Le baiser de la mort

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Le baiser de la mort

Les ténors du Parti Québécois viennent de saborder ce qui était perçu comme le «navire amiral» du projet d’indépendance des français d’Amérique. Jean-François Lisée, le nouveau leader péquiste et chef de l’opposition officielle au parlement du Québec, n’a pas su résister au chant des sirènes d’une gauche libertaire qui panique au moment où les patriotes de la trempe de Donald Trump sont en train de bouleverser le « grand échiquier » politique. En effet, celui qui vient tout juste de prendre les rênes du PQ – en promettant de faire des questions de l’identité et de l’immigration les deux piliers de son action politique – n’a pas hésité à retourner sa veste afin de tenter un rapprochement avec Québec solidaire, le pendant québécois du Parti de gauche français.

La classe politique est désorientée

La victoire surprise de Donald Trump a, manifestement, déstabilisé une portion importante des médias occidentaux, sans oublier toutes les mouvances politiques qui avaient adopté le crédo de la gauche libertaire et de la droite libérale. Le Québec n’a pas été épargné par le séisme et nos élites ne savent plus comment réajuster leur baromètre dans un contexte où la rapidité des communications semble avoir pris de cours la réactivité de la classe politique. Les chefs politiques, après avoir tous crié en cœur que l’élection de Trump équivalait à un véritable désastre, tentent de réajuster leurs curseurs, sans pour autant savoir dans quelle direction aligner leur plan de match. S’ils en ont un.

Une gauche caviar qui phagocyte la question nationale

Le Parti Québécois, sorte de succursale de l’Internationale socialiste « française », navigue depuis toujours sur les eaux troubles de la compromission. La formation péquiste a, depuis des lustres, fait sienne la doxa d’une gauche mondialiste qui crache dans la soupe des patriotes. Ouverte à toujours plus d’échanges économiques et d’immigration de masses, cette gauche caviar ne se préoccupait que de la défense de ses bénéficiaires autorisés. Les autres, la grande majorité des travailleurs au statut précaire et une part importante de la défunte classe moyenne, pouvaient bien aller se faire foutre.

Ménageant le chou et la chèvre, la formation péquiste se réclame de la défense d’une culture québécoise qui ne porterait pas préjudice aux minorités agissantes qui, telles des teignes, épuisent le terreau de la société d’accueil. Pas étonnant, dans un tel contexte, que la majorité des chefs péquistes aient toujours eu en horreur tout ce qui aurait pu les compromettre avec une forme ou une autre de patriotisme. De Bernard Landry à Jean-François Lisée, en passant par une Pauline Marois qui est allé faire sa profession de foi à Davos alors qu’elle présidait aux destinées du Québec, tous les dirigeants de cette formation « social-démocrate » ont été des mondialistes consommés et n’ont jamais hésités à entonner les antiennes d’un libre-échangisme dicté par les grandes corporations. De véritables libre-échangistes de la politique, quoi !

Un Machiavel de service

Jean-François Lisée provient de la classe médiatique et n’a jamais dérogé, d’un iota, de la doxa mondialiste. Résolument « progressiste », l’intrigant sophiste aura réussi à prendre le contrôle de la formation péquiste en promettant de défendre les causes qui lui répugnent depuis toujours. Politique machiavélique par excellence, Lisée a berné les militants péquistes en leur promettant de faire de la question identitaire son prochain cheval de bataille électorale. Occupant le siège du chef de l’opposition officiel, notre Machiavel n’a, désormais, plus de comptes à rendre aux militants. Il peut, conséquemment, s’adonner à son sport favori : la courtisanerie. Ainsi, après avoir poussé des cris d’Orfraie suite à la victoire de Trump, il s’est vite empressé d’aller rassurer les ténors de la société du spectacle québécoise : la gauche libertaire de Québec solidaire, les médias complices et les officines mondialistes qui défendent l’évangile de l’ouverture des frontières.

Émule des socialistes français, il s’offusque que l’on ose remettre en question la totalité des traités de libre-échange qui sont en cours de négociation et s’oppose à une question identitaire qui risquerait de circonscrire un territoire et des pratiques culturelles «discriminantes». Prétextant mettre de l’avant une politique d’alliances tactiques, il vient de se commettre en avalant tous les desiderata d’un Québec solidaire qui se prend pour le «parti du peuple». Les gauchistes de pacotilles souhaitent que le PQ fasse siennes des positions qui remettraient en cause l’indivisibilité du territoire québécois, sa spécificité culturelle ou son mode de scrutin. Sachant très bien que ses propres militants refuseront un tel pacte faustien, le principal intéressé tente plutôt de calmer le jeu en pratiquant une politique d «accommodements raisonnables» tous azimuts. Il s’agit d’attirer le plus grand nombre possible d’électeurs potentiels en promettant une gestion provincialiste des affaires de la nation, après avoir mis la question référendaire sous les boisseaux.

Frapper un mur

Jean-François Lisée est, peut-être, l’homme providentiel de la scène politique québécoise. Véritable fossoyeur du Parti Québécois, Lisée rend un service inestimable au commun des mortels en pratiquant ce qui s’apparente à un « strip-tease » préélectoral. Mettant à nu les véritables intentions qui l’habitent, le caméléon-de-type-Macron nous aide, enfin, à voir l’envers du décors d’une formation politique qui n’est plus que l’antichambre d’une poignée d’arrivistes politiques. Alors qu’il s’agenouille devant la gauche la plus compromise qui soit, le controversé personnage affirme que la Coalition Action Québec (CAQ) constitue son principal ennemi. Le Parti libéral du Québec – sanctuaire de l’oligarchie compradore de la province – n’en demandait pas tant et se frotte les mains face à un tel déploiement d’inepties. Toutefois, les troupes de la CAQ, coalisées derrière François Legault, pourrait rapidement parvenir à fédérer toutes les forces vives du petit peuple québécois : les patriotes, les défenseurs du terroir, ce qui reste de la classe moyenne, les cultivateurs, les habitants des régions éloignées, une part importante de la jeunesse et de ceux qui ne se déplacent pas pour aller voter.  

Jean-François Lisée – venant de pratiquer le baiser de la mort avec tout ce qui menace la souveraineté effective du Québec – ne peut plus revenir en arrière. Le spécialiste du triple salto-arrière risque de se cogner la tête pour, finalement, retomber sur le « plancher des vaches ». Ce soudain contact avec la dure réalité lui fera prendre conscience de l’étendue des dégâts, alors que les « cochons de payeurs » de citoyens prendront la poudre d’escampette. Laissant le Parti Québécois à son triste sort : avoir été déserté par un électorat qui a fini par réaliser l’ampleur de la supercherie.

Patrice-Hans Perrier

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