Humeur (folle) de crise-31

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur (folle) de crise-31

30 janvier 2017 (depuis quelques petites minutes) – “Entre nous, vous m’avez eu...”, dit la chanson ; à peu près ce que j’ai envie de dire, sans nécessité d'amour, aux événements de ces deux-trois derniers jours et, par conséquent à The-Donald lui-même... Il n’est pas sapiens en vérité, mais littéralement il est événement, d’une nature différente de l’humaine sans qu’il faille y voir une quelconque vertu mais qui produit de l’antiSystème ; ce président s’est fait événement, et événement-déferlant à lui seul, du type-“levez-vous, orages désirés”. Avez-vous mesuré le temps qu’il lui faut pour signer ? Neuf secondes, – très long, signature révélatrice, – narcissisme, vanité, agressivité, comme dit la graphologue, ça tombe si bien d’en juger ainsi qu’il s’écroulera avant la fin de l’étape, à tant signer des directives que certains, la mort dans l’âme parce qu’ils apprécient son action, jugent dictatoriales en vérité et impossibles à approuver... Et pourtant, il signe...

(Tout cela un peu fou comme l’humeur et la crise, mais cette affaire de signature m’arrête un instant. La gentille-laïcarde RTBF belgo-francophone a apporté sa Pierrette à l’édifice anti-trumpien. Allez voir la marque du Monstre, que j’ai le malheur de juger graphiquement élégante et esthétique. « Et surtout, il n'y a aucune rondeur [dans cette écriture]. Même le “o” et le “a” de Donald sont ‘étrécis’, il n'y a que des angles, et en plus, il ne lâche pas, il ne lève pas sa plume. [...] Il est en plus assez rare, après un certain âge, de signer de son prénom suivi de son nom. Cela témoigne d'une certaine naïveté, et d'une grande vanité. » Horreur ! Tout cela correspond assez à ma signature, écrite quasiment d’un trait fort appuyé, où le prénom du vieux “Ph” subsiste plus que jamais jusqu’à presque-manger le “G” du nom... Narcissique, agressif, naïf, Grand-Vaniteux, PhG ? Diable and diantre.)

Hier matin puis au long de la journée jusqu’à tout à l’heure, m’arrêtant à mes sources habituelles, le vertige, une fois de plus le damné vertige... Succession ininterrompue de nouvelles, du coup de fil entente-cordiale Trump-Poutine qui a surpris les Russes eux-mêmes ; du Pentagone qui reçoit l’ordre de préparer un plan anti-Daesh en 30 jours et de réformer les forces armées en 60 ; de la nécessité de l’OTAN et de l’Europe absente de tous ces plans et discussions, comme perdues corps et biens ; à la Californie en quasi-rébellion, présente et à venir ; à la mauvaise humeur du président mexicain dont on dit que l’on se doute volontiers qu’il n’est que la marionnette des cartels qui ne veulent pas du mur ; aux réactions multiples de protestation de type-Soros et de type-légaliste à la décision de frontière fermée à l’émigration qui prennent l’allure d’une “révolution de couleur” institutionnalisée, globalisée par l’affectivisme régnant en maître de la pensée, dans lequel l’UE occupe la première place ; à la bataille finale qui se prépare entre le président et la Federal Reserve...

Tant d’autres choses encore, qui défilent sous mes yeux, illustrant le chaos que Trump installe dans le monde à partir du tourbillon crisique USA-2017, dérangeant avec une brutalité inouï le Système qui ne doutait pas une seconde, dans sa complète inconscience, qu’il accomplirait son destin. J’avoue une certaine admiration stupéfaite pour la résilience de ces esprits qui viennent, vous expliquant que nous assistons à un réarrangement géopolitique prévisible, logique et finalement contrôlable, y compris chez certains y voyant une renaissance de l’“anglosphère” (USA-UK), comme si l’on assistait à un déménagement remarquablement exécuté... ou bien devrais-je parler d’une stupéfaction admirative pour juger d'un tel rangement du dé-rangement ?

La partie engagée à ce rythme, combien de temps la situation du monde pourra-t-elle le soutenir ? Ce rythme qui alimente et amplifie une tension extraordinaire d’où rien ne peut résulter qui ne soit des fractures profondes, des déstructurations explosives et des dissolutions accélérées. Les psychologies, qui précèdent tout cela parce qu’elles les sentent littéralement, sont déjà entrées, dans leur perception, dans la phase accélérée de l’effondrement final. Au-delà, l’inconnu.