L’homme de l’“hiver nucléaire”

Brèves de crise

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L’homme de l’“hiver nucléaire”

L’intervention de Dick Cheney sur CBS.News, le 9 mars, est passée relativement inaperçue. D’une façon générale, Cheney est considéré comme un homme du passé, complètement discrédité par l’expression publique et sans ambages d’un extrémisme absolu considéré comme proche de la pathologie. Ce jugement peut être défendu dans certains de ses aspects : s’il est sans doute “un homme du passé”, s’il est proche de la pathologie avec son “extrémisme absolu”, il ne nous apparaît pas pour autant qu'il exprime, malgré son discrédit, une opinion exceptionnelle et sans aucun écho... Il nous apparaît même que Cheney, certes “homme du passé” sans souci de restreindre son discours à cause d’une pathologie un peu plus avancée que le reste dans l’establishment washingtonien et dans une frange extrémiste de l’opinion publique US (il reste très populaire dans la droite radicale du parti républicain), ne diffère de nombreux autres que parce qu’il dit tout haut ce que nombre d’entre eux disent tout bas ou n’osent penser consciemment ce que leur inconscient et leur “instinct” développent sans frein.

... Ce qui rend pour le moins intéressant que Cheney ait dit qu’il ne fallait certainement pas écarter l’“option militaire” dans le chef des USA, face à la Russie dans la crise ukrainienne, ce qui met “sur la table” une logique pouvant conduire à un affrontement nucléaire. Le fait que la chose soit passée sur CBS.News, réseau national, sans la moindre restriction majeure des présentateurs, et que cette intervention n’ait guère soulevé de protestations montre effectivement que l’opinion de Cheney, moins qu’une divagation pathologique, est perçue silencieusement comme une possibilité bien réelle qui ne doit pas être nécessairement repoussée (le silence, dans ce cas, est une façon de prendre sérieusement une idée qu’il est difficile de débattre à voix haute). C’est ce qu’interprète justement Stephen Lendman, activiste et journaliste commentateur syndiqué à Chicago. Il exprime son interprétation dans une interview avec PressTV.ir, le 10 mars 2014.

«“We could have mass annihilation. We could have a nuclear winter. We could have literally Armageddon, and this is what Dick Cheney is urging. It is absolute lunacy,” said Stephen Lendman, syndicated columnist and activist in a phone interview with Press TV Monday.

»As tensions between Washington and Moscow continue to rise over the crisis in Ukraine, Cheney, who was one of the major architects of the 2003 invasion of Iraq, appeared on CBS News’ Face the Nation on Sunday and said the US should not take “military options” against Russia off the table. “I worry when we begin to address a crisis, the first thing we do is we take options off the table,” Cheney said on TV. “I don’t think the administration should do that.” He also urged the Obama administration to boost its missile systems in Poland and the Czech Republic.

»Lendman criticized Cheney’s warmongering remarks on TV. “It’s astonishing that any official – present or past – would make a public statement urging stepped up belligerence against a major nuclear power,” he said. “America and Russia have well over 90 percent of the world’s nuclear weapons – powerful nuclear weapons. They could wipe out vast areas, each one of them,” Lendman warned. “They have long range delivery systems with pin-point accuracy.”

»Lendman also criticized CBS, “a major US broadcaster,” for giving airtime to Cheney, “who I call very justifiably an unindicted war criminal, multiple times over, not just in the Bush administration, [but also] in previous administrations,... to voice sentiments likes this.”»

A la lumière de telles déclarations, mais aussi de la situation générale en Ukraine et autour de l’Ukraine, Lendman a qualifié la crise ukrainienne de “plus grave crise mondiale depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale”. C’est certainement de plus en plus notre jugement, et la raison pour laquelle cette crise, où le facteur nucléaire joue un rôle essentiel mais non encore exprimé (Cheney étant une exception), est aussi pour nous la phase ultime de la crise d’effondrement du Système (voir le 3 mars 2014 et le 10 mars 2014).


Mis en ligne le 11 mars 2014 à 06H33