, la reine du chaos » éditions Delga 2016.

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