La corruption par la distance géographique

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Bien entendu, les Américains sont très agités part les événements dans la région des Andes. La situation en Bolivie est un particulier sujet d’inquiétude, alors que le pays se trouve au bord de la guerre civile. Un président possible en cas de trouble, c’est le leader de la gauche, marxiste et Indien d’origine, Evo Morales, qui veut nationaliser les réserves de gaz naturel du pays (deuxième réserve en capacité en Amérique du Sud).

Pour les Américains de la presse mainstream, reflétant évidemment la politique du gouvernement GW Bush, Morales est un danger mortel et il est sans aucun doute soutenu par Chavez. L’insinuation est telle qu’on évolue rapidement, passant de “soutenu” à “financé”.

Un exemple de logique par insinuation, puis par évidence impérative, apparaît d’une façon frappante dans cet extrait d’un texte de World peace Herald du 10 juin, qui reprend l’éditorial du Washington Times du même jour. Les deux médias appartiennent au révérend Moon, qui est un soutien quasi indéfectible de la politique agressive de Bush.

Voici l’extrait du texte (nous soulignons en gras le passage qui nous paraît intéressant): « There is little doubt Mr. Morales would bring a familiar type of strongman rule to Bolivia were he to lead the country. He consorts with the usual anti-American suspects and advocates anti-growth economic policies like Venezuela's. Rumors that he takes money from Venezuelan strongman Hugo Chavez and from Libya were reiterated Tuesday by the State Department's top diplomat for Latin America, Assistant Secretary of State Roger Noriega. At an Organization of American States conference in Ft. Lauderdale, Fla., he said that “Chavez's profile in Bolivia has been very apparent from the beginning.” The Venezuelan government denies this, but Mr. Morales, effusive in his praise for Mr. Chavez, clearly isn't above it. He confirmed to Newsweek in 2003 that he took a $48,000 “human rights” award from Libya, which he used for his unsuccessful 2002 presidential bid. Why Mr. Morales would take money from Libya but not Mr. Chavez is unclear. What is clearer is that Mr. Morales would enact Mr. Chavez's same “anti-hegemonic” foreign and domestic policies if he were leading Bolivia. »

On se doute qu’aucune preuve d’aucune sorte n’a été jusqu’ici apportée d’un soutien financier de Chavez à Morales. La question n’est d’ailleurs pas sur ce point mais sur la logique qui conduit le texte: Morales a reconnu qu’il avait reçu $48.000 de la Libye: il apparaît dès lors bien surprenant (“unclear”: “pas très clair”) qu’il n’en est pas reçu de Chavez. (« Why Mr. Morales would take money from Libya but not Mr. Chavez is unclear. ») Pourquoi? On vous laisse trouver la raison. Sans doute la proximité géographique : puisqu’un type en Libye vous donne des milliers de dollars, il est évident que le type Venezuela le fera encore plus sûrement.


Mis en ligne le 10 juin 2005 à 17H45