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L’excellent auteur, spécialiste américain des médias et dissident célèbre Norman Solomon, publie un livre disponible à partir de la mi-juin, “War Made Easy: How Presidents and Pundits Keep Spinning Us to Death”.

Dans ce livre, Solomon rapporte une déclaration valant pour hier et pour aujourd’hui du sénateur Wayne Morse, au cours d’une réunion de la Commission des relations internationales du Sénat, le 27 février 1968. Le sujet à l’ordre du jour était la guerre du Viêt-nam, alors entrée dans une phase critique avec l’offensive du Tet que venait de déclencher le Vietcong. A la fin de la session du 27 février 1968, il déclara : « We're going to become guilty, in my judgment, of being the greatest threat to the peace of the world. It's an ugly reality, and we Americans don't like to face up to it. I hate to think of the chapter of American history that's going to be written in the future in connection with our outlawry in Southeast Asia. »

Morse (sénateur de l’Oregon), adversaire acharné de la guerre du Viêt-nam, était un de ces rares politiciens américains qui se caractérisent, psuycholohiquement et politiquement, par l’étiquette “indépendant” (après avoir été inscrit au parti républicain puis au parti démocrate). En 1964, Morse avait été l’un des deux seuls sénateurs à voter contre la “résolution du Golfe du Tonkin” donnant au président l’équivalent de pouvoirs de guerre au Viêt-nam, à partir d’un incident (la soi-disant attaque contre le destroyer USS Lennox) qui s’est avéré depuis être un montage du Pentagone. Il déclara à la télévision en 1964 : « I don't know why we think, just because we're mighty, that we have the right to try to substitute might for right. And that's the American policy in Southeast Asia — just as unsound when we do it as when Russia does it. »

Dans son livre, Solomon décrit comment les guerres sont devenues plus faciles à faire pour les Etats-Unis, entre l’époque du Viêt-nam et aujourd’hui. Pour autant, ni l’état d’esprit, ni les méthodes ne sont nouvelles. La seule différente entre aujourd’hui et hier, c’est qu’il n’y a plus de sénateur Morse.


Mis en ligne le 4 juin 2005 à 13H40