La Crimée, de Sapir à La Fontaine

Brèves de crise

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La Crimée, de Sapir à La Fontaine

Quelques brèves nouvelles de France, pour avoir d’abord quelques avis sur la situation criméenne, sur sa légalité bien entendu. On a choisi des voix assez mal en cour dans le tourbillon parisien hystérique et paralysé à la fois, pour nous changer des mornes observations postmodernistes du président-poire et de ses divers acolytes. Il y a d’abord l’avis de Jacques Sapir sur la légalité-ou-pas du référendum en Crimée. L’avis, qui est original, devrait plaire au fond à la Grande Nation qui vit sur le legs considérable de la Révolution française comme rupture historique fondamentale, y compris dans le domaine du droit. (Sur la radio Voix de la Russie, le 13 mars 2014.)

«C’est en fait un raisonnement très simple et qui s’inscrit dans la grande tradition du droit constitutionnel et du droit public français. Je n’ai absolument rien inventé de ce point de vue-là ! Ca consiste à dire que, si l’on considère qu’il y a eu une révolution en Ukraine, c’est-à-dire les événements qui, dans la nuit du 21 février au 24 février, ont abouti à la constitution de ce gouvernement provisoire à Kiev, sont une révolution, cela signifie à ce moment-là que toutes les autres parties de l’Ukraine se trouvent libérées des engagements légaux qu’ils avaient par rapport à la nation ukrainienne ! Ils peuvent décider de les confirmer. Ils peuvent aussi décider de les infirmer et, à ce moment-là, se constituer soit en entité indépendante, soit se rattacher à un autre pays. Ou alors on considère que ce qui s’est passé à Kiev, n’est pas une révolution, mais cela veut dire à ce moment-là que nous devons reconnaître M. Ianoukovitch comme le président légal de l’Ukraine.

»Le problème est assez simple. Il ne peut pas y avoir un principe à Kiev et un autre principe à Simféropol. Il faut que l’on ait une continuité des principes juridiques sur la totalité du territoire. Puisque les pays occidentaux donnent des marques que, pour eux, il s’agit bien d’une révolution, alors il faut savoir que toute révolution suppose la suspension, voire l’abolition de l’ordre constitutionnel préexistant et la création d’un nouvel ordre constitutionnel.»

Une autre opinion française sur le référendum de Crimée vient de Alain Corvez, colonel dans le cadre de réserve depuis 1994, conseiller en stratégie internationale indépendant après avoir travaillé comme conseiller extérieur au Quai d’Orsay et à la défense. (Voir un texte complet de lui sur la Crimée et l’Ukraine le 11 mars 2014, sur EspritCorsaire.com). Dans Russia Today du 14 mars 2014, Corvez répond notamment à une question sur la légitimité du référendum.

Russia Tiday : «The EU parliament has dismissed the upcoming referendum in Crimea as illegitimate. But it's not the first case of regions seeking self-determination in Europe. Why no support for the Crimeans?»

Alain Cortez : «You know, this is the law of the strongest. I have written about this in my article. The French writer La Fontaine has written about this in his fable “The wolf and the lamb” published in the 17th century. This is the law of the strongest and this law is always the best. This is the occasion. The European Union accepted Kosovo but it is against the referendum in Ukraine. The situation in Ukraine is not discussed seriously. It is discussed in the antagonistic way, by presenting two absolutely different versions of what is happening. It seems that the European countries do not even try to find the acceptable decision for both sides in this conflict.»

Le climat en France, soutenant la position française sur le référendum répétée selon le leitmotiv servant d’argument choral au bloc BAO, est résumé par Cortez par ces observations qu’il rapporte d’un très récent colloque auquel il a participé : «I have been today at the meeting in the military school organized by the Institute of Advanced Studies in National Defense. It was the debates, called “The Ukraine after Maidan.” But it was not really debates, four people participated there, all of them anti-Russian, expressing anti-Russian ideas. One of the experts asked them why you do not take under consideration the position of Russia. During these debates, which were not really the debates, it was an accusation of Russia, four so-called strategists, all French, one of Ukrainian origin and one of Georgian origin, said things like Putin is a brutal dictator, he will destroy the Ukraine, and that is why we cannot accept the position of Russia. It was a caricature.»


Mis en ligne le 16 octobre 2014 à 04H49

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