La machine et son putsch

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La machine et son putsch

Un intéressant article, venu du site LiveScience.com le 7 mai 2013, repris pas NBCNews.com le 7 mai 2013, s’attache au problème fameux de la prise de pouvoir de la machine sur l’homme ; en suggérant que cette prise de pouvoir est plus proche qu’on ne croit («Human takeover by machines may be closer than we think»). Suit une revue de détail des “pour” et des “contre“, et d’une troisième catégorie à notre sens plus intéressante et à laquelle nous nous attacherons, celle qui dit “c’est déjà fait”...

• Manifestement, les auteurs du texte s’intéressent surtout aux deux premières catégories, qui ont l’avantage de reproduire un débat et une spéculation tels que les aiment en général les scientifiques et les modernistes... «Some believe in a Utopian future, in which humans can transcend their physical limitations with the aid of machines. But others think humans will eventually relinquish most of their abilities and gradually become absorbed into artificial intelligence (AI)-based organisms, much like the energy-making machinery in our own cells.»

• On passe donc d’abord en revue ceux qui croient que la chose (la prise de pouvoir) va survenir. On nomme cette issue Singularity dans la mesure où il s’agit de la Technological Singularity (voir l’expression dans Wikipédia) et a tout à voir avec l’“intelligence artificielle” (AI en idiome anglo-saxon). Divers auteurs sont cités, dont Ray Kurzwell, qui est le plus précis à cet égard : «In his book “The Singularity is Near: When Humans Transcend Biology” (Viking, 2005), futurist Ray Kurzweil predicted that computers will be as smart as humans by 2029, and that by 2045. “Computers will be billions of times more powerful than unaided human intelligence,” Kurzweil wrote in an email to LiveScience. “My estimates have not changed, but the consensus view of AI scientists has been changing to be much closer to my view,” Kurzweil wrote.»

• D’autres chercheurs sont en désaccord et avancent des arguments aussi “classiques”, si l’on peut dire, que leurs adversaires théoriciens du putsch machiniste imminent. «“I don't see any sign that we're close to a singularity,” said Ernest Davis, a computer scientist at New York University. While AI can trounce the best chess or Jeopardy player and do other specialized tasks, it's still light-years behind the average 7-year-old in terms of common sense, vision, language and intuition about how the physical world works, Davis said.»

• Parallèlement on envisage, dans cet article, la façon dont nous continuerons à vivre, ou survivrons, ou ne survivrons pas, – on parle du sapiens, – en cas de Technological Singularity accomplie. Les perspectives sont évidemment excitantes pour l’esprit, dans un sens optimiste ou pessimiste, comme le sont toutes les hypothèses à tendances scientifiques-fictionnelles ou de prospective scientifique de type rupturiel. Certains jugent que la “prise de pouvoir” conduira à un formidable bond de la productivité, avec tout ce qui va, ou peut aller avec... Cela implique, notamment, que le monde financier et le monde économique, toujours à la pointe du Progrès, sont très excités par cette perspective qui permettrait de se passer de l’essentiel des encombrants humains et des préoccupations retardataires de type social, psychologique, culturel, de survivance et de destruction du monde et ainsi de suite (s’il y a un “ainsi de suite”, en cas de “il n’y a plus d’après...”) ... «The past two singularities — the Agricultural and Industrial revolutions — led to a doubling in economic productivity every 1,000 and 15 years, respectively, said Robin Hanson, an economist at George Mason University in Washington, D.C. [...]But once machines become as smart as man, the economy will double every week or month. [...] That productivity spike may not be a good thing. For one, robots could probably survive apocalyptic scenarios that would wipe out humans. “A society or economy made primarily of robots will not fear destroying nature in the same way that we should fear destroying nature,” Hanson said.»

• Enfin, nous en arrivons à l’aspect le plus intéressant de cet article de synthèse sur la question. (Que nous estimons “le plus intéressant”, selon notre défiance constante pour la capacité prévisionnelle des conceptions modernistes, qui tablent nécessairement sur des événements de rupture, bénéfiques ou maléfiques, accordés aux capacités supposées de vision de la raison humaine.) Il s’agit de quelques esprits qui estiment que la machine a d’ores et déjà pris le pouvoir, ou se trouve dans le processus de cette prise de pouvoir, et cela depuis fort longtemps et sans que nous nous en avisions d’un point de vue philosophique et métaphysique. C’est le cas de Joan Slonczewski, microbiologiste, croyante (de religion mormone), auteure de science-fiction dite hard à très grand succès, récompensée à deux reprises par la plus haute distinction US pour la SF, le John Campbell Memorial Award for Best Science Fiction Novel, en 1986 et en 2011. Slonczewski estime que nous pourrions être dans le processus de devenir semblables à des “mitochondrie”, c’est-à-dire de servir de producteurs d’énergie pour les machines, – « We provide the energy — we turn on the machines». (Nous nous permettons, dans l’extrait ci-dessous, de souligner en gras un très court membre de phrase, qui nous servira pour développer notre commentaire.)

«Humans have already relinquished many intelligent tasks, such as the ability to write, navigate, memorize facts or do calculations, Joan Slonczewski, a microbiologist at Kenyon college and the author of a science-fiction book called “The Highest Frontier,” (Tor Books, 2011). Since Gutenberg invented the printing press, humans have continuously redefined intelligence and transferred those tasks to machines. Now, even tasks considered at the core of humanity, such as caring for the elderly or the sick, are being outsourced to empathetic robots, she said. “The question is, could we evolve ourselves out of existence, being gradually replaced by the machines?" Slonczewski said. “I think that's an open question.”

»In fact, the future of humanity may be similar to that of mitochondria, the energy powerhouses of cells. Mitochondria were once independent organisms, but at some point, an ancestral cell engulfed those primitive bacteria, and over evolutionary history, mitochondria let cells gradually take over all the functions they used to perform, until they only produced energy. “We're becoming like the mitochondria. We provide the energy — we turn on the machines,” Slonczewski told LiveScience. “But increasingly, they do everything else.”»

Bien entendu, ce n’est nullement sur le terrain scientifique et par rapport à ce qui en est dit de notre futur peut-être assez proche, que nous nous attachons à cette appréciation de Slonczewski. Ce qui nous intéresse est ce qu’elle dit implicitement du passé, avec des précisions explicites particulièrement intéressantes. Il s’agit, bien entendu, de la référence à Gutenberg et à l’invention de l’imprimerie. Nous avons déjà, de notre côté, selon notre méthodologie et pour notre champ de réflexion qui n’a rien de scientifique, évoqué ce point qui nous apparaît de plus en plus important pour notre réflexion. Nous y faisions explicitement allusion dans un texte de notre Glossaire.dde : il s’agit du texte du 14 décembre 2012, consacré à «Technologisme versus communication». L’extrait est le suivant :

«Certains ont fait de l’Internet et de tout ce qui l’accompagne un fait historique aussi important que Gutenberg et l’imprimerie. Nous accepterions l’analogie à condition de la classer pour ce qu’elle est en vérité, notamment en l’extrayant de la prison de l’interprétations par la seule vision progressiste de la modernité : fait aussi important que Gutenberg et l’imprimerie, certes, mais dont on découvre chaque jour un peu plus, avec la perspective métahistorique nouvelle que nous donne la crise terminale que nous vivons, qu’il se développe contre Gutenberg et l’imprimerie. Cette interprétation implique, au-delà de tous les appréciations romantiques et progressistes sur la culture populaire ou la popularisation de la culture, que l’imprimerie fut également, notamment et à notre sens essentiellement, par l’action qu’elle permit de développer au niveau de l’influence à partir de la Renaissance et surtout des Lumières, le moyen le plus puissant préparant le “déchaînement de la Matière”. C’est elle qui permit le triomphe du protestantisme, du progressisme déstructurant, l’attaque contre la tradition, etc. C’est elle qui permit la révolution américaniste autant que la Révolution française et, bientôt, l’établissement du Système dans toute sa puissance. Selon cette hypothèse, c’est contre tout cela, et donc contre Gutenberg, que se mit en place et que se développa l’Internet comme système antiSystème. (Nous voulons donner ce jugement du point de vue métahistorique, quelques nuances positives que l’on puisse apporter à ces divers phénomènes. Ce qui nous importe en l’occurrence est l’effet fondamental que nous constatons, et la contribution primordiale qu’apporta à cet égard l’imprimerie, dans le sens que nous disons.)»

Les remarques de Slonczewski sont intéressantes pour nous dans la mesure où elles complètent notre appréciation. Là où nous apprécions les effets de l’invention de l’imprimerie sur les esprits, les cultures, et surtout sur les psychologies par conséquent, elle les observe du point de vue de l’évolution de la machine et de son développement par rapport à l’organisation du monde, avec la place assignée à l’espèce humaine. (Le terme “assigné” sera perçu ici comme de pure convenance, de pure “technique” d’organisation, et demande évidemment un développement fondamental dans une direction complètement différente, dans les domaines métaphysique et philosophique. C’est un débat qui complète celui que nous traitons, mais c’est un autre débat que nous laissons de côté à ce point.) L’intérêt de l’observation de Slonczewski pour nous est, bien entendu, que cette observation s’insère, d’un tout autre point de vue que le sien bien entendu, dans la chronologie que nous proposons, à partir de la Renaissance, du développement conduisant au “déchaînement de la Matière” dont le rapport avec le développement du machinisme, ou du technologisme dans ce cas, est simplement essentiel et complètement direct. Dans ce cas, l’on comprend que la machinisme devient effectivement le technologisme, c’est-à-dire un machinisme dotée d’une dynamique spécifique. Certains peuvent juger cette dynamique comme de simple évolution, mais nous l’observons pour notre part selon l’idée qu’elle (cette dynamique) renvoie à une volonté délibérée de destruction sous la forme de l’équation dd&e (déstructuration, dissolution & entropisation), de l’évolution civilisationnelle dans ses dimensions les plus hautes, par le biais de l’action de cette même dynamique sur la psychologie entraînant l’asservissement de la raison humaine. La grande question devient alors la source même de cette volonté, qui doit être identifiée avec le concept de Mal.

...Nous en restons là pour cette similitude fonctionnelle et chronologique plus accidentelle que fondamentale avec nos conceptions, mais nous gardons bien entendu à l’esprit cette position de Slonczewski en tant que scientifique en notant que même une approche scientifique rencontre notre propre chronologie (notamment par rapport à Gutenberg et avec tout ce que l’invention de l’imprimerie signifie d’un point de vue idéologique pour la modernité). C’est dire que nous y reviendrons. Pour l’instant, nous voulons traiter le problème soulevé d’un autre point de vue, qui concerne la forme, presque la “technique” du processus décrit, et qui, là aussi, rejoint absolument notre conception très souvent évoquée avec l’image des termites. (Ce concept, que nous utilisons depuis le 22 septembre 2008, a été repris pour une synthèse rapide dans notre Glossaire.dde du 10 avril 2013.)

Termites à l’œuvre

A ce point, effectivement, ce qui nous intéresse dans les conceptions de Joan Slonczewski, c’est qu’elle développe, indirectement dans tous les cas, une conception d’un point de vue scientifique et sur un sujet scientifique spécifique donné, qui correspond complètement à la conception que nous avons, du point de vue métahistorique et selon une approche intuitive, du processus opérationnel de la “crise d’effondrement du Système”. La perception de Slonczewski diffère complètement de celle des précédents auteurs, les “pour” et “contre” d’une “prise de pouvoir”, d’un putsch par les machines qui auraient nécessairement, d’une façon ou l’autre et sous une forme ou l’autre, d’expression brutale ou de forme rupturielle visible et perceptible, – une sorte de Big Bang du domaine si l’on veut. (Un peu à l’image symbolique, dans le film de Kubrik 2001, l’Odyssée de l’espace, avec l’épisode de la volonté de prise de pouvoir et de l’organisation d’un putsch par l’ordinateur central HAL [HAL 9000], finalement déjouées par l’équipage du vaisseau spatial.)

D’une façon générale, les auteurs (les “pour” et les “contre”) discutent d’une “prise de pouvoir” qui serait un événement qu’ils ont tendance à envisager comme telle, d’une façon spécifique, voire brutale (putsch), éventuellement déterminé chronologiquement (à partir de 2029 pour Kurzell). L’événement est annoncé, prévu, déjà presque vécu par l’avance, et il est par conséquent chargé de tout ce que la conscience d’un tel bouleversement à venir implique en matière d’organisation de soi-même face à l’événement, de mesures à envisager, de mesures de la catastrophe qui enlève à celle-ci son caractère ontologique d’imprévisibilité. C’est le même cas que l’idée qu’on se fait de la “crise d’effondrement du Système”, se manifestant par des bouleversements spectaculaires, des crises financières, des conflits armés du plus haut niveau jusqu’à la Guerre mondiale, des troubles terribles, etc., avec tout ce qu’on connaît nécessairement par avance de ces événements. Il y a, d’une façon ou l’autre, avec telle ou telle intensité, telle ou telle forme de manifestation selon qu’on parler de l’intelligence artificielle ou du Système, la tendance de la raison à attendre et/ou à chercher un événement ou une série d’événements extraordinaires qui soient opérationnellement à la mesure, dans la perception, dans les effets, du bouleversement révolutionnaire qu’on attend, et donc classés dans le domaine du connu, du déjà-fait ou du déjà-imaginé qui prive effectivement l’événement ou la série d’événements de leur ontologie.

Nous pensons que ce schéma est faux, notamment et essentiellement à cause de la formidable puissance du système de l’information et de notre tendance extrême à la prospective qui, par définition, en se développant et en prétendant prévoir et identifier, interdit l’aspect eschatologique de la crise alors qu’il s’agit, dans les deux cas considérées, d’une crise nécessairement eschatologique qui ne peut être par sa nature prévisible. (Voir la définition opérationnelle de l’eschatologie par Roger Garaudy, mentionnée le 14 mai 2008 : «L’eschatologie ne consiste pas à dire: voilà où l’on va aboutir, mais à dire: demain peut être différent, c’est-à-dire: tout ne peut pas être réduit à ce qui existe aujourd’hui.») Le cas du “facteur ‘crisique’” montre bien en quoi la prévisibilité que nous développons avec notre raison d’une crise de rupture interdit à cette crise d’éclater comme nous l’attendons d’une façon rationnelle  :

«D’une certaine façon, la crise institutionnalisée, devenue structurelle, puis intégrée et amalgamée dans une infrastructure crisique, agit contre des politiques dont le but (sous l’influence de la politique-Système) devrait être de provoquer de nouvelles crises, ou explosions crisiques déstructurantes. Si l’on veut des exemples “opérationnels”, on a celui de la “mère de toutes les crises” se constituant effectivement en infrastructure crisique, qui est la crise iranienne : c’est la crise iranienne structurelle, qui dure depuis 2005, qui empêcherait le déclenchement d’une “explosion crisique déstructurante” (l’attaque de l’Iran). En figurant comme la préfiguration, l’enjeu et le cadre obligé de cette “explosion crisique“, elle alerte tous les acteurs, oblige à mesurer l’enjeu, à prévoir les effets les plus catastrophiques de l’explosion, etc., et agit finalement comme un frein sinon un obstacle infranchissable pour l’“explosion crisique”. La même chose peut être dite de la crise syrienne, devenue “guerre syrienne” sans fin, paralysante, stagnante, etc.»

Dans l’exemple choisi, le “facteur crisique” constitué en infrastructure crisique constitue un aspect, d’ailleurs devenu l’aspect essentiel de la dynamique à l’œuvre du “travail des termites” que nous signalions plus haut. De même voyons-nous, comme nous le répétons souvent (nous avions commencé à identifier la chose dans ce sens le 11 novembre 2007), l’évolution de la “crise d’effondrement du Système”, qui est déjà en cours sans que nous identifions des manifestations explosives de rupture qui nous ferait dire : “la voilà !”. Au contraire de cette vision spécifique, nous ne cessons de répéter que la manifestation de la “crise d’effondrement du Système“ se joue toujours selon les mêmes armes du Système, mais dans ce cas retournées contre lui dans un processus antiSystème d’inversion vertueuse, qui sont les armes de la déstructuration et de la dissolution (dans ce cas, déstructuration et dissolution des structures de cohésion du Système, elles-mêmes constituées paradoxalement pour effectuer un travail de déstructuration et de dissolution des situations de civilisation, de tradition, etc.)

L’intérêt de la conception de Slonczewski, même si elle n’est pas élaborée ou théorisée dans le même sens, de la même façon, et avec la même ambition que pour notre cas, est qu’elle va effectivement dans ce sens, en impliquant effectivement ce “travail de termites” de la déstructuration et de la dissolution. Bien entendu, il faut le répéter, il y a en plus une référence historique (Gutenberg) qui correspond absolument et complètement à notre schéma, – non pas historique dans ce cas, mais bien métahistorique, qui tend d’autant plus à donner pour notre compte du crédit à l’analogie que nous relevons ici.

Elle aussi, Slonczewski, décrit implicitement un processus rampant, non identifié, non perçu comme tel, et dont le résultat est évidemment une emprise de plus en plus grande des machines sur nous, sur notre intelligence, etc., qui correspond effectivement à une crise fondamentale mais rampante et non identifiée par des spécificités explosives et rupturielles, – qui s’effectue effectivement par la déstructuration et la dissolution de nos capacités d’intelligence dans le sens de la structuration et du développement de la civilisation. Bien entendu, son intérêt est, pour nous, d’autant plus grand que l’intervention des machines rencontre, au niveau scientifique, l’intervention pour nous du technologisme et du “déchaînement de la Matière“, au niveau métahistorique.

Bien évidemment, nous ne suivons pas la linéarité du concept de Slonczewski, qui consiste à mettre toutes les avancées machinistes, puis du technologisme, et nécessairement du système de la communication qui va avec, dans le même sens qui est celui du putsch rampant sur plusieurs siècles et réussi. Pour nous, tous les artefacts du machinisme, puis des systèmes du technologisme et de la communication, c’est-à-dire du Système as a whole, ne “progressent” pas dans le même sens. D’une part des indices de blocage du développement du technologisme sont apparus jusqu’à faire douter de la viabilité de cette dynamique. D’autre part, et surtout pour notre cas, des “dissidents” sont apparus, dans une fonction antiSystème, dont l’internet dans certains de ses emplois est l’exemple qui nous est à la fois le plus évident et le plus familier. Pour nous, cela constitue un point supplémentaire nous permettant de renforcer l’hypothèse que nous ne sommes pas en face d’un processus uniquement mécanique, de cette fameuse “singularité technologique”, mais bien en face d’un processus métahistorique qui implique un affrontement fondamental ne se réduisant nullement à la seule classification classique sapiens-machine.


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