Ils se sont vus, ils se sont entendus...

Bloc-Notes

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 939

Ils se sont vus, ils se sont entendus...

Tout peut arriver dans ces temps de folie y compris que la folie s’accorde un moment de répit, histoire de reprendre son souffle ; y compris que Trump se rapproche d’être d’un POTUS presque-homme-d’État avec une politique cohérente, histoire de se donner un temps de réflexion avant de tweeter ; y compris qu’une rencontre de 35 minutes entre Trump et Poutine dure deux heures et demie. Bien entendu, comme “tout peut arriver”, il est très possible que tout cela ne soit que temporaire et nous amène aussi vite démentis, contradictions et incohérences, et nous fasse retomber dans le cloaque d’où nous avions émergé pendant deux heures et demie. On pardonnera notre scepticisme à cet égard mais il nous paraît très difficile, compte tenu de la personnalité de Trump et, surtout bien sûr, de l’environnement qui l’attend à Washington D.C., que ces accords raisonnables et ces ententes encourageantes puissent se concrétiser dans des politiques à longue durée. Mais certes, nous pouvons nous tromper, – cela ne sera ni la première ni la dernière fois, par bonheur car il nous paraîtrait désespérément absurde d’effectivement connaître l’avenir alors que ce que voyons de cet avenir est si complètement réduit, si parfaitement incompréhensible, si absolument insignifiant par rapport à l’immensité des bouleversements en cours...

Pour avoir une bonne description de ce que fut cet entretien entre Trump et Poutine que tout le monde attendait comme une sorte d’évènement interplanétaire et surréaliste alors qu’il s’agit de la chose diplomatique la plus naturelle du monde, on peut se rapporter à Adam Gurrie de TheDuram.com, qui en fait rapport le 07 juillet 2017. Voici ce qu’en dit Gurrie, pour le commentaire, estimant que le point principal le plus prometteur de cette rencontre qui s’avère être un véritable “sommet” et nullement une rencontre d’occasion, concerne la Syrie :

« It was a political victory for both Putin and Trump with possibly important short-term geo-political implications. [...]

» By far the most important result of the meeting was the creation of a de-escalation zone for south west Syria and the accompanying ceasefire. This represents the second time that Russia has brought a state whose position has been adversarial in respect of the Syrian government into a political peace process that explicitly rejects regime change and seeks to work constructively with Russia. The last time this happened was when Russia successfully brought Turkey into the Astana peace talks.

» Some have speculated that Iran is being jettisoned from the peace process in Syria in favour of the US and America’s ally Jordan, but it is still vastly premature to make such a statement definitively. America’s deteriorating relationship with Turkey over the US support of Kurds in Syria and possibly also Iraq appears not to have been discussed. However, the fact that the US, Russia and Jordan will be guarantors of the ceasefire in parts of Syria bordering Israel, as opposed to Iran which Israel has no relations with, means that Israel could cease its illegal acts of military aggression against Syria, thus giving the Syrian Arab Army and its Russian partners a better opportunity to rid south western Syrian of al-Qaeda terrorists.

» Whereas Putin scored a geo-political victory in bringing America into a peace process that does not involve militant regime change, Donald Trump scored something of a domestic political victory. He can now say that after just a few months in office, he was able to reach an agreement with Russia while Obama failed to achieve anything remotely close to this. Much like questions over Turkey’s participation in the Astana process, there are no guarantees that America will live up to its obligations or that the de-escalation zone in south west Syria will work. In this sense, as with Astana, the political and geo-political implications are more important than the military implications... »

Il y a durant l’entretien un épisode sur le Russiagate. Trump a demandé à Poutine son engagement selon lequel la Russie n’était pas intervenue dans la campagne comme on l’en accuse sans la moindre preuve depuis désormais un an ; il l’a obtenu et l’a accepté avec chaleur ; là-dessus, il a qualifié de “bizarre” l’acharnement du parti des progressistes-sociétaux, démocrates en tête, pour développer le Russiagate contre lui-même, Trump. On imaginera comme extrêmement probable que cet épisode, comme la rencontre elle-même, devrait provoquer un regain d’agressivité contre Trump à Washington D.C. d’ores et déjà en préparation avant même la rencontre.

C’est dans tous les cas ce que nous annonce WSWS.org, profitant de l’occasion pour ressortir sa thèse selon laquelle Trump représente une partie de l’establishment, contre une autre qui l’attaque avec la vigueur qu’on sait par le biais de la presseSystème et du parti démocrate. On acceptera l’augure du renouvellement des attaques, on sera moins conquis par la thèse de l’establishment coupé en deux alors qu’il nous semble plutôt éparpillé en mille morceaux, et rassemblé de façon régulière et en général n'impote comment dans des antagonismes imprévisibles et selon des courants de haines irrationnelles, en général partagées par les divers courants et sans aucun doute contre Trump une fois de plus dans ce cas. L’extrait ci-dessous ne laisse dans tous les cas aucun doute quant à l’incohérence des critiques anti-Trump et dans l’affirmation plus que jamais renouvelée du très-“bizarre” Russiagate avec tous les canards habituels, répétés sans la moindre hésitation par quelques-unes des plus hautes autorités malgré les déroutes quotidiennes subies par quelques ténors de la presseSystème, CNN en tête, qui les ont montés de toutes pièces et à ciel ouvert, et dispensés dès l’origine.

« This outcome of the meeting, upon which the American media has been fixated for days, will only exacerbate the political warfare within the American ruling class and state over US policy toward Russia. The internecine conflict that has been raging for nearly a year is centered on divergent but equally reactionary and war-mongering positions on US imperialist policy.

» Trump speaks for a faction that wants to wean Russia away from China and Iran in order to focus US aggression on China. His opponents, the dominant sections of the intelligence apparatus, in alliance with the Democratic Party and a section of Republicans, want to escalate the confrontation with Russia in both Syria and Eastern Europe. It sees neutralizing Russia as an essential precondition for settling accounts with US imperialism’s most serious rival, China.

» The Democrats, working hand in glove with the CIA, have been conducting an hysterical campaign on the basis of concocted allegations that the Russian government intervened in the US election in favor of Trump, whose campaign supposedly colluded with Moscow. An indication of its response to Friday’s meeting between Trump and Putin was provided by Senate Minority Leader Charles Schumer (Democrat of New York). Schumer called the meeting “disgraceful.” He said in a statement, “President Trump had an obligation to bring up Russia’s interference in our election with Putin, but he has an equal obligation to take the word of our Intelligence Community rather than that of the Russian president.”

» Nicholas Kristof, whose specialty on the New York Times editorial board is authoring propaganda pieces that seek to cloak US imperialist wars in the garb of “human rights,” published a McCarthyite-style column following the meeting that began with a grab bag of longstanding, largely unsubstantiated allegations against Putin:

» “In Hamburg, Germany, President Trump is thundering against the free press that covers him, while getting lovey-dovey with the leader of a country that attacked American and French elections, that invaded Ukraine, that helped slaughter civilians in Syria, that was involved in shooting down a civilian airliner over Ukraine, that murders critics, and that brutalizes gay people in Chechnya.”

» The renewed frenzy in the media and among Democrats directed against Trump’s supposed “softness” toward Russia—and Syrian President Bashar al-Assad—actually began on Thursday, following Trump’s joint press conference in Warsaw with Polish President Andrzej Duda. While Trump’s subsequent speech at the monument to the Warsaw Uprising of 1944 against German occupation—a fascistic rant that presented Islam as a threat to Western civilization and praised god, country and the “will to survive”—received generally positive reviews in the US media, Trump’s press conference was roundly condemned. »

L’extrait ci-dessus se termine se termine sur un rappel de la visite de Trump en Pologne durant les deux jours précédant le G20 commencé hier, laquelle visite permet d’enchaîner les contradictions dans tous les sens qui continent à se manifester autour de Trump et dans le chef de ses diverses initiatives, et des haines diverses qui l’accompagnent autant que celles qu’il favorise lui-même. En effet, si l’on trouve de la cohérence dans la rencontre Trump-Poutine, comment concilier, sinon sauvegarder cette cohérence par rapport à ce voyage en Pologne où Trump a pourtant exalté la défense de l’“Ouest” dans des termes qui l’ont fait immédiatement qualifié de “raciste” dans divers organes de presse aux USA, éventuellement et essentiellement ceux proches des progressistes-sociétaux.

(Ainsi Breitbart.News reproduit-il les termes du professeur Peter Beinart : « Peter Beinart, writing in The Atlantic, asserted: “The West is a racial and religious term.” He added: “To be considered Western, a country must be largely Christian (preferably Protestant or Catholic) and largely white.” »)

Sans trop s’attarder aux signes effrayants du péché capital de racisme qui semble être devenue la seule référence acceptable de tant d’esprits de notre vaillante civilisation, on notera tout de même les contradictions que le discours de Varsovie de Trump et ses diverses interventions en Pologne ont soulevé par rapport à d’autres attitudes internationales. Ainsi, louer avec la plus grande ferveur la Pologne et sa politique nationaliste mais aussi antirusse, c’est d’une part applaudir aux valeurs traditionnelles que détestent les progressistes-sociétaux, l’UE et le Deep State mais que défendent les Russes ; c’est d’autre part encourager une politique polonaise dont l’un des axes principaux est une attitude agressive et confrontationnelle contre la Russie confinant à l’hystérie, et dans un sens qui ne peut que plaire à l’UE, aux progressistes-sociétaux et au complexe militaro-industriel qui est le fleuron du Deep State. Tout cela, bien entendu, avant de rencontrer Poutine dans le sens qu’on a vu...

Quelques remarques de WSWS.org sorties du texte en référence : « Le président américain Donald Trump a donné le là d’un sommet d’âpres confrontations qui ne sont plus dissimulées, avec une visite en Pologne avant son arrivée en Allemagne, ce qui revient à questionner la montée de l’Allemagne comme nouvelle puissance hégémonique en Europe. Accueilli par l’un des gouvernements les plus à droite du continent européen, il y a prononcé un discours fascisant sur l’effondrement de « notre civilisation » et a appelé à une lutte « pour la famille, pour la liberté, pour le pays et pour Dieu ». Invoquant la résistance polonaise à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, Trump n’a laissé aucun doute sur le fait qu’il cherchait à aligner les États-Unis sur la Pologne afin de poursuivre la rivalité actuelle de l’impérialisme américain avec l’Allemagne.

Trump s’est également exprimé au “Sommet de l’Initiative des Trois Mers” à Varsovie, rassemblant 12 pays d’Europe centrale et orientale, une organisation qui reprend la tradition de l’alliance appelée Intermarium formée dans les années 1920 par divers régimes fascistes et nationalistes avec le soutien des États-Unis, et dirigée à la fois contre l’Union soviétique et l’Allemagne. »

Trump a rencontré Poutine, ils se sont fort bien entendus, ils ont échangé des arguments prometteurs et des perspectives d’ordre et pourtant le désordre règne plus que jamais de toutes les façons et dans tous les sens. Mais le “pourtant” est-il nécessaire ? Ces diverses situations continuent à cohabiter, étrangement comme si elles ne se connaissaient pas, comme si elles n’avaient aucun rapport entre elles, absolument indifférentes les unes aux autres. Les événements ont leur logique propre qui est manifestement supérieure et le grand “événement” de notre époque est que plus personne ne parvient à les soumettre à la coordination d’une logique rationnelle et humaine. On ne s’en étonnera pas plus que cela puisque, désormais, il semble bien que c’est de cette façon que fonctionne la mécanique du monde.

 

Mis en ligne le 08 juillet 2017 à 13H58