La situation de l’Irak

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Le désastre irakien, tant dans les caractéristiques de l’engagement américain que dans la situation sur le terrain, ne cesse de s’aggraver. Les évaluations qui tentent d’en donner une image optimiste apparaissent ainsi complètement surréalistes.

Voici quelques détails sur ces conditions générales.

• Le Congrès vient de voter une rallonge de $81 milliards pour l’Irak, ce qui atteint le niveau de $217 milliards officiels pour la guerre en Irak. Mais d’ores et déjà, des sources du Congrès annoncent (voir Defense Week du 12 mai) qu’un supplément de $50 milliards devrait être demandé en septembre pour boucler l’année, et peut-être même avant, dès le mois d’août, sous peine d’une interruption des opérations. Dans ces conditions, une autre rallonge de $10-20 milliards en décembre 2005 n’est même plus à écarter. On serait quasiment à $300 milliards au début de 2006. Remarque déséspérée, hier, du député George Miller, D-Calif: « To date, 217 billion in American taxpayer dollars have gone to fund the war in Iraq. We were told our allies would share the cost of the war. We were told Iraqi oil would pay for the cost of the war. Now, it is clear there was no plan. »

• Les dépenses militaires américaines se situent hors de toute appréciation raisonnable selon des normes raisonnables ou, disons, “européennes”, par la dimension du gaspillage et de l’inflation des coûts et des profits. Ainsi, dans le budget supplémentaire de $81 milliards, on trouve la somme surréaliste de $1.4 milliard pour le blindage des véhicules, l’équipement de visée de nuit et d’autres équipements de protection de force comme les gilets pare-balles pour une période de 6-9 mois pour les seules troupes nouvellement déployées en Irak dans la période (autour de 20.000 hommes faisant rotation).

• La situation opérationnelle ne cesse de se dégrader au point où des experts jugent qu’on est sur le point d’entrer en situation de guerre civile, sinon qu’on s’y trouve déjà. Un texte de Newsday.com rapporte des avis catégoriques d’experts. « “I think we are really on the edge” of all-out civil war, said Noah Feldman, a New York University law professor who worked for the U.S. coalition in Iraq. He said the insurgency has been “getting stronger every passing day. When the violence recedes, it is a sign that they are regrouping.” While there is a chance the current flare of violence is the insurgency's last gasp, he said, “I have not seen any coherent evidence that we are winning against the insurgency.” » L’analyse constate également, pour donner une appréciation générale de la situation: « With security experts reporting that no major road in the country was safe to travel, some Iraq specialists speculated that the Sunni insurgency was effectively encircling the capital and trying to cut it off from the north, south and west, where there are entrenched Sunni communities. »

• Un rapport de l’ONU sur les conditions de vie en Irak (“Iraq Living Conditions Survey 2004”) décrit une situation générale chaotique, avec 46% des ménages n’ayant pas d’eau potable, 63% ne disposant pas d’égout, 85% ne disposant pas d’une alimentation constante en électricité. Le ministre de la planification Barham Saleh a commenté ce rapport en qualifiant de “tragiques” les conditions de vie en Irak. Saleh rappelle que, dans les années 1980, 75% des ménages avaient accès à l’eau potable et il observe que le rapport montre un contraste choquant « between the potential of Iraq, with all the human and natural resources that we have, and the unfortunate lack of development and lack of quality of life we are suffering from ».


Mis en ligne le 14 mai 2005 à 13H15