Les déchirements sans désemparer et sans espoir de Robert S. McNamara

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Le long article de Robert S. McNamara dans Foreign Policy, numéro mai-juin 2005, nous instruit, sur le thème de “ Apocalypse Soon”, des angoisses discrètes mais très profondes de l’ancien (1961-68) secrétaire à la défense de Kennedy-Johnson et du Viet-nâm devant la situation présente. Depuis cette période de 1961-68, McNamara a fait un long chemin, avec 13 ans à la tête de la Banque mondiale en même temps qu’une longue et pénible évolution intellectuelle l’amenant à dénoncer les errements de la politique militaire qu’il élabora et dont il dirigea l’application au Viet-nâm.

“Angoisses discrètes mais très profondes”, disons-nous, devant les risques présents de l’utilisation d’armes nucléaires. McNamara est aussi le père de la théorie dite “MAD” (Mutual assured Destruction), qu’il présenta en public à Ann Harbor en 1962. MAD prétendait codifier et institutionnaliser un équilibre nucléaire USA-URSS et ainsi interdire l’utilisation de ces armes sous peine de suicide réciproque.

L’exercice (d’aujourd’hui) est difficile. Il est probable que McNamara a autant à l’esprit les “imprudences” de l’administration GW Bush qu’une hypothétique attaque terroriste nucléaire sur les USA. Cette hypothèse repose sur la psychologie et l’expérience de McNamara, marquées par une profonde méfiance de la bureaucratie militaro-stratégique US, de ses tendances déjà montrées dans les années 1950 et 1960 à envisager avec enthousiasme l’utilisation de l’arme nucléaire. Il base donc une argumentation destinée à l’administration GW Bush, en prétextant la crainte d’une attaque terroriste nucléaire à la suite de la prolifération, et en se basant sur une argumentation type-Guerre froide. La conclusion le conduit tout de même à effleurer le cœur du problème. (Bien entendu, si l’attitude de Robert S. McNamara mérite tout le respect dû aux esprits élevés capables de se mettre en cause, elle n’a, dans les buts que nous décrivons, aucune chance d’aboutir. “En face”, c’est l’administration GW, c’est-à-dire un bloc de certitude.)

« The Bush administration’s nuclear program, alongside its refusal to ratify the CTBT, will be viewed, with reason, by many nations as equivalent to a U.S. break from the treaty. It says to the nonnuclear weapons nations, “We, with the strongest conventional military force in the world, require nuclear weapons in perpetuity, but you, facing potentially well-armed opponents, are never to be allowed even one nuclear weapon.”

» If the United States continues its current nuclear stance, over time, substantial proliferation of nuclear weapons will almost surely follow. Some, or all, of such nations as Egypt, Japan, Saudi Arabia, Syria, and Taiwan will very likely initiate nuclear weapons programs, increasing both the risk of use of the weapons and the diversion of weapons and fissile materials into the hands of rogue states or terrorists. Diplomats and intelligence agencies believe Osama bin Laden has made several attempts to acquire nuclear weapons or fissile materials. [...] Indeed, just last summer, at a meeting of the National Academy of Sciences, former Secretary of Defense William J. Perry said, “I have never been more fearful of a nuclear detonation than now.… There is a greater than 50 percent probability of a nuclear strike on U.S. targets within a decade.” I share his fears.

» We are at a critical moment in human history—perhaps not as dramatic as that of the Cuban Missile Crisis, but a moment no less crucial. Neither the Bush administration, the congress, the American people, nor the people of other nations have debated the merits of alternative, long-range nuclear weapons policies for their countries or the world. They have not examined the military utility of the weapons; the risk of inadvertent or accidental use; the moral and legal considerations relating to the use or threat of use of the weapons; or the impact of current policies on proliferation. Such debates are long overdue. If they are held, I believe they will conclude, as have I and an increasing number of senior military leaders, politicians, and civilian security experts: We must move promptly toward the elimination — or near elimination — of all nuclear weapons. For many, there is a strong temptation to cling to the strategies of the past 40 years. But to do so would be a serious mistake leading to unacceptable risks for all nations. »


Mis en ligne le 9 mai 2005 à 12H00

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